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 Hayek le pirate

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ZEN
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Hayek le pirate Empty
MessageSujet: Hayek le pirate   Hayek le pirate EmptyLun 12 Juin 2006 - 7:34

Citation :
Ce boss est un véritable ouragan. Atypique dans ses tenues, ses propos, comme dans ses comportements, il est ultraconservateur dans la gestion financière du Swatch Group. Pour le reste, la provocation et l'avant-garde le passionnent. Visite dans le bureau d'un pirate généreux et dadaïste, suivie d'une soirée au Cabaret Voltaire qui a vu naître Dada.

Hayek le pirate 2005_w6_1

Nick Hayek Jr (50 ans) est à l'aise dans ses baskets. Des baskets que l'actuel PDG du Swatch Group préfère aux mocassins ou aux vernis, et qui conviennent d'ailleurs mieux aux jeans / chemise couleurs nature sur un métabolisme jamais tranquille. Le visage est de ceux qu'on n'oublie pas.


Le Swatch Group fondé par son père Nicolas Hayek (76 ans) a sauvé l'horlogerie suisse selon lui. Aussi émotionnel que soit le produit, aussi important le recours à la main de l'horloger, une base industrielle est toujours nécessaire pour acheter et rentabiliser les machines dans le secteur horloger, dit-il. Toutes les activités du groupe sont au service de cette politique.


« Mon père a toujours questionné les règles. Il est sans-gêne à ce niveau. Quand il accepte une règle il doit savoir pourquoi. Il n'a jamais fait partie du moindre establishment. Car quand on appartient à un establishment, on a tendance à penser qu'on est arrivé. C'est lui qui m'a appris tout ça. Mais nous n'appartenons évidemment pas à la même génération. Pour moi, joie de vivre ou provocation ont une autre signification que pour lui. Or la provocation est un peu le message de Swatch : d'une manière positive, pour faire bouger les choses. Le projet Dada par exemple, qui a conduit à la restauration et à la réouverture du Cabaret Voltaire à Zurich, c'est moi. Mon père n'aurait certainement pas accroché. »


Drapeau noir en vue…
Le bureau du boss Nick au quatrième étage d'un édifice quelconque au Faubourg du Lac à Bienne est facilement reconnaissable de l'extérieur : un drapeau de pirate flotte à sa fenêtre.
A l'intérieur, ce local spacieux regorge de souvenirs, de livres et de documents divers. Le sublime y côtoie l'insignifiant. Beaucoup de références au pilotage d'hélicoptères, passion nourrie depuis 21 ans. Un portrait de lui avec Bill Gates. Un livre sur René Burri (celui-là même qui a pris la photo la plus célèbre de Che Guevara) dans lequel Nick apparaît… Une oeuvre de Nam Jun Paik - un monument de l'art vidéo du XXe siècle - qui a conçu une montre pour Swatch lui aussi, et puis - est-ce qu'on lit bien ? - des tableaux signés Akira Kurosawa ?
« Oui, c'est bien lui », rétorque fièrement Nick Hayek, lui-même réalisateur de films _ dont deux longs métrages, qui n'ont cependant jamais concurrencé l'œuvre du maître japonais. Kurosawa avait offert quatre tableaux à Nick lors de sa conception d'un modèle pour une série lancée en 1995 à l'occasion des 100 ans du cinéma, série à laquelle ont aussi participé Pedro Almodovar ou Robert Altman. « …Comme ça. A l'œil. Sans contrat. »



La Swatch a constitué un canevas pour nombre d'artistes, appartenant à des disciplines diverses d'ailleurs : de Spike Lee à Alessandro Mendini en passant par Keith Haring ou Peter Gabriel. Le montant le plus élevé jamais payé à un artiste pour un projet Swatch a été de 30.000 $. Sam Francis et Spike Lee qui a aussi réalisé une bande annonce ont obtenu ce montant. « Mais au moins 50% des artistes ont créé leur projet sans rémunération », tient à souligner Hayek. On ne saura pas combien ont coûté les droits pour l'édition consacrée à notre héros national Tintin, à l'occasion de son 75e anniversaire l'an dernier.






