Pour une fois, je ne vais rien vous montrer... (j'ai l'air de l'avoir fait exprès mais j'ai passé 20 minutes à faire des photos et toutes sont ratées
) ... J'ai placé sur un plateau une dizaine de montres de poches sélectionnées pour leur précision. Toutes passent le test du vibrographe et aucune n'a moins de 90 ans. Leurs âges vont de 101 à 94 ans. Aucune des 10 ne dévie de plus d'une seconde par jour. Il y a dans le lot 3 zenith, une Longines, 2 Omega, une Record avant le contrôle par Longines, une Aegler et 3 américaines Hamilton, Hampden et Elgin.
Ces montres, toutes sauf une ont de 17 à 23 rubis sauf une qui est à 15... Deux Zenith en ont 21, idem pour les Omega , les américaines ont 23 rubis et la Longines 17. Les raquettes sont de complexes à ordinaires. Toutes sont révisées sauf la Longines et aucune ne posséde encore son certificat de chronomètre qu'à part l'Omega à 15 rubis elles ont obtenu de fait lorsqu'elles étaient neuves.
Un siècle ! Elles ont donné l'heure pendant 100 ans et la donnent toujours avec la même précision. Evidemment, j'en ai plein d'autres qui dévient un peu, y compris des chronomètres mais je ne puis m'empêcher de trouver bluffant de mettre ces pièces à l'heure, de péniblement caler la trotteuse à la même seconde et d'obtenir un ballet d'aiguilles coordonnées sur 10 pièces. Imaginons ce que coûteraient aujourd'hui ces pièces à produire. Rien que les cadrans en émail seraient fabriqués à plus de 500 euros pièce !
L'empierrement des barillets (honnétement plus esthétique qu'utile), la plaque de contre pivot à l'échappement (très esthétique) et les pivots polis feraient rêver les amateurs de pièces haut de gamme. Si on regarde les vieilles publicités, la promotion des montres par leurs calibres était très fréquente. Ces montres ont souvent des chatons en or, des pièces fabuleusement anglées, un arrêt du remontage de type croix de malte...Bref ce quelque chose qui fait défaut dans beaucoup de pièces d'aujourd'hui.
Ce qui se rapproche le plus des montres américaines est peut-être Lange & Sohne. J'observe d'ailleurs que Lange a un peu corrigé cet effet très tape à l'oeil dans ses dernières productions.
Qu'on se s'y trompe pourtant pas. Les montres américaines sont vite une galère quand il faut changer une pièce. Un axe est à refabriquer car la pièce de remplacement inaccessible, les pierres cassées ont des dimensions qui différent des Suisses... Une belle américaine en panne est difficile à remettre en service dans le niveau de précision qu'elle avait auparavant et c'est souvent une mauvaise bonne affaire.
Toujours est-il que 100 ans cela fait un sacré temps de recul pour regarder ces pièces singulières et je me demande si vraiment dans 100 ans celles-là ne seront pas encore là quand les nôtres d'aujourd'hui seront déjà hors d'état.
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Contraria contrariis curantur. (Les contraires se guérissent par les contraires).