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 [Récit] L'histoire des tout premiers chronographes de série

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ZEN
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MessageSujet: [Récit] L'histoire des tout premiers chronographes de série   [Récit] L'histoire des tout premiers chronographes de série EmptyDim 29 Mar - 22:30

Les premiers chronographes de série étaient américains

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La manufacture Waltham Watch C° fut créée en 1850



L’exposition universelle de Philadelphie en 1876 avait donné le spectacle d’une industrie horlogère en ordre de marche et celle de processus industriels de fabrication des montres parfaitement maîtrisés par les firmes américaines. Sous les yeux de ses concurrents américains et des maisons suisses qui ont dépêché sur place des émissaires afin de s’inspirer des méthodes de fabrication américaines, Waltham expose sa première machine totalement automatique servant à produire des vis de précision et une chaîne complète de production horlogère.

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Waltham, pionnier de la montre de grande série



La démonstration de force est très efficace. La Waltham Watch C° obtient à Philadelphie la Médaille d'Or du premier concours international de précision horlogère organisé pour l'évènement. La firme américaine présente la production réalisée en six jours de travail à raison de dix heures par jour. Le résultat est éloquent avec plus de 2200 montres or ou argent et calibres, le tout produit à près de 50% du prix des produits suisses. Cela inquiète la communauté helvétique qui mesure les progrès qu'elle doit réaliser.  

Les Américains ont une propension quasi intuitive à aller vers la fabrication de modèles de montres "rentables" et de bien connaître les goûts et attentes du public et de leur clientèle militaire ou des milieux industriels. C'est là aussi une approche plus complète des marchés, une sorte d'assurance de réussite quand les Suisses plus attachés à la tradition se montrent moins audacieux.  

Les balbutiements du chronographe industriel.

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Chacun de leur côté, Suisses et Américains travaillent sur une demande qui se fait jour avec l’industrie, l’armée mais pas encore le développement de l’automobile qui n’en est qu’à ses premiers balbutiements. La demande porte sur des instruments destinés à mesurer de manière précise des temps très courts. En Suisse, l’horloger Alfred Lugrin pour Longines, travaille sur un mouvement de chronographe simple, le calibre 20 H qui sera breveté par l’horloger et verra le jour en 1878. Les grandes manufactures suisses qui s’illustreront plus tard dans la fabrication d’excellents chronographes, mettront dans le meilleur des cas, une dizaine d’années pour aboutir dans leurs conceptions chronographiques. Ainsi Charles Reymond est en 1887 l’artisan d’ébauches de chronographes dits « Valjoux » achetés par de nombreuses firmes qui les revendent sous diverses marques. La fabrication de chronographes est si spéciale, que certaines maisons demandent à des finisseurs de calibres de « maquiller » les ébauches pour que l’origine des mouvements ne puisse être établie et que visuellement, leur mouvement ne ressemble à ceux d’aucun autre. Breiltling dépose sous son nom le 22 mai 1889, un brevet n°927 pour un chronographe simple. Nicolet et fils propose en 1895, 6 ans plus tard, un chronographe original et il faut attendre 1898 pour qu'Omega présente son propre chronographe appelé à l'époque Chronoscope, désignation plus appropriée d'ailleurs. C'est un calibre 19 chro LOA de 15 rubis au pont "cassé" qui illustre le début de la production des chronos par Omega.

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Quel chemin parcouru depuis l’invention du chronographe par Rieussec en 1821 ou celle de ce compteur de Tierces de Louis Moinet en 1816. Evidemment, l’invention originelle d’un instrument est un pas immense mais sa mise en production industrielle pour une fabrication en série implique de maîtriser la dite fabrication et donc de pouvoir former la main d’œuvre nécessaire, et de simplifier la construction du mouvement pour en réduire le prix de revient tout en préservant la qualité d’exécution des pièces.
Les Anglais excellent dans la fabrication de montres chronographes à trotteuse centrale sans totalisateur à l’inverse des calibres suisses et souvent sans trotteuse de secondes. Si la mesure de temps courts avec ces pièces reste dans des normes acceptables pour l’époque, la mesure de l’heure est en revanche, un peu moins efficace et sauf quelques pièces soignées, ces chronographes ne peuvent rivaliser de qualité avec les chronographes suisses.


Un chronographe très « étudié »

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Les Américains semblent assez peu intéressés par les montres à complications. Waltham fait en la matière office de pionnier. Les chronographes ne font pas encore l’objet d’une forte demande et d’ailleurs, hormis l’industrie, qui pourrait bien avoir besoin de figer des temps courts ? Dans le milieu de l’horlogerie, déjà en 1876, ce qui est pensé par l’un peut rapidement être imaginé par un autre. Sans parler d’espionnage industriel, le mimétisme mécanique pousse les Américains à travailler sur les projets que les Suisses entendent développer et inversement, les Suisses ne perdent pas une miette du travail accompli par les Américains. La concurrence est aiguisée et les voyages des uns et des autres, d’un continent à l’autre, ne se font pas sans quelques échanges d’informations. Ainsi Elgin se laisse volontiers visiter par les Suisses et des accords se nouent au point que certaines marques appellent certains de leurs mouvements « Elgin » comme ce fut le cas pour Omega.


