Cafetao Membre référent
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| Sujet: Actu : Les horlogers sont débordés... Ven 01 Avr 2011, 11:51 pm | |
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- L'horlogerie suisse ne parvient plus à répondre à la demande mondiale.
Ne brusquez jamais un horloger suisse. Les montres s'arrachent à prix d'or, mais les manufactures ne peuvent pas fournir. Le système de production semble incapable de croître aussi vite que l'empressement des clients. Heureusement, la patience est une vieille vertu horlogère.La pénurie n'empêche pas le commerce de prospérer. Pierre Dubail, premier détaillant de la place parisienne, reçoit ses visiteurs dans sa boutique de la place Vendôme : "En deux ans, la situation s'est inversée, nous gérons ces difficultés d'approvisionnement comme nous le pouvons. Ce sont les modèles phares des grandes marques qui sont les plus recherchés."
La pénurie de produits est inhérente au secteur, explique Richard Mille, fondateur de la marque homonyme : "Lorsque le marché se porte mal, on livre mal. Lorsqu'il se porte bien, on livre mal aussi, c'est une tradition dans l'horlogerie", s'amuse-t-il. S'il ne rencontre pas ce genre de problème - ses modèles sont fabriqués en séries limitées à quelques dizaines de pièces -, d'autres marques n'apprécient guère de renoncer à tant de ventes. Les grands groupes calculent mensuellement le "chiffre d'affaires perdu", c'est-à-dire le montant des ventes non réalisées, faute de produits disponibles chez les revendeurs. D'après l'adage qui veut qu'une vente qui ne se fait pas aujourd'hui est une vente perdue, ce manque à gagner se chiffre en millions de francs suisses chaque mois.
Les ventes ont augmenté de plus de 20 % en 2010. La demande, elle, a dépassé tous les espoirs. En Chine, les nouveaux riches, pressés d'adopter les codes sociaux des élites occidentales, ont fait de l'Asie l'eldorado des horlogers helvètes, qui hésitent. La demande asiatique est tellement pressante qu'ils pourraient y engloutir toute leur production, au risque de renoncer à leur présence historique sur les marchés européen et américain...
"Les marchés du luxe surréagissent toujours"
En France, la demande croît avec le tourisme de luxe et les nouvelles habitudes de consommation."Autrefois, on se faisait offrir une montre le jour de son mariage, puis on en rachetait une trente ans plus tard. Aujourd'hui, on possède plusieurs montres pour coller à l'air du temps", explique Philippe Pascal, président du groupe Montres - joaillerie chez LVMH. Les nouveaux clients sont souvent des femmes."Elles représentent plus de 25 % de notre clientèle, c'est un phénomène relativement nouveau, d'autant plus qu'elles s'intéressent aussi aux montres mécaniques", explique Stefano Macaluso, vice-président des montres Girard-Perregaux. Les acquéreurs, fins connaisseurs, veulent de la montre suisse et rien d'autre.
L'industrie horlogère française a sombré dans les années 70. Celle de la Suisse se porte à merveille. Direction La Chaux- de-Fonds, au coeur de la Watch Valley : la capitale mondiale de la montre vient d'être classée à l'Unesco pour son patrimoine horloger. Dans la compétition économique qui oppose les grandes maisons d'horlogerie, la coexistence semble courtoise. Des ateliers modernes sont installés au milieu des prairies. Des manufactures se cachent derrière des façades Art déco. Les noms roulent comme des pierres précieuses : Rolex, Audemars Piguet, Breitling, Cartier, Tag Heuer, Patek Philippe, Longines, Piaget, Zenith, Vacheron Constantin...
La pénurie n'affole pas les connaisseurs."Les marchés du luxe surréagissent toujours, explique Jean-Daniel Pasche, président de la fédération horlogère suisse.La demande peut chuter en raison du contexte international, puis revenir quelques mois plus tard. Les sous-traitants ont encaissé un coup rude pendant la crise de 2009, laissons-leur le temps de réinvestir dans la durée." En revanche, du côté des manufactures, on ne l'entend pas forcément de cette oreille. On s'impatienterait même un peu. Il n'est pas rare que des pièces viennent à manquer, le marché des aiguilles est particulièrement tendu. Les exigences nouvelles des fournisseurs irritent : "Certains profitent de la situation pour augmenter considérablement leurs tarifs de manière unilatérale, fixer leurs délais et leurs quantités", confie un acteur du secteur. La situation risque de ne pas s'arranger.
ETA (Swatch Group), gigantesque fournisseur d'ébauches (mouvements de montre en pièces détachées), prévoit de ne plus les livrer que montés. Impossible alors pour les horlogers de les assembler eux-mêmes et d'y ajouter leurs complications (chronographe, quantième perpétuel ou tourbillon...), preuves de leur savoir-faire. Nick Hayek, PDG de Swatch, justifie cette décision sans langue de bois "Nous ne cessons pas de faire des augmentations de capacité, on achète des terrains pour construire de nouvelles usines, on forme du personnel. Et l'on doit livrer tout le monde ! On est forcément tentés de garder les composants pour nous. Nous ne sommes pas un supermarché où les marques viennent et disent "Vous allez me livrer ça ou ça". Elles peuvent aussi investir elles-mêmes !"
