On sait depuis des années que les prix atteints par certaines montres dans les ventes des grandes maisons d'enchères que ce soit en Angleterre, à New-York ou à Genève sont souvent artificiels. Les marques qui rachètent elles-mêmes en sous-marin leurs propres pièces pour maintenir une cote, une valeur de marque et une image sont légion. Peu de vente spécialisées par marques y ont échappé... On sait aussi que certaines manifestations à vocation caritative voient les montres achetées par les marques elles-mêmes histoire de pouvoir ensuite communiquer sur l'immense succès de leurs modèles... On sait encore à quel point certaines pièces ont pu servir pendant des années à faire du blanchiment avec la connivence de marques et de groupes étrangers russes ou autres.
Comme il est de mise , nous dirons que ce n'est pas le cas de tout le monde et sur le registre du "Pas vous, n'est-ce pas" nous jetterons un pudique voile sur ce qui ne leurre plus personne. La nouvelle tendance est celle tout de même du marché gris organisé par des destockages de revendeurs et/ou de marques.
Les sites d'enchères du net n'ont plus nécessairement la cote sur de grosses pièces neuves et si ce terrain reste compétitif pour des pièces sorties du catalogue depuis plusieurs saisons, il n'est pas d'un rang assez élevé pour des pièces dites haut de gamme de style classique. Nous avons donc assisté au cours des dernières semaines à un ballet de ventes de pièces destockées dans un contexte qui ne s'appelle pas "Marché gris ou marché parallèle" mais "grande vente spécialisée de belles pièces d'horlogerie".
Nul n'est dupe, la crise est devenue un tabou, la mévente un terme intolérable et le destockage une pratique sournoise et honteuse alors on met en vente dans de grandes maisons des pièces d'un inestimable intérêt en parlant d'état parfait, du fameux "Mint" mais jamais de neuf destocké. Pudiquement, on reconnait du bout des lèvres que ce sont bien des pièces neuves et on se félicite rapidement de l'immense succès de toute la vente. C'est un peu comme la semaine du vin dans les centres Leclerc sans le chapiteau, le caddy et les gamins qui braillent. Non, là on vient acheter pour revendre et pour s'offrir à prix compétitif des pièces convoitées. Les détaillants qui refourguent des stocks déjà payés et sur lesquels le fait que la vente soit spécialisée attire du monde, sont contents. La marque qui avait déjà vendu au détaillant distributeur est contente car elle sait où sont les pièces et se fait un peu de pub si ses montres réputées "d'occasion" sont vendues à des clients terminaux et les maisons d'enchères se frottent les mains sur le bénéfice engrangé.
Les petites mains des ateliers des marques dont l'accès aux ventes privées n'est pas atteint se réjouissent et tout le monde s'y retrouve car on entend et lit peu de commentaires sur la différence entre le prix catalogue et le prix atteint au cours de la vente des maisons d'enchères spécialisées. Le marché gris lavé plus blanc que blanc est en quelque sorte institutionnalisé et porté au rang d'évènement pluriannuel.
On n'a sans rire jamais vu autant de ventes parallèles aux réseaux officiels mais en aucun cas, il ne faut parler de crise car qu'on se le dise , tout va bien !
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Contraria contrariis curantur. (Les contraires se guérissent par les contraires).