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 Actu : La magie de l'émail

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ZEN
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MessageSujet: Actu : La magie de l'émail   Actu : La magie de l'émail EmptyDim 9 Nov 2008 - 17:28

Citation :
La magie de l'émail


07/11/2008

Depuis pratiquement les origines de l'horlogerie, les différentes techniques de l'émaillage ont trouvé leur terrain de prédilection sur les cadrans et parfois les boîtiers des garde-temps, en révélant la préciosité et en soulignant le caractère unique. Voici, dévoilées en quelques pièces majeures, une parcelle de l'histoire et des techniques de cet art.


Difficile de dater précisément la naissance de l'émail. Au-delà du Ve siècle avant J.-C., en Egypte et en Grèce, l'orfèvrerie est habillée de pâte de verre et les statues sont parfois incrustées d'émail.

Au IIIe siècle avant J.-C., les Celtes coulent de l'émail - alors opaque - dans des cavités creusées à la surface d'objets en bronze.

Les archéologues retrouvent par exemple dans les vestiges des peuples éduens des traces d'émaillage sur des broches, des fibules ou des boucles de ceinture. Il faut cependant attendre le VIe siècle pour voir l'expansion de cette technique, dont on apprécie les qualités de rendu de teintes chatoyantes et d'inaltérabilité. Les plus belles créations de l'époque sont des objets liturgiques qui symbolisent le pouvoir de l'Eglise par leur richesse. Au XIIe siècle, à l'époque gothique, apparaît l'émail transparent. Des villes telles que Cologne, Liège ou Limoges s'imposent alors comme de grands centres spécialisés, produisant des bijoux ou des pièces d'orfèvrerie pour toute l'Europe. Les deux grandes méthodes employées sont le travail en champ levé et en cloisonné. Ces deux manières très différentes l'une de l'autre dans la mise en œuvre permettent toutefois d'aboutir à un résultat visuellement très similaire.

Dans le cas de l'émail dit en champlevé, la matière est façonnée en épaisseur et le motif à voir apparaître, patiemment creusé au burin. Cette pratique a été utilisée par Van Cleef &Arpels pour réaliser le cadran de la Paon Tourbillon mais également par Chaumet pour sa pétillante collection Attrape-moi... si tu m'aimes, qui comprend 24 montres aux cadrans plus vifs les uns que les autres. Dans le cas présent, chaque disque d'or constituant la base du cadran est ciselé d'alvéoles. Celles-ci, une fois le motif terminé, reçoivent la peinture émaillée dont chaque teinte doit être cuite indépendamment à haute température. Pour ces créations uniques, véritables pièces de haute volée, Chaumet a renoué avec un art que la maison pratiquait déjà au XIXe siècle pour les montres, dont celle de l'impératrice. Avouons-le toutefois, ce procédé largement exploité en orfèvrerie est plus rarement employé en horlogerie, même si les technologies actuelles de microfraisages commandés par informatique permettent mieux qu'avant de travailler sur de très fines surfaces, pratiquement à l'échelle du micron.

Quoi qu'il en soit, l'art de l'émaillage selon la facture dite en champlevé concerne plutôt les boîtiers de montre.

Et la maison Cartier, qui maîtrise à la perfection ce procédé, en fait une brillante démonstration avec la montre Tortue Grand Modèle, éditée en série limitée à 25 exemplaires, dont la boîte en or jaune est émaillée selon cette technique et dont le cadran est orné d'une incroyable marqueterie utilisant quatre essences de bois différentes, du corail et de l'œil de tigre.

