Le El Primero fut présenté dans un point presse au Locle le 10 janvier 1969 en fin de matinée. Ce 10 janvier 2012, il fête ses 43 ans... A cette occasion j'ai réuni quelques uns de mes sujets sur le El Primero ...
Que se passait-il quand Zenith présenta en 1969, le El Primero ? Le 10 janvier jour du point presse au cours duquel Zenith annonce la création de son légendaire chronographe, Michael Schumacher, pilote automobile allemand, sept fois champion du monde de Formule 1 a sept jours ! Il ne pilote pas encore son berceau. David Douillet, judoka français, attend son heure pour voir le monde le 17 février. Jean-Michel Bayle, pilote moto français attendra quant à lui le premier avril.
Bien sur, 1969 évoque la première mission spatiale lunaire avec alunissage... Un petit pas pour l'homme et un bond de géant pour l'humanité". L'évènement est à jamais scellé à l'histoire de l'humanité. Il y aura cette année là 4 missions Appolo. On a presque oublié celles qui ont précécé Appolo 11 et celle qui l'a suivi. En France et dans toute l'Europe, le Concord piloté par André Turcat effectue son premier vol le 2 mars. Pendant ce temps, lors de la foire de Bale le El Primero s'apprête à être présenté au public. Tag Heuer et Buhren ont avec Breitling un projet concurrent.
Publicité Coca cola de 1969 Le 9 février, le plus grand avion de ligne jamais réalisé, le Boeing 747 Jumbo Jet, effectue son premier vol d'essai aux États-Unis. La cible scientifique des Russes est Venus. Deux sondes Russes Vénéra 5 et Vénéra 6 entrent dans l'atmosphère de Vénus après 5 mois de voyage, mais sont détruites avant d'avoir pu se poser. Cette mission ne passera pas à la postérité et pourtant, l'exploit est immense. L'US Air Force met en service le premier Lockheed C-5 Galaxy.
Une météorite d'Allende de près de trente tonnes (poids initial) s'écrase le 8 février au nord du Mexique dans une zone non habitée. Elle aurait pu tomber n'importe où.. . Le 4 avril à Houston, le docteur Denton Cooley greffe un "cœur d'attente" en plastique à un patient. Cette première va transformer la chirurgie cardiaque. Internet n'existe pas encore mais déjà les américains ébauchent des systèmes de communication qui en sont l'ancètre avec ARPANET ( Advanced Research Projects Agency Network), un système basé sur le transfert de paquet de données numérique via le réseau téléphonique. Le système d'exploitation Unix voit le jour.
Publicité pour le magneto à cassettes Philips de 1969 Jackie Stewart remporte le Championnat du monde de Formule 1 au volant d'une Matra-Ford. Eddy Merckx remporte son premier Tour de France, un Belge est en jaune !
Les films qui marquent l'année seront Z de Costa Gabras, Les Damnés, film de Luchino Visconti et Easy Rider de Dennis Hopper. James Bond est " Au service secret de sa Majesté", La Sirène du Mississipi, film de François Truffaut éclaire les écrans Français.
1969 fut aussi l'année de nombreux évènements en Afrique et au Brésil et le début des négociations de désarmement entre les Etats-Unis et l'Union Soviétique (SALT). En janvier 1969, Richard Nixon s'installe à la maison blanche et remplace Lyndon Johnson. Le Watergate débutera 4 mois plus tard. Le 28 janvier, la Californie est le théâtre d'une immense marée noire. Le sénateur Ted Kennedy réchappe d'un accident de voiture quand de Houston on commande le départ d'Appolo 11. Au mois d'août, c'est le festival de Woodstock qui va marquer les mémoires pour au moins 3 générations. L'Amérique s'enflamme contre la guerre au Vietnam ...
Les Pays-bas s'étendent en gagnant du terrain sur la mer, Willy Brandt est élu chancelier fédéral en Allemagne, la peine de mort est abolie au Royaume uni.
