Revue illustrée de la Grand Seiko GMT Hi-Beat
SBGJ005. Attention c'est lourd et ça pique
Depuis sa sortie à Baselworld 2014 cette GMT Hi-Beat n’a pas cessé de me hanter tel un doux chant de sirène audible en arrière fond et en continu.
Mais comment peut-on céder et dépenser (à peu près) la même somme qu’une GMT Master II dans une Seiko? Voici une partie de mon cheminement (ou motivation).
J’avoue, j’aime Seiko. Mais ça n’a pas toujours été le cas. Il fût un temps où je pensais que seules les montres Suisses de marques prestigieuses étaient des “vraies” montres. Avec le temps, recherches et lectures cet avis a complètement changé et je suis presque embarrassé d’avoir eu cette étroitesse d’esprit. À vous sceptiques, laissez-moi vous montrer la lumière
.
Seiko est remarquable à plusieurs niveaux, la société a été fondée en 1881 (133 ans) et est restée une entreprise familiale jusqu’à ce jour. En effet l’arrière petit fils du fondateur dirige aujourd’hui les affaires. Quelle autre entreprise peut le revendiquer?
Seiko est toujours en train d’innover dans tous les segments avec des techniques intéressantes (quartz, kinetic, astron, spring drive, hi-beat) avec une priorité sur la qualité et la précision. C’est une vraie manufacture qui produit tout, du spiral au cristaux de quartz et ce en couvrant toutes les gammes. Ils sont ouverts quand à leurs sites de production hors du Japon et n’essaient pas de fabriquer du rêve à coup de marketing.
Il faut avoir une bonne confiance en ses produits et son image pour proposer des millions de montres à moins de 50€ vendues en grande surface ainsi que des Grand Seikos à 10k arborant le même nom et logo. C’est inexistant ailleurs dans le luxe.
J’apprécie ce côté non-ostentatoire avec un design intéressant, unique et original couplé à un vrai savoir faire horloger et une qualité exemplaire. Cela colle bien avec la culture japonaise que j’apprécie aussi.
D’une certaine manière pour prouver que les montres japonaises n’étaient pas inférieures aux Suisses, la marque Grand Seiko fût fondée en 1960 avec le but de rivaliser avec les montres Suisses au niveau de la précision et de la qualité.
La précision a toujours été une obsession pour Grand Seiko et ils ont très vite grimpé les marches de podium des concours Suisses de chronométrie, notamment avec leur mouvement hi-beat. Du coup quand les Suisses se sont fait mettre minable ils ont arrêtés les concours. Enfin il y avait sûrement d’autres raisons…
Je ne peux pas prétendre que seul la qualité de la montre m’intéresse dans une acquisition comme celle-ci, son histoire, son origine et la marque sont aussi un facteur important. À ce titre Seiko a une véritable légitimité, une histoire, une capacité d’innovation extraordinaire. Ce modèle a aussi un pédigrée datant de la rivalité avec la Suisse dans années 1960. Pour beaucoup de personnes - hors du Japon - il manque à Seiko le prestige de certaines marques Suisses. Mais ce qui peut être vu comme un manque est pour moi un atout. Avec une Grand Seiko on peut se rapprocher de la perfection horlogère au niveau de la qualité et avec une vraie légitimité tout en passant sous le radar du commun des mortels. Il faut simplement voir au-delà des noms de marques.
D’une certaine manière Grand Seiko suit un fil conducteur similaire à une prestigieuse manufacture Suisse à la couronne. Ils fabriquent des montres sportives simples et solides sans complication avec des mouvements réputés pour être fiables et précis. La qualité générale et la finition sont exemplaires. Il y a aussi une ligne constante dans le design et des améliorations par petites incrémentations. Beaucoup les sépare mais en fin de compte je trouve ces marques complémentaires.
Cette
SBGJ005 combine à mon sens ce que Grand Seiko fait de mieux. Le boîtier est une évolution de la fameuse 44GS avec ses merveilleux angles et ses courbures (voir la revue de gnkt). Le célèbre mouvement Hi-Beat associe pour la première fois une fonction GMT et enfin le cadran est à tomber.
Mon problème est que Seiko a décidé de limiter cette version au cadran vert à 600 exemplaires. J’avais décidé de laisser murir une CHI de cet ordre de grandeur durant une année au moins mais ce ne sera pas possible pour ce modèle. Oui les versions en blanc ou noir sont aussi magnifiques, mais j’adore ce vert foncé discret et en fin de compte assez rare et original. De plus j’ai d’autres CHI à cadran blanc ou noir.
Après avoir résisté six mois et au fruit de longues méditations et recherches je commence à craquer petit à petit. Mais voilà elle n’est tout simplement pas disponible en Europe, j’ai tout essayé. Reste donc HK et les USA. Je laisse tomber le Japon car un achat en ligne me semble compliqué et l’AD de HK ne l’a pas encore. Reste donc mon dernier espoir chez Dan de Timeless Luxury Watches qui vient de les recevoir le lendemain de mon mail. Hop un petit acompte pour en réserver une et 10 jours plus tard je craque définitivement. Elle est chez moi après moins de 48 heures.
