Hamilton Otis : Pour tordre le cou à la rumeur de "patent infringement"

Bonjour à tous,

Vous connaissez mon attachement à l'Hamilton Otis, au sujet de laquelle on peut lire ici et là que la production aurait été arrêtée du fait d'une action en justice de Jaeger LeCoultre pour violation de brevet.

Or on ne trouve nulle part une quelconque preuve écrite, ce qui reste étonnant.



Donc, après quelques mois de recherche irrégulière, je vous livre mon sentiment.

Chronologiquement, le brevet d'Alfred Chauvot fut d'abord enregistré en France en 1931, puis en Suisse en février 1933 et finalement aux USA en octobre 1933 sous le numéro US Pat. 1.930.416.



Pendant les années 30, JLC n'étant pas très actif sur le marché US, la licence fut accordée à Hamilton sous condition que cela soit une production nationale vendue uniquement aux Etats-Unis, sans exportation possible, le numéro de l'US Patent étant bien indiqué sur la boite de l'Otis. Compte-tenu des procédures en vigueur aux Etats-Unis, il serait surprenant qu'Hamilton n'est pas bien bordé la chose.



Et l'on retrouve ces mentions dans le catalogue Hamilton de 1938 en bas de l'encart du modèle "Brooke", mentions que l'on ne retrouve d'ailleurs plus sur le catalogue de 1939 :





Pour info, un membre du forum anglophone Vintagewatchforum a posé la question à JLC, et il lui a été répondu cela le 13 février 2012 :
Dear Adam Harris,
Thank you for your request.
I don’t know if Hamilton was licenced to produce the Reverso. My own intuition is that it’s possible precisely because of the mention of the patent on the case. If Hamilton had copied the Reverso case system (please note by the way that the patent is from Chauvot and not Chauvet) without authorization, it probably wouldn’t have shout it from the rooftops (that is on the case).
I’ll try to search contract traces or law suits in our archives this next weeks, if time allows…

Alors pourquoi ce modèle n'a t'il été fabriqué qu'entre 1938 et 1941, me direz-vous ?

A cette époque, d'une part les modèles Hamilton avaient une durée de vie commerciale d'environ 2 ans et 3 ans est très long chez Hamilton, mais surtout d'autre part il y a eu en 1941 un évènement mondial majeur qui a changé la donne : l'entrée en guerre des Etats-Unis.

A partir de ce moment, la production Hamilton a été tournée vers l'effort de guerre, ce qui a sonné le glas de la plupart des modèles dont l'Otis, la production ayant repris en 1946 sur de nouvelles bases.

Et pourquoi la production n'a t'elle pas reprise après-guerre ? A développer mais pour rappel JLC elle-même a mis entre parenthèse la Reverso entre 1950 et les années 80.

A bientôt,

Le Corsaire

Merci pour cet éclairage historique. Très intéressant

merci pour le partage  

Merci à vous deux.

Petite précision intéressante, c'est un français qui dirigeait le bureau du style chez Hamilton, Henri Vermot, de 1932 à 1955.



On peut légitimement penser qu'il soit à l'origine de la production de l'Otis.

Merci de ce partage, j ignorai totalement ces histoires d accord entre JLC et hamilton  

Un régal historique  

Des posts comme on aimerait en voir à tous les coins de forum !   et encore  

Bonjour à tous,

Dans le prolongement de mes recherches, voici une autre précision que je n'avais pas publié :

 
 

"Henri Vermot était à la tête de la division style de Hamilton. On disait que Vermot dépendait tellement du travail effectué par les designers de ses fournisseurs de boîtiers qu'il ne voulait pas renoncer à leur contribution créative.
 
Vermot, un Français suave et à la voix douce, avait rejoint Hamilton en 1932 et avait dirigé la division stylisme jusqu'en 1955. Même s'il était connu pour tirer parti de toutes les sources créatives disponibles et qu'un ancien employé le traitait de « manipulateur », il passé de nombreuses heures devant sa propre planche à dessin. Les idées qu'il a générées ont ensuite été transmises à d'autres pour un développement détaillé et une exécution finale.
 
Son assistant technique en chef, Paul Frye, travaillait le plus étroitement avec lui pour concrétiser ses idées. Frye a été décrit par un ancien associé comme quelque chose de plus proche d'un partenaire que d'un assistant de Vermot. Il a aidé à déterminer la faisabilité de la production des concepts en élaborant des spécifications techniques détaillées. Frye avait quitté le département des cadrans pour rejoindre la division de style et continuait d'être responsable de la conception de certains cadrans.
 
Certaines questions subsistent quant au talent de designer de Vermot, mais les créations classiques de l'entreprise des années 30, 40 et du début des années 50 portent son imprimatur et témoignent de son bon goût.
 
Paul Frankenfield, qui a commencé à travailler dans la division stylisme en 1949 et a participé à différentes phases de développement de produits chez Hamilton jusqu'en 1989, se souvient de Vermot comme d'un motivateur efficace et d'un manager apprécié."

Salut,

Merci beaucoup pour le partage. J'adore ce genre de petites histoires qui se cachent derrière certains modèles 

Petite photo de la mienne



Effectivement on lit pas mal de chose à ce sujet, merci pour le partage!

Pour compléter, ee modèle a été produit aux US uniquement entre 1938 et 1941 sous licence Lecoultre avec le brevet américain déposé par le français Rene-Alfred Chauvot. Et oui il s'agit bien d'un accord avec Lecoultre et non un vol de brevet.

Hamilton devait payer 60 centimes par montre vendue, et respecter des conditions imposées par Lecoultre comme notamment le fabricant de la boîte S&W (Schwab and Wuischpard). A première vue malgré tout les pièces ne sont pas interchangeable et la Otis reste "unique".
Le nom Otis provient bien du prénom du partenaire de ball-trap du vice président.

Fait intéressant Lecoultre n’avait pas de mouvements maison pour leur première Reverso ils ont fait appel à Tavannes (avec le 064, très recherchées!) ou Fabre Leuba, Hamilton lui avait un mouvement qui correspondait à ce type de montre!
On trouve donc des Reverso originales sous licence Gubleins, Fabre Leuba, Hamilton et Lecoultre.

Merci corsaire75, un pan de l'histoire que je découvre.