Publicité Mercedes en 1969 En 1969, les pantalons sont élargis en bas, les cheveux sont longs, l'ambiance est au disco ... Le monde appelle à des changement de vie, de révolution sociale... 1969 est une année charnière dans l'histoire des hommes, elle l'est aussi dans l'histoire de Zenith qui détient sans encore le savoir, le mouvement qui va porter la manufacture au moins jusqu'au 21 ème siècle. Le El primero est un mouvement d'avant garde, en avance sur son temps et le reste 40 ans plus tard.
Saga Zenith El Primero Episode 1
On le sait, c'est lors d'un point presse que Zenith présenta le 10 janvier 1969 le El Primero. Le 1er chronographe automatique à haute fréquence fut ensuite présenté à Bale et les premières commercialisations eurent lieu en Novembre. Ce que l'on sait moins est ce que furent les toutes premières communications de Zenith sur le sujet. Aussi surprenant que cela puisse paraître, à l'époque Zenith n'insista pas sur la haute fréquence mais sur le remontage automatique intégré et la date ! Autrement dit la manufacture ne mesurait pas vraiment l'intérêt de la technologie qu'elle avait mise au point et convaincue que la haute fréquence était un paramêtre technique peu intéressant pour le public, communiquer sur le 36 000 alternances ne fut pas une priorité absolue.
La preuve en images Evidemment la manufacture corrigea sa communication rapidement en voyant que la concurrence (Buren/Breitling/Heuer et C°) n'était pas capable de proposer la même chose mais le premier angle de communication fut fondé sur l'automatisme ce qui pour un chrono était très attendu du public et la date fonctionnalité sur laquelle Zenith avait pris du retard sur ses modèles classiques non chronos.
Lors de la commercialisation Zenith mit le paquet en offrant plusieurs modèles simultanément, on devrait dire plusieurs habillages ... Hormis celui en photo , les autres tout premiers furent les suivants...
Il restait à Zenith à proposer son modèle avec triple quantième et phase de lune ce qui fut fait très rapidement, la marque ayant conçu le module simultanément à la mise au point de son mouvement.
Une étoile éclaire la couronne
(La rencontre de Zenith avec Rolex)
Zenith redevient "Suisse" On se souvient que les Américains de la « Zenith Radio Corporation » de CHICAGO ont racheté Zenith en 1972... En 1975, les Américains qui peinent à amortir leur investissement décident l'arrêt de la production de tout calibre mécanique et ordonnent le démontage des machines, leur cession à la casse avec les étampes dont celles du El Primero... Charles Vermot et son frère vont alors faire barrage et dissimuler dans les greniers de la manufacture les précieuses étampes, une partie des outillages et les dernières ébauches inachevées.
En 1978, Zenith Chicago revend la Zénith Watches C° devenue filiale de la ZRC, à un consortium de trois industriels suisses dont Paul Castella surnommé « Le pacha » au Locle, propriétaire de DIXI qui avait déjà été très proche de la marque entre 1941 et 1948 puisque durant cette période Georges Perrenoud, alors propriétaire de DIXI, avait acheté ZENITH en son nom propre. François Manfredini placé par Paul Castella aux commandes de ZENITH au début des années 80 expliquera que Paul Castella fut certainement guidé dans le rachat de la manufacture d’une part, par sa connaissance de ZENITH qu’il avait côtoyé de 1941 à 1948 chez Dixi, société dans laquelle il était rentré en 1939 et d’autre part, par la volonté de ne pas voir cette marque, partie flamboyante du patrimoine Suisse, disparaître à tout jamais.
Beaucoup craignaient au sein du personnel de ZENITH en particulier que les américains ne placent ZENITH en liquidation. D’autres marques ont connu un tel sort dans cette période et peu s’en sont relevées. Il faut se souvenir que nombre de marques à l’époque connaissent des difficultés extrêmes. Breitling a été liquidé, Ulysse Nardin au Locle ne compte plus que deux personnes dans l’entreprise.
