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 FRED LIP : un article vintage spécialement scanné pour vous

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villerville
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villerville


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Date d'inscription : 08/06/2005

FRED LIP : un article vintage spécialement scanné pour vous Empty
MessageSujet: FRED LIP : un article vintage spécialement scanné pour vous   FRED LIP : un article vintage spécialement scanné pour vous EmptyDim 6 Nov 2005 - 17:27

Bonsoir,

Je sais que ce qui suit est très long, mais cet article de la revue l'Entreprise date de 1958, au moment où Lip était au sommet de son art et de sa gloire. Je trouve qu'il rend très bien compte du personnage. J'espère que vous apprécierez.
Amitiés,
Villerville

http://sit.photos.wanadoo.fr/sitdriver?cid=104964eedb150568&width=500&height=500&app=photos.wanadoo.fr:8080
si quelqu'un arrive à publier cette photo directement, je l'en remercierais avec effusion.

FRED LIP L'enfant terrible du patronat français
Les 16 et 17 juillet 1957 se déroulait a Genève la première Table Ronde de 1'horlogerie européenne. Quand on connaît la rivalité séculaire qui oppose 1'horlogerie suisse à ses voisines française et allemande, on mesure mieux 1'importance de l’événement. Or celui qui a le plus bataillé pour qu'une telle réunion ait lieu est un Français dont le nom est associé a celui de 1'heure exacte sur les ondes radiophoniques : il s'agit de Fred Lip, l'enfant terrible du patronat, le chef d'entreprise d'avant-garde qui, depuis plusieurs années, parcourt la Suisse et 1'Europe des Six pour créer un climat de collaboration chez les spécialistes du vieux continent.
« Certains me croient fou ou imaginent que j'ai été acheté par les Suisses, dit-il. Ils ne comprennent pas que la meilleure façon de mettre fin a 1'hégémonie de 1'horlogerie suisse est de s'entendre avec elle... Mais oui, mon grand dada, est 1'horlogerie européenne, et j'estime que l'avenir du commerce international est dans une zone de libre-échange où la vieille Europe sera un partenaire de poids, poursuit le président du Groupement National des Manufactures d'Horlogerie. Mais il faut faire vite... »
Cet homme press6 qui préfère une statistique à 20 % près, mais communiquée tout de suite, à un extrait comptable impeccable présenté en retard, possède réellement un sens inné de 1'heure et du temps, qu'il prétend tenir de ses ancêtres. « Je suis issu d'une vieille famille juive franc-comtoise, spécialisée depuis un siècle et demi dans l'industrie horlogère. D'ailleurs, regardez. Au mur de son bureau du boulevard Malesherbes est accroché une aquarelle de Jean Oberlé, représentant Napoléon Ier recevant des mains d'un personnage à grande barbe un objet précieux ; au-dessous figure cette légende : « 1810. Au nom de la congrégation israélite de Besançon, Isaac David Lippmann remet une montre a Napoléon Ier » et Fred Lip reprend : « Mon grand-père, Emmanuel Lippmann, décida en 1867 de vendre sa production sous une marque de fabrique, innovant pour 1'epoque. Il choisit alors Lip qui, d'abréviation commerciale, allait devenir notre véritable patronyme. Mon nom — encore qu'il ait bien raccourci depuis cent cinquante ans — a donc été sublimé par mes ascendants... Mais, soyez-en sûr, c'est une lourde charge à porter quand on veut s'en montrer digne et ne pas se comporter comme un vil résidu du capitalisme... Je crois a ce propos avoir mérite le poste que j'occupe»
Fred Lip est ne en 1905. Ses études secondaires accomplies a Paris, au Lycée Montaigne, à Louis le Grand et a 1'Ecole Alsacienne, permettent a cet élève, « terriblement indiscipliné », de nouer déjà bon nombre de relations. Entre autres, il compte cinq ministres parmi ses anciens camarades de classes. Mais il se tient volontairement a 1'écart de la politique. Précisément, une des forces du groupe qu'il anime aujourd’hui est d’établir des plans qui portent sur plusieurs années, et cela, sans tenir compte ni de la Bourse, ni de la tendance des gouvernements. Son tempérament scientifique s’était affirmé très tôt et se développa lorsqu'il entra a 1'école d'horlogerie de Besançon d'où, trois ans plus tard, il sortait titulaire du premier diplôme de technicien horloger délivré par cette école. Sa passion pour la mécanique s'exerce d'abord sur des motocyclettes, qu'il achète et transforme ou même qu'il construit de toutes pièces. Faisant partie de l'équipe Terrot, il court même comme professionnel, glanant quelques records du monde. Apres avoir accompli un an de stage à 1'usine paternelle de Besançon, il part a 1'aventure en Allemagne, en Suède, puis aux U. S. A., visitant les établissements industriels et remplissant tour a tour différents « jobs » qui assurent sa subsistance : il écrit notamment des articles techniques pour différentes revues spécialisées. Apres son service militaire, accompli comme mécanicien d'aviation; il revient chez Lip en qualité d'adjoint a la direction. « Ce fut alors le début de ma grande révolution : la lutte des forces de la jeunesse et de l'avenir contre celles de la tradition, sinon de l'immobilisme. » Fred Lip modernise 1'usine, développe la recherche, améliore les méthodes et organise la production. Il fait notamment adopter le montage des montres en « partie brisée » et transformer l'unité de mesure de la profession ; il instaure en outre un contrôle rationnel de la production, et remplace le vieux sertissage des pierres par le « chassage ». En 1938, on 1'envoie a Issoudun pour y créer un centre d’études et une usine d'armement : Saprolip. En dix mois, il transforme une vieille caserne en usine produisant 14 000 fusées de 20 mm par jour, record que mentionne le ministre de 1'Armement de 1'époque, Raoul Dautry. La guerre 1'oblige alors à replier une grande partie de la fabrication des montres de Besançon à Issoudun, puis à Valence en 1942 et dans d'autres lieux ensuite. Fred Lip, devenu le patron virtuel de 1'affaire, s'efforce de lui conserver en zone libre le maximum d'activité. Mais. à partir de 1942, comme il a eu l’honneur, suivant sa propre expression… « d’être mis sur la liste noire des ennemis du grand Reich », il commence à jouer à cache-cache, demeurant en France avec sa femme et sa fille malgré les facilités qu’ils avaient de passer en Suisse. Personne n’a jamais pu lui faire dire qu’elle avait été son activité à ce moment-là ; il se refuse à en parler : « Tout cela est périmé », dit-il.
