FORUMAMONTRES
AccueilAccueil  PortailPortail  RechercherRechercher  Dernières imagesDernières images  S'enregistrerS'enregistrer  Connexion  
| |
 

 [REVUE] Stowa Antea Small Second : l'horlogerie à l'heure du Bauhaus

Aller en bas 
AuteurMessage
Invité
Invité




[REVUE] Stowa Antea Small Second : l'horlogerie à l'heure du Bauhaus Empty
MessageSujet: [REVUE] Stowa Antea Small Second : l'horlogerie à l'heure du Bauhaus   [REVUE] Stowa Antea Small Second : l'horlogerie à l'heure du Bauhaus EmptyMar 27 Jan 2015 - 23:01

Pour ceux qui souhaitent découvrir le préambule, c'est ICI Wink

[REVUE] Stowa Antea Small Second : l'horlogerie à l'heure du Bauhaus 723efc68b2636e3d55aadd79fc5a4381

Le Bauhaus, son histoire

En 1901, l'architecte belge Henri VAN DE VELDE fonde et prend la direction de l'Institut des arts décoratifs et industriels de Weimar (Allemagne) :

[REVUE] Stowa Antea Small Second : l'horlogerie à l'heure du Bauhaus Nicola_Perscheid_-_Henry_van_de_Velde_1904

La nationalité de l'homme lui imposera, à la défaveur de l'éclatement de la première guerre mondiale, de se démettre de ses fonctions en 1915.

VAN DE VELDE, défenseur du mouvement du Deutscher Werkbund préconisant la promotion de l'innovation dans les arts appliqués puis l'architecture au travers d'une meilleure conception et de l'artisanat, désigne Walter GROPIUS comme successeur à la tête de l'Institut.

[REVUE] Stowa Antea Small Second : l'horlogerie à l'heure du Bauhaus 250px-WalterGropius-1919

Extrait d'une famille d'importants architectes allemands (père et grand-oncle), GROPIUS a étudié l'architecture à Munich de 1903 à 1904 puis à Berlin de 1905 à 1907.

Il a notamment travaillé pour le compte de l'agence Peter BEHRENS jusqu'en 1910 et c'est à cette date qu'il a commencé à se lancer en tant qu'indépendant.

L'homme a notamment été remarqué pour sa participation à la réalisation de l'usine FAGUS (construction de 1911 à 1913).

Les façades de verre, la structure métallique et les toits plats de l'édifice marqueront au point que ce bâtiment sera inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco en 2011 :

[REVUE] Stowa Antea Small Second : l'horlogerie à l'heure du Bauhaus Eyecat10

L'Europe est violemment secouée par le premier conflit mondial et GROPIUS va devoir répondre à l'appel de la mobilisation générale allemande.

La défense de son pays l'éloigne durant plusieurs années de sa carrière.

La République de Weimar est proclamée en novembre 1918 et GROPIUS propose alors au gouvernement provisoire de réunir l'école des arts décoratifs et l'académie des beaux-arts de Weimar au sein d'un même établissement.

Le 12 avril 1919, GROPIUS succède à VAN DE VELDE et prend la direction de cette nouvelle école désormais appelée Staatliches Bauhaus zu Weimar.

Littéralement, le mot Bauhaus provient de l'allemand "Bau" qui signifie construction et "Haus" qui veut dire maison.

Le Bauhaus est donc la maison de la construction.