ZENITH a fait vivre une bonne partie de la cité pendant plus d’un siècle et tout le monde s’émeut à l’idée de voir disparaître ZENITH. Paul Castella est donc perçu comme le sauveur providentiel mais la liesse n’est pas de mise car l’entreprise n’a alors plus qu’une activité réduite. Le rachat par la famille De Castella est vécu d’après les dires de plusieurs membres du personnel de la manufacture et de certains de ses cadres comme une manière de préserver des emplois dans la région, de sauver une manufacture et d’éviter l’éparpillement d’une marque qui appartient au patrimoine suisse. Paul Castella est reconnu pour ses qualités humaines et le respect qu’il porte aux employés.
Les 5 années qui suivent le rachat sont des années très dures au cours desquelles le sort de la manufacture reste suspendu à de minces espoirs de relance que la situation générale de l’horlogerie suisse en perte de vitesse n’éclaire guère.
L'opposition Quartz contre mécanique Les années 70 sont marquées par le déferlement des technologies dites à quartz. ZENITH n’est pas équipé pour fabriquer ce type de mouvement et le décalage entre la production du El Primero appelé alors 3019 PHC fleuron de la technologie micromécanique et les calibres à bobines et autres pièces relevant de la microélectronique est d’autant plus frappant. ZENITH est sonné comme beaucoup de marques d’horlogerie, pas prêtes pour ces technologies arrivées plus vite que prévu sur le marché et pour se sortir de cette nouvelle crise, c’est une nième restructuration qui attend la manufacture.
De plus de 1000 employés avant la crise des « années quartz », la marque descend péniblement à 150 agents lors de son retour dans le giron des Suisses.
Les allers-retours de ZENITH de mains en mains ont en outre quelque peu créé de nouvelles règles et si le retour de ZENITH entre des mains Suisses est une bonne chose, en revanche, l’accord de cession avec Zenith Radio stipule une interdiction de vente des montres de marque ZENITH aux USA et au Canada. La marque Américaine a en effet voulu préserver ses intérêts à terme et notamment se réserver la possibilité d’exploiter seule la marque sur un territoire où elle est fort implantée. Il faudra tout le savoir faire de LVMH acquéreur de la marque en 1999 pour que ZENITH puisse officiellement repartir à la conquête du marché nord américain.
En 1978, la marque est donc en demi coma, en apnée. La relance ne semble pas se profiler et si le potentiel de remise en fabrication de mouvements traditionnels demeure, les quelques rares montres mécaniques qui sortent très ponctuellement des ateliers du Locle sont assemblées sur la base de stocks antérieurs à 1975 ou sur des bases ETA.
L'homme clé d'une nouvelle relation Oscar Waldan qui exerce à l’époque notamment des activités d’intermédiaires entre marques horlogères raconte qu’en 1980 et 1981, il s’est vendu aux Etats-Unis des chronographes dotés du El Primero au prix des bracelets seuls. Les qualités de ce calibre en voix de déstockage le poussent à faire réaliser sous la marque Ulysse Nardin dont il a acheté provisoirement les droits d’utilisation du nom, une centaine de chronos que leur commanditaire trouve très réussis.
L’assoupissement de la marque malgré son rachat par les Suisses ne semble pas prêt de s’achever. Il en sera ainsi jusqu’à ce que la manufacture qu’on surnommera plus tard la belle endormie soit enfin sollicitée par un prince charmant...
La renaissance de ZENITH est sans nul doute la conséquence de volontés concomitantes et de coïncidences multiples qui ont donné à la marque un nouveau destin. De la passion d’hommes pour la belle horlogerie que l’histoire de la marque a conservée, il reste des rencontres, des échanges et des personnalités qui ont contribué parfois dans l’ombre, à la relance de ZENITH.
Pierre-Alain Blum président de EBEL fait partie de ceux-ci. Malgré la mode du tout quartz, il veut à tout prix dans son catalogue de 1981, un chronographe automatique avec un calibre de prestige. Sur les conseils d’Oscar Waldan qui vient d’acheter à ZENITH une grande partie du stock de calibres El Primero à phase de lune (le 3019 PHF) non assemblés, Ebel fait ainsi auprès de ZENITH l’acquisition d’une partie du stock de calibres El Primero sans phase de lune (le 3019PHC), complication absente des montres à quartz. C’est un ancien rhabilleur de chez ZENITH qui a trouvé un nouveau poste chez EBEL qui fait part à Pierre-Alain Blum de sa connaissance au sein de la manufacture d’un stock conséquent de mouvements non terminés.
