Comment se fait-il que
Citizen n’ai pas encore réglé ses problèmes de distribution en France ? La marque est honteusement absente des boutiques et du net dans l’Hexagone depuis des années, alors qu’elle est par exemple particulièrement bien présente en Allemagne et en Espagne, pays ou la marque a elle-même repris sa distribution en mains.
Citizen est avec Seiko la seule marque de niveau mondial à proposer une gamme aussi vaste couvrant les montres mécaniques, et avec ses propres mouvements les célèbres calibres Miyota, le quartz standard ou solaire, l’habillé et le sportif, dont une gamme fameuse de montres-instruments, le tout à prix raisonnable.
Citizen, une marque créée en 1930 au Japon mais dont l’origine suisse remonte au début du 20è siècle, est également réputé depuis près de 30 ans pour ses montres de plongée à profondimètre intégré, gamme Aqualand, segment spécifique devenu un peu obsolète depuis l’avènement des ordinateurs de plongée, mais qui garde aujourd’hui encore ses inconditionnels parmi les amateurs ou les pros, angoissés du back-up, geeks et autres fétichistes d’une marque qui leur a fidèlement donné le temps et la profondeur en d’autres temps avec des modèle devenus cultes comme la célèbre JP2000-08E…
…montre quasi inchangée depuis 25 ans, première montre de plongée avec un profondimètre digital intégré et toujours en vente.
L’évolution de cette gamme de montres autrefois pléthorique est intéressante depuis 10 ans. Plusieurs évolutions notables ont marqué la période.
-Plusieurs modèles emblématiques ont été arrêtés comme les excellentes…
…5 aiguilles à quartz (une aiguille de profondeur instantanée et une aiguille trainante en sus des 3 aiguilles classiques) avec la profondeur sur le réhaut aussi lisible et intuitive que la lecture des minutes. Ici le cadran est entièrement couvert de luminova, autant vous dire que c’est lisible par tous les temps ! D’une façon générale les profondimètres analogiques à quartz classique commencèrent à disparaitre de la gamme, seuls subsistèrent les modèles Eco-drive à chronomètres intégré, (chrono inutilisable sous l’eau donc inutile), comme celui la :
et quelques modèles à affichage digital histoire de satisfaire les amoureux de la marque en manque :
Comme cet intéressant modèle digital en titane cumulant un profondimètre et un altimètre ou déjà la lecture du cadran se fait sous l’aiguille (on y revient !)
-L’introduction du solaire (Eco-drive) qui devient standard sur de nombreux modèles
-Une volonté évidente de restreindre la gamme après la sortie des fameux modèles 20è anniversaire en 2005 (gamme lancée en 1985), Eco-drive, avec profondimètre numérique, température de l’eau, alarmes diverses, GMT, et logbook intégré.
Ci-dessus l’étonnant modèle arrondi d’un coté, plat de l’autre.
- Enfin, alors que plus grand-chose de réellement novateur n’était sorti depuis ce modèle de 2005,
Citizen a repris la table à dessin et a sorti coup sur coup deux modèles au design novateurs pour ses gammes de montres instruments :
La spectaculaire Altichron Cirrus en 2013
Montre de pilote avec un nombre incalculable de fonctions inconnues de moi dont parait-il un excellent altimètre, et donc, en 2014 un tryptique de plongeuses radicalement rénovées au niveau du design, qui s’apparente clairement à celui de l’altichron, la série bn 2021-03E , 2024-02E, 2025-02E
Pour des raisons qui m’échappent encore j’acquis la plus baroque d’entre elle lors d’un séjour plongée en Espagne ou la marque est bien implantée (je sais je l’ai déjà dit), le modèle 2025-02 E…
…qui présente la particularité d’être dorée (un plaquage) et d’avoir une lunette « DLC » (diamond like carbon) qui est un film déposé sur le métal sensé durcir l’acier à un niveau de dureté exceptionnelle :
http://www.
citizen.com.hk/en/about-us/technology/dlc/what-is-dlc
Bon nous y sommes , quel intérêt à acquérir ce gros hublot absolument importable au-dessus de l’eau ?
La réponse est évidente : absolument aucun ! Mais comme j’aime bien les objets baroques, improbables, qui me relient à l’un de mes passe-temps favori, la plongée, finalement…
Bien, comment se présente cette 2025-02E ? (Tiens les forumeurs US et Asiatiques ne lui ont pas encore trouvé de surnom, c’est un signe…)
Citizen ne s’est pas moqué du plongeur qui osera porter ce truc, ils ont tout simplement absolument tout repensé pour le meilleur et le pire !