- Une cuisson très délicate

On l'aura compris, lorsqu'il s'agit de concevoir de fins disques au-dessus desquels gravitent les aiguilles, les horlogers préfèrent souvent recourir à des artistes maîtrisant la technique dite du cloisonné. Pour cette réalisation, il s'agit de délimiter sur une surface donnée des zones de couleur à l'aide d'un fil d'or de quelques dixièmes de millimètre d'épaisseur et d'environ un millimètre de hauteur. Cette sorte de fine muraille devant empêcher les couleurs de se mélanger les unes avec les autres est ensuite soudée à la plaque de base, dont le fond a été préalablement émaillé. Ce procédé, appelé contre-émail, a pour objet de stabiliser la plaque lors des différentes étapes de cuisson et de prévenir toute distorsion pouvant en résulter. Une fois le motif entièrement réalisé, tous les espaces sont remplis de poudre d'émail mélangée à différents oxydes métalliques pour former les couleurs. Ensuite, le disque préparé est passé au four à des températures variant de 850 à 900 °C. Pour obtenir la bonne épaisseur et les couleurs désirées, l'artiste doit répéter l'opération jusqu'à remplir toutes les alvéoles de suffisamment de matière avant d'effectuer les opérations de finition. L'ensemble, dont on enlève le plus souvent le contre-émail par rodage, est alors d'une grande fragilité, mais doit encore être poncé, côté face, pour obtenir une surface visible uniformément lisse. Une fois effectuée cette opération délicate, le dessin de l'artiste est parfois recouvert par un fondant, autrement dit, une couche d'émail incolore et transparente comme du verre, dans le but de magnifier les couleurs et de protéger le dessin. Aujourd'hui encore, cette technique continue d'être pratiquée, mais par quelques trop rares artisans. Très sollicités, ils produisent, pour différentes maisons horlogères de renom, ces disques colorés dont l'une des caractéristiques est d'être toujours des pièces uniques. A l'image de la manufacture Patek Philippe qui propose cette année, pour souligner la rareté et la beauté d'un simple cadran deux aiguilles, trois sets de quatre montres en platine, rondes ou rectangulaires, sur le thème du tigre, des oiseaux de paradis et des masques de Venise. Cet attachement des manufactures de renom à conserver le caractère artisanal n'est pas vain, car, aujourd'hui, la science et la chimie pourraient assez facilement imiter le travail des émailleurs en recourant aux microgravages exécutés par des machines à commandes numériques ou laser, puis en remplissant les espaces créés de laques et autres résines synthétiques colorées. Par chance, le monde du luxe reste fidèle aux valeurs des métiers d'art et entretient avec ceux qui le pratiquent une relation suivie.

- Reproductions et miniatures

Né en France au XVIe siècle entre Blois et Châteaudun, l'art de la miniature sur émail trouve très rapidement un débouché en habillant les boîtiers des montres de poche, dont la fonction première, avant l'invention du spiral par Christiaan Huygens en 1675, était d'être des bijoux faisant la démonstration de la richesse de leur propriétaire. Si les peintures sur émail ne sont pas une exclusivité horlogère et se retrouvent sur les tabatières et autres boîtes ou parures, ce type de travail va devenir une spécialité de la ville de Genève durant la fin du XVIIIe et le début du XIXe siècle. Aujourd'hui, cette discipline très particulière n'est plus pratiquée que par un nombre très réduit de spécialistes chevronnés. Et seuls les quelques artisans dans le monde pouvant se targuer d'en maîtriser tous les secrets sont susceptibles de réaliser les complexes cadrans en émail grand feu de la série limitée Métiers d'art, Hommage aux grands explorateurs de Vacheron Constantin. Pour les cadrans des séries Marco Polo et Christophe Colomb, l'expérience de l'émailleur joue un rôle essentiel. Une fois la base posée, chaque ajout d'émail coloré implique sa stabilisation par une cuisson dans un four chauffé à 700 ou 800 °C. A chaque nouvelle application de couleur est donc associée une cuisson. Pour réaliser les cadrans de cette série, composés de deux parties distinctes cuites simultanément pour éviter que n'apparaissent des différences de couleur des pigments, une trentaine de passages au four seront nécessaires. Totalement imprévisible, l'émail grand feu est aussi fragile. Durant les opérations, il suffit d'un très léger défaut, d'une bulle d'air ou d'un choc thermique fêlant la matière vitreuse pour voir s'évanouir le patient ouvrage. Pire encore, il suffit qu'un défaut apparaisse sur l'un des deux disques pour que l'autre soit aussi à refaire dans un souci d'appairage parfait dans les teintes et les couleurs. Mais, une fois ces délicates surfaces finies, les motifs représentant d'anciens portulans, autrement dit des cartes marines réalisées à la main, prennent toute leur dimension dans leurs classiques boîtiers façonnés en or. Cette technique permet aussi de reproduire des dessins avec une très bonne fidélité. Difficile alors pour la maison Hermès de résister à la tentation de produire une montre reprenant les motifs d'un de ses célèbres foulards de soie. C'est chose faite avec l'arrivée en collection d'une Cape Cod pièce unique en or rose qui utilise comme décor de cadran un détail du carré Indian Dust.

