Panerai Radiomir Composite Marina Militare 8 Giorni PAM339Présentée lors du SIHH 2010, la PAM339 a d’emblée fait couler beaucoup d’encre (numérique). Certains y voyaient là une interprétation néo-rétro de la maison florentine destiné à devenir culte, quand d’autres n’y voyaient qu’un assemblage plus ou moins heureux d’éléments identitaires forts de la marque. De mon point de vue, elle était magnifique, en tout cas en photo, et j’ai pensé que ce modèle ferait date chez Panerai.
Je réservai donc la mienne chez mon AD le 30 janvier 2010, dès la parution des premières photos sur le web, avec la promesse de l’avoir avant de le début de l’été. L’attente fut hélas beaucoup plus longue. Les raisons invoquées à cela : la difficulté à industrialiser la fabrication du boitier en Composite©, les problèmes juridiques liés à l’utilisation de la mention « MARINA MILITARE », le tout dans un contexte de forte demande. Je patientais donc, en trompant mon impatience avec les magnifiques photos diffusées petit à petit sur le web, notamment par Martin Wilmsen.
Les premiers exemplaires commencèrent à être finalement livrés fin octobre 2010. Mais ce n’est que le 6 mai 2011, soit 15 mois après l’avoir commandée, que je reçus enfin le coup de téléphone tant attendu : « Mr Chavez, elle est arrivée ! »
Le packageComme toujours chez Panerai, après avoir retiré la sur-boite en carton noir et soulevé une chamoisine, on découvre une belle boite en bois (poirier ?) de taille fort imposante, surtout par rapport à celle des modèles de série. Petit raffinement supplémentaire, la boite possède même une petite serrure pour verrouiller l’écrin. Aucun intérêt, mais j’ai trouvé ça plutôt charmant.
A l’intérieur, la montre trône au milieu d’un océan de velours noir. Deux plaques de métal poli miroir viennent rappeler le nom du modèle et son caractère spécial. Derrière la montre, on trouve un certificat en authentique papyrus du bord de l’Arno, garanti d’époque. En soulevant le support, on découvre deux petit carnets correspondant au certificat de garantie (j’aurais préféré une carte type CB comme avec mes précédentes Panerai) et au manuel d’utilisation.
Par le fameux certificat en parchemin/papier calque, Saint Bonati (priez pour nous) atteste le plus solennellement du monde que mon exemplaire est le numéro xxxx sur une série limitée à 1500 et qu’il n’y aura jamais d’OOR. Ce document ne manque pas de piquant car la série devait initialement être limitée à 1000 exemplaires, mais suite à l’engouement suscité, ce nombre avait été porté à 1500, au grand dam des spéculateurs et des amateurs d’exclusivité. Vu le succès annoncé, on ne peut s’empêcher de penser que, fidèle à ses habitudes, Panerai n’hésitera pas à sortir quelques exemplaires OOR (
Out Of Range) de plus de son chapeau.
Même si le mouvement n’a pas été certifié par le COSC, le certificat de garantie comporte un tableau de vérification de la bonne marche du mouvement de mon exemplaire dans différentes positions et à différents stades de remontage. Les chiffres semblent à peu près conformes à mes mesures, la montre au poignet.
La montreOfficiellement intitulée Radiomir Composite® Marina Militare 8 Giorni (sic), la référence PAM339 de Panerai annonce immédiatement la couleur.
Le boitierSingulière à plus d’un titre, la PAM339 se distingue surtout par le nouveau matériau dont est fait son boitier. En effet, pour la première fois, Panerai propose un boitier en aluminium céramisé, appelé Composite® par Panerai. J’y reviendrai un peu plus loin.
Comme le nom de la montre l’indique, le boitier est de type Radiomir. De forme coussin, avec ses typiques flancs en ogives et ses anses-fils, celui-ci descend en droite ligne des premiers boitiers fournis par Rolex à Panerai à la fin des années 1930 (réf. 3646), évoquant un boitier de gousset modifié pour être porté au poignet.
Conformément aux modèles originels, le diamètre est très généreux (47 mm). L’épaisseur reste raisonnable avec 14,2 mm mesurés au pied à coulisse, ce qui la place entre une PAM183 (13,5 mm) et une PAM190 (15,1 mm).
Employé jusqu’ici dans le secteur aéronautique et à la réalisation de pièces détachées de voitures et de motos exigeant des performances particulièrement élevées, le Composite® Panerai est le fruit d’un processus électrochimique de céramisation de l’aluminium qui donne au matériau des caractéristiques uniques. Les boitiers en aluminium sont plongés dans un bain chimique porté à des températures extrêmement élevées (jusqu’à 10 000°C) par un courant électrique. L’aluminium est ainsi soumis à un processus électrochimique de céramisation, appelé oxydation par micro-arcs (MAO), qui en transforme en profondeur la structure de surface, lui conférant une résistance exceptionnelle.