GROPIUS publie le manifeste et le programme du Bauhaus.
Dans ce manifeste, il annonce la vocation de l'école en ces termes : « Le but de toute activité plastique est la construction ! […] Architectes, sculpteurs, peintres ; nous devons tous revenir au travail artisanal, parce qu’il n'y a pas d'art professionnel. Il n’existe aucune différence essentielle entre l’artiste et l’artisan. […] Voulons, concevons et créons ensemble la nouvelle construction de l’avenir, qui embrassera tout en une seule forme : architecture, art plastique et peinture […] »

Une vision unitaire des arts et des techniques est clairement ambitionnée.
La conception de l'artisanat est la cheville ouvrière d'un système que GROPIUS souhaite englobant. De la conception à la façon, la démarche tend toujours vers l'objectif de la réalisation. En cela, le travail de l'architecte ne diffère guère de celui du maçon. Il en va de même pour celui du designer et du menuisier.
Il suit que l'artiste et l'artisan travaillent tous deux dans la même direction. Une direction qui constitue l'enseignement que souhaite délivrer le Bauhaus.

Les cours commencent le 1er octobre 1919.

Afin de mettre en œuvre ses idées, GROPIUS fait appel à des artistes célèbres et reconnus. Il recrute des maîtres dont le peintre Lyonel FEININGER, le sculpteur Gerhard MARCKS ainsi que le peintre et professeur d'art Johannes ITTEN.

FEININGER

[REVUE] Stowa Antea Small Second : l'horlogerie à l'heure du Bauhaus C680e264-8acf-4b25-94b7-13ce1502603e.jpg!Portrait

MARCKS

[REVUE] Stowa Antea Small Second : l'horlogerie à l'heure du Bauhaus Gerhard_marcks_333_0_0

ITTEN

[REVUE] Stowa Antea Small Second : l'horlogerie à l'heure du Bauhaus Itten001

Malgré les difficultés de l'après-guerre, les ateliers sont peu à peu mis en place.

En 1920, afin de favoriser le rapprochement entre les arts et l'artisanat, le conseil de maîtrise décide d'une réforme importante : chaque atelier du Bauhaus est placé sous la responsabilité conjointe d'un maître artisan (Werkmeister) et d'un artiste, maître de la forme (Formmeister).

Cette modification de la structure de l'enseignement permet d'acter le rapprochement appelé de ses voeux par GROPIUS. Une approche globale de la façon qui organise la promotion d'un échange constant entre la fonction et la forme.

Au début de l'année 1921, les peintres Paul KLEE et Oskar SCHLEMMER sont nommés maîtres tandis qu'à l'automne le peintre Lothar SCHREYER est nommé responsable du département spectacle.

KLEE

[REVUE] Stowa Antea Small Second : l'horlogerie à l'heure du Bauhaus Paul_Klee_1911

SCHLEMMER

[REVUE] Stowa Antea Small Second : l'horlogerie à l'heure du Bauhaus 18_schlemmer_13

SCHREYER

[REVUE] Stowa Antea Small Second : l'horlogerie à l'heure du Bauhaus Lothar_schreyer_376_0_0

Theo VAN DOESBURG, membre fondateur de la revue et du mouvement De Stijl qui s'est installé à Weimar en avril 1921, donne des conférences au Bauhaus et présente son travail lors de plusieurs expositions :

[REVUE] Stowa Antea Small Second : l'horlogerie à l'heure du Bauhaus Theo_van_Doesburg_in_Davos_01

A cette occasion, il critique l'expressionnisme dont se réclame GROPIUS et promeut un constructivisme fonctionnaliste porté par l'utilisation de la machine comme outil de création.

La critique de VAN DOESBURG s'appuie sur certaines réalisations antérieures de GROPIUS et notamment le Monument aux morts de Mars érigé à Weimar en 1921. Une réalisation dont les codes sont emprunts d'un affect sans rapport avec les principes du Bauhaus et de son directeur :

[REVUE] Stowa Antea Small Second : l'horlogerie à l'heure du Bauhaus Monument-aux-morts-de-mars

Au cours de l'année 1922, GROPIUS fait évoluer les objectifs du Bauhaus vers une réflexion sur l'utilisation des méthodes industrielles pour créer. Il semble que les arguments de VAN DOESBURG aient marqué le directeur en participant de l'infléchissement de la trajectoire initiée par VAN DE VELDE.
L'objectif est désormais de briser la dichotomie entre l'art et l'industrie en favorisant la production sérielle des objets puis des logements. Le but est de rendre ces objets accessibles au plus grand nombre afin de les porter vers un public toujours plus large.