ZENITH dispose effectivement d’une réserve de plusieurs milliers de mouvements à monter et jamais assemblés qui permettent de mettre en fabrication ce chrono sans prendre le risque de relancer une production avant d’avoir la réaction du marché et de savoir si un tel produit répond réellement à une attente d’un public qui a eu le temps de se familiariser avec le quartz.
Ce stock présente l’inconvénient de porter sur des mouvements partiellement assemblés et dont la terminaison impose de repasser par l’atelier. La manufacture n’a plus la capacité interne faute de matériel de terminer les mouvements et scelle un accord avec un sous-traitant qui va assurer leur terminaison. C’est donc dans la Vallée de Joux que les calibres El Primero de première génération verront leurs derniers exemplaires assemblés avant d’être livrés.
Pour rendre cette opération possible, la manufacture du Locle met ses outillages à disposition de ce sous-traitant dont le nom est secret chamboulant les logiques de concurrence que nous connaissons aujourd’hui. Pendant près de 3 ans, ZENITH fournit donc Ebel en calibres de chronographes automatiques et petit à petit, la demande se renforce. Pourtant, François Manfredini hésite toujours à relancer la fabrication et à remettre sur le marché une gamme de chronographes ZENITH équipés du El Primero.
Oscar Waldan contacte alors en 1982, Kubel Wilsdorf membre de la famille propriétaire de Rolex. Il lui présente la montre qu’il a fait réaliser avec un El Primero pour Tiffany quelques années plus tôt. Rolex cherche à cette époque à moderniser son modèle Daytona qui fonctionne sur la base d’un calibre Valjoux 72 à remontage manuel. Le calibre El Primero est doublement intéressant d’abord parce qu’il est à remontage automatique et ensuite parce qu’il est plat et permet de conserver l’esthétique des boites voulue par Rolex. Sa configuration en compteurs à 3, 6 et 9 heures est un atout supplémentaire, mais Rolex veut adapter le mouvement, en particulier parce que la marque craint de ne plus disposer à terme des pièces de l’échappement pour assurer le service après vente si ZENITH venait à ne plus produire le mouvement. En outre, Rolex considère que pour faciliter la maintenance de son chrono au sein de son propre réseau, un échappement classique avec une fréquence abaissée à 28 800 alternances par heure semble plus aisé à gérer. Rolex veut encore un mouvement sans date pour que la nouvelle version du chrono Daytona ressemble le plus possible à la version précédente.
La négociation prend du temps entre Rolex et ZENITH et le contrat sera finalement signé en 1984.
Au sein de la manufacture tout le monde se souvient des mesures de protection prises par Charles Vermot en 1975 pour préserver la relance de la fabrication du El Primero.
C’est donc vers lui que les ingénieurs se tournent pour retrouver les outillages et examiner les modalités de la relance. L’émotion emporte Charles Vermot qui n’osait plus espérer le retour en grâce de son protégé. Le quartz n’aura donc pas eu totalement raison de la belle horlogerie, celle qui a construit l’histoire de ZENITH et pour laquelle des générations se sont battues au sein de la manufacture. Son rêve n’était donc pas inaccessible et sa désobéissance lui vaut la reconnaissance de la nouvelle direction. Tout d’un coup, lui qui était regardé par ses pairs comme rétrograde, lui dont on s’était moqué pour son affection pour des outils relevant du passé devient un héros. Son acte a un prix, une économie énorme pour la manufacture.
Une étampe ne coûte en 1984 pas moins de 40 000 francs suisses et il en faut plus de 150 pour fabriquer le El Primero. Grâce à Charles Vermot, ZENITH gagne non seulement du temps dans la fabrication du mouvement mais aussi de l’argent, une somme considérable de 7 millions de francs que la manufacture n’aurait pas eu les moyens d’investir comme le confirmera Jean-Pierre Gerber, directeur Technique de ZENITH au milieu des années 90.