Deux modèles à l'occasion de la restauration et de la réouverture du Cabaret Voltaire à Zurich.
Swatch a lancé deux modèles à l'occasion de la restauration et de la réouverture du Cabaret Voltaire à Zurich. Ils ont été dessinés par le Design Lab implanté à Milan. Le prochain grand lancement en Europe, prévu vers le milieu de l'année, sera la Swatch Paparazzi développée en collaboration avec Microsoft : une montre qui reçoit des nouvelles sous forme de MSM via la bande radio FM, un peu comme les messages que l'on peut lire en voiture en écoutant un poste de radio donné. Ces nouvelles peuvent aussi être une invitation à un concert ou à d'autres manifestations exclusives.


La Swatch - S(econd)watch -, telle qu'on la connaît, avait déjà été développée par un groupe d'ingénieurs avant l'arrivée de Hayek père. Mais ces ingénieurs voulaient vendre ça comme un mouvement en plastique et non pas comme une marque de montre. « Mon père a alors développé une stratégie qui stipulait qu'il faut faire du nombre pour sauver l'exclusif. Il a lancé la première Swatch en 1983. Aujourd'hui on en lance de 300 à 400 modèles différents chaque année pour une dizaine de lignes au total. »


La maison possède une collection presque complète de ses modèles - environ 4.000 - qui devrait être exposée au Pont de la Machine à Genève, sans doute en octobre prochain : « en tout cas dès que les autorités de la ville autoriseront notre petit produit à s'installer en plein cœur de leur cité prestigieuse, symbole du monde de la banque et de l'assurance… »



Le cabaret Voltaire connaît une seconde vie: vue d'ensemble après la restauration.
What's in a name ?
Le Swatch Group est numéro un mondial dans sa spécialité, mais ses activités dépassent de loin le monde de l'horlogerie. Avant de céder le flambeau de PDG à son fils Nick en 2003, le légendaire fondateur Nicolas Hayek père, toujours Président et Administrateur-délégué du groupe, y avait réuni une série impressionnante de labels horlogers (18 aujourd'hui). Mais il y avait aussi inclus le très important fabricant de mouvements ETA et d'autres spécialistes de composants, des usines moins connues de systèmes électroniques (huit labels dont EM Marin, le seul producteur suisse de circuits intégrés qui livre nombre de composants pour les montres à quartz mais aussi pour les clés à distance pour voitures), ou autres services généraux comme Swiss Timing, Swatch Group Immeubles, Swatch Group Internet Lab ou Swatch Group Quality Management. « Et la plupart des grands labels s'approvisionnenent chez nous en composants suisses pour montres mécaniques. »


Le dernier CA disponible (2004) affiche 4.15 milliards CHF, soit quelque € 2, milliards. Et le groupe emploie 20.700 salariés.
Comme le Swatch Group réunit des labels aussi exclusifs que Breguet, Blancpain, Glashütte ou Omega, pourquoi donc lui avoir donné le nom d'une de ses montres les plus accessibles ? « Le nom était effectivement en concurrence avec celui d'« Omega Group » puisque ce label est en tête de nos revenus, explique Nicolas Hayek. Mais nous avons opté pour le premier parce que la Swatch était devenue un symbole. Aucune autre marque horlogère n'a atteint un tel degré de notoriété en une vingtaine d'années seulement. »


Swatch a par ailleurs influencé l'industrie horlogère suisse tout entière : « Pour beaucoup, nous avons apporté la preuve que dans un pays où les salaires coûtent très cher, nous avons maintenu notre base avec un capital d'innovation, en fabriquant des produits de masse d'une qualité excellente, et à un prix bas. Le tout sans céder à la concurrence de l'Asie. Nous sommes en quelque sorte un symbole de compétitivité et d'innovation. Une anecdote : on m'a rapporté dernièrement que chez Fiat - il y a quelques années déjà… -, un ouvrier monteur s'était rendu compte un jour que son patron Gianni Agnelli portait la même montre que lui. Qu'est-ce que cela signifie ? Cela signifie que la Swatch n'égalise pas les gens, qu'elle leur laisse leur personnalité tout en leur donnant une valeur ajoutée, mais pas une fausse valeur, basée uniquement sur le coût. Certaines sont fabriquées à 100 exemplaires, d'autres à plus d'un million (le modèle automatique Time to Move par exemple). Mais les modèles des éditions limitées ne sont pas toujours forcément plus chers. »