La massification de la production et la grande diffusion va devenir un véritable crédo pour l'institution qui porte désormais une dynamique "sociale".

L'évolution de l'outil productif est une opportunité et justifie l'éloignement de l'artisanat originel.

Il suit que l'héritage historique du Deutscher Werkbund est peu ou prou abandonné.

Cette évolution radicale de la posture de GROPIUS a longuement alimenté une controverse que nous ne pourrons pas résoudre ici.

Le directeur du Bauhaus est-il un partisan silencieux du fonctionnalisme De Stijl et de VAN DOESBURG? A-t-il cédé contre ses convictions à l'amendement des principes de VAN DE VELDE pour éviter de perdre la direction de l'école? Impossible d'être affirmatif...

Certains maitres dont ITTEN vont clairement s'opposer à cette évolution vers la production de masse. Progressivement, ITTEN sera d'ailleurs écarté par GROPIUS.

Le peintre Vassily KANDINSKY (1866-1944) est engagé comme maître au Bauhaus :

[REVUE] Stowa Antea Small Second : l'horlogerie à l'heure du Bauhaus VassilyKandinsky1

Je m'autorise ici une petite digression biographique car KANDINSKY est une figure passionnante! De nationalité russe puis française à partir de 1939, l'homme est considéré comme le père de l'abstraction moderne.
KANDINSKY est né à Moscou et a passé son enfance à Odessa. Son parcours atypique le verra s'inscrire à l’université au sein d'un cursus de droit et d’économie. Il décide de commencer des études de peinture sur le tard à l’âge de 30 ans.
En 1896, l'homme s’installe à Munich où il suit l'enseignement de l’Académie des Beaux-Arts. Il retourne ensuite à Moscou en 1918 après la Révolution bolchevik mais est profondément opposé aux théories officielles de l’art diffusées par le régime. Il décide alors d'une nouvelle installation en Allemagne en 1921. Il deviendra enseignant au Bauhaus au cours de l'année 1922 et ce jusqu'à la fermeture de l'école en 1933. Il émigre alors en France puis s'éteint à Neuilly-sur-Seine en 1944.
Figure décalé du Bauhaus, l'homme s'est rapidement démarqué du constructivisme théorisé par la seconde partie du directorat de GROPIUS en affirmant un traitement spécifique des surfaces particulièrement riche en couleurs et en dégradés.

Reprenons le fil de nos développements...

Nous sommes au début de l'année 1923 et ITTEN décide de quitter définitivement le Bauhaus. Il est remplacé par l'artiste constructiviste László MOHOLY-NAGY, l'un des amis de VAN DOESBURG et partisan du courant De Stijl.

Ce membre du Groupe G devient responsable de l'atelier de métal et assure le cours préliminaire :

[REVUE] Stowa Antea Small Second : l'horlogerie à l'heure du Bauhaus Laslo_moholy_nagy_361_0_0

GROPIUS modifie la devise du Bauhaus. "L'art et la technique, une nouvelle unité" vient remplacer la maxime du manifeste originel selon laquelle "il n’existe aucune différence essentielle entre l’artiste et l’artisan".

La rupture avec l'expressionnisme est définitivement consommée. Les idées de VAN DOESBURG et du mouvement De Stijl sont totalement intégrées par le Bauhaus.

A l'occasion de l'exposition de l'été 1923 à Weimar, la maison prototype Haus am Horn est créée.

Cette réalisation incarne la révolution conceptuelle que le Bauhaus vient de réaliser en teintant fortement son enseignement de constructivisme et de fonctionnalisme :

[REVUE] Stowa Antea Small Second : l'horlogerie à l'heure du Bauhaus 2006_35.1

L'aménagement intérieur et le mobilier ont été conçus par Marcel BREUER qui est également le créateur du fameux fauteuil WASSILY :

[REVUE] Stowa Antea Small Second : l'horlogerie à l'heure du Bauhaus Marcel_breuer_310_0_0

[REVUE] Stowa Antea Small Second : l'horlogerie à l'heure du Bauhaus Arton219-a1903

1924, le gouvernement social-démocrate est battu aux élections du land de Thuringe.

