R@fuel Nouveau
Nombre de messages : 15 Localisation : A l'ouest Date d'inscription : 30/10/2013
| Sujet: Restauration montre Ottoman Ven 1 Nov 2013 - 18:51 | |
| Bonjour a tous, Je souhaitais vous faire partager un ancien projet de restauration d'une montre à gousset au cadran particulier : les chiffres sont ottomans... Par avance je m'excuse de la qualité des photos, à l'époque je n'avais pas un bon appareil.. Avant
Après
D'aprés les inscriptions (cadran et mécanisme), ce que j'ai pu trouvé comme infos :Montre de conception Suisse est issue de la manufacture « BILLODES » Dans les années 1880 cette montre a été produite pour le marché d’exportation. Le mécanisme est composé de pièces interchangeables ce qui permet une grande production et une large diffusion. Cette montre possède des chiffres ottomans car elle a été produite pour l’armée turque. En effet les officiers de l’armée turque étaient en possession de ces montres. En 1924 le gouvernement turque adopte les chiffres arabes tel que nous les connaissons. L’inscription sur le cadran« K.SERKISOFF & CO Constantinople » désigne l’atelier de montage à Istanbul.Il s’agit d’un mécanisme à remontage manuel. Le remontage s’effectue au verso de la montre à l’aide d’une petite clef.La trotteuse se situe sur le cadran à 6h.C’est un mouvement de 18 lignes.L’échappement de la montre est à ancre Suisse.Toutes les roues sont empierrées, sauf la roue de centre et le barillet.Le mécanisme possède des caches poussières sur les pivots des roues.Le nombre d’alternances par heure est 18000alt/h.
mouvement pendant la restau..
Au démontage Après observation de la boîte de la montre, je remarque qu’il faudra que je la polisse et que je la redresse. Il manque le bouton poussoir qui permet d’ouvrir la montre. Le boîtier est suffisamment déformé pour que la montre puisse s’ouvrir. il manque le verre. Le cadran est émaillé et est fissuré. J’observe que lors de la précédente réparation, l’horloger a ajouté de l’émail à froid sur le cadran, afin de combler le manque d’émail sous le chiffre huit. Aussi cette partie du cadran était peinte, l’horloger a donc rajouté une couche de peinture dorée. Le problème est que cette peinture ajoutée n’est pas du même ton que celle d’origine. Je ne peux donc pas retoucher au cadran… Je pourrai seulement atténuer les traces de fissures. Il ne reste que l’aiguille des heures qui ne correspond d’ailleurs pas au style général de cette montre. L’aiguille est de style Louis XIV. Il manque l’aiguille des minutes ainsi que la trotteuse.Le mouvement est de bonne qualité, il possède un échappement à ancre suisse, un balancier bi-métallique, toutes les roues sont empierrées. Il faut savoir qu’à l’époque de la fabrication de la montre ce type d’échappement était coûteux à produire en grande série, donc réservé aux montres de qualité.Je remarque qu’il manque deux pièces: le pont d’ancre et sa plaque d’anti-poussière. Heureusement l’ancre est bloquée par la roue d’échappement. démontage du balancier, en faisant attention à ne pas l’abîmer avec l’ancre.L’axe du balancier est cassé. Le spiral est faussé.Une fois le balancier isolé, je peux poursuivre le démontage en retirant la roue d’échappement.L’axe de la roue d’échappement nécessite un repolissage de ses pivots. La denture de la roue est très usée. Cela change l’angle fonctionnel des dents. Je poursuis en démontant la roue des secondes.Cette roue est cassée entre la serge et le moyeu, et le pivot est faussé (voir photo).Le rubis de la platine est brisé, il faudra le remplacer. Le démontage est achevé, je réalise donc le constat suivant : -Fabriquer un pont d’ancre-Fabriquer la vis de pont d’ancre-Fabriquer l’anti-poussière du pont d’ancre-Fabriquer la vis de l’anti-poussière du pont d’ancre-Redresser l’axe de la roue de seconde-Retirer l’oxydation-Polir les pivots des roues-Changer les rubis -Redresser le ressort de cliquet-Fabriquer l’axe de balancier-Fabriquer l’ellipse-Changer les palettes-Effectuer l’achevage des palettes-Changer le spiral-Changer le ressort moteur-Polir le carré du chevillot-Polir les