En 1945, il lui fallut repartir de zéro on presque. L'usine de Besançon _ dont 1'occupant avait fait une prise de guerre, mettant à sa tête un major allemand — avait été en particulier presque complètement dévastée. Prenant officiellement la tête de la société, Fred Lip s'attache alors à augmenter la production, qui passe de 200 montres par jour à 1 300 aujourd’huis. Grâce au travail « en ligne » des pièces constitutives de la montre, il réduit notamment les cycles de deux mois à 1 h. 40. Non content de pousser au maximum la mécanisation des chaînes de montage, Lip, sur son initiative, est le premier fabricant de la profession a avoir fait intervenir 1'electronique dans ses procèdés de fabrication. II développe également les branches spécialisées, créant Pignons Français, Sechor (pour l'armement des fusées), Soc (pour les installations d'automation sur les machines), etc. II se voit alors confier d'importantes commandes off shore produisant en association avec Jaz 6 000 fusées par jour, et il a la satisfaction d'être un des rares industriels qui n'ont pas eu un seul jour de retard dans la livraison de ses commandes. D'autre part, il n'a pas attendu la constitution du Marche Commun pour chercher très activement à passer des accords avec des industriels français et même étrangers. « Je m'efforce de susciter des ententes avec mes confrères de l'horlogerie et de la mécanique de précision — Carpo, Roch, Wirth et Gruffat, Jaz, etc. — aussi bien en France qu'en Allemagne, et bientôt en Suisse. Je me tourne en effet maintenant vers mon ennemie héréditaire.
« Mais, tant que nous continuerons ici a faire la semaine de 40 heures, nous serons handicapés par rapport a nos voisins. L'outil France ne peut se permettre de travailler 40 heures. II faudrait que tout le monde consente a travailler 48 heures — ce qui se fait dans notre société, mais au taux des heures supplémentaires — pendant un an ou deux, de manière a permettre a 1'e'conomie française d'abaisser ses prix de revient et de s'habituer a de nouvelles normes. Je sais que j'adopte la une position de bataille dans ma profession et même au sein du patronat français tout entier, mais qu'importe... Dans la société anonyme, je suis partisan de développer au maximum
1'actionnariat ouvrier : sur les 1 600 personnes que nous employons, 200 - de tous les échelons — détiennent déjà plus de 10 % du capital. »
Trois secteurs de direction lui sont rattachés directement : la publicité (1'heure officielle de Radio Luxembourg, de Monte-Carlo et d'Europe n° 1 est une de ses initiatives), la recherche et, enfin, l'armement ; il a d'ailleurs été fait récemment officier de la Légion d'honneur au titre de la Défense nationale. Pour tout ce qui concerne ces secteurs, il est l'exécutif, pour le reste, il se contente d'être le législatif, consacrant 30 % de sou activité... aux questions qui se posent et "qu'il faut résoudre. Mais il se vante de ne jamais rien faire seul ; il s'entretient de toutes ses affaires avec ses collaborateurs directs et, lorsqu'il lui arrive d'en traiter personnellement une très importante, c'est pour en assurer le démarrage et la confier ensuite à qui de droit... Dans cet esprit, il ne lui parait pas nécessaire de prendre connaissance ou de signer le courrier, pas plus que de lire le journal a son bureau : « Le patron qui lit tranquillement le journal a son bureau ferait mieux d'aller se promener », professe-t-il volontiers. Et il enchaîne en riant : « Je fuis comme la peste les gens qui se croiraient déshonorés de traiter avec 1'homme compétent, du moment qu'il n'est pas président-directeur général. Mais ne vous y trompez pas : je suis terrible. Je veux tout savoir. Mais pas de détails. Cela me permet de prendre beaucoup de vacances, entraînant d'ailleurs dans mon sillage mes collaborateurs que je réunis périodiquement, notamment lors du grand séminaire annuel Lip de Val d'Isère ou, après avoir skié toute la journée, nous tenons chaque soir un brainstorming toujours profitable. »
Fred Lip a d'ailleurs la réputation d'être un skieur éprouvé en neige profonde, et il est très fier de son ancienne élève, sa fille Muriel, qui a fait pendant cinq ans partie de l’équipe de France. II passe en moyenne soixante jours par an à la montagne, fait trois fois par semaine de la culture physique avec un professeur et joue souvent au golf... bien qu'il reconnaisse jouer toujours aussi mal depuis trente ans. Il a déjà naturellement fait un grand nombre de voyages, mais son plus grand plaisir est de partir dans sa Ferrari — une des voitures européenne qui a le plus d'accélération ayant été perfectionnée par Ferrari lui-même, Fred Lip dixit — pour rejoindre la Côte d’Azur. Il aime en effet se retrouver au bord de la mer à la villa Acqua Roc, qu’il a fait construire isolée, dans le Var selon ses plans qui ont prévu une piscine, taillée dans le roc. De retour a Paris ou a Besançon, il consacre une heure chaque soir aux lectures para professionnelles d'ordre général (économiques, scientifiques, techniques, etc.), et aussi pas mal de temps a sa collection de vieilles montres. Il collectionne également les tableaux, non pas en fonction de 1'engouement du moment ou de leur valeur marchande, mais ceux qui lui plaisent ; il ne les choisit d'ailleurs jamais sans 1'approbation de sa femme. Fred Lip, à cet égard, avoue être un mari heureux, un père heureux. Il connaît trop le prix de la vie familiale pour soustraire inutilement du temps a la sienne, pas plus qu'a celle de ses collaborateurs. Et il se vante de ne pas être de ceux qui arrivent a leur bureau a onze heures du matin, s'attardent chaque jour à des déjeuners d'affaires jusqu'a une heure avancée de 1'apres-midi, et se voient, par la suite, obligés de travailler — et de faire travailler — fort tard dans la soirée. Soucieux de préserver cette atmosphère familiale qui, pour lui, est essentielle, il effectue toujours ses déplacements, qui sont fréquents, en compagnie de sa femme. Et ainsi, une semaine sur deux, les Lip sont absents de Paris. Ils sont le plus souvent en Franche-Comté. « Besançon demeure notre principal centre de production, mais surtout j'ai la grande joie d'y faire construire actuellement 1'usine de ma vie, à Palante, à quelques kilomètres de la vieille cité. Une partie pilote de 1000 m2 est déjà installée, le reste va suivre. Le dossier que nous avions soumis au commissariat au Plan, au Trésor, a la Caisse des Dépôts et consignations et a nos banques a été examiné et accepté en moins de deux mois. C’est de cette usine que sortira dans quelques années en grande série la montre Electronic, dont les premiers exemplaires de luxe seront présentés au public dans quelques mois. »
L’Entreprise, 20 septembre 1958
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ZEN
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ZEN