Les conservateurs qui réclamaient la fermeture du Bauhaus décident de diviser par trois la subvention précédemment accordée à l'institution.

Dans ce contexte, le 26 décembre 1924, les maîtres déclarent la dissolution du Bauhaus de Weimar au 1er avril 1925.

Afin de soutenir le Bauhaus, le Cercle des amis du Bauhaus (Kreis der Freunde des Bauhauses) est fondé. Marc CHAGALL, Albert EINSTEIN et Gerhart HAUPTMANN font notamment partie de son conseil d'administration.

CHAGALL

[REVUE] Stowa Antea Small Second : l'horlogerie à l'heure du Bauhaus Chagall_France_1921

EINSTEIN

[REVUE] Stowa Antea Small Second : l'horlogerie à l'heure du Bauhaus 1-albert-einstein-1879-1955-everett

HAUPTMANN

[REVUE] Stowa Antea Small Second : l'horlogerie à l'heure du Bauhaus 953_Gerhart_Hauptmann

Les maîtres du Bauhaus choisissent Dessau-Roßlau pour la refondation de l'école.

L'une des raisons du choix de cette ville industrielle est le manque important de logements. GROPIUS qui prône désormais l'industrialisation de la construction se voit confier par la municipalité la création d'une cité à Dessau-Törten.

Les cours reprennent au Bauhaus en mars 1925.

Tous les maîtres à l'exception de Gerhard MARCKS déménagent à Dessau tandis que quelques jeunes maîtres comme Herbert BAYER ou Marcel BREUER sont nommés responsables d'ateliers.

GROPIUS adapte à nouveau le programme d'enseignement du Bauhaus afin de contribuer au développement d'un habitat moderne "de l'appareil électroménager le plus simple au logement complet".

Le nombre d'ateliers est réduit à six et GROPIUS fonde Bauhaus GmbH afin de commercialiser les produits réalisés par l'école. La conversion du Bauhaus en un établissement économiquement rentable semble indispensable en vue d'éviter que les mésaventures précédentes ne se reproduisent.

En effet, la dépendance de l'institut de Weimar à des fonds publics ayant abouti à sa fermeture pour des raisons politiques, le directeur veut assurer l'autonomie financière de sa nouvelle structure afin de la pérenniser et d'en garantir la totale autonomie.

La construction du bâtiment du Bauhaus de Dessau, le plus célèbre entre tous, se déroule au cours des années 1925 et 1926 :

[REVUE] Stowa Antea Small Second : l'horlogerie à l'heure du Bauhaus Bauhaus_07

A proximité immédiate de ce nouveau complexe immobilier, GROPIUS fait également construire la maison des maîtres :

[REVUE] Stowa Antea Small Second : l'horlogerie à l'heure du Bauhaus Bhdessau1

Le projet confié par la municipalité de Dessau en vue de la création d'une cité avance rapidement :

[REVUE] Stowa Antea Small Second : l'horlogerie à l'heure du Bauhaus W7c1i09

Tous les aménagements du bâtiment sont réalisés par les divers ateliers du Bauhaus.

L'unité de la conception et de la réalisation trouve ici sa pleine expression. Ces deux versants de la création sont irrigués par le même principe : la forme doit suivre la fonction.

Les 4 et 5 décembre 1926, les bâtiments sont inaugurés.

Les invités assistent à une grande fête au cours de laquelle sont organisés des expositions, des spectacles musicaux et théâtraux.