Ce processus se réalise par ailleurs dans le strict respect de la géométrie d’origine, ce qui autorise l’application de ce processus à toutes les formes, même les plus compliquées (couronne, boucle, anses, etc…), contrairement à la céramique classique utilisée en horlogerie (sur la Radiomir céramique PAM292, le fond, la couronne, les anses-fils et la boucle ardillon sont en métal PVDisé).
Le matériau ainsi obtenu possède des caractéristiques exceptionnelles : totalement inerte, il est plus léger que le titane, mais pourtant plus dur que la céramique classique. Ainsi, la PAM339 ne pèse que 82 g avec son bracelet (contre 102 g pour une Radiomir Black Seal). A l’usage, le Composite® semble insensible aux habituelles micro-rayures.
source : press kit Panerai 2010
Le Composite® se présente sous la forme d’une matière de couleur brun très foncé, à la texture très finement granuleuse et au rendu totalement mat. Contrairement à l’acier ou à la céramique, son toucher s’avère chaud et agréable.
Contrairement au PVD ou au DLC, qui consistent simplement en un dépôt de surface susceptible d’être altéré, la couche externe du Composite®, issue de la céramisation de l’aluminium, résulte d’une transformation profonde et progressive du métal de départ, avec pour conséquence, une cohésion parfaite entre les couches internes et externes et par conséquent, une tenue dans le temps infiniment supérieure.
Le choix de ce matériau a été diversement accueilli. Certains trouvent que son toucher et sa légèreté rappellent le plastique et ne correspondent pas à l’idée massive et brutale qu’on se fait habituellement d’une Panerai. Pourtant, s’il y a bien un domaine dans lequel j’attends Panerai, c’est bien sur l’innovation au niveau des matériaux (bien plus que sur les calibres). Entre l’acier 316L, le titane, la céramique, le tantale, et plus récemment, l’aluminium et le bronze, je trouve que Panerai joue pleinement son rôle de
Laboratorio di Idee. Leurs montres au style si martial se prêtent particulièrement bien à ces différentes variations. Par ailleurs, les boitiers à traitement de surface noir font partie intégrante de l’histoire de la marque depuis l’ère pré-Vendôme (5218-202/A et 5218-203/A) à nos jours (PAM004, PAM026, PAM028, PAM195, PAM332, PAM360…), la couleur noire renforçant à merveille le côté militaire et brutal.
Le Composite® semble réunir les avantages de l’acier PVDisé (pour la solidité globale du boitier) et celle de la céramique (inaltérabilité de la teinte), sans leurs inconvénients respectifs. Et la légèreté de ce matériau me semble être un élément plutôt positif en faveur de la portabilité au quotidien d’une montre de 47 mm de diamètre. Le résultat final est une sorte d’OVNI, grand, sombre, mystérieux, presque inquiétant, et pourtant si léger. Pour moi, c’est totalement cohérent pour une montre militaire des années 30 propulsée en 2010.
Pour ceux qui voudraient en savoir un peu plus sur la céramisation de l’aluminium :
Il s’agit d’un traitement électrolytique différent de l’anodisation, tant par l’alimentation électrique que par l’électrolyte. Dans un bain aqueux (de pH légèrement basique) sont générés sur toute la surface de la pièce des micro-arcs, initiés par des ruptures diélectriques successives des couches d’hydroxydes, d’oxydes et de corindon (alpha-Al203). Les réactions physico-chimiques engendrées au sein des micro-plasmas permettent à la fin du procédé d’obtenir une céramique hybride à la surface du métal. L’épaisseur utile de la couche (répartie pour moitié vers l’intérieur et pour moitié vers l’extérieur du métal) peut varier, en fonction des besoins, de 30 à 150 μm. Suivant les alliages, le process qui s’y rattache et la destination fonctionnelle de la pièce, la croissance de la couche est comprise entre 1 et 2 μm par minute.