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MessageSujet: Re: FRED LIP : un article vintage spécialement scanné pour vous   FRED LIP : un article vintage spécialement scanné pour vous EmptyDim 6 Nov 2005 - 17:50

Merci Villerville . Super article !


La photo

FRED LIP : un article vintage spécialement scanné pour vous FredLIP

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MessageSujet: Re: FRED LIP : un article vintage spécialement scanné pour vous   FRED LIP : un article vintage spécialement scanné pour vous EmptyDim 6 Nov 2005 - 17:52

Merci pour l'article et pour avoir pensé à nous !

:cheers:
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jef06
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jef06


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Date d'inscription : 14/05/2005

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MessageSujet: Re: FRED LIP : un article vintage spécialement scanné pour vous   FRED LIP : un article vintage spécialement scanné pour vous EmptyDim 6 Nov 2005 - 17:58

Intéressant, en effet.

Il parait en fait qu'il n'y a aucun lien de parenté avec Isaac David Lippmann, mais personne n'avait pris la peine de vérifier à l'époque...
Merci Villerville.
A+
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villerville
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villerville


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MessageSujet: Re: FRED LIP : un article vintage spécialement scanné pour vous   FRED LIP : un article vintage spécialement scanné pour vous EmptyDim 6 Nov 2005 - 17:59

Merci en retour à Zen pour la photo : Fred Lip devant une partie de sa collection de montres anciennes...
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Turon
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Turon


Nombre de messages : 304
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Date d'inscription : 11/06/2005

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MessageSujet: Collection   FRED LIP : un article vintage spécialement scanné pour vous EmptyDim 6 Nov 2005 - 19:56

Que peut bien être devenue cette collection ?
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