En avril 1927 et pour la première fois de son histoire, le Bauhaus ouvre un département d'architecture sous la direction de Hannes MEYER :

[REVUE] Stowa Antea Small Second : l'horlogerie à l'heure du Bauhaus HannesMeyer

Le peintre Georg MUCHE quitte le Bauhaus et est remplacé par Gunta STÖLZL à la tête de l'atelier de tissage :

MUCHE

[REVUE] Stowa Antea Small Second : l'horlogerie à l'heure du Bauhaus Pw_k_muche

STÖLZL

[REVUE] Stowa Antea Small Second : l'horlogerie à l'heure du Bauhaus Gunta_stoelzl_384_0_0

Début 1928, GROPIUS annonce sa démission de la direction du Bauhaus pour se consacrer davantage à l'architecture. MOHOLY-NAGY, BAYER, et BREUER quittent également l'institution.

C'est Hannes MEYER qui assure la succession de GROPIUS. L'architecture se retrouve donc au coeur des préoccupations de l'école à l'aube des années 30.

MEYER décide de marquer de son empreinte l'organisation structurelle et l'enseignement de l'école. Il demande notamment aux ateliers d'être plus rentables et de travailler à des créations répondant aux besoins populaires.
La rupture décidée par GROPIUS avec la philosophie originelle de VAN DE VELDE est définitivement entérinée. L'artisanat n'est plus le biais par lequel l'école veut se développer. Elle mise désormais sur un modèle dérivé de celui qui règne aux Etats-Unis. En effet, le fordisme a amorcé une nouvelle manière d'envisager la production et cette méthode tend à se développer en Europe.
La révolution industrielle pénètre ainsi le modèle initial et déporte l'objet du Bauhaus sans le modifier fondamentalement. Il s'agit toujours d'unifier les processus de conception et de réalisation mais en favorisant une approche sérielle.

Les aspects scientifiques et techniques prennent désormais le pas sur l'esthétisme pur. Comme l'évoque MEYER, les créations doivent être "nécessaires, justes et de ce fait aussi neutres […] que l'on puisse imaginer".

Parallèlement, le nombre d'élèves est porté à 200. Le Bauhaus démocratise simultanément ses créations et son enseignement.

En juillet 1929, les ateliers de métal, de menuiserie et de peinture murale sont fusionnés en un atelier de second œuvre dirigé par Alfred ARNDT :

[REVUE] Stowa Antea Small Second : l'horlogerie à l'heure du Bauhaus Alfred_arndt_292_0_0

Un département photographie est créé sous la direction de Walter PETERHANS :

[REVUE] Stowa Antea Small Second : l'horlogerie à l'heure du Bauhaus Peterhans

L'architecte et urbaniste Ludwig HILBERSEIMER est également recruté :

[REVUE] Stowa Antea Small Second : l'horlogerie à l'heure du Bauhaus Ludwig_hilbersheimer_316_0

MEYER est de plus en plus contesté par le corps professoral qui lui reproche son approche excessivement sociale de l'enseignement et sa vision scientifique de la création.
Des accusations portent sur ses activités pro-communistes qui participent d'une politisation excessive de l'école et de son enseignement.

Il est finalement écarté au profit de l'architecte allemand Mies VAN DER ROHE :

[REVUE] Stowa Antea Small Second : l'horlogerie à l'heure du Bauhaus Ludwig_Mies_van_der_Rohe

L'ami de VAN DOESBURG et partisan des influences portées par le courant De Stijl va entreprendre de purger les influences de son prédécesseur en décidant du renvoi de plusieurs étudiants communistes qui soutenaient ouvertement la démarche de feu le directeur MEYER.

Les nouveaux statuts entrent en vigueur au cours de l'année 1930 et interdisent toute activité politique au sein de l'établissement. Le programme est revu et le cours d'architecture devient l'axiome fondamental autour duquel s'articule l'ensemble de l'enseignement dispensé.

Le peintre KLEE et la tisserande STÖLZL quittent à leur tour l'institution.

