Une Eterna à bumper, calibre 1159H sur l'établi.

Calibre Eterna 1159H, qui est dérivé de l'ETA 1080. Cette application a été faite en simplement (!) installant un module automatique sur le mouvement 1080. Bien utile de savoir ça, on verra plus loin pourquoi. Ce mouvement n'a duré que de 1946 à 1949. Aucune pièce du module auto spécifique au 1159H n'est disponible chez mes fournituristes, sauf le ressort de marche trouvé aux Stazunis.



Le bumper est tordu suite aux milliards de chocs qu'il a du recevoir. Le mouvement est particulièrement sale, mais ce n'est pas grave.

Le ressort de bascule est cassé. Ouf, c'est sur la partie ETA 1080.

Le voilà, arrivé des States lui aussi.

Démontage du système oscillant.

Balancier, ancre et barillet enlevés. Leurs ponts aussi.

On voit là, mise à part la vieille graisse, que le trou du palier d'axe de barillet est ovalisé, et donc que l'usure du palier a fait que le barillet frotte sur le pont. Il faudrait changer ce palier, mais il n'y a aucune pièce disponible. Une fois tout propre, cela n'arrange rien. Le barillet frotte sur le pont, et l'amplitude varie fortement entrainant une puissance de marche aléatoire.




Démontage du système auto.

Cela fonctionne comme une roue libre à cliquet. A chaque rotation de la masselotte vers la gauche, le petit pignon tourne aussi en sens anti-horaire et entraine la crémaillère en laiton (à sept dents) en sens opposé. Celle-ci est le support d'un crochet que l'on voit en dessous, et qui agrippe de son unique dent, la roue dentée en laiton. Quand la crémaillère file vers la droite, le crochet remonte de quelques dents sur la roue. Lorsque la masselotte file alors vers la droite, après un bump, tout le mouvement s'inverse, mais le crochet, bien aggripé, entraine alors la roue dentée, qui remonte le ressort de barillet. Cool, non?



De ce côté, on voit mieux le petit crochet. Il y a un ressort fil qui le contraint à rester dans les dents de la roue.

Une fois propre, cela ira mieux.

On a ici un ressort de marche à bride glissante séparée. Le principe est le suivant: Quand on a une montre mécanique simple, en remontant la montre, on comprime le ressort autour de l'axe du barillet. Si on force, ça casse. Une montre mécanique automatique, portée normalement et sans secousse recharge son barillet en continu. Le risque avec un ressort normal, serait que cela coince. Les ingénieux du monde horloger, ont donc inventé la bride glissante: lorsque le ressort se comprime, il prend moins de place et se dégage du pourtour du barillet. Arrivé à un certain moment, cette lamelle décroche le ressort du flanc du barillet et le désarme un peu. C'est un asservissement mécanique (pour ceux qui ont fait un peu de méca) Par la suite, les brides seront soudées par point au ressort.

Revoici le mouvement tout propre, côté cadran.

Comme on l'a donc compris, la masse vient frapper sur un pare-choc, bumper en frangliche. Si on regarde la première photo du post précédent, avec juste la masse enlevée, on voit une gorge ou coulisse ce peigne tordu à quatre dents et le ressort en U qui vient retenir les chocs en étant coincé entre la 2nde et la 3ème dent. En dessous, le ressort raccourci d'un côté, car je l'ai trouvé cassé, à cause de la vis de piton qui était tombée et coincée là. Tentative de solution de par moi-même, à base de deux ressorts de cliquets de mouvement AS1130.

Les voici, redressés et posés l'un sur l'autre, tentant d'imiter l'ancêtre manchot. Las, en voulant redresser le peigne d'origine, il n'a rien voulu céder et a préféré rompre plutôt que plier...

Bref, l'Eterna a maintenant un demi bumper.
Je pense qu'elle a fonctionné plusieurs dizaines d'années avec ce bumper tordu. A mon avis, le bumper a trois raisons d'être: éviter le choc dans la montre, et donc peut-être gênant au confort au poignet. Éviter le choc métal sur métal, qui fini par produire un matage, mais rien de bien conséquent, et enfin, préserver le rubis de centre, qui pourrait aussi subir ces chocs par réaction. Vu son âge, la poulette fonctionnera encore bien quelques dizaines d'années avant casse fatale.
J'ai regardé les montres avec ce mouvement en vente: j'en ai vu quelques unes avec un souci à ce niveau, même vendues "en parfait état de marche".

Eterna, c'est bien!   

Beau nettoyage, il brille avantageusement ce mouvement   
Elle est passée sur la baie cette montre non? La partie supérieure du boîtier en or me dit quelque chose...

Non, c'est une montre de famille, comme on dit.

Jolie, l'illustration.

très intéressant ce calibre modifié à partir d'un ETA

quand on connait les origines communes Eterna / ETA c'est assez logique.

beau boulot ! il a vraiment meilleure mine après .

pour le pont de barillet tu pourrais percer à un plus gros diamètre et chasser en force à la potence une bague idéalement en bronze mais
du laiton suffirait .

pour le "peigne" du bumper c'est une pièce qui doit être assez facilement refabriquée avec une lime et beaucoup de patience .

autre solution: un cylindre de laiton aminci sur deux faces dans sa partie centrale de façon à rentrer dans la gorge, et creusé sur une troisième face pour recevoir le ressort.

tu peux aussi simplement faire tenir ce même cylindre dans la gorge et entrer en force un ressort cylindrique à chaque extrémité
sur lesquels la masse viendra buter (comme dans les calibres Omega 350 par exemple).
Dans ce dernier cas plus besoin que la pièce soit mobile ce sont les deux ressorts qui feront office d'amortisseurs .

Isosta

Isosta, le roi de la bric'horlogerie   !
Moi, je ne suis qu'un modeste changeur de pièces...

Trop tard, j'ai rendu la tocante à son propriétaire, en lui expliquant par le détail ce que j'ai fait. Grosses difficultés de réglage d'ailleurs, du fait du problème de l'axe de barillet.

D'ailleurs, pour ce genre de problème de pont de barillet, on peut changer un bouchon, comme en pendulerie?

Ce système bumper est intéressant, plus élaboré et esthétique que les traditionnels ressorts boudins . Mais plus délicat aussi . J'ai le même problème sur l'une d'elle.

A signaler aussi la présence sur ce calibre d'une véritable seconde centrale directe, caractéristique moderne et peu fréquente à l'époque.

Et rien chez Kergoat, Jacques ou Jean-Paul...