Bonjour à tous,
Afin de compléter ce topic, je vous propose une série de morceaux choisis issus du magnifique livre « Royal Oak » de Martin K. Wehrli et Heinz Heimann.
Ces morceaux choisi sont ceux qui m'ont intéressés, interpellés, parfois surpris... les voici.
A la fois surprenant et compréhensible: en 1970 l'entreprise Audemars Piguet emploie 70 personnes et produit 6000 à 8000 montres par an. Elle n'échappe pas au raz de marée du quartz car près de 45% de la production sont des montres quartz !
Faites le calcul !
L'histoire que tout le monde connaît ou presque :
En 1971, la veille de l'ouverture de la foire de Bâle, le directeur Georges Golay appelle Gerald Genta et exige un dessin pour le lendemain matin afin de la présenter au distributeur italien Carlo de Marchi.
Les italiens attendent une montre en acier « qui n'existe pas », car ils aiment la mode et souhaitent une montre sportive qui véhicule une image plus moderne.
Ils suggèrent même l'idée de l'usage de l'acier inox, pour autant que les finitions soient plus belles que sur n'importe quelle montre.
Gerald Genta dessine dans la nuit ce qui deviendra un mythe horloger.
Pour le design, il se revoit sur le pont de la Machine à Genève observant la pose d'un casque de scaphandre sur la tête d'un homme.
Il se rappelle avoir été impressionné par le fait que les 8 boulons et le joint de caoutchouc protègent la vie d'un individu sous l'eau.
Plus surprenant : au départ la montre dessinée par Genta n'a pas de nom.
On commence à la surnommer Safari (qui deviendra plus tard un modèle de ROO) car pour certains elle évoque le désert et l'aventure. Pour d'autres c'est le genre de montre qu'on pourrait porter lors d'un safari.
Mais ce nom ne correspond pas à l'image qu'AP souhaite véhiculer. Le nom est proposé par le distributeur italien (encore lui!).
Le livre ne nous livre malheureusement pas davantage de précisons sur la genèse de cette proposition...
Dommage.
Une série limitée de 1000 pièces est donc produite : 400 pour l'Italie, 400 pour la Suisse et 200 pour le reste du monde.
Le prix de départ est ahurissant : 3650 CHF : c'est la montre en acier la plus chère jamais commercialisée.
Plus étonnant encore : le succès n'est pas immédiatement au rendez-vous.
Il faudra attendre 3 ans pour écouler 800 montres.
On la juge trop grande et elle ne plaît pas.
Le déclic se produit en 1974 : Giovanni Agnelli, patron de Fiat apparaît en public avec une RO à son poignet. Du jour au lendemain, la montre explose sur la marché italien et va connaître un succès sans précédent.
En 1975 une styliste interne est engagée : il s'agit de Jacqueline Dimier.
C'est elle qui dessinera la RO pour dames (diamètre 29 mm) en 1976.
C'est aussi elle qui dessinera quelques années plus tard un modèle méconnu : la RO rectangulaire quartz référence 6005.
Le livre nous explique la naissance de la ROO, présentée comme la digne héritière de la RO.
Nul doute, car elle occupe une place très importante dans le livre, au vu du nombres de pages consacrées et des nombreuses photos de propriétaires.
L'idée de surdimensionner la montre part d'un constat en 1989 du codirecteur général de l'époque, Stephen Urquhart : les femmes empruntent de plus en plus les montres de leur mari.
Si les femmes portent des montres d'homme, il est temps que les montres d'hommes s'agrandissent.
Les premiers dessins sont l'oeuvre d'Emmanuel Gueit, jeune designer venu étoffer l'équipe de Jacqueline Dimier.
Son idée de génie est de surdimensionner la RO originale.
Mais la tendance du moment est à l'extra plat et au quartz.
La commercialisation de la montre prendra 4 ans.
Etant donné que le nom RO provenait en partie de l'univers marin, il était logique que la nouvelle venue s'appelle « Offshore » (après une courte lutte avec « Challenger »).
Curieusement ce nom ne parvient pas à s'imposer comme s'il dénaturait la montre originale. Au point que les 50 premières pièces produites ne seront gravées que du nom RO. C'est seulement à partir de la 51eme que la mention « Offshore » apparaît.
Comme sa petite sœur, la ROO peine à trouver le succès. Tout le monde crie aux fous, y compris Gerald Genta qui la qualifie « d'éléphant des mers ».
Le seul à y croire sera l'agent italien... Décidément...
Voilà, merci de votre lecture.
Et bonne année !