En novembre 1931, le parti national-socialiste, idéologiquement opposé au Bauhaus, remporte les élections au conseil municipal de Dessau.

Le 22 août 1932, une résolution des nazis demandant sa dissolution est finalement votée.

Pourquoi les nazis n'appréciaient pas le Bauhaus?
En adaptant ses conceptions à la nouvelle industrie axée sur la production de masse, la pensée de l'école a fait un pas résolu en direction de la vie moderne et de l'amélioration des conditions sociales.
Cet engagement verra la création d'un style populaire tant par la forme du mobilier que dans la construction des habitations. Le mouvement national-socialiste se réclamait des mêmes idées mais réfutait avec force le "bolchevisme culturel" qu'incarnait notamment le directeur MEYER.
Alors qu'ils s'en prenaient déjà à "l'art dégénéré", les hitlériens chassèrent du Bauhaus tous les représentants du ce "bolchevisme culturel" tant dénoncé.
C'est ainsi qu'un grand nombre de réalisations, longuement mûries au sein de la section d'architecture de l'école, durent céder la place aux conceptions nazies du Sang et du Sol.
À la place de la lumière, de l'air et de l'ouverture vers l'extérieur qui constituaient jusqu'alors les symboles d'un habitat perfectionné, la parole de pierre va devenir le symbole caractérisant ce que les nouveaux maîtres appelaient la foi, la volonté et la force créatrice du national-socialisme.

Le Bauhaus de Dessau ferme le 1er octobre 1932.

Les villes sociales-démocrates de Magdebourg et Leipzig se prononcent en la faveur de l'accueil de l'institution.

Mies VAN DER ROHE avait néanmoins décidé en amont de la dissolution de déménager l'école à Berlin et d'en faire une structure privée. Les locaux sont installés au sein d'une ancienne usine de téléphone :

[REVUE] Stowa Antea Small Second : l'horlogerie à l'heure du Bauhaus Berlin

Le 11 avril 1933 voit la police politique allemande effectuer une perquisition qui aboutira à la mise sous scellés du Bauhaus.

Le directeur discute sa réouverture sous la forme d'une école d'art privée avec les autorités de l'époque mais ces dernières posent des conditions drastiques, notamment le renvoi de KANDINSKY et HILBERSEIMER.

Le 19 juillet de la même année, VAN DER ROHE et les maîtres prononcent la dissolution du Bauhaus.

En proie à une hostilité nazie toujours plus virulente, la plupart des anciens membres quittent l'Allemagne et trouvent refuge aux États-Unis. Les œuvres de l'école sont alors systématiquement détruites par le Reich.

Ces personnes, dont l'ancien directeur MEYER, vont participer à la transfiguration architecturale de Tel-Aviv. Un style épuré, sobre dans ses principes et rationnelle dans ses formes habillera désormais la ville.

Ci-dessous, le musée du Bauhaus au coeur de la métropole israélite :

[REVUE] Stowa Antea Small Second : l'horlogerie à l'heure du Bauhaus Bauhaus_Tel-Aviv_museum

En 25 ans, près de 4000 bâtiments de style Bauhaus ont été construits à Tel-Aviv lui conférant un cachet architectural unique au sein duquel l’homme est placé au coeur des créations.

La ville portait le nom de Ville Blanche en raison des façades recouvertes d’un crépi blanc uni :

[REVUE] Stowa Antea Small Second : l'horlogerie à l'heure du Bauhaus 40

Un important programme de réhabilitation a été mis en œuvre pour le centenaire de Tel-Aviv (1909-2009).

Nous retiendrons qu'en une brève existence d'à peine 20 ans, le Bauhaus a profondément marqué l'architecture, le design et les arts au sens large.

L'émergence du style international porté par Mies VAN DER ROHE après son exil aux Etats-Unis permettra de pérenniser cet héritage.

Aujourd'hui encore, le magistère d'influence exercé par le Bauhaus imprègne profondément le travail de nombreux créateurs.