Dans un autre registre d'excellence, la reproduction d'un tableau ancien sur un cadran en émail grand feu est également un tour de force artisanal. Et ce dernier est encore magnifié lorsqu'il est conjugué à une subtilité mécanique de haute volée. C'est notamment le cas avec la Reverso à éclipses de Jaeger-LeCoultre, qui permet de faire apparaître progressivement une miniature en tournant la molette intégrée au boîtier à 2 heures. Editée en série limitée, cette montre est ornée de motifs qui présentent au choix des scènes de nus célèbres, des zodiaques chinois, des paysages... A noter qu'il est également possible - sur commande uniquement - de faire reproduire la peinture, la photo ou le dessin de son choix. Difficile de faire plus exclusif.

-- Cadran uni en émail grand feu

A la fin du XVIIIe siècle et durant tout le XIXe siècle, l'art des cadraniers (les fabricants de cadrans), et par effet induit celui des émailleurs, s'est adapté à l'industrialisation dans les premières grandes manufactures. Très vite, les ateliers d'émaillage intégrés aux maisons sont parvenus à produire en quantité des cadrans d'une parfaite blancheur sur lesquels ont alors été apposés en bleu ou en noir de fins chiffres et leur minuterie. Seulement, avec l'arrivée des montres-bracelets, les beaux émaux ont rapidement cédé la place à de simples disques peints, parfois guillochés et vernis. Par chance, des maisons comme Jaquet Droz ont renoué avec le charme désuet et discret de ces cadrans unis en émail qui, exécutés en édition limitée à 88 exemplaires par référence, entretiennent un savoir-faire artisanal que personne ne souhaite voir disparaître. Pour réaliser un modèle comme celui porté par la montre Quantième Perpétuel Hommage La Chaux-de-Fonds 1738, des dizaines d'opérations préparatoires sont nécessaires, de la découpe du chablon à son polissage pour enlever toute trace d'oxydation en passant par son dégraissage. Ensuite, l'émail en poudre est déposé au tamis sur le cadran et ce dernier passé au four à haute température. Une fois l'opération répétée à plusieurs reprises et la matière blanche polie, est apposé, à l'aide d'un tampon, le chiffrage et le chemin de fer de minuterie. Après séchage, l'ensemble est couvert d'un fondant transparent et passé au feu de glaçage afin de protéger la surface et de la rendre brillante après un ultime polissage. Depuis peu, la fabrication de cadrans rares revient au goût du jour, car, strictement inaltérables dans le temps, ils ne jaunissent ni ne noircissent comme peuvent le faire les versions métalliques. Expression d'un travail de maîtrise, ils valorisent la montre en donnant de son visage une image flatteuse. C'est sans doute pour toutes ces qualités et pour entretenir la notion d'exclusivité que la manufacture Girard-Perregaux lance cette année la très chic Vintage 1945 Heures et Minutes Décentrées avec un cadran rectangulaire émaillé. C'est sa façon à elle de dire que, sous des dehors classiques liés à une esthétique héritée du passé et la présence d'un cadran travaillé à l'ancienne, une pièce de haute horlogerie peut se regarder comme une montre d'une grande modernité.

-- L'art de la transparence : le flinquage

S'imposant durant la Restauration et le second Empire, l'habillage intégral trouve un regain d'intérêt, notamment grâce à la technique baptisée flinquage. Il s'agit d'un procédé associant un guillochage des surfaces à un émaillage translucide à chaud. L'effet très spectaculaire a toujours la faveur des collectionneurs, car ce décor, léger sous sa couverte d'émail, a l'étonnante faculté de reposer le regard en créant une sorte de profondeur de champ en trois dimensions dans une surface plane. Ce traitement de l'émail très particulier, rarement employé en horlogerie contemporaine, se retrouve cette année au sein des compositions proposées par Piaget dans une édition spéciale et limitée à 50 pièces de montres Altiplano. Ces modèles, animés par des calibres mécaniques à remontage manuel de manufacture, ornés de cadrans guillochés et flinqués, sont, pour certains, rehaussés d'une miniature d'orchidée émaillée dont la particularité est de donner un surcroît de sensualité à des montres dont la sobriété est la première qualité.

http://www.lefigaro.fr/lefigaromagazine/2008/11/08/01006-20081108ARTFIG00057--la-magie-de-l-email-.php

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