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| Sujet: Actu: L'horlogerie Dodane d'Auguste Perret Mar 26 Aoû 2014 - 7:54 | |
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- L'horlogerie Dodane d'Auguste Perret
Monique Clemens / Correspondante à Besançon | Le 26/08 à 06:00 Précurseur du béton armé, Auguste Perret a conçu un bâtiment industriel résolument moderne à Besançon. Ouvrant sur un jardin à la française, l'usine mêle logement du directeur et ateliers, bénéficiant au maximum de la lumière naturelle.
L'architecte Architecte sans diplôme, Auguste Perret vient de la matière. Issu d'une famille de tailleurs de pierre, il a très tôt manié maillet, ciseau et gouge. Formé à l'Ecole des beaux-arts de Paris, il crée avec ses frères, Gustave et Claude, l'agence d'architecte et travaux publics Perret Frères. Là, il s'inscrit dans la recherche d'un nouveau classicisme et dans la modernité de la construction en remplaçant la pierre de taille par le béton armé, dont il parle avec beaucoup de poésie, et qu'il érige en matériau « plus beau que la pierre ». Entre les années 1920 et la Seconde Guerre mondiale, l'agence est mondialement connue. Les frères Perret signent le Théâtre des Champs-Elysées, l'église du Raincy, le Musée national des travaux publics… Après la guerre, Perret sera chargé de l'immense chantier de reconstruction du Havre.
L'entreprise Créée en 1857, la manufacture horlogère Dodane s'est peu à peu spécialisée dans les chronographes pour l'armée de l'air et, depuis 1930, est fournisseur attitré de l'aéronautique militaire. Raymond Dodane, qui représentait la quatrième génération, avait décidé dans les années 1930 de quitter Morteau pour rejoindre Besançon, alors capitale de l'horlogerie française. Il achète un terrain dans le quartier de Montrapon et demande à l'architecte bisontin Noé de lui dessiner une usine. Déçu par son projet, il accepte la proposition de son frère Claude, étudiant aux Beaux-Arts de Paris, de rencontrer Auguste Perret, « un architecte moderne ». Son projet en béton armé lui plaît, l'affaire est conclue. A son arrivée dans les lieux, en 1944, Dodane compte une quarantaine de salariés. L'entreprise en comptera jusqu'à 140 dans les années 1960 et 1970, avant de déposer le bilan, en 1994, puis de redémarrer, plus modestement et dans d'autres lieux, au début des années 2000.
Le bâtiment « Simplicité : c'est le maître mot », assure l'ingénieur, menuisier et concepteur Patrick Pelletier, propriétaire des lieux depuis 1998. « L'usine est un rectangle de plateaux, un bâtiment très modulaire par son jeu de trames, que l'on peut cloisonner, décloisonner… » Construite entre 1939 et 1943, cette usine, la seule jamais construite par Perret, est constituée d'un système de poteaux et de poutres en béton armé. Coiffée d'un toit-terrasse, elle est dotée de nombreuses fenêtres verticales, qui s'opposent aux fenêtres bandeaux de Le Corbusier. « La verticale représente la lutte, la vie », écrivit Perret. « La fenêtre verticale n'encadre-t-elle pas l'homme ? N'est-elle pas d'accord avec sa silhouette ? » Paternaliste, Raymond Dodane avait commandé une usine dont le premier étage serait constitué de son appartement familial, avec un accès au jardin, à sa piscine, à son tennis. Au deuxième niveau se trouvaient la direction et les services support et, au troisième, éclairé par de grandes et belles fenêtres à bascule, l'atelier d'horlogerie, d'un seul plateau de 350 mètres carrés.
À l'époque Une usine en béton armé avec un toit plat ? Selon le fils de Raymond Dodane, Laurent, qui a grandi dans l'appartement du premier niveau avant de diriger à son tour l'entreprise, « personne n'a crié au scandale, l'époque était à la prospérité des manufactures horlogères et les ouvriers avaient le droit de profiter de la piscine, alors… » Son père lui a aussi raconté que, au moment de la remise des clefs, l'usine a failli être réquisitionnée par la Kommandantur allemande. Résistant dans l'âme et bien décidé à continuer à fabriquer des chronographes, Raymond Dodane a emménagé en un week-end, avec machines et ouvriers, pour empêcher cette réquisition. Il n'était en effet pas permis aux Allemands d'occuper une usine en activité.
Aujourd'hui Inscrite à l'inventaire des monuments historiques en 1986, la manufacture Dodane avait cessé son activité deux ans plus tôt. Les lieux furent squattés et vandalisés entre 1994 et 1998, année où ils furent rachetés par un architecte lui aussi sans diplôme et tombé sous le charme : Patrick Pelletier. Toujours insolemment modernes - Perret avait conçu des chemins de câble, une aération pour limiter la poussière, des sas avec doubles portes et dessiné jusqu'aux lustres -, les lieux sont remis en état et loués, pendant plus de dix ans, à Pôle emploi, qui occupa deux niveaux, et à une mutuelle, pour le troisième. Ces deux locataires partis dans des locaux plus vastes, le propriétaire réfléchit à leur utilisation future.
Monique Clémens Correspondante à Besançon En savoir plus sur http://www.lesechos.fr/week-end/culture/0203606221306-lhorlogerie-dodane-dauguste-perret-1035882.php?xtor=RSS-2067&0kkR1khT5YHs1FzE.99 _________________ Contraria contrariis curantur. (Les contraires se guérissent par les contraires).
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