Le Bauhaus et Stowa

[REVUE] Stowa Antea Small Second : l'horlogerie à l'heure du Bauhaus STOWA

Revendiquant une conception unitaire des arts de la conception et de la façon, le Bauhaus espère embrasser de son souffle toutes les disciplines connues.

L'horlogerie ne fait pas exception et la manufacture saxonne LANGE & SÖHNE va créer dès 1924 une montre inspirée des principes de GROPIUS et de ses disciples :

[REVUE] Stowa Antea Small Second : l'horlogerie à l'heure du Bauhaus Antea-11

STOWA voit le jour en 1927.

Son fondateur Walter STORZ s'établit dans la manufacture de son père à Hornberg en Allemagne. Le nom de l'entreprise nait d'une contraction de son nom et de son prénom : STO pour STORZ et WA pour Walter.
Il amorce son activité en proposant des pièces dont la plupart des codes stylistiques sont hérités du Bauhaus :

[REVUE] Stowa Antea Small Second : l'horlogerie à l'heure du Bauhaus Antea-12

Les yeux les plus affutés remarqueront que les cornes Stowa sont légèrement plus épaisses et que le cadran comporte l'intégralité des index chiffrés (Lange avait opté pour un allègement visuel en retenant seulement les index pairs).

L'Antéa Small Second dont nous allons parler est l'héritière d'une philosophie ancrée dans 80 ans d'histoire :

[REVUE] Stowa Antea Small Second : l'horlogerie à l'heure du Bauhaus 2707e410

L'entreprise prospère et en 1938, la marque est devenue suffisamment florissante pour envisager la construction de ses propres locaux à Pforzheim.

En 1939, la production de la "Beobachtungsuhr" ou "B-Uhr" utilisée par la Luftwaffe durant la seconde guerre mondiale débute :

[REVUE] Stowa Antea Small Second : l'horlogerie à l'heure du Bauhaus Laco-b-uhr-vintage-01

5 compagnies ont été choisies par le gouvernement allemand pour produire ces modèles : LANGE, LACO, WEMPE, IWC et STOWA.

Le 23 février 1945, l'usine STOWA est détruite par un bombardement allié. Pendant que la fabrique est reconstruite, Walter STORZ déplace la production à Rheinfelden afin de garantir la continuité de la production.

En 1951, STOWA construit une autre usine à Rheinfelden :

[REVUE] Stowa Antea Small Second : l'horlogerie à l'heure du Bauhaus GebC3A4ude-webbild_2

Les deux usines restent ouvertes afin d'accroître la production. Dans les années 1950, les montres STOWA sont distribuées dans près de 80 pays et plus de 50 % de la production est exportée.

En 1960, Warner, le fils de Walter STORZ, rejoint l'entreprise et se concentre principalement sur le marché étranger.

Walter STORZ décède en 1974 et son fils dirigera l'entreprise jusqu'en 1996. Jörg SHAUER rachète alors l'entreprise. La suite, vous la connaissez!

Retenons que la naissance de Stowa et son histoire sont intimement liées à celle du Bauhaus.

L'Antéa Small Second

La fiche technique :

Dimensions
Diamètre : 35.50 mm
Epaisseur : 6.90 mm
Entrecorne : 18 mm
Corne à corne : 44.60 mm
Etanchéité : 3 ATM
Poids : 41 gr. (sur cuir), environ 85 gr. (sur bracelet métal)

Matériaux
Boite : Acier
Cadran : Argenté
Crystals:  Sapphire crystal and sapphire display case back
Aiguilles : Temperature-blued steel
Couronne : Acier avec logo STOWA

Mouvement
Calibre : Peseux 7001
Remontage : manuel
Alternances par heure : 21,600 A/H
Fonctions : Heure, minute et petite seconde
Réserve de marche : environ 42 heures
Rubis : 17
Finition : Côtes de Geneve, rhodiage, visserie bleuie, logo STOWA gravé