Le boîtier suit les lignes de la “Grammar of Design” (voir lien de gnkt plus haut) de la montre 44GS sortie en 1967 et qui devait porter Grand Seiko au top au niveau du design et de la finition. La boite fais 40 mm de diamètre pour 14 mm d’épaisseur. La distance corne à corne est de 47 mm et l’entre corne fait 19 mm. Pour ma part je trouve les dimensions parfaites (mon poignet fait un petit 17 mm). Cette taille lui donne un air clairement sportif mais elle reste discrète. Certains pourraient la trouver trop épaisse, mais elle épouse très bien le poignet et je trouve les proportions très réussies.
Le boîtier est très anguleux avec une alternance de surfaces polies et brossées. On dirait qu’il a été taillé à coups de sabre de samouraï. Les arrêtes sont vives et les courbes ont un grand rayon. On pourrai presque sentir des tensions dans le design. Il s’en dégage un côté à la fois beau et masculin si s’est possible.
Le pan vertical de la lunette est incliné vers l’intérieur ce qui rappelle la partie basse du boîtier. Je n’imagine pas comment il est possible de polir la boite.
Tous ces angles et surfaces lui procurent un caractère bien particulier et sportif mais sans sauter aux yeux. Le polissage est vraiment miroir, il est possible de se regarder dans la pupille avec la surface des cornes.
Le crystal en saphir est très légèrement bombé et dépasse de la lunette de quelques dixièmes de mm. Il n’est pas traité anti reflet.
Le fond en saphir permet de voir le mouvement ou plutôt le rotor… L’étanchéité est données pour 10 bars et la couronne est vissée.
Le bracelet est excellent et très confortable. Il est réglé pile-poil grâce à deux demi maillons livrés dans la boite mais je regrette qu’il n’aie pas de micro réglage.
Parlons du mouvement. Il s’agit du nouveau 9S86 basé sur le 9S85 (hi-beat à 36000 alternances) et combiné avec la fonction GMT. Il est possible de changer l’aiguille des heures par incréments d’une heure sans arrêter le mouvement et dans les deux sens. La date est réglée en ajustant l’aiguille des heures et elle passe aussi dans les deux sens.
Il est réglé en 6 positions et deux températures et est ajusté à -3/+5 sec/jour.
Le hi-beat a un long pédigrée remontant aux années 1960 lorsque Grand Seiko se battait pour les concours de chronométrie Suisses. Mon exemplaire fait environ +2-3 sec/jour.
Le rotor en titane est oxydé par anodisation pour lui donner sa couleur or. Il est très beau à regarder mais il cache ce beau mouvement ainsi que le rythme frénétique du balancier. Le mouvement et le rotor sont très silencieux, pratiquement inaudibles. Heureusement car le tic tic à 10 Hz est un peu stressant.
Il est difficile d’évaluer sa finition qui a l’air tout à fait correcte mais plutôt industrielle et sans anglages.
Voir cette trotteuse filer en douceur à 10 alternances par seconde est hypnotisant.
Le cadran offre une multitude de détails à observer tout en restant sobre et très lisible. En lumière indirecte la couleur est souvent noir ou gris charbon. Avec une lumière un peu plus directe le soleillage ainsi que la teinte vert foncé commencent à se voir. Mais cela reste très discret et subtile. À l’oeil nu on peut voir que le soleillage est constitué de tout petits traits non continus et très fins mais il faut avoir une bonne vision.
En pleine lumière alors là le cadran révèle son autre identité et laisse paraître ce magnifique soleil très fin avec un vert plus prononcé. Mais même dans ce cas il faut bien regarder et le spectacle est surtout là pour les yeux du porteur. Avec une loupe et une forte lumière ce cadran est tout simplement spectaculaire. Tout ce passe sous la surface qui est parfaitement lisse et polie. On a vraiment l’impression que le soleillage est en 3 dimensions et bouge avec la lumière. Mais bon il faut quand même une bonne loupe…
Les index en bâtons sont polis sur tous les côtés et striés sur le dessus. La finition est absolument impeccable et tous les flans et les chanfreins sont polis miroir. Le guichet de date a lui aussi des surface polies et brossées.
Les aiguilles dauphines sont larges et bien présentes. Elles sont brossées sur le dessus et avec des flans polis tel des lames de rasoir. On a l’impression de pouvoir se blesser à les manipuler. L’aiguille des minutes et la trotteuse ont leur bout légèrement inclinés vers le bas.
L’aiguille gmt est de couleur or ce qui lui procure une très bonne visibilité et contraste avec le vert foncé du cadran.
De manière générale ce cadran est très lisible grace au fort contraste du cadran foncé avec les aiguilles en métal qui offrent toujours un reflet quel que soit l’orientation.
La lisibilité reste excellente même avec une très faible luminosité.
Cette montre a clairement une orientation sportive de part sont design et ses dimensions. Mais elle reste discrète et est suffisamment habillée pour pouvoir être portée en toute situations. Je n’aurai pas d’appréhension à la porter avec un costume contrairement a d’autre montres plus sportives avec un fond et une lunette noir. Oui un jour une vraie plongeuse d’une certaine marque Suisse connue viendra complémenter cette Seiko dans ma collection et elles seront au même niveau. Mais je ne suis pas pressé, cette Grand Seiko est simplement phénoménale et me comble.
Pour conclure quelques revues et informations intéressantes:
Seiko, la manufacture des antipodes
Histoire de Seiko et Grand Seiko
The history of Grand Seiko
A Conversation with Shinji Hattori, President & CEO of Seiko
Seiko : qualité horlogère et choc des cultures
Revue de gnkt
Hands-On ablogtowatch
Hands-On horbiter
Hands-On hodinkee