L'originalité ne réside pas uniquement dans la conception des montres Swatch, elle s'affiche aussi dans la stratégie du groupe.
« Nous sommes le seul groupe de produits émotionnels de consommation de masse qui soit présent dans tous les segments. Il n'y en a pas d'autre. Ceux qui font du luxe ne font pas de produits populaires et inversement. La moindre petite vis minuscule, n'a pas le même prix selon qu'elle est produite à dix millions de pièces ou à deux unités. La synergie va plus loin : de l'achat (de l'or pour une marque ou pour plusieurs, c'est pas le même tarif) à la production ou à la distribution, en passant par l'achat des médias. Mais il faut faire tout ça intelligemment. Dans le secteur automobile qui présente beaucoup d'analogies avec l'horlogerie, Mercedes était d'accord de faire parvenir un partenariat avec nous. Ils avaient compris qu'il leur manquait le volume critique de l'entrée de gamme. Notre idée originale de la Smart ou Swatchmobil était de lancer une petite voiture devant changer les habitudes du consommateur en intégrant l'hybride (combustible et électricité), avec un prix d'achat honnête et un design intéressant. Mais qu'ont-ils fait en voulant lancer un tout terrain, en lançant une voiture sportive ? Tout sauf de l'innovation. Smart est devenu un nom d'automobile comme un autre. Où est l'hybride que nous préconisions et dont nous possédons toujours les droits ? Nous avons du reste encore le moteur et plusieurs pays asiatiques se montrent ouverts pour ce projet. »


La provocation
Si Nick Hayek s'est emballé pour le projet de restauration et de réouverture du Cabaret Voltaire, c'est qu'il avait beaucoup d'affinités avec le mouvement Dada, un mouvement qui se moquait de l'art ou de la politique en luttant contre l'hypocrisie de son époque. De nombreux artistes qui s'étaient réfugié à Zurich pour échapper aux affres de la Première Guerre mondiale avaient créé ce mouvement libertaire en 1916 dans une arrière-salle du restaurant Meierei au 1 de la Spiegelgasse : Tristan Tzara, Jean Arp, Hugo Ball. Mais plus tard, des André Breton, Louis Aragon, Paul Eluard ou Pablo Picasso ont aussi marqué leur intérêt pour ce mouvement qui était un prédécesseur du Surréalisme ou du Mouvement Fluxus d'après-guerre.


« Au début de ma carrière de réalisateur, j'ai fait des films qui étaient très Dada, raconte Hayek. On m'a toujours refusé des subventions, je devais être un peu sauvage. Ces films étaient absurdes, parfois un peu surréalistes aussi. J'ai gagné un prix pour un court métrage au Festival de Thessalonique où contrairement à la Suisse, ils semblaient adorer tout ce qui critique l'armée. Ce film a ensuite été sélectionné à Cannes. Mais j'ai aussi fait deux longs métrages : Family Express et The Land of William Tell, un film très sympathique sur la Suisse. »


Un court métrage de cinq minutes dans lequel Nick Hayek lui-même apparaît, illustre lui aussi très bien le genre Dada. Il s'agit d'un film présentant le 27e Canton (La Suisse n'en compte que 26), un territoire qui ne serait pas un Etat mais un état d'esprit… Pour la réalisation du film, on a eu recours à des prises de vue à l'intérieur du Parlement suisse à Berne avec des interventions d'hommes politiques de haut rang, comme le président de la Confédération suisse dans le dos duquel on avait collé une affiche – bien sûr truquée - disant 'je suis citoyen du 27e Canton'. Il y avait aussi d'autres images dans lesquelles Nick Hayek apparaissait. Le tout, traité comme s'il allait vraiment être question d'une votation pour ce 27e Canton, un canton dont la carte d'identité serait évidemment une montre Swatch.