Tandis que Charles sera remercié en se voyant offrir un chrono El Primero plaqué or et un voyage aux Etats-Unis, les ingénieurs et horlogers de la manufacture retroussent leurs manches car il faut non seulement relancer la fabrication complète du calibre et retrouver des gestes perdus depuis 10 ans mais il faut aussi relever le défi de produire une version spéciale du mouvement pour le nouveau client prestigieux et exigeant qu’est Rolex.
ZENITH obligé d’adapter le mouvement au regard du cahier des charges établi par Rolex, prendra en charge l’intégralité de la fabrication des calibres qui n’auront plus qu’à être livrés dans les ateliers que Rolex possède au Locle à deux pas de ZENITH.
ZENITH fort du contrat qui lie la manufacture à Rolex pour 10 ans, relance la production du mouvement avec deux fabrications distinctes dont l’une spécifique à Rolex. Les débuts de la production sont difficiles car les machines et outillages ont été en partie détruits après les directives d’expédition à la casse données en 1975 par la Direction américaine. Les premiers calibres mettent plus de temps que prévu pour sortir des ateliers comme grippés par des années de sommeil. La manufacture du Locle ressort ses premiers calibres pour équiper ses propres montres en 1984. Le contrat avec Rolex permet sereinement de rééquiper les ateliers et d’embaucher du personnel qualifié pour relancer la production. François Manfredini est fier de livrer en 1986, les premiers calibres terminés à Rolex qui font entrer ZENITH dans une nouvelle ère. Les premières Daytona dotés de leur nouveau calibre sont présentées au public à la foire de Bâle de 1988.
Le président de ZENITH mentionnera plusieurs fois à quel point Rolex fut conciliant avec la manufacture notamment semble-t-il en consentant certaines avances qui ont accéléré l’équipement des ateliers ZENITH.
Durant les années de sous-traitance pour Rolex, la relation entre les deux firmes est effectivement excellente et les améliorations faites par Rolex profitent à ZENITH notamment sur les contrôles qualités opérés en cours et en fin de fabrication. Rolex n’hésite à pas à dépêcher dans les ateliers de ZENITH ses horlogers et à former des personnels de la manufacture à certaines techniques. Inversement, les horlogers de ZENITH et Jean-Pierre Gerber en particulier ne rechignent pas à faire progresser les techniciens de Rolex dans la maîtrise des calibres de chronographes que la marque de Genève ne maîtrise pas encore.
Sans aucun doute d’ailleurs, Rolex profitera de son expérience avec ZENITH pour faire avancer la conception de son propre calibre de chronographe dont l’absence avait justifié la relation nouée avec la manufacture du Locle. Une fois le prototype de son propre mouvement de chronographe prêt, Rolex fait savoir très en amont à ZENITH la période évaluée de l’arrêt de la collaboration entre les deux marques.
De son coté Ebel qui aurait probablement souhaité se doter de la version du calibre à phase de lune, reprend le projet caressé par Oscar Waldan puis abandonné en raison du coût, de faire équiper le El Primero par Dubois Dépraz d’un module de quantième perpétuel. ZENITH reprendra d’ailleurs à son compte cette complication en 2003 en proposant pour la première fois sous sa marque, une version QP du Chronomaster juste après qu’Ebel également racheté par LVMH soit revendu à Movado sans droit subséquent d’utiliser le calibre, qu’ironie du sort, ZENITH avait crée en 1969 à une époque où la marque appartenait au même groupe que Movado...
Cette relance est inespérée, le El Primero calibre légendaire séduit totalement les amateurs et grace au savoir faire de la manufacture, l'histoire du El Primero interrompue trop tôt en 1975 reprend et connait de nouveaux développements en 1999 quand LVMH décide de faire l'acquisition de la marque et permet à la manufacture de renouveler son outil de production et d'investir dans des développements qui vont porter le calibre à la gloire.
