En moins de 20 ans, dans la période ou Georges Favre-Jacot crée sa manufacture, plus d’une trentaine de manufactures voient le jour en Europe ou aux Etats-Unis. Parmi celles qui auront la plus grande notoriété, on peut citer : Louis Brandt (Omega) en 1848 à La chaux de fonds puis à Bienne, Frédéric Piguet au Brassus en 1858, Juvénia en 1860 à Saint Imier, Junghans à Schramberg en Allemagne en 1861, Bostron Watch C° à Roxbury (Massachussets) en 1850 qui sera transféré à Waltham en 1854 en prenant le nom de Waltham Watch C°, firme qui deviendra American Watch C° en 1858, Tissot est créé au Locle en 1853, Illinois Watch C° à Elgin qui deviendra Elgin, Excelsior Park à Saint Imier en 1866, Longines à Saint Imier en 1867, Lip à Besançon (France) en 1867, International Watch C° à Shaffhouse en 1868, Landeron en 1873, ou encore Piaget à la cote aux fées et Genève en 1874.
L’expérience de Waltham préfigure ce que Georges Favre-Jacot veut réaliser en Suisse. La firme américaine lancera en effet les premières montres à prix compétitifs dont les composants fabriqués mécaniquement sont totalement interchangeables. Ce concept industriel va révolutionner l’industrie horlogère et transformer les modes de production des montres dans le monde entier. Grâce à cette idée novatrice et une rationalisation des tâches érigée en principe, l’industrie horlogère américaine va devenir la plus puissante du monde pendant le dernier quart du dix-neuvième siècle et malmener les marques suisses sur tous les marchés en offrant des produits de qualité à moindre prix.
Le concept qui préoccupait nombre d’horlogers Suisse a sans nul doute inspiré à Georges Favre-Jacot, les processus de conception et de fabrication des montres qu’il a développés au sein de son entreprise.
Si l'influence américaine est une certitude dans leconcept même de manufacture qu'il développe, l'attention de Georges Favre Jacot ne se démentira jamais et en 1904, il envoie son neveu et gendre James Favre pour d'une part, implanter mieux ZENITH sur le territoire Nord Américain considéré comme un Eldorado et d'autre part regarder de prêt comment travaille les manufactures outre atlantique, elles qui ont abaissé les coût de production.
Il résultera de ce voyage un accord avec Elgin qui emboitera de la montre ZENITH puisque le territoire est fermé par des mesures protectionnistes, aux horlogers suisses .
Sur ces bases ZENITH se développera sur ce marché tout en réformant l'organisation de ses ateliers et en jouant la carte de la partiellisation des tâches. Une brochure dont nous reparlerons plus tard sera en 1907 un précieux témoignage de cette orientation d'un travail à l'américaine voulu par les actionnaires puisque c'est la banque actionnaire de Georges favre Jacot qui prendra en main la fabrication et la distribution de la revue.
L'objectif était de s'adresser aux actionnaires, au personnel, aux distributeurs et un peu moins au public pour faire admettre et valider des modes de modernisation de l'outil industriel difficile à admettre pour une population issue des milieux ruraux et agricoles qui constituait une grande part du personnel.
Dans une semaine à 56 heures de travail hebdomadaire, il faut dire que travailler plus au regard d'objectifs volumètriques pouvait tendre les rapports sociaux...
Cette organisation nouvelle, l'interchangeabilité des pièces, la partiellisation des taches furent pour toutes les manufacture une réflexion intense jusqu'aux années 50.
ZENITH plus que les autres et d'une manière plus proche des personnels a pu préserver les hommes et la contrainte économique. Cela a failli lui couter cher en 1972 quand il fallut trancher entre la préservation des individus et les choix économiques car la manufacture connaissait des difficultés financières mais de toute évidence, l'attachement des horlogers à cette manufacture est un fait qui a traversé le temps.
Voilà pour cette page d'histoire qui replace la création et l'organisation de la manufacture dans leur contexte historique.