"Les machines ne peuvent pas remplacer les hommes"
Cette tension entre fournisseurs et fabricants agite le secteur, crée des vocations. Les manufactures n'ont d'autre choix que de s'équiper en outils de production et de développer leurs propres mouvements. Là aussi, la tâche est délicate."Concevoir un mouvement complexe nécessite beaucoup de temps, mais c'est faisable. La vraie difficulté, c'est de le produire à grande échelle. Et s'il suffisait de décider de doubler la production pour qu'elle le soit, les choses seraient faciles", estime Isabelle Castellini, directrice des ressources humaines chez Tag Heuer. L'autre matière première dans l'horlogerie, c'est le temps. Même des investissements financiers importants ne permettent pas aux manufactures de croître à la vitesse souhaitée. L'horlogerie manque de doigts agiles et qualifiés. Heures supplémentaires, travail volontaire le samedi, rotation en trois-huit ne suffisent pas à compenser les horlogers et opérateurs manquants.
"Les commandes pleuvent, le marché du travail est un peu tendu, mais parler de pénurie de main-d'oeuvre, c'est exagéré", proteste François Matile, secrétaire général de la convention patronale horlogère suisse. Pourtant, cela y ressemble. Des travailleurs en reconversion sont recrutés : réparateurs d'instruments de musique, vendeuses... Les futurs opérateurs doivent démontrer leur agilité et leur motivation, l'entreprise les forme et, surtout, les rémunère généreusement. Comptez environ 4 000 francs suisses (3 200 euros) pour un opérateur débutant. Les horlogers qui ont suivi une formation de quatre ou cinq ans sont payés au minimum 6 000 francs suisse (4 800 euros). Le salaire augmente avec les compétences et le savoir-faire, ceux qui savent assembler des mouvements rares avec de grandes complications s'arrachent à n'importe quel prix.
Pour augmenter la production, il y aurait bien la piste de la robotisation, mais c'est une fausse bonne idée."Les machines ne peuvent pas remplacer les hommes. Il faut atteindre des productions faramineuses pour justifier la robotisation, avec le risque de perdre le savoir-faire de la marque. Nous ne voulons pas nous y risquer", explique Yves Corthésy, directeur du développement des mouvements chez Zenith. En outre, les marques risqueraient d'y perdre leur âme. Quant à la délocalisation, inutile d'y penser. Le luxe a compris depuis longtemps que le lieu de production valait toutes les publicités. Les marques ont trop besoin de leur histoire pour exister. - Citation :
- Les grands leaders de l'horlogerie de luxe
LVMH Bernard Arnault 60 marques de luxe, dont 8 dans la branche Montres - joaillerie (Tag Heuer, Zenith, Chaumet, Hublot, Fred...). Chiffre d'affaires 2010 pour cette branche : 1 milliard d'euros, dont plus de 80 % pour l'activité montres. Avec le rachat de Bulgari, ce montant devrait doubler.
Richemont Johann Rupert 18 marques de luxe (Vacheron Constantin, Baume - Mercier, Lange - Söhne, Cartier, IWC, Piaget...). Chiffre d'affaires 2009 : 5,42 milliards d'euros, dont 2,6 pour les montres.
Rolex Bruno Meier Propriété de la fondation Wilsdorf. Le chiffre d'affaires, non publié, est estimé à plus de 2,5 milliards d'euros.
Swatch Group Nick Hayek Le leader du secteur, avec 19 marques d'horlogerie ( Breguet, Blancpain, Omega, Longines...). Une activité importante dans la production de pièces. Chiffre d'affaires 2010 : 5 milliards d'euros.
- Citation :
- Les chiffres
4 937 710 montres mécaniques ont franchi la frontière suisse en 2010, avec un prix moyen en sortie d'usine de 480 E.
Chacune d'entre elles sera vendue trois ou quatre fois plus cher. Au total, l'horlogerie suisse a exporté pour plus de 12 milliards d'euros.
Le nombre de travailleurs dans l'horlogerie suisse est passé de 40 000 en 2004 à 53 000 en 2008 (soit le niveau des années 70), puis est retombé à 49 000 en 2009 (alors que les commandes ont baissées de 25 %) pour atteindre à nouveau 53 000 en 2011.
http://www.lepoint.fr/montres/les-horlogers-sont-debordes-31-03-2011-1314247_45.php |
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fatalitas Membre éminent.
Nombre de messages : 13061 Age : 82 Localisation : Place Vendome Date d'inscription : 11/06/2008
| Sujet: Re: Actu : Les horlogers sont débordés... Ven 01 Avr 2011, 11:58 pm | |
| "Le système de production semble incapable de croître aussi vite que l'empressement des clients" et après ça on s'étonnera de l'emballement des prix de nos saintes chéries ! bande de sa ! c'est d'votre faute aussi , à vous qu'en d'mandez tant et plus , si on les paie aussi cher ! |
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