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 Interview de Thierry Nataf Président de ZENITH

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MessageSujet: Interview de Thierry Nataf Président de ZENITH   Interview de Thierry Nataf Président de ZENITH Empty19/1/2007, 18:55

Les interviews exclusives
Proposées par Joël JIDET



Interview de Thierry Nataf Président de ZENITH ThierryNatafweb



Thierry NATAF
Président de ZENITH



ZENITH fait parties des marques horlogères qui disposent à la fois d’un passé prestigieux, d’un présent envié et d’un futur radieux. La manufacture créée par Georges Favre-Jacot en 1865 est depuis 5 ans présidée par Thierry Nataf qui défend à travers le monde une marque dont il a renouvelé l’image et remodelé les collections. Dans l’univers de l’horlogerie, ZENITH est aussi présent dans le cœur des amateurs qu’aux poignets de ceux qui apprécient des montres de qualité et attachent une vraie importance au mouvement qui les anime.
C’est un vrai privilège de pouvoir évoquer avec son président, la passion que ZENITH suscite.



Thierry Nataf, merci d’accepter de vous prêter au jeu de cette interview. LVMH a repris ZENITH en 1999 et vous en êtes le Président depuis le premier janvier 2002 après en avoir été le Directeur Général pendant 6 mois. Tout en restant dans le domaine du luxe, vous êtes passé du Champagne à l’horlogerie. Ces deux mondes sont très différents. Duquel vous sentez-vous le plus proche ?

Vous savez, je suis un homme qui a toujours aimé son métier, et un passionné des entreprises que j’ai géré. Je suis totalement immergé aujourd’hui dans ZENITH, qui est une merveilleuse histoire de renaissance et de refondation d’une des plus belles Manufactures Horlogères . J’ai cependant adoré les Vins & Spiritueux et la Maison Veuve Cliquot restera toujours chère à mon cœur. De plus, il y a des points communs entre les grands vins et les belles montres : tous deux sont des métiers d’artisans, où le temps est un facteur de construction et la main de l’homme un élément essentiel. D’ailleurs, le mot « Manufacture » vient du latin « manus », qui veut justement dire « main ».

Lorsque vous avez pris la tête de ZENITH vous avez dit vouloir relancer ZENITH et remettre « ZENITH au zénith ». La marque présente aujourd’hui des modèles d’avant-garde mais avez-vous le sentiment pour autant d’avoir réussi votre mission ?

Si j’en juge par le succès remporté dans le monde entier par nos collections, oui, ZENITH est aujourd’hui de retour au zénith, la place qui lui revient de droit, au sein du club très fermé des plus grandes manufactures horlogères. Et, finalement, le meilleur juge pour dire si la mission est accomplie, c’est bien le public. Ceci dit, je n’aime pas parler en ces termes, car cela sous-entend que notre travail est achevé. Or, je pense que, dans la vie, on peut toujours faire mieux, aller plus loin, plus vite, plus haut, plus fort : « Citius, Altius, Fortius » comme le disait Coubertain. Vous l’aurez compris : je suis partisan du « No limit »…bref ZENITH au zenith !

Interview de Thierry Nataf Président de ZENITH DefyClassicprofil
Chrono DEFY Classic


Vous avez fondé la communication de ZENITH jusqu’à l’an dernier sur l’appartenance de la marque au clan fermé de la Haute Horlogerie. Avec la collection DEFY, on a le sentiment que vous passez de la Haute Horlogerie à pardonnez-moi, la Haute clientèle. Ne craignez-vous pas de perdre la clientèle traditionnelle de la marque qui s’était fidélisée à ZENITH pour ses calibres fiables et ses prix historiquement très raisonnables ?

La stratégie de ZENITH consiste à se développer sur plusieurs fronts pour s’adresser à des profils différents. Jusqu’à l’an dernier, ZENITH ne proposait pas de ligne Sport Luxe - ce qui était d’ailleurs paradoxal pour le roi du chronographe- et se privait ainsi d’une part importante de clientèle potentielle, alors qu’historiquement, ZENITH a toujours excellé dans ce domaine. Aujourd’hui, grâce à DEFY, nous revenons en force dans la montre sport-chic, renouant ainsi avec notre tradition.