L'histoire de la préservation du El primero de ZENITH
En 1971, ZENITH à bout de souffle et financièrement exangue devient la propriété de la firme Américaine ZENITH Radio Data corporation de Chicago. Contrairement à l'idée reçue la firme ne s'empare pas de la manufacture mais celle-ci est heureuse de trouver les nouveaux actionnaires que les dirigeants de ZENITH sontallés chercher dès lors que toute l'industrie Suisse en crise ne démontre aucune solidarité à son égard malgré des tentatives de rapprochement recherchées par les dirigeants de la marque.
La firme américaine fait rapidement le constat que ses ambition de créer un grand pôle horloger avec la manufacture du Locle seront compromises dès lors que celle-ci est peu engagée dans la production de calibre à quartz et les achète à l'extérieur.
Les américains tente rapidement de limiter la casse et leurs pertes sont telles qu'ils annoncent la fin dès 1975 de toute production mécanique.
Charles Vermot est découragé à cette idée et prend seul l'initiative sans en référer à sa hiérarchie d'écrire à la nouvelle direction son désaccord profond et tente d'expliquer que la crise est temporaire. Il risque sa place mais probablement perçu comme un marginal, ne recevra pas directement de réponse si ce n'est un ordre répercuté par sa hiérarchie de livrer à la destruction machines, étampes et outillages dédiés aux montres mécaniques pendant que la Direction de ZENITH est chargée de revendre les ateliers du Pont de martel où sont produit depuis 1969 les El Primero dans les anciens ateliers de Martel Watch.Charles Vermot Les ateliers sont vendus à une entreprise agro-alimentaire.
N'écoutant rien de l'ordre donné, Charles Vermot (dit Charly) entreprend de classer, étiqueter et ranger avec précaution toutes les étampes du El Primero et d'écrire dans des cahiers tout le processus de fabrication du mouvement et toutes les recettes qui en font les secrets de préparation. Les plans, les fiches techniques sont également répertoriés et classés avec soin.
La manufacture du Locle est grande et personne ne vient controler si les locaux vendus sont pleins ou vidés alors Charly range dans un des greniers autrefois atelier au moment des heures de gloires , quand il y avait 1000 personnes qui animaient la manufacture et la transformait chaque jour en une fourmilière.
Chaque décision des Américains est commentée vertement par Charly qui défend l'horlogerie mécanique auprès de ses collégues résignés même s'ils caressent tous l'espoir d'un retour à la propulsion mécanique des montres.
Le domaine d'activité est peu prospère et en 1978, les américains ne voient plus l'intérêt de posséder cette manufacture quand l'électronique impose d'autres investissements. Il revendent ZENITH aux Suisses...
ZENITH peine à relancer son outil de production et à se refaire une place malgrè toute la passion de la nouvelle équipe de direction. En 1982, Ebel s'intéresse au mouvement dans sa version avec phase de lune pour ses propres collections et en assemble quelques dizaines sortis des stocks disponibles depuis 1975.
"Un intermédiaire" présente le El primero à Rolex en version classique qu'il a fait assembler sur des modèles qu'il commercialise après avoir racheté les stocks restants chez Zenith. Rolex en possession de cette montre en examine le mouvement et les ingénieurs de la marque dressent un cahier des charges des adaptations qu'ils voudraient y voir si la Direction choisit ce mouvement pour ses Daytona.
La Direction de ZENITH se tourne vers Jean-Pierre Gerber directeur Technique pour étudier la faisabilité d'une remise en fabrication. C'est à ce moment que Charles Vermot vit l'un des plus beaux moments de sa vie et les larmes aux yeux explique tout ce qu'il a mis en oeuvre en 1975 pour qu'un jour, son protégé soit à nouveau fabriqué...
Il faudra 2 ans pour "relancer la machine" et c'est en 1984 que les premiers El primero sortent des ateliers du Locle...Un atelier spécial travaille pour Rolex qui conciliant a "payé d'avance" certaines livraisons et offert sa garantie donnant à la marque du Locle les moyens des investissements indispensables à la remise en fabrication de son mouvement mythique. Copyright réservé Joël Jidet - Reproduction interdite sans autorisation de l'auteur
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