Certaines maisons s'aventurent à faire de la publicité directe par mail auprès d'une clientèle confinée et dispersée à travers le monde. Oui évidemment, la vie continue mais elle continue plus ou moins, dans des conditions qui ne prêtent guère à l'euphorie. Les singeries des uns ou des autres sur les réseaux sociaux sont devenus un opium bien fade d'un peuple désemparé.
Recevoir un mail d'une marque qui souhaite du courage à ceux qui aident et ceux qui sont malades ou simplement confinés est un message positif mais recevoir un message purement vendeur est parfois d'un mauvais goût avéré quand le slogan est "La vie continue". Il faudrait en parler aux personnels soignants de tous les pays d'ailleurs et à ceux qui voient arriver une crise majeure parce que leur pays n'a rien anticipé de ce que pouvait être une catastrophe sanitaire majeure.
Les pays riches comme les pays pauvres sont tout aussi attaqués mais avec des moyens si différents. Au Mali, il y a pour tout le pays un seul respirateur.
Les Américains sans assurances sociales ni anticipation sanitaire ne peuvent faire appel à l'oncle Sam car il n'a jamais eu à gérer pareille pandémie. Alors, bien sur la vie continue pour les vivants, elle continue s'il n'ont pas un proche ou un pote âgé dans un Ephad qui se transforme en légume et qu'ils n'ont aucune chance de revoir. Non la vie ne continue pas tant que ça et elle se prête peu aux nouveautés horlogères.
Le cynisme et l'opportunisme ne manqueront pas de faire émerger des séries spéciales ou limitées dédiées au Coronavirus ou aux personnels soignants, des hommages frelatés qui sous prétexte de bonnes intentions, viennent chercher du profit et de la notoriété comme de vieux animateurs de télévision oubliés viennent sur Twitter prodiguer leurs conseils devant leur webcam qui leur rappelle des heures de gloire.
Les nouveautés, on les comprend quand comme chez Omega, on a travaillé le sujet lié à un évènement et que toutes les montres sont fabriquées. C'est bien triste comme l'annulation d'un mariage anticipé de longue date ou un évènement familial qui n'aura pas lieu pour cause de confinement ou de perte d'un proche. Il n'est évidemment pas question de cesser de parler de ce qui donne de la lumière dans les yeux passionnés des amateurs de montres mais juste d'avoir quand on est professionnel une certaine forme de pudeur et de tact qui évite comme l'a fait Antiquorum de se frotter les mains des bonnes affaires que les collectionneurs pourront faire pendant la crise.
Peu importe que l'on ne soit pas d'accord. Certains contestent même le bien fondé du confinement ou hurlent, confinés, contre ceux qui tentent avec une pomme et un couteau de se battre pour sauver leur proches et peut-être eux-mêmes. Il n'empêche que si le monde des affaires nous fait vivre économiquement, il n'existe que si nous sommes là. Cette interdépendance comprise par des patrons de groupes comme Bernard Arnault fait avancer vers des gestes utiles et protecteurs, des gestes bienveillants infiniment plus admirables que l'attitude qui consiste à montrer que l'on vend toujours pendant la crise, en aguichant les clients avec des slogans pitoyables et des messages qui ont l'odeur âcre de la mort.
Celui qui sait ce qui est bien a beaucoup de chance, celui qui sait ce qui est le mieux est un sachant. Mais quand chacun devient un sachant alors on ne sait plus rien, le tri est impossible, encombré par le cumul des expertises. Au brouhaha, préférons le silence, aux messages opportunistes préférons la réserve. Ceux dont on parlera le plus après, ce sont ceux qui nous auront manqué pas ceux qui se seront trop avancés pour être tout à fait honnêtes.
"La vente continue pendant les travaux", la vente surement mais pas la fête…
_________________
Contraria contrariis curantur. (Les contraires se guérissent par les contraires).