Nous disposons ainsi d’une offre complète, constituée chez les hommes par 5 univers, chacun visant une cible différente. La Haute Horlogerie propose ses tourbillons, ses quantièmes perpétuel et ses grandes complications aux grands collectionneurs. La gamme Chronomaster, devenue icône, plaît à l’amateur de montres classiques avec un « twist » de modernité. Le business man, qui recherche l’élégance, la discrétion et la fonctionnalité se tournera plutôt vers la collection Class. Nos montres rectangulaires, les Port Royal, vont séduire un public plus avant-gardiste, amateur de design racé. Enfin, la collection DEFY, Classic et Xtreme, lancée cette année, propose des montres sport-chic, qui allient puissance et virilité grâce à une révolution tant esthétique que mécanique. Et c’est déjà un must…

Ainsi, l’un n’élimine pas l’autre, tout se complète et s’imbrique parfaitement, comme les 5 branches de l’étoile du ZENITH…


Interview de Thierry Nataf Président de ZENITH ZENITHdefyOpenbisnoirecopie
La DEFY CLASSIC OPEN est munie d’une nouvelle variante du calibre harmonique El Primero, le SC 4021


La collection Defy fut une vraie surprise dans la gamme des montres ZENITH qui malgré les versions Open et les complications innovantes basées sur le El Primero était restée très sage notamment sur les designs de boitiers. Pourquoi ces choix très décalés notamment dans les cadrans ?

DEFY est né d’une vision, d’un rêve mécanique, …des plus belles voitures, avions, bateaux, et de signer cette nouvelle collection en lui donnant les altérités, l’une classique, l’autre extrême. De là est née l’idée qu’en chaque homme il y a une part normée et une autre plus libéré. D’où cette collection à deux visages, la DEFY Classic, contemporaine, moderne, sport-chic, et la DEFY Xtreme, plus conceptuelle et avant-gardiste, tournée vers les technologies de demain et la performance ultime. Si on jouait au portrait chinois, et si DEFY classic éatit une voiture, alors DEFY CLASSIC est une Aston Martin ou une Jaguar, alors que DEFY extrême est une Lamborghini.

Quant au design, il est étroitement lié à la fonction. Lors de l'élaboration des cadrans, nous avons appliqué deux principes de construction qui se complètent: le multifeuillage, qui superpose les couches de matières, et une structure alvéolaire en carbone qui -à la manière d'un nid d'abeilles- rend les matériaux plus résistants. Nous avons eu recours aussi à la théorie physique des chocs, qui nous a permis de concevoir le boîtier de telle façon que tout choc soit dispersé et donc absorbé par l'ensemble de la structure et non concentré sur un seul point. Les aiguilles hélicoidales des compteurs garantissent aussi une plus grande solidité en évacuant l'énergie en cas de choc.




Au cours des dernières années, ZENITH n’a pas cessé d’innover en partant d’une part, à la conquête des marchés Russes, asiatiques et nord-américains, puis en écrivant la suite de l’histoire interrompue du calibre El Primero dont les variantes se sont multipliées. Vous avez par ailleurs créé une collection très nourrie destinée à une clientèle féminine. Où en est ZENITH par rapport à ces nouveaux marchés ?

La croissance de notre distribution est très équilibrée sur les grandes régions du monde et suit la croissance mondiale. Aujourd’hui, nous avons un tiers de nos affaires sur le continent américain, un tiers en Europe et un tiers en Asie. Le Moyen-Orient nouvellement ouvert est bien sûr extrêmement prometteur. Nos trois marchés leaders sont le Japon, les Etats-Unis et la Chine, y compris Hong Kong. Nous sommes présent dans plus de 55 pays dans le monde. La structure de notre chiffre d’affaires est donc très saine, car nos risques sont répartis sur plusieurs pays.

Quant à la clientèle féminine, elle s’est laissée séduire par nos collections alliant l’intelligence d’un mouvement mécanique à la beauté d’un design glamour. En 2006, 30% de nos ventes sont générées par les lignes Baby Doll, Queen of Love, Glam Rock et Starissime. L’innovation a donc payé.


