Mon père racontait cela de son histoire. Fils aîné d'une famille de 5 enfants, il fut sorti de l'école par ses parents malgré les suppliques des enseignants pour aller gagner sa vie. C'était en 1938. Un an plus tard, il avait alors 15 ans, et il fallut évacuer la zone occupée par les Allemands. Sans moyens, ses parents lui dire d'aller en vélo vers le sud... Il s'arrêta à Realville où une famille d'agriculteurs producteurs de melon l'accueillit après l'avoir retrouvé endormi sur une meule de foin. Il reçut de ces inconnus plus de châleur humaine que de ses propres parents. Pendant toute la guerre, il ne reçut aucune nouvelle de la famille qui ne chercha pas à en avoir de lui. Pas un centime en poche et juste son vélo rouillé pour survivre pendant 5 ans.
Au retour, la chambre qu'il partageait avec ses frères ne contenait plus que deux places, "on le croyait perdu...". De ses affaires, il ne restait presque rien son compas offert pour sa communion, juste son compas et plus son stylo Montblanc à plume rentrante, ni sa montre de poche récupérée d'occasion, une Omega.
J'ai aujourd'hui cette boite de compas et si je n'ai pas son Omega, j'en posséde quelques unes, 8 de plus ce mois ci. Je ne saurai jamais laquelle aurait pu être la sienne car il ne me l'avait pas décrite.
On devrait passer plus de temps à écouter les siens.
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Contraria contrariis curantur. (Les contraires se guérissent par les contraires).