J'ai (re)découvert l'horlogerie en 2005 après quelques recherches sur
les ordinateurs personnels et autres instruments de calculs ou de
navigation qui les ont précédé : calculatrices, règles et cercles à
calculs. Inévitablement, j'ai trouvé associé à cet instruments les
montres et horloges, calculateurs simples mais si étonnants découpant
le temps en petites unités de base régulières et les accumulant
dans des registres: secondes, minutes, heures, jours, semaines,
années...
Tout comme on peut s'intéresser à un ordinateur par les pièces qui les
composent en les assemblant par soi-même, j'ai pu découvrir les
composants d'une montre puis de chronographe, leurs assemblage,
nettoyage, fonctionnement micromécanique, lubrification, leur marche et
leur blocage aussi parfois!
S'exercant sur de vieilles pièces bon marché des années 50 trouvées aux
puces ou dans le quartier d'Ainay à Lyon, devant les poinçons
"Jeanbrum", "Cupillard", "MHS" ou autres j'imaginais les personnes qui
les avaient construites, puis comment elle avait pu être vendues,
entrentenues, portées par des personnes inconnues, oubliées dans des
tiroirs, parties en brocante lors de débarras de famille.
Rien de précieux dans ces calibres, mais une certaine qualité d'une
époque où les montres mécaniques étaient aussi banales que les montres
quartz ou les téléphones portables. Juste des pièces d'horlogerie
populaire de l'après guerre, outils journaliers auxquels on a sans
doute prêté une attention modérée après l'achat à l'horlogerie de
quartier ou de chef-lieu.
Attention modérée, mais montres réparables et réparées. J'ai même
trouvé au même marché aux puces, les pièces d'un fond d'horloger qui
m'a permis de les faire revivre à l'optimal. J'ai acquis ma 1ère Lip à
l'autonme 2005 : un modèle 1956 de type R25 à troteuse décentrée à 6h.
Marche impressionante quasi chronométrique +4s/jour à plat. Le fond est
frappé des armoiries de la ville de Besançon où elle fut
vraisemblablement construite. Une R136 1964 extra plate à suivi (merci
Pierre69!!), toute aussi précise.
L'été 2006 fut réduit en vacances pour des raisons de service, mais les
week ends restaient libres de ballades. De Lyon, on est à quelques
encablures du triangle d'or de l'horlogerie franco-suisse entre
Genevois, Neuchâtel, et Besançon.
Ma 1ère visite fut réservé la vallée du Haut Doubs (une merveille), Pontarlier, Morteau, Villers-le-Lac;
la seconde pour La Chaux-de-Fond, Le Locle et Neuchâtel; la troisième (un authentique pélerinage..) fut pour la Vallée de Joux;
puis vinrent une visite spéciale pour Besançon et une autre à Genève.
(arrivée à la Vallée de Joux par le Brassus)
Après les 38°C de rigueur de la fournaise lyonnaise en Juillet, les 15°
et le temps pluvieux de ce 15 Août est comme un paradis...Au
Palais Granvelle, construit entre 1534 et 1542 par Granvelle conseiller
de l'Empereur Charles Quin...le "musée du temps"
Les lieux imposent le respect.
Entrée gratuite au musée où on me garde aimablement mon parapluie (que
j'aurais un peu de peine à récupérer à la sortie). Une exposition
particulière d'horloges Empire, commande d'état pour meubler les
résidences officielles napoléoniennes. Un horloger fera une mini
conférence sur les origines du "mouvement de Paris", standart
d'horloges domestiques pendant 250 ans...
J'apprécie particulièrement l'horloge "serpent" qui m'amuse un moment :
Les montres anciennes du 1er étage sont complétées d'une salle à
caractère pédagogique sur les différents aspects du temps, physique et
d'observatoire. On y rappelle la découverte de la piézo-électricité par
Pierre et Marie Curie à l'origine de l'oscilateur quartz, mais aussi
que Besançon fut déclaré "Observatoire National" en 1882, chargé de
"fabriquer" le temps national selon le cahiers des charges suivant :
1-"Elaborer" le temps à partir d'observation stelaires de nuit
2-garder ce temps en utilisant les horloges les plus précises possibles
3-diffuser ce temps en différent empalcements dans la ville pour une usage officiel
4-Certifier "chronomètre" certaines horloges ou montres.
Une autre époque pré-GPS et satellitaire bien entendu mais
l'observatoire existe toujours sous forme de laboratoire de recherche (ce lien)
Téodolithe d'observation stellaire utilisé pour "capturer le temps aux étoiles"
Horloges d'observatoire Leroy, Paris. Un microscope sert à mesurer l'amplitude du balancier.
Les horloges était enfouies dans des silos et mises sous vide pour les protéger des vibrations et pertubations accoustiques.
Les impulsions de secondes étaient "broadcastées" électromécaniquement pour le bip horaire officiel.
On y expose aussi la fameuse montre Leroy "la montre la plus compliquée
au monde" construite en 1900 avec ses 24 complications et plus de 950
pièces.
Un record seulement battu par la Patek calibre 89 :
33 complications, 332 vis, 129 rubis, 429 composants mécaniques, 68
ressorts, 24 aiguilles, 184 roues, calendrier perpétuel et séculaire,
phases de la lume, un chronographe, plus de 1700 pièces au total .. En
2004 une des 4 montres un examplaire en or blanc fu vendue 5 millions
de dollars (ce lien).
Le seule vitrine consacrée à Lip avec la R27, premier calibre électromécanique prédécesseur du R148 (1962-1976)
D'autres instruments de laboratoires tels que ces horloges atomiques des années 60 et 70
Le dernier niveau est consacré à la ville et son histoire dans les charpentes du 16ème siècle, magnifiques.
A l'image de la vieille ville si originale par ses pierres bicolores et son architecture un peu austère mais si plaisante.
Il semble que de parler de Lip à Besançon reste comme de parler de la
corde dans la maison d'un pendu. Trouver de la documentation reste peu
évident sur le net. Je ne voulais pas remettre cependant le cap
sur Lyon sans jeter un oeil mélancolique au dernier site industriel de
Lip à Palente au Nord-Est de la cité. Pas évident à localiser
d'ailleur. Devenu une pépinière d'entreprise, je me suis arrêté devant
l'usine Seiko-France qui jouxte ce qu'il reste du site.
Il y avait-il d'autre unité que celle-ci à Palente? As-t-on gardé des
archives photos des ateliers? de la vie ouvrière ici? Il reste
clairement la version la plus moderne de la dernière usine Lip ici. Une
page formidable de l'histoire industrielle de l'horlogerie française s'y
est tournée il y a 30 ans dans la douleur. Je ne doute pas que roue
horlogère tourne toujours de la coeur de chacun, meurtrie de la crise
sans précédent de l'époque, annonce prophète de la mondialisation
économique.
Armoiries de l'Hôtel de Ville à Besançon
Armoiries Lip