Vous avez concentré les efforts de développement sur le calibre El Primero qui dans près de deux ans fêtera ses 40 ans. En revanche vous donnez le sentiment d’être moins attaché aux développements nouveaux sur le calibre Elite. Pourtant lors de sa sortie en 1994, ZENITH pré-annonçait nombre de complications pour ce calibre. Pourquoi ce choix ?

La spécialité de ZENITH, c’est le calibre à haute vitesse. Personne d’autre ne sait faire un chronographe mécanique battant à 36'000 alternances par heure, 50 heures de réserve de marche, le chronographe le plus rapide, donc le plus précis au monde. Il était normal de capitaliser sur cet avantage stratégique fondamental. D’où les versions « Open » qui révèlent le cœur du mouvement au travers de l’ouverture du cadran.

Cependant, nous n’avons pas abandonné pour autant le calibre Elite, plus petit et extra plat, qui munit par exemple nos Class Heure Minute Seconde ou une grande partie de nos collections femmes.


Interview de Thierry Nataf Président de ZENITH ZENITHdefychronobis20061copie
La DEFY CLASSIC CHRONO AERO est un chronographe trois compteurs 4000 SC sur lequel l’utilisation des couleurs, inspirée de l’aéronautique, assure une lisibilité maximale pour aider au vol.


ZENITH a opéré des choix de matériaux de haute technologie pour ses dernières versions du calibre El Primero intégrés dans les Defy. Pouvez-vous en dire un peu plus sur ce qui a motivé ces choix et quels en sont les avantages.

La révolution que j'ai voulue avec DEFY devait être autant esthétique que mécanique: étonner par l'habillage, certes, mais aussi innover au niveau du mouvement. Voilà pourquoi nous avons mis au point deux nouvelles séries de mouvements, SC-Sport Classic et SX- Sport Extrême, dont la construction modifiée inclut un alliage exclusif, le ZENITHIUM, qui compose un ou plusieurs axes du mouvement. Issu de plusieurs années de R&D, ce nouveau matériau, trois fois plus dur que l’acier, combine le titane, pour sa résistance, l’aluminium, pour sa légèreté, et le nobium, pour sa mémoire des formes. En remplaçant le pont de balancier, le pont de rouage et le pont d'inverseur sur la DEFY Xtreme Open, par exemple, nous avons pris l'option de surprotéger l'échappement, donc le coeur du mouvement. Cette démarche était liée à l'idée de créer une montre pouvant résister à une pression de 100 atmosphères, soit 1'000 mètres de profondeur, une montre indestructible, hyper-performante, capable de pulvériser tous les records. Y compris ceux de nos ventes, ce qui est chose faite, depuis que nos clients ont pu découvrir et commander au Salon de Bâle cette nouvelle collection.



Ces matériaux particulièrement difficiles à travailler ont-ils posé des difficultés de mise au point ou de fiabilité pour une production en série ?

Le ZENITHIUM est le fruit de 5 ans de recherche & développement. Pour l’usiner, nous avons dû acquérir plusieurs machines à commandes numériques et former des opérateurs spécialisés. Au final, la mise au point de ce matériau exclusif et son utilisation nous a coûté plusieurs millions, mais j’estime qu’un tel investissement se justifie lorsqu’on a décidé de lancer une gamme révolutionnaire qui représente un véritable « break through »- un saut technologique- dans l’horlogerie actuelle.

Interview de Thierry Nataf Président de ZENITH ZENITHTrio_Neo_Vintage_GP
La collection Neo Vintage



Les modèles Open aujourd’hui déclinés dans les gammes Chronomaster, Classe, Port Royal et Defy remportent un grand succès. A votre avis à quoi est du cet attrait de amateurs pour cette vue partielle du mouvement depuis le coté du cadran.