Waltham travaille déjà en 1876 depuis 2 ans sur un calibre de chronographe. La firme américaine qu’on appelle encore American Watch C° - Waltham, imagine un mouvement de chronographe susceptible de recevoir une fonction rattrapante en option, un système avec départ, arrêt et remise à zéro par la couronne alors que la mise à l’heure demeure à l’américaine, c'est-à-dire accessible par une targette à une heure, placée sur le bord de la platine et accessible en soulevant la lunette. Ce mouvement d’une taille assez grande de 14 S (mesure américaine) soit 41,48 mm ou 18 3/8 lignes est très caractéristique de l’application mise par les Américains à réduire les coûts de fabrication. Sans négliger la qualité du mouvement quant à sa fiabilité, sa précision et sa finition, le système repose sur un pont de chronographe unique traversant toute la platine et porteur des trains de rouages. La finition est soignée et de grade variable au choix du client, entre 13 et 17 rubis, avec terminaison rhodiée ou dorée et raquette plus ou moins élaborée.  


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Le mouvement ne comporte pas de totalisateur des minutes. Il sera breveté le 28 septembre 1880. Le cadran ne comporte pas de tachymètre, au moins pour les premières versions. La voiture automobile n’a pas encore pris l’ampleur qu’elle connaîtra 20 ans plus tard. Le cadran comporte, outre les paramètres de lecture de l’heure, un découpage des minutes/secondes en 60 unités sur lesquelles pointent les aiguilles des minutes et celle de la trotteuse de chronographe.

A la différence des mouvements souvent complexes fabriqués en Suisse, le calibre de Waltham simplifié au maximum est basé sur une ébauche avec demie platine et un pont de balancier de type cassé. Sans aucun doute l’absence de totalisateur contribue-t-il à la faisabilité de ces simplifications. Le mouvement comporte des rubis sur chatons vissés et selon la finition, une raquetterie plus ou moins élaborée. La plus simple d’entre elles est malgré tout articulée et peu courante.

Une diffusion restreinte


Destiné essentiellement au marché anglais afin d’y concurrencer un chronographe à trotteuse centrale qui connaît un beau succès, notamment chez les amateurs de courses de chevaux, il ne sera fabriqué qu’en assez peu d’exemplaires. Les chronographes américains à trotteuse centrale sont probablement sortis trop tôt. Sans totalisateur des minutes, les armées et les automobilistes leur préférèrent soit des montres classiques chronomètres, soit des chronographes pouvant enregistrer des temps un peu plus longs jusqu’à 30 ou 45 minutes. En outre, les tachymètres et télémètres des chronographes suisses leurs donnaient une indéniable caution technique. De fait, Waltham ne put diffuser massivement ces chronographes et dut adapter son offre à la demande. Hamilton, plus patient dans le développement de cette complication, en fit une plus large diffusion d’autant que l’armée américaine en adopta le modèle.

Le chronographe Waltham était d’une excellente tenue et sa précision ne variait pas lors du déclenchement de la fonction chrono ou de sa remise à zéro. Le mouvement était assez fort pour tirer toutes les roues et la fonction chronographique suffisamment légère pour ne pas amputer la force motrice délivrée par le barillet pendant les mesures. Très peu distribué en Europe en dehors de l’Angleterre, le modèle ne fut même pas répandu sur le territoire américain, ce qui en soit lui aurait donné un potentiel de diffusion considérable.

Ce chronographe de 135 ans est l’un des plus vieux ancêtres de la chronographie moderne conjuguée à l’échelle industrielle pour une diffusion de masse. Si son succès fut limité, c’est indéniablement par défaut d’utilité parce qu’il était en avance sur son temps. Les chronographes avec totalisateurs des minutes imposés par les Suisses ont sans doute eux aussi contribué à l'obsolescence de cette version américaine de chronographe. Elle préfigurait malgré tout un besoin qui n'allait cesser de croitre et faire du chronographe l'une des complications les plus répandues et les plus recherchées. L'expansion et les progrès de l'automobile, la guerre et l'aviation comme toute l'industrie ont fait ensuite du chronographe un instrument incontournable. Le modèle de la Waltham Watch C° demeure une pièce historique en ce qu'elle fut l'une des premières réalisées en grande série industriellement selon des modes modernes de fabrication.    


Voir aussi  https://forumamontres.forumactif.com/t117027-waltham-une-manufacture-hors-du-temps

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