L'institution nationale y est quelque peu tournée en dérision, mais avec humour. « Nous avons loué cinq minutes avant le journal télévisé sur les chaînes nationales et le film est passé. » Voilà une action très Dadaïste de Swatch…
« Quand j'ai vu en 2002 que des jeunes squatters avaient occupé cette maison du Vieux Zurich où est né le Dadaïsme en 1916, quand j'ai lu qu'on voulait l'abattre, je me suis dit que ces jeunes qui vivent tellement rapidement avec des jeux vidéo, des téléphones portables, des télévisions… devaient effectivement être confrontés à des choses importantes qui laissent des traces. Le Cabaret Voltaire fait partie de ces choses importantes qui doivent rester : pas tellement comme un musée, ce serait contre l'esprit de Dada. Mais comme interrogation : faire au moins en sorte que les gens se disent 'Dada, c'est quoi ?'. J'ai donc vu là une intervention possible qui allait être typiquement Swatch (pas Swatch Group dans son ensemble donc). C'est une provocation pour réveiller les gens, pour s'amuser, pour faire bouger les choses et ne pas accepter les règles d'une société de l'establishment : ni dans l'art, ni dans la politique, ni avec les journalistes, mais avec beaucoup d'humour. Même le journal zurichois NZZ conservateur s'est pris au jeu. »



Quand l'enfant paraît : Dada !
Nous participons aussi à beaucoup de projets socio-éducatifs : en Equateur, au Mexique, une école à Timor est avec le Portugal par exemple, une vente publique chez Christie's à New York pour venir en aide aux homeless (400.000 dollars que j'ai doublés à 800.000) - on y a notamment vendu une montre concept inexistante qui serait fabriquée à 100 exemplaires et dont l'acheteur ferait ce qu'il voudrait. C'est un philanthrope multimillionnaire Henry Buhl qui a acheté le projet pour 35.000 $. Il connaissait le photographe Helmut Newton qui est alors devenu le concepteur involontaire de cette série limitée peu avant sa mort.


« Mais comme ce monde qui se prend tellement au sérieux avec ses CNN etc., a besoin de Dada. L'UNICEF par exemple, qui est là pour la protection de l'enfance dans le monde en est un exemple. Depuis de nombreuses années nous réalisons des projets concrets avec cette institution. Lors de l'inauguration du Cabaret Voltaire restauré, les responsables de la maison qui sont libres de faire ce qu'ils veulent - parfois c'est un peu limite, mais bon…- avaient eu l'idée que des parents qui nommeraient leur enfant Dada remporteraient une somme de 10.000 CHF. C'est un peu con de donner de l'argent pour ça, mais bon, c'était une provocation. Nous n'avons rien à voir avec ceux qui gèrent le Cabaret Voltaire aujourd'hui. On se contente de financer le fonctionnement des activités avec 300.000 CHF par an pendant cinq ans… Mais un jour donc, je reçois une lettre de hauts responsables de l'UNICEF disant que pour la protection de la vie de l'enfant pas né, nous aurions dû intervenir directement pour arrêter cette action qui atteint à la dignité de la vie de l'être humain ainsi nommé… J'ai renvoyé une lettre leur disant de s'occuper de choses importantes pour les enfants qui en ont vraiment besoin, car - même si l'idée n'était pas géniale - le nom Dada est moins conflictuel que d'autres comme George W , Saddam, Osama ou Ariel… Quand des organisations aussi importantes perdent leur temps à écrire de telles lettres, il est vraiment nécessaire de faire revivre Dada. »


Le bébé appelé Dada devait naître dans la première quinzaine de ce mois de février.

SERGE VANMAERCKE


http://www.trends.be/CMArticles/ShowArticleFR.asp?articleID=36386&sectionID=670

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