Lorsque mon père m’a offert ma première montre mécanique, j’étais tellement intrigué que je l’ai immédiatement ouverte et complètement démontée pour voir ce qu’il y avait à l’intérieur. J’ai été ensuite incapable de la remonter et mon père était furieux… Ceci prouve que la curiosité est un trait de caractère qui apparaît très tôt… et perdure bien des années plus tard. En révélant le cœur des calibres qui habitent nos montres, nous dévoilons la naissance du temps, offrant ainsi au monde la possibilité de partager l’âme d’une Manufacture. Voir battre l’échappement d’un chronographe à haute vitesse, c’est partager un court instant un secret longtemps protégé. C’est fascinant. De plus, nos calibres « Open » sont de véritables prouesses technologiques, car, pour rendre visible l’échappement, nous avons dû développer des platines harmoniques à ponts intégrés, capables de retenir les vibrations d’un moteur très puissant. Au-delà de l’artifice esthétique, il y a donc une vraie innovation technique. L’amateur de belle horlogerie ne peut rester insensible au mystère du temps.

Parmi les calibres de ZENITH, le 5011 a disparu du catalogue. Est-ce un départ définitif et envisagez-vous de nouveaux calibres sur des bases autres que celles du El Primero ou du Elite ?

Le calibre 5011 fait partie du patrimoine ZENITH, il animait nos montres de poche et nos chronomètres de bord. Nous continuons d’ailleurs à produire chaque année quelques uns de ces derniers, même si, aujourd’hui, nous nous concentrons évidemment sur la montre de poignet. Notre département de Recherche & Développement travaille sur plusieurs pistes et nous préparons quelques innovations radicales pour les années à venir. La Manufacture ZENITH a de quoi rester à la hauteur de sa réputation de grand motoriste capable de faire avancer l’histoire de l’horlogerie mécanique.

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MessageSujet: Re: Interview de Thierry Nataf Président de ZENITH   Interview de Thierry Nataf Président de ZENITH Empty19/1/2007, 18:56

Pour la conception de tous les développements présentés par ZENITH au cours de ces dernières années, vous êtes vous appuyé uniquement sur des ressources internes à la marques ou avez-vous eu recours à des ressources extérieures ?

Chez ZENITH, nous travaillons entièrement avec nos propres bureaux techniques, R&D, et en studio intégré. Nous comptons une vingtaine de designers et d’ingénieurs-constructeurs répartis dans deux départements qui, sous ma houlette, développent nos produits, au niveau de l’habillage, d’une part, et du mouvement, d’autre part. Grâce à ces structures, nous générons et développons nous-mêmes nos idées, sans faire appel à des ressources extérieures. Bien sûr, au delà de ces départements, ce sont plus de 250 personnes de talent qui vont œuvrer dans la Manufacture.

Il en va de même tout au long de la chaîne : nous créons aussi nous-mêmes nos catalogues, nos campagnes publicitaires, nos boutiques, sans l’intervention d’agence de publicité. C’est ce que nous appelons le « ZENITH Design Studio ». J’y tiens beaucoup car cela nous permet de conserver l’intégrité du message, de la montre jusqu’à son univers.


Produire un tourbillon est un véritable exploit technologique. Vous avez choisi une création complète ce qui au delà du défi créatif est une gageure au plan de la mise en production. Combien de tourbillons la manufacture ZENITH est-elle en mesure de produire chaque année ?
Aujourd’hui la production des calibres ZENITH se répartit de quelle manière ? Est-ce la production du El Primero ou celle du Elite qui domine ?


Nous sommes devenus en quelques années un des plus importants producteurs de Tourbillons du marché. Ceci s’explique d’une part par le fait que les Tourbillons ZENITH sont les seuls Tourbillons au monde à haute vitesse, conçus sur la philosophie des El Primero, ce qui les rend uniques. D’autre part, qu’il s’agisse de Tourbillons classiques, de Concept, de Black Tie ou de variantes plus extrêmes, comme les Tourbillons Port Royal ou DEFY Xtreme, tous ont un design contemporain, classique ou moderne, un style unique. Le succès de ces modèles nous a conduits à nous doter de moyens de production idoines : nous avons créé une cellule de Haute Horlogerie, totalisant quatorze Horlogers de très haut niveau, qui se concentrent sur la production de nos grandes complications.

