Les montres réveils de Zenith
Publicité de 1915 à destination de l'Autriche -Hongrie Avec l’avènement du vingtième siècle, la tendance est à la multiplication des voyages soit pour développer les affaires à l’heure de l’expansion internationale des industries et du commerce, soit pour cause de tourisme exploratoire. L’évolution et la multiplication des moyens de transport ferroviaires, automobiles et maritimes créent de nouveaux besoins et en particulier, celui de réduire le volume des objets transportés. Se réveiller à l’heure et disposer d’une montre fiable vont de pair avec ces transports collectifs et les voyageurs ont le besoin permanent de pouvoir accorder leur confiance à l’instrument de mesure du temps qui va les accompagner de jour comme de nuit.
En 1914, s’est créée au Locle une manufacture sous le nom de « Le Phare ». Celle-ci place sa production sur le terrain des montres de qualité et des mouvements soignés dotés de complications. Répétition des minutes, chronographes simples ou à rattrapante, quantièmes, montres combinant toutes ces complications ainsi que des modèles classiques, font partie de la production proposée par Le Phare. James Favre qui est alors président de la manufacture ZENITH installée à quelques enjambée de ce nouveau voisin, comprend rapidement le parti qu’il peut tirer du savoir faire de cette manufacture. Il ne tarde pas à en acquérir le contrôle par une prise de participation financière majoritaire en 1915.
Aussitôt, Le Phare qui fabrique des montres sous son propre nom se met à livrer en sous-traitance à ZENITH, des modèles soit de montres terminées, soit de mouvements à complications que la manufacture emboîte. Au début des années 20, face à une demande du marché pour des réveils de voyage toujours moins encombrants et davantage fonctionnels, Le Phare met au point une montre réveil. La sonnerie est obtenue par un marteau qui frappe sur un timbre isolé de la carrure. Le son est donc net et musical ce qui le différencie de nombres de pièces de l’époque dotée de systèmes de sonnerie moins onéreux mais aussi moins agréables à l’oreille. Beaucoup de montres à l'époque ont un système de sonnerie en forme' de cloche qui se superpose au calibre.


Avec ce modèle, ZENITH offre la montre réveil parfaite qui n’est pas plus épaisse, ni volumineuse qu’une montre de poche classique. La couronne à double fonction remonte très astucieusement le mouvement dans le sens habituel de gauche à droite. Dans l’autre sens, elle assure la réserve de marche de la sonnerie. La carrure est munie de deux poussoirs de réglage de part et d’autre de la couronne. Le poussoir situé à droite permet le réglage de l'heure et celui de gauche assure le réglage de l'heure de sonnerie. Un compteur situé à midi sur le cadran permet de lire l’heure de sonnerie. La marque ZENITH est inscrite sous celui-ci ou bien dans son cercle mais certains cadrans sont anonymes. Son mouvement est la plupart du temps signé ZENITH. On connaît plusieurs types de cadrans en émail avec chiffres arabes lumineux au radium ou noirs non luminescents arabes ou romains. Les cadrans sont avec ou sans rappel des secondes inscrites en rouge à l’intérieur des chiffres des heures. La trotteuse est située classiquement à six heures comme sur la plupart des montres de poche de sorte que le cadran reste aéré et que l’utilisateur ne soit en rien gêné dans la lecture de l’heure.

La production de ces pièces fut assez importante car le modèle prisé des voyageurs fut aussi demandé par les militaires et les représentants de commerce ou homme d’affaires. Cette montre fut un cadeau très en vogue ici pour un fils, là pour un époux ou un père obligé de voyager. Elle peut être posée verticalement en ouvrant par le bas, le deuxième fond monté sur charnière à midi. Ce couvercle sert de point d’appui en inclinant légèrement le boîtier en arrière et son ouverture assure une sonorité plus forte.
Livrées en or parfois dans de luxueuse versions émaillées, ciselées ou enchâssées de pierres précieuses, en argent , en argentan, en acier ou en plaqué or, ces montres ont conservé le charme désuet des grands voyages, croisières et des grandes traversées ferroviaires dont ils étaient l’accessoire indispensable. Les boites de ces montres n’étaient pas signées par ZENITH et les mouvements comportaient une numérotation indépendante de celle donnée par la manufacture. Leur sonnerie évoque les voyages dans les compartiments des trains internationaux, les cabines de paquebots, les contrées lointaines et les expéditions transcontinentales.


Le dispositif de sonnerie à timbre et marteau permet une musicalité du réveil particulièrement efficaceOn imagine aisément que James Favre ait pu avoir cette montre en poche ou sur la table de nuit des hôtels où il séjournait lors de ses voyages, à l’autre bout du monde pour défendre les marchés sur lesquels ZENITH brillait par une omniprésence horlogère dans les vitrines des détaillants disputées à la concurrence. Ce modèle horloger rappelle par une fonction simple que la montre est aussi un instrument qui fait appel à l’ouïe et sait cultiver la tranquillité d’esprit de son propriétaire qu’elle servira à réveiller. Réveil et instrument de prise de rendez-vous, sa maniabilité est à l’image de ce qui fit le succès des montres bracelets vibrantes. ZENITH fit en ce domaine quelques expériences de mouvements pour montres bracelet qui restèrent dans les cartons du bureau d’étude jusqu’à ce qu’en 2006, la fonction réveil soit intégrée dans un modèle Class Traveler au milieu d’autres fonctions et complications sur un calibre El Primero.
Le Phare n’a semble-t-il produit de ce modèle que quelques exemplaires sous son nom. Ceux-ci n’ont fait l’objet que d’une diffusion confidentielle afin de ne pas entrer en concurrence avec la marque propriétaire. La production peut être évaluée à 5 à 6000 pièces.
Droits réservés - Joël Jidet - Forumamontres août 2011 - Texte déposé