...un petit texte de ma plume
...prendre deux aspirines avant de lire...
Transfini et Continu...
Le Temps...Tout a (presque) été dit, de sa mesure comme de sa maîtrise.
Mais quelle différence y a-t-il véritablement entre l'impression objectivement perçue du cycle nycthéméral par l'Homo Sapiens et l'apparence de certitude absolue de l'astrophysicien devant l'étalonnage de son horloge atomique ou moléculaire ?
Aucune, en fait. Car la perception du passage objectif du temps ne peut, pour nous, qu'être subjective, référencée par rapport à...et citons pêle-mêle, la course du soleil, le lever d'une étoile, le battement d'un coeur, l'écoulement du sable, la progression saccadée de la "grande seconde "...
Quelque soit le référentiel, sa dite précision, le Temps passe...mais chacun ayant son propre référentiel, selon son époque, il y aurait donc autant de "Temps" que d'individus (je ne parle pas d'être vivant mais bien d'individu au sens intelligent du terme)
De tout cela, trois mots se distinguent : Référentiel, Observateur, Objectivité/Subjectivité.
Définir et expliquer le Temps est impossible, à l'instar du la quadrature du cercle, du mouvement continu ou du mystère de la Sainte Trinité. Le Temps EST, un point c'est tout, au même titre que la matière et l'énergie. Il ne s'écoule que si un observateur, dans un référentiel donné, tente de le mesurer, à son ژchelle.
Pour illustrer l'importance de la notion d'observateur, prenons l'exemple suivant : quel bruit fait un arbre tombant dans une forêt vierge ? Aucun, tant qu'il n'y a pas d'observateur capable de percevoir. Il en va de même pour le Temps. A la différence que, le bruit est une sensation pouvant être objectivement perçue et mesurée, alors que la perception objective du Temps, dépendante de l'observateur, ne peut être que subjective...
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Par ailleurs, la nécessité de mesurer l'écoulement du Temps, donc de le percevoir, est purement réservée à l'esprit humain (n'ayons pas peur de faire ici un peu d'anthropocentrisme, sinon il va falloir que j'intègre dans ce délire les intelligences extra-terrestres) avide de pouvoir et de domination. Le Temps a-t-il de l'importance pour le grain de sable, la rose ou mon vieux matou ? Oui d'un point de vue strictement "physique" et biologique car il en subissent tous l'influence, non, à mon sens, d'un point de vue "perceptif"...mais il y a là matière à discussion...
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L'Homme, observateur cosmique intelligent, a donc eu besoin, subissant l'effet du Temps, d'en évaluer la perception, donc de fixer des règles, pour accéder à cette illusion de pouvoir et de maîtrise.
Il n'est pas question de refaire l'historique de la mesure du temps, ses objectifs et d'en redire l'importance, mais plutôt de tenter d'en approcher le sens.
Il faut alors partir d'un principe simple : le Temps est un "continu" au même titre que l'Espace, la matière ou l'Energie. Je n'aurai pas la prétention de vouloir en faire la démonstration, mais on peut aisément se référer aux bons auteurs ( L'Ecclésiaste, Saint Augustin, Einstein...) !!!...
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Evoquer le principe de "continu", et l'accepter, implique aussitôt celui d'imperceptibilité, dans l'absolu. Ce n'est que l'existence ou la création d'un référentiel qui va rendre "perceptible" ce qui ne peut l'être. Il faudrait aussi ajouter que le besoin ou la nécessité de l'existence du référentiel ne peut être générée que par ce que nous devons bien appeler "l'esprit humain" ou "intelligence"...et tout ce que cela implique (pouvoir, domination, création...)
Ainsi, de quel(s) référentiel(s) nous sommes nous dotés pour arriver à mesurer ce Temps résolument non mesurable ?
David S. LANDES dans son ouvrage que tous devons avoir lu ("L'Heure qu'il est") raconte magnifiquement l'historique de cette réelle quête du Graal, de la naissance du concept, à la réalisation de l'outil, en prenant en compte toutes les plus subtiles implications sociales, psychologiques et politiques... au fil du temps...Un ouvrage magnifique !!!
Transfini...
Dès que l'intelligence a besoin ou nécessité de mesurer le temps, l'écueil majeur est celui de son "inaccessibilité". Il faut donc, artificiellement, lui donner une échelle (de mesure) accessible, et par là même, lui enlever sa caractéristique de "continu" pour le transformer en un élément que je qualifierais de "transfini", dans la mesure (c'est le cas de le dire) ou son observation ne peut être que décalée, perceptive et fragmentée. C'est là qu'intervient l'observateur qui va définir son propre systême de mesure en fonction de ses besoins et de ses intérêts. Ainsi, la mesure d'un élément continu, est objective dans un référentiel donné et pour son observateur, mais parfaitement subjective par rapport à l'élément mesuré. La notion de transfini nous permet donc de faire le lien bidirectionnel "objectif-subjectif" et de l'adapter à nos convenances personnelles, sociales, politiques etc...
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Finalement, c'est bien là que je voulais en venir : nous ne mesurons que ce que nous avons l'impression de mesurer. Alors, dans de telles conditions, parler de précision ? Quelle rigolade !!! Une montre est juste si elle répond au "cahier des charges" du référentiel imposé, elle avance ou elle retarde dans le cas contraire, mais dans tous les cas elle mesure. Certains travaux scientifiques de haute technologie nécessitent une échelle de référence extrêmement précise (seconde, milli, micro, nano, pico, femto, atto, zepto, yocto-secondes...), d'autres ne justifient que d'un "à peu près" (le début de la moisson ou du journal de 20 heures; Chéri, je suis prête dans cinq minutes...)
Où est le plus important des deux ?
D'autre part, l'écoulement du temps dans un même référentiel peut nous paraître subjectivement lent (chez le dentiste), rapide (en vacances) ou varier selon l'époque (il est connu que l'on dit que temps passe de plus en plus vite au fur et à mesure que l'on vieillit, comme s'il s'accélérait). Socialement, la valeur du temps n'est pas la même non plus : Le chronomètre du patron avance le matin et retarde le soir, celui de l'employé bat exactement à l'inverse.
C'est dire que, quelque soit le référentiel, sa précision ou sa grossièreté, nous ne mesurons que ce que nous avons envie (ou besoin) de mesurer, nous ne faisons qu'obéir à notre volonté de dominer et de posséder, de comprendre et de savoir, d'expliquer et de rassurer...et, comme il en va de ces encyclopédies qu'on achète dans l'espoir que leur volumineuse présence nous apportera la connaissance, le fait de porter une montre ultra précise n'améliorera pas notre capacité à "gérer le temps"...
Bon, allez, au lit, les puces ont faim...
Cordialement vôtre,