Les applications du procédé sont multiples, couvrant les pièces soumises à la friction (y compris à grande vitesse) avec ou sans lubrifiant, les pièces nécessitant une grande dureté de surface, les pièces pour équipements pneumatiques ou hydrauliques… L’aluminium ainsi peut remplacer avantageusement des matériaux lourds ou difficiles à mettre en œuvre comme les aciers, le bronze ou la céramique massive. De même, l’éventail des domaines d’application est large, allant des armes de défense et de sport jusqu’à la construction navale, en passant par l’automobile et l’aéronautique, l’électronique et l’électrotechnique, l’industrie textile, les articles de ménage… A noter que ce processus peut également s’appliquer au titane et au magnésium, ouvrant ainsi de belles possibilités horlogères.source : Les Cahiers de l’innovation (mai 2000)
Contrairement à la plupart des modèles récents de la marque, la PAM339 est équipée d’un fond plein, également en Composite®. De forme assez plate, il comporte quelques informations relatives à la montre : marque, modèle, numéro de série, étanchéité (100 m)… Tout comme les autres Radiomir, la PAM339 est équipée des fameuses anses-fil brevetées, également en Composite®, permettant un changement simple et rapide du bracelet.
A l’instar du fond et des anses, la couronne vissée est également en Composite®. De taille imposante, en forme de diamant, avec de nombreuses cannelures, sa préhension est excellente, rendant le remontage manuel particulièrement agréable. Elle porte le logo de Panerai, composé des initiales de la marque stylisées sous forme de deux flèches pointant vers le sol et le ciel, symbolisant les activités aquatiques (montres, matériel de plongée…) et aériennes (aménagement de pistes d'aviation…) originelles de la marque. Son étanchéité est donnée pour 10 bars. Une fois dévissée, elle permet les opérations suivantes :
- position 0 : remontage manuel
- 1er cran : réglage incrémentiel de l’aiguille des heures
- 2e cran : mise à l’heure classique
Le verre de la PAM339 est classiquement en corindon de synthèse (« verre saphir »). Il mesure 1,9 mm d’épaisseur et bénéficie d’un traitement antireflet (uniquement sur sa face interne, je pense). De forme légèrement bombée, son pourtour affleure parfaitement au niveau de la lunette biseautée, également en Composite®.
Le cadranPoint d’orgue de la montre, le cadran de la PAM339 a lui aussi été à l’origine de nombreuses réactions et interrogations. En effet, sa diffusion sous sa forme actuelle a failli être compromise pour des raisons juridiques.
Parfaitement équilibré avec ses quatre grands index chiffrés aux points cardinaux, le cadran de couleur cacao, légèrement plus clair que le boitier, reprend le principe du cadran sandwich, indissociable de la marque. A l’instar d’autres modèles récents ou à venir (PAM356, PAM359, PAM360, PAM372, PAM414…), la PAM339 étrenne la nouvelle pâte luminescente d’aspect vieilli. Il s’agit en fait de Luminova de couleur beige, dont le rendu évoque la patine des anciennes pâtes au tritium. On retrouve cette pâte au niveau de l’ensemble des index et des aiguilles. Même si le procédé parait un peu artificiel (« faux vieux ») de prime abord, force est de constater que l’effet est plutôt très réussi. La couleur beige se marie parfaitement à la couleur du cadran et du boitier et le rendu global semble finalement plus cohérent avec le style de la montre que le Luminova classique et ses reflets parfois verdâtres.
La PAM339 compte 3 aiguilles peintes en noir, dont une petite seconde décentrée à 9h. Classiquement, les aiguilles des heures et des minutes sont de type glaive, tandis que la petite seconde revêt la traditionnelle forme en ogive avec un petit contrepoids rond. On peut regretter (c’est mon cas) que Panerai n’ait pas fait le choix d’aiguilles dorées, comme sur la future PAM375,, très proche au niveau du style et de l’esprit (boitier 1950 en Composite®, cadran brun foncé, 47 mm). L’accord du noir des aiguilles avec la couleur chocolat foncé du cadran n’est pas parfait, mais renforce le côté brutal et furtif de la montre, là où des aiguilles dorées auraient plutôt ajouté une touche d’élégance et un peu de saveur vintage. Au final, le choix de Panerai n’est pas si incohérent si on considère la montre dans son ensemble, c’est-à-dire une montre militaire des années 30, mais fabriquée avec des techniques de 2010. Malgré le manque de contraste entre les aiguilles et le cadran, la lisibilité demeure excellente grâce à la taille importante des aiguilles et des index, et la quantité importante de pâte luminescente utilisée.
Comme toujours chez Panerai, la visibilité est excellente, même si elle semble légèrement en retrait par rapport au Luminova habituellement utilisé.
Eléments-clef du succès (ou du rejet) de cette montre, les inscriptions du cadran revêtent ici une importance toute particulière. En effet, on trouve à 12h la fameuse mention « MARINA MILITARE », le nom de la marine militaire italienne, à l’origine des premières montres Panerai (commande à Panerai de montres étanches et lisibles sous l’eau pour les plongeurs de combat). Apparue sur certains modèles de Radiomir (3646) et de Luminor (6152/1…) entre les années 30 et 50, cette mention faisait directement référence au commanditaire de ces montres.