La répartition de la production des calibres ZENITH laisse aujourd’hui la part belle au El Primero et à ses variantes, à raison d’environ 70%. Néanmoins, dans certains pays comme la Chine, où les goûts sont plus classiques, nous vendons plus de montres munies d’un calibre Elite que de chronographes, d’essence plus sportive.


Interview de Thierry Nataf Président de ZENITH ZENITHClass5
Deux déclinaisons des modèles Class

Je profite de l’évocation des mouvements pour vous faire part d’une doléance des collectionneurs. ZENITH a cessé la production du calibre 405 El Primero qui équipait le modèle Rainbow Fly-back.
Les amateurs fondent l’espoir de retrouver ce calibre performant et à vocation sportive qui aurait pu trouver une nouvelle carrière dans le chrono Defy classic. Envisagez-vous de relancer la fabrication de ce calibre ou son abandon est-il définitif ?


Rien n’est jamais définitif ! Et DEFY est une gamme très jeune, aux possibilités infinies… Nous allons forcément l’étoffer dans les années futures, tant au niveau de l’habillage que du moteur. Notre Fly Back est unique, …et il rééquipera nos gammes mais dans un nouveau calibre ultra-sportif !

Qu’en est-il de la collaboration de ZENITH avec d’autres marques notamment pour la livraison de calibres. Quelle politique entendez-vous adopter en ce domaine ?

Afin de construire la marque ZENITH et d’être en mesure de répondre à la demande croissante de nos clients, j’ai décidé il y a 5 ans de cesser de vendre des mouvements aux autres Maisons, à quelques exceptions près pour nos sociétés sœurs, faisant partie du groupe LVMH – Louis Vuitton Moët Hennessy. Nous avons cependant averti nos partenaires suffisamment à l’avance pour leur laisser le temps de s’organiser autrement. Nous allons conserver cette politique, sachant que le succès de ZENITH aujourd’hui ne nous permettrait de toute façon pas de fournir d’autres marques en l’état.



L’outil de production de ZENITH tel que LVMH l’a trouvé en 1999 semblait quelque peu obsolète et vous avez renouvelé totalement l’outil de production au prix de lourds investissements. Il ne se passe pas une année sans que la rumeur ne circule d’une éventuelle cession de la marque par LVMH. Où en est ZENITH aujourd’hui tant au plan financier que de son devenir au sein du groupe ?

C’est à mon actionnaire qu’il faudrait poser la question ! Je suis néanmoins en mesure de vous assurer que le groupe LVMH est extrêmement satisfait de nos performances et qu’il n’est en aucun cas question d’une cession de ZENITH, à court ou à moyen terme. Nous avons enregistré pendant ces 4 dernières années des pas de croissance de l’ordre de 30%, ce qui procède de l’exploit. Qui voudrait vendre une société qui a un tel potentiel ?

Vous vous investissez personnellement très fortement pour ZENITH en parcourant le monde pour défendre les collections et ouvrir les boutiques, en étant présent en Suisse pour initier et superviser les créations, en participant aux séances de production des films promotionnels et aux séances de photos…Cette omniprésence est-elle le prix à payer quand on dirige une marque et finalement que déléguez-vous à vos collaborateurs, ne sont-ils pas frustrés par vos qualités pluridisciplinaires ?

C’est vrai que je suis présent sur tous les fronts, pour initier les projets puis contrôler leur exécution. Je crois que c’est cela déléguer, non pas s’affranchir d’un problème en le confiant aux autres, mais contribuer à trouver la solution. Il y a un proverbe aux Etats-Unis qui dit qu’un dromadaire n’est rien d’autre qu’un cheval dessiné en comité. J’essaie donc de diriger ZENITH comme elle le mérite, en la maintenant dans le corridor créatif, technique, business, que j’ai voulu et en appliquant systématiquement au cours des ans la même stratégie. J’ai ainsi obtenu non pas un dromadaire, mais un magnifique étalon qui a gagné la course…Quant à mes collaborateurs, je leur dois énormément. ZENITH est au zenith aujourd’hui, grâce à leurs formidables contributions, et je crois que loin d’être frustrés, ils sont épanouis et se réalisent au quotidien.