anti-poussières-Polir le cliquet-Polir la raquette-Polir les vis-Faire le bleu des vis -Faire un mat sur le rochet-Reformer la boîte -Soudure d’argent sur la boîte-Polissage du boîtier de montre -Fabriquer un poussoir-Fabriquer un ressort de fermeture de boîte-Remplacer les aiguilles-Mettre un verreLA ROUE DE SECONDEj’ai constaté que : -L’axe était faussé -Les pivots étaient très endommagés -La denture était usée -La roue était faussée -Un bras de la roue était fissuré. Pour redresser l’axe, deux solutions s’offrent à moi : -Je peux faire chauffer des brucelles larges à la lampe à alcool, puis redresser l’axe. Si je fais chauffer mes brucelles, c’est pour transmettre de la chaleur sur l’axe pour le rendre plus malléable. Je n’applique de la chaleur que sur les brucelles, car je ne veux pas détremper l’axe. En effet, tous les axes subissent un traitement thermique, la trempe, ce qui les rendent plus résistant mais cassant. -Pour redresser l’axe, je peux aussi placer la roue dans un tour d’horloger, puis avec un poinçon en laiton, je viens presser très légèrement l’axe à l’endroit où il est faussé. J’utilise un poinçon en laiton car cette matière est plus molle que l’acier, ce qui permet de redresser l’axe de la roue sans le briser.
La première solution n’a pas réellement porté ses fruits. J’ai donc opté pour la deuxième solution et j’ai réussi le redressage de l’axe.La roue est faussée et un bras est fissuré.Pour procéder à la réparation, je commence par redresser la roue sans me soucier de la fissure entre le moyeu et la serge. Pour redresser la roue il faut agir à l’endroit où la roue est faussée.J’utilise donc un tas en plomb, un poinçon, un maillet. Le tas en plomb pour deux raisons :
- Pour ne pas endommager la roue en laiton, qui n’est pas épaisse (0,33mm) donc très fragile.
- Pour compenser l’effet d’élasticité du laiton.
Je place la roue sur le tas en plomb. L’axe de la roue se loge dans un trou ajusté à son diamètre. Avec le poinçon, je viens frapper très légèrement à l’endroit où la roue est faussée.
Après avoir pressé légèrement la roue contre le tas en plomb , la serge a cédé au niveau de la fissure. En revanche la roue est toujours entière et a bien réagit au redressage.J’effectue alors une petite soudure à l’étain au niveau de la fissure.Je me suis arrangé pour faire en sorte que cette soudure ne se voit pas lorsque la montre est ouverte côté mouvement. La denture de la roue est très endommagée. Avec une lime très fine, je reforme dent par dent les angles fonctionnels. Il faut que la denture soit parfaite pour quelle engrène bien avec le pignon de la roue de moyenne. Les pivots de l’axe sont rayés. Ils doivent être polis pour avoir une surface bien plane. Cela a pour effet de réduire les frottements avec le rubis.Pour polir les pivots (de toutes les roues), j’utilise un tour à polir et un brunissoir.Avec un micromètre je mesure le diamètre du pivot, ce qui me permet de choisir la bonne encoche où va reposer le pivot. La roue est prise dans le tour. A l’aide d’un arc, je donne un mouvement de rotation à la roue seconde qui me permet de polir le pivot avec le brunissoir. L’ECHAPPEMENT A ANCRE SUISSE La partie la plus délicate de la restauration de cette montre à été la réparation de l’échappement. En effet, voici ce que j’ai pu constater après le démontage de l’échappement : -le pont d’ancre est manquant-la roue d’échappement est très usée-les palettes de l’ancre sont à changer-le dard de l’ancre est manquant-l’ellipse du petit plateau est à remplacer-le spiral est cassé-un pivot de l’axe du balancier est manquant L’échappement a pour but d’entretenir et de compter les oscillations du pendule d’une horloge ou du balancier d’une montre.Pour son fonctionnement, l’échappement reçoit l’énergie dispensée à la base par le barillet. Il laisse échapper périodiquement une parcelle d’énergie motrice pour restituer à l’organe régulateur. L’échappement assure la liaison avec l’organe régulateur (le balancier). Creation du pont d’ancre Lors du démontage, j’ai remarqué qu’il manquait le pont d’ancre. (facile a voir ) Cette pièce permet de maintenir l’ancre en place.L’ancre a un double rôle : d’une part transmettre la force du rouage au balancier afin de perdurer les oscillations et, d’autre part, empêcher le déroulement incontrôlé du rouage remonté. Pour pouvoir recréer le pont d’ancre il a fallu que je retrouve ses cotations fonctionnelles. Donc pour commencer, j’ai fabriqué une pièce en laiton qui s’ajustait sur la platine et entre les ponts de balancier et d’échappement. Cela m’a permis d’obtenir les différentes dimensions.Une fois cette pièce montée, je me suis servi des entraxes (dimensions entre les trous de pivotement). Et par définition le pivotement des trois pièces qui composent l’échappement se situent sur le même axe. J’ai ainsi pu tracer la position du trou de pivotement par triangulation, en quelque sorte.J’ai effectué la fraisure du pont au tour avec le banc automatique (voir photos). Pour cela j’ai collé un morceau de laiton sur une plaque à gommer.gommageusinage Ensuite je donne la forme définitive à la lime. Puis il ne me reste plus qu’à chasser un rubis pour le pivotement de l’axe.Pour cela j’utilise une potence à rubis. Après divers contrôles, le pont d’ancre est enfin fonctionnel. pont d'ancre J’ai effectué l’anti-poussières directement sur le pont. Pour celui-ci j’ai utilisé une plaque d’acier de 1mm, je lui ai donné la forme approximative du pont tout en m’aidant des quelques dimensions dont je disposais.Après avoir effectuer un taraudage et une vis, je l’ai vissé sur le pont d’ancre afin de l’ajuster aux dimensions définitives. L’ensemble est fonctionnel, il ne reste donc que les finitions esthétiques. La roue d’échappement Les surfaces d’impulsion des dents de la roue d’échappement nécessitaient une rectification d’usure. C’est à dire que la surface fonctionnelle des dents étaient trop endommagée pour bien transmettre la force motrice à l’ancre. Il a donc fallu que je rectifie cela avec une lime très fine, sans changer les angles des dents. L’ACHEVAGE DES PALETTES DE L’ANCRECe réglage permet la mise au point des différentes fonctions de l’échappement. Les palettes de l’ancre sont en rubis synthétique, cette matière offre des surfaces très plates et dures. Le problème est que les anciennes palettes étaient ébréchées. J’ai donc été obligé de les changer. Je n’ai pu retrouver les mêmes palettes, alors j’ai dû adapter un autre modèle de palettes. Ce sont des palettes qui viennent d’un mouvement moderne, le calibre 861 d'omega… Les angles fonctionnels correspondaient mais la longueur des palettes étaient trop grande alors je les ai coupées pour les adapter. Cette tâche a été particulièrement délicate et longue à effectuer. Le dard de l’ancre Le dard de l’ancre était manquant. Je l’ai remplacé par une petite goupille en laiton que j’ai chassé dans la fourchette de l’ancre.Après divers contrôles l’ancre est fonctionnelle. L’Ellipse du petit plateauL’ellipse du petit plateau assure la liaison entre l’organe distributeur et l’organe oscillateur de la montre. En général cette ellipse (ou cheville de plateau) est en rubis synthétique, sur cette montre l’ellipse était en acier. Je ne sais pas si avec le temps l’état de surface s’est endommagé mais une chose est sûre, l’ellipse n’assure plus sa fonction. J’ai donc pris une mèche de tournevis pour usiner cette ellipse. L’ellipse a une forme demi-cylindrique pour limiter les frottements avec le balancier et la fourchette de l’ancre. Elle possède un diamètre de 0,35 mm. L’AXE de BalancierEn démontant le balancier je me suis aperçu qu’il manquait un pivot à l’axe. Il faut donc que je fabrique un nouvel axe. Pour déterminer les côtes dimensionnelles, je prends les mesures sur l’ancien axe. J’utilise le tour d’horloger pour usiner l’axe.Grâce aux cotes dimensionnelles et à ce tour j’usine l’axe dans une mèche de tournevis de 2mm de diamètre.Après avoir réalisé l’axe dans le tour d’horloger, je rive le balancier dessus avec une potence à river.Pour finir l’axe je dois polir ses pivots avec un tour à polir et un brunissoir. Lorsque les pivots de l’axe sont polis, il faut effectuer une série de contrôles. Par exemple on doit contrôler le balourd du balancier avec un tas au balancier, on regarde s’il tourne bien plat avec un huit-chiffre. tas au balancier huit chiffre Le spiral L’ancien spiral était cassé en son point d’attache (la virole). Toujours confronté au manque de pièces… j’ai du adapter un spiral diffèrent.Le problème à été de retrouver un spiral permettant au balancier d’effectuer une marche 18000 alternance par heure.J’ai du retirer plusieurs vis du balancier pour l’alléger. La montre fonctionne alors à 18035 alternances par heure d’après un witchi, ce qui me permet de régler la montre...Finitions esthétiques du mouvement Les réparations des pièces du mouvement sont maintenant finies, j’effectue des tâches visant à embellir l’aspect général du mouvement. Par exemple je bleuis toutes les vis en les chauffant une à une avec une lampe à alcool. Ce traitement thermique protége les vis qui sont en acier de l’oxydation. Diamantine, polissage... bleu des vis
finition platine Creation du poussoir Le poussoir et le ressort d’ouverture de la boîte de la montre ne sont plus présents.La difficulté majeure a été de définir les cotes et, dans le cas du ressort, d’utiliser un matériau avec un bon coefficient d’élasticité.Pour le ressort j’ai pu prendre quelques cotes à partir de la boîte de la montre. Mais j’ai dû faire deux ressorts car le premier n’était pas fonctionnel à cause de sa mauvaise élasticité. Pour le deuxième je pris les mêmes cotes mais en utilisant un acier très dur. Je me suis servi d’une vieille lime usée. En effet, l’acier des limes est très trempé donc très dur. En revanche pour détremper la lime il faut la chauffer avec suffisamment de chaleur. Une simple lampe à alcool et un chalumeau au butane ne peuvent produire assez de chaleur.Je suis allé voir un garagiste s'il avait un chalumeau à oxygène pour détremper cette lime! Le chalumeau a atteint une température de + 1200°C. La lime est devenue blanchâtre et molle, elle était détrempée…Après avoir usiné mon ressort je l’ai retrempé et j’ai effectué un revenu bleu sombre à 300°C (Traitement thermique).lime détrempée
ressort usiné Le poussoir a été ajusté dans la bélière de la montre. Je me suis procuré une tige d’argent que j’ai usiné. J’ai effectué un petit ressort que j’ai placé dans la bélière pour que le poussoir revienne à sa position d’origine. Je ne sais pas si ce système est celui d’origine mais il fonctionne très bien. Après avoir lavé et remonté le mécanisme de la montre, j’ai effectué le réglage de l’avance /retard à l’aide du chrono comparateur B200. Je crois que je suis arrivé dans la limite de réglage c’est à dire que je n’ai pas pu régler la montre à moins de +15 secondes par jour, donc la montre avance.Ça a été un très gros soulagement de voir la montre remarcher!!!Je ne pensais pas obtenir un aussi « bon » réglage de la montre avec toutes les modifications que j’ai effectué sur l’échappement. je ne pensais pas avoir à faire à une restauration aussi complexe et looongue!!Encore des petites photos Je vous remercie de m'avoir lu. En espérant vous avoir donner des idées.. Par ailleurs si quelqu'un à d'autres infos sur cette marque Billodes (Zenith?) ? |
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ChP Passionné absolu
Nombre de messages : 2696 Age : 72 Localisation : ex Alsace, à ce jour Franche-Comté Date d'inscription : 06/09/2006
| Sujet: Les Billodes Ven 1 Nov 2013 - 19:18 | |
| Georges FAVRE-JACOT le Locle, puis ZENITH
Serkisoff, agent pour le marché Turc
si tu tapes Billodes dans rechercher tu trouveras ton bonheur
et cet article dans " la Nature - 1905 " avec quelques gravures
http://cnum.cnam.fr/CGI/fpage.cgi?4KY28.64/170/100/536/0/0
amicalement |
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R@fuel Nouveau
Nombre de messages : 15 Localisation : A l'ouest Date d'inscription : 30/10/2013
| Sujet: Re: Restauration montre Ottoman Ven 1 Nov 2013 - 20:03 | |
| Merci beaucoup pour ce lien très intéressant! |
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