Plus tard, on ne la retrouve qu’exceptionnellement sur les cadrans des Panerai modernes : seule la Luminor 5218-202/A en a bénéficié au cours de l’ère pré-Vendôme (avant 1997), et par la suite, on dénombre seulement 4 modèles y ayant eu droit (PAM036 en 1998, PAM082 en 2000, PAM217 en 2005 et plus confidentiellement, PAM267 en 2010), expliquant en partie le pouvoir attractif qu’exerce ces deux mots sur la plupart des paneristes. Cette rareté s’explique par le fait que pour pouvoir être utilisée, la mention « MARINA MILITARE » doit faire l’objet d’une autorisation expresse par la marine militaire italienne. Or dans le cas de la PAM339, il semblerait que cette autorisation n’ait pas été sollicitée, entrainant un conflit juridique entre Panerai et le dépositaire du nom, en partie à l’origine de l’important retard de livraison. Lorsque NachoM a publié sa fameuse photo, on a même cru un moment que la PAM339 sortirait finalement sans la mention tant convoité. Mais au final, le « MARINA MILITARE » figure bien sur le cadran, pour mon plus grand bonheur. Pour la dernière fois ?
Autre élément emblématique de la marque, on retrouve le sigle « 8 GIORNI BREVETTATO » peint à 3h, venant équilibrer la petite seconde située de l’autre côté. Elément fort de la « mythologie » Panerai au même titre que la mention « MARINA MILITARE », ce sigle est apparu pour la première fois en 1956 sur le cadran de la gargantuesque « Big Egiziano (réf. GPF 2/56) », réalisée à la demande de la marine égyptienne. Légèrement creusé et peint dans le cadran, il signalait la présence d’un calibre à 8 jours de réserve de marche (Angelus 240). Sous l’ère Richemont, on retrouvera ensuite ce sigle (uniquement peint désormais) sur deux modèles : la première fois en 2005 sur la désormais stratosphérique PAM203 (Luminor 1950 avec Angelus 240), puis la seconde fois en 2009 sur la PAM341, réédition assez fidèle de l’ancienne « Big Egiziano ». La PAM339 est donc la troisième montre de l’ère moderne de Panerai à arborer ce sigle mythique.
A mes yeux, le cadran de la PAM339 constitue vraiment une belle réussite. Les 47 mm du boitier autorisent une belle ouverture de cadran, permettant la présence simultanée de l’ensemble des 4 index chiffrés à la police caractéristique et d’une petite seconde. Evidemment, les puristes diront que ce cadran n’a rien d’historique et qu’il s’agit avant tout d’un patchwork d’éléments identitaires forts de Panerai. Et ils n’auront pas tort. Mais au final, la mayonnaise prend fort bien et se montre tout à fait convaincante. L’équilibre du cadran est remarquable et on se surprend à penser qu’un tel modèle aurait vraiment pu exister aux origines de la marque.
Le braceletLa PAM339 est montée sur un bracelet en veau nubucké d’un nouveau type appelé « Assolutamente » (absolument en italien). De couleur marron avec piqures de teinte crème, extrêmement souple, il a été travaillé (discrètes irrégularités, teinte non uniforme, toucher velours) pour lui donner un aspect vieilli. Comme à l’accoutumée, le bracelet parait un peu fin de prime abord, mais dans la mesure où la montre a un poids de plume, il suffit à équilibrer le boitier. Au final, le résultat est très convaincant et s’avère parfaitement assorti à la montre. A tel point que c’est la première fois que j’envisage sérieusement de garder une de mes Panerai sur son bracelet OEM. Seul petit bémol, il semble marquer un peu vite.
A l’instar des autres Radiomir, le bracelet se rétrécit de 27 mm au niveau du boitier à 22 mm au niveau de la boucle ardillon. Celle-ci reprend la forme « historique » habituelle chez Panerai. Contrairement à la PAM292 en céramique dont la boucle est en acier PVDisé, la boucle de la PAM339 est également en Composite®, assurant une cohérence de matériau parfaite avec le boitier ainsi qu’une plus grande résistance aux frottements et rayures de cet élément fortement exposé. La largeur de 22 mm risque cependant de poser problème à ceux qui voudraient monter un bracelet de largeur constante. Dans ce cas, la seule solution, imparfaite, serait alors de recourir à une boucle
aftermarket traitée par PVD noir.