On vous dit adepte de l’autodérision. La communication de ZENITH fait appel à une multitude de citations de philosophes, auteurs ou artistes de Platon à Freddie Mercury.
Ces citations qui ont un petit coté « Classe de philo », relèvent-elles pour vous du second degré, d’un plan marketing ou d’un vrai message que vous souhaitez impulser ?


Les auteurs des citations que nous utilisons, qu’ils soient classiques ou contemporains, sont de trop grands hommes pour que j’ose les tourner en dérision. J’estime qu’une Maison de Luxe est dépositaire d’une certaine vision du monde. Pour vendre une montre de luxe, il faut dire un peu plus que l’heure, il faut construire un univers, un style de vie, une façon d’être, une manière de penser. J’aime particulièrement la phrase de Platon « Le Beau est la splendeur du Vrai » car comment formuler mieux cette idée selon laquelle la beauté ne s’obtient qu’au prix de l’authenticité, de l’absolue qualité et de la rigueur du geste horloger ?

ZENITH s’est engagé dans plusieurs causes à caractère humanitaire à travers une fondation. En outre, cette fondation a conduit ZENITH dans la lutte contre le cancer en soutenant l’Association pour la Vie et l’Espoir contre le cancer (AVEC).
Pourquoi ce choix précis ?


La vocation de la Fondation ZENITH est de soutenir d’autres Fondations à caractère humanitaire. Il y a effectivement l’Association pour la Vie et l’Espoir contre le Cancer, mais aussi l’UNICEF ou Children Action, par exemple. Chaque fois que nous vendons une montre de la collection Queen of Love, dont l’ouverture du cadran est en forme de cœur, nous consacrons une partie de nos bénéfices à faire un peu de bien dans le monde. C’est une idée à laquelle je tiens, car le luxe, c’est aussi cela : savoir donner.

Internet connaît des développements importants ces dernières années et certaines marques sont tentées d’ajouter à leur mode classique de distribution celui d’un site soit de vente directe, soit de prise de commandes. ZENITH a d’ailleurs ouvert un mode de pré-réservation de certains modèles via son site.
Quelle est votre position à l’égard d’internet ?


Je vis avec mon temps. L’idée galvaudée qui prévalait il y a encore 5 ans, selon laquelle les internautes sont tous des adolescents à faible pouvoir d’achat, et que, par conséquent, le web n’est pas un vecteur applicable au monde du luxe, est aujourd’hui largement dépassée. C’est pourquoi je pense qu’internet, au même titre que tous les récents développements technologiques tels que la TV en ligne, sont des medias qu’il s’agit non seulement d’observer mais d’utiliser. Grâce à notre système de réservation en ligne sur www.zenith-defy.com, pas moins de 149 personnes ont pu commander une DEFY. Quant à notre site général www.zenith-watches.com, il accueille plus d’1,5 millions de visiteurs par an. Personne ne peut donc ignorer aujourd’hui la puissance du web. Et comme ZENITH a toujours une idée d’avance, nous comptons continuer à innover dans ce domaine également.


Lisez-vous parfois sur le net, les forums horlogers ?

Bien sûr. C’est une source très riche d’informations, une façon pour moi d’être en contact direct avec mes clients. Leurs commentaires, leur appréciations me sont précieux et me permettent d’avoir le pouls du marché.

Une dernière question : Si vous deviez porter une montre hors du catalogue ZENITH , pour laquelle opteriez-vous ? Comme je sais que vous allez me répondre ZENITH et rien que ZENITH, je vous fais trois propositions :

Une Reverso de Jaeger LeCoultre
Une Daytona de Rolex
Une 1815 de Lange & Söhne.


Mon actualité est dans DEFY, ma nouvelle collection Sport Luxe. Mais comme je dois rester dans votre sélection, je choisis la Daytona de Rolex, mais en version munie du chronographe El Primero de ZENITH, bien entendu…

Au nom des lecteurs de Forumamontres et de Worldtempus merci infiniment de votre concours et sans nul doute, nous aurons à échanger à nouveau dans peu de temps au regard du rythme auquel vous faite battre le cœur de Zénith.


Joël Jidet © Janvier 2007 – Droits de reproduction réservés.

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