Boitier, bracelet, lunette, cadran, profondimètre, aiguilles.
Commençons par les extérieurs
-le boitier :
Avec 15 mm d’épaisseur (hors couronne) et son coté hublot rond du Crabe aux pinces d’or, le boitier se présente en deux parties, une base coiffée d’une sorte de gros anneau plat vissé au boitier par 4 vis…non dorées.
(ici 2 des 4 vis)
A quoi servent ces 4 vis ? Je parie sur un système de fixation de la lunette, mais il faudrait les dévisser pour le savoir et je n’ai aucune envie de le faire ! Rien trouvé sur le net à ce propos. La particularité de ce «hublot » est d’être presque totalement rond, puisqu’il n’a ni corne, ni épaulement de couronne, à l’exception du capteur de pression situé du coté gauche du boitier.
Dans ce boitier la couronne vissée à 16h, qui sert à régler l’heure, et deux couronnes à 20h et 22h qui servent à contrôler le rappel de la profondeur max. en surface et faire le reset du système de mesure de la profondeur.
-La lunette :
Une lunette crénelée de 3 mm d’épaisseur du plus mauvais goût, avec 4 vis à allènes, entièrement graduée sur le coté interne plongeant vers une subtile liaison avec le réhaut ! Je vous le remet pour que vous compreniez bien l’alignement fascinant des points sur la lunette avec les traits du réhaut. Pigé ? Ca c’est de la lecture efficace !
En raison de l’enduction DLC, la lunette est noire, ce qui se marie bien volontiers avec le doré du boitier pour un résultat qui fait hésiter entre la montre de chauffeur de bus tchèque et le manomètre de centrale au gaz qatarie, au choix !
La lunette effectue une complète rotation dans le sens contraire des aiguilles d’une montre en 120 clicks au joli bruit mécanique avec une douceur assez remarquable sur mon exemplaire, dans l’idéal j’aurai voulu un poil de dureté supplémentaire pour éviter le risque de rotation incongrue. Si l’alignement inex lunette / index réhaut est idéal, tel n’est pas la cas de la lecture des nombres 10/20/30/40/50 et index lumineux qu’on a un peu du mal à différencier en partie en raison de ces p…n de vis dans la lunette assez perturbantes
Sur une photo comme celle on voit bien la perturbation de lecture induite par ces vis, par exemple les indices 20, 30 et 40…
La lunette en raison de son aspect brutalement crénelé est aisément actionnable avec des gants de plongée, même avec des gants de combinaison étanche (genre gros gants mapa et le système étanche Kubi) et des sous gants épais pour le froid comme ici sur cette photo :
Je porte régulièrement la montre à mon poignet le boitier en dessous en plongée car la lecture me parait plus aisée en tournant simplement la main ouverte paume vers les yeux, le cadran de la montre apparait dans le champ de vision immédiatement.
J’en profite pour signaler à tous les fabricants de montre de la planète que les gants qu’on voit içi, majorés en général d’un sous gant épais, sont STANDARD en combinaison étanche, et que les petites lunettes cachochymes et improbables ne peuvent être actionnés par de gros gants ! Faites essayer vos prototypes par des plongeurs, je suis d’ailleurs volontaire !
Enfin l’épaisseur de la lunette protège efficacement le verre minéral, et j’ajoute à l’intention des mêmes fabricants de montres de plongée qu’un verre proéminent sur une plongeuse sachant plonger est une hérésie compte tenu des coups divers qu’une montre prend entre la manutention, le gréement des blocs, le bateau, la mise à l’eau etc. Je sais bien qu’ils me répondent le sourire repu aux lèvres qu’il y a longtemps que leurs montres ne servent plus en plongée, mais ça fait du bien de râler un peu.
Le bracelet.
Fort de son expérience assez pénible avec la
Citizen 1000, dont le bracelet en polyuréthane est certes d’une solidité à toute épreuve, mais rigide au point d’irriter sérieusement le poignet,
Citizen a considérablement adouci la formule chimique de celui de la BN 2025-02 pour le rendre plus élastique et nettement plus souple.
Du coup il est très agréable à porter et d’une très belle longueur (un peu trop à la ville) autorisant le port sur à peu près toutes les combinaisons humides que je connaisse. Peut se révéler trop juste sur une étanche si la montre est portée au dessus du système de gants étanches, dans ce cas il faut une extension. Notons, comme sur la 1000 la présence d’ergots de caoutchouc astucieux qui bloquent le premier passant au plus près de la boucle.
Il s’agit par ailleurs d’un bracelet propriétaire. Certains marchands du net vendent des adaptateurs permettant de mettre un bracelet standard.
Les intérieurs.
-La technologie Eco Drive.
Un vieux débat de forum, est ce que cette technologie au départ plutôt sympathique est durable ou pas !
Je suis bien incapable d’y répondre en ingénieur chevronné, aussi y répondrais je en utilisateur. J’ai, ou j’ai eu depuis 8 ans, 7 montres de plongée avec système de recharge solaire, Casio ou
Citizen, et aucune de ces montres dont l’une (une
Citizen 20th anniversary…) doit encore orner le poignet du gars qui me l’a volé à Bequia à moins qu’il ne l’ai vendu pour se payer sa ganja (Bequia, seconde île de St Vincent and the grenadines) n’a posé ou ne pose de problèmes quelconque, sauf une ! J’ai en effet offert l’une de ces
Citizen Ecodrive à un copain il y a environ 6 ans, et la gaillard l’a oublié pendant presque un an dans un tiroir aussi noir qu’un cadran de submariner… Et il n’a jamais réussi à la faire repartir !
Sur ce modèle bn 2005-02,
Citizen garanti 11 mois de fonctionnement après pleine recharge. Laquelle charge se vérifie par un petit cadran indiquant grâce à un index à 4 zones le niveau de charge.
En ce qui concerne la précision, elle est tout simplement excellente avec une dérive de 2 ou 3 secondes sur l’horloge atomique en 4 mois !
-La montre en situation.
Si la lecture de l’heure et le réglage par la couronne vissée à 4 h. des 3 aiguilles classiques sont absolument standard, le choix du type d’aiguilles couplé au choix radical du profondimètre méritent qu’on s’y attarde en détail.
Citizen présente une configuration assez inédite du jeu des 5 aiguilles du cadran, en faisant ddébuter la lecture du profondimètre à 3h., ou à 15 minutes, qui correspond donc à 0m, chaque minute correspondant ensuite à 1 mètre. Résultat le cadran de la montre présente des chiffres sur une échelle intérieure assez inhabituelle sur un cadran de montre, puisqu’il s’agit de la profondeur avec la marque des 10 mètres qui est situé à 25 minutes, 20 mètres à 35 minutes etc. jusqu’à 40m. Ensuite la profondeur avance par pas de 2 mètres avec 50m. à 12h et 70m à 10’ ! Complètement déroutant !
Pour corser encore le tableau, le choix est fait de présenter les deux courts index de lecture de la profondeur, instantané et max. sur une échelle SOUS l’aiguille des minutes, creuse et surdimensionnée en largeur et en longueur, et sous l’aiguille des heures, mais celle-ci toute petite ne permet pas vraiment une lecture à travers l’aiguille, les 2 aiguilles du profondimètre dépassent en fait l’aiguille des heures en longueur. Vous n’avez rien compris ? Normal. Photo :
Sur cette photo j’ai actionné le rappel de la dernière plongée effectuée. La petite aiguille blanche, qui au repos est cachée derrière la petite aiguille orange indique que je suis allé à 21 mètres. Pigé ? Et du coup on voit bien que l’aiguille squelettée des minutes permet aisément une lecture des deux aiguilles de mesure de la profondeur à travers elle. Pour l’aiguille des heures, vous constatez (ou croyez moi) qu’elle est légèrement plus courte que les deux aiguilles de profondeur, et également squelettée donc la lecture est optimale à tout instant.
Luminosité différenciée (vert et jeune/vert) entre les index de l’heure et ceux du profondimètre qui sont lumineux jusqu’à 40m quand même, des fois que vous auriez envie de risquer votre vie en plongée de nuit à cette profondeur. Point lumineux sur la lunette, bout des aiguilles du temps lumineux, aiguilles de profondeur lumineuses également. Pas forcément facile de différencier l’aiguille des heures et l’aiguille de profondeur au garage à 3h avec le cerveau envappé du petit matin, on a envie de penser qu’il est 3h quelque chose…
Au final, et au niveau des prestations
Citizen fait volontairement du minimal pour bien situer l’engin. Le temps de plongée sur lunette mécanique + 3 aiguilles, la profondeur sur aiguille instantanée et profondeur max. sur aiguille trainante en sous cadran intégré, prof. max. qu’on peut rappeler uniquement pour la dernière plongée en surface. Autant dire le minimum minimorum d’un outil de back-up. Donc tout le back-up, temps profondeur instantanée et max. , mais rien que la back-up.
Un objet improbable, vaguement inutile et importable, autant vous dire que cette montre me plait beaucoup !
Autrichon gris, testeur de montres de plongée en plongée et sur les forums depuis 2003 !
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