Le calibreLa PAM339 est animée par un mouvement à remontage manuel, le calibre Panerai P.2002/7 à 8 jours de réserve de marche. Développé et produit par Panerai (officiellement), il s’agit d’une version simplifiée (pas d’indicateur de réserve de marche, pas d’indicateur GMT) du premier calibre
in house de la marque, le P.2002 sorti en 2006.
Comportant 191 composants et oscillant à 4 Hz (28 800 alt/h), ce calibre repose sur une architecture résolument moderne (on pourrait presque dire rolexienne) : pont de balancier réglable en hauteur, balancier (Glucydur®) à réglage inertiel (système gyromax) et antichoc de type KIF Parechoc®, spiral plat libre (Nivarox®), 3 barillets en série (pour la stabilité du couple), décoration minimaliste. Les calibres P.2002/x se caractérisent par leurs larges ponts brossés masquant la quasi-totalité du mouvement, balancier mis à part. De plus, avec son diamètre plutôt contenu (13¾ lignes de diamètre soit 31,1 mm pour 6,6 mm d’épaisseur), il ne remplit pas totalement le boitier. Du coup, pas de regret pour le fond plein.
Au niveau des fonctions, on retrouve évidemment l’affichage des heures, des minutes et des secondes. Bonne surprise, la PAM339 bénéficie du réglage incrémentiel et indépendant de l’aiguille des heures (héritée de la fonction GMT originelle du P.2002), très pratique en cas de franchissement de fuseau d’horaire ou lors du changement d’heure été/hiver. Plus décevant, alors que le P.2002 équipant notamment la PAM233 est équipée d’un reset-seconde, la PAM339 se retrouve dépourvu de cette fonction, pourtant bien pratique pour synchroniser l’aiguille des secondes. Et ne comptez même pas sur un simple stop-seconde pour compenser, il n’y en a pas non plus. Reste la bonne vieille méthode de la marche arrière pour stopper l’aiguille des secondes, solution un peu fruste et surtout frustrante pour un calibre aussi récent.
Le remontage manuel s’avère assez viril et sonore, surtout comparé au calibre 877 Jaeger-Lecoultre (calibre OPXIV) qui équipe ma PAM190, et il faut compter 10 tours de couronne pour 1 jour de réserve de marche, soit environ 80 pour un remontage complet. Mais là où le bât blesse, c’est qu’en l'absence d'indicateur de réserve de marche combinée à la présence d'une bride glissante en bout de remontage, il assez difficile de savoir quand le remontage maximal est atteint, surtout dans un environnement un peu sonore. Du coup, dans le doute, comme les shadoks, on continue de tourner. Côté performances chronométriques, elles semblent correctes à première vue (environ + 6s/j sur l’ensemble de la réserve de marche), mais je n’ai pas encore beaucoup de recul.
En substance, le calibre P.2002/7 qui équipe la PAM339 possède beaucoup de caractéristiques intéressantes, mais la disparition du reset-seconde assez regrettable. Par ailleurs, je m’étonne quand même un peu que, pour son premier mouvement
in house, Panerai ait conçu et fabriqué un calibre d’un diamètre aussi réduit par rapport à la taille des montres qui l’accueillent.
© PaneraiAu poignetMalgré ses 47 mm de diamètre, la PAM339 se révèle étonnamment portable et confortable sur mon poignet de 17,5 cm de circonférence. Cela tient à la fois à la quasi-absence de cornes, à son épaisseur relativement mesurée et à sa légèreté. La souplesse du bracelet et la taille raisonnable de la boucle participent également au confort au poignet. Au quotidien, sa couleur foncée et sa surface matte attirent moins le regard et la rendent plus discrète que n’importe quelle Radiomir de 45 mm en acier poli.
Conclusion15 mois d’attente, c’est long ! On a le temps d’espérer, mais aussi de douter. Entre communiqués officiels contradictoires et rumeurs courant sur la toile, la PAM339 aura vraiment connu une genèse tumultueuse. Frankenstein marketing pour les uns, réinterprétation moderne du code originel de Panerai pour les autres, cette montre n’aura laissé aucun paneriste indifférent.
La PAM339 donne l’impression d’une relique moderne, façon ruines post-industrielles. Le nouveau matériau Composite® étrenné par ce modèle est une belle réussite et constitue une réelle innovation horlogère, dont la descendance semble pour l’instant assurée (PAM386, PAM375). Malgré mes craintes quant à son diamètre, la PAM339 s’est révélée étonnamment facile et agréable à porter. Comme pour certains bons vins, Panerai a su réaliser un magnifique assemblage d’éléments directement puisés au cœur de son ADN, avec pour résultat, une Radiomir mystérieuse et brutale. Pour ma part, je suis totalement enivré.