C'est en 1896 qu'Omega sortit son premier calibre de chronographe de poche et en 1908 que la seconde version vit le jour. Longines avait dès 1878 proposé son premier chronographe. Zenith est en la matière plus tardif. Georges Favre Jacot en homme d'affaire avisé, sait que la fabrication de ces pièces implique un personnel spécialisé et il préfére investir sur les montres classiques pour des marchés en pleine expansion.
Il repousse donc à 1911 les études en vue de produire le premier calibre de chronographe in house. La manufacture se fournit alors essentiellement chez Reymond en calibres Valjoux. Plus ponctuellement elle fait appel à Lémania, Audemars Frères et Le Phare, cette dernière maison étant davantage un concurrent jusqu'en 1915 quand Zenith en prendra le contrôle.
L'essor de l'automobile provoque une demande de chronographes dotés de tachymètre afin de permettre aux nouveaux automobilistes de calculer leurs vitesses moyennes. L'industrie, les armées, les médecins et les ingénieurs vont aussi créer une demande et le marché devient alors suffisant pour mériter que la manufacture du Locle s'y intéresse. C'est James Favre qui en succédant à Georges Favre Jacot en 1911 va donner pour missions aux développeurs de la manufacture de créer un chronographe qui se veut simple, fiable et universel.
Deux années seront alors nécessaires pour mettre au point un mouvement disposant d'un totalisateur des minutes à saut instantané. Le choix est fait d'un calibre de 19 lignes de 19 rubis. La raquette à disque excentrique est celle brevetée en 1903 et exploitée par Zenith depuis 1904. Zenith arrive en 1913 c'est à dire tard sur ce marché des chronographes, de sorte que déjà des manufactures comme Longines ou Omega se sont taillées des parts de marchés très conséquentes et se sont associées tant aux armées qu'aux pratiques sportives. Longines est par exemple à bord des dirigeables Zeppelin et Omega est très en usage dans les milieux automobiles. Kirby Beard en France diffuse très largement les chronographes Omega aux automobilistes et y est devenu la référence.

Zenith aura donc davantage de difficultés à installer son chronographe d'autant que les concurrent de la manufacture du Locle ont des pratiques de prix très serrés confortées par l'amortissement de leurs machines au moment où Zenith présente son premier chronographe. De fait, le nombre de pièces fabriquées est limité mais sera en progression constante, offrant une alternative aux modèles des autres marques.
La version destinée aux automobilistes se veut lisible et d'un emploi facile. Les aiguilles horaires sont dorées et les aiguilles de chronographe sont bleuies rendant impossibles les erreurs de lecture. Le produit est très ressemblant au modèle Omega et Zenith va réussir à s'installer petit à petit comme une nouvelle référence en matière de chronographes. Les horlogers détaillants à l'époque trouvent dans le modèle Zenith une pièce facile à entretenir et n'hésitent pas à se faire le relai de la manufacture pour placer les chronographes.
Jusqu'à la fin des années 1930, les catalogues Zenith conserve des Chronographes de poche dotés de ce mouvement qui n'évolue quasiment pas tant sa conception de base était excellente.
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Contraria contrariis curantur. (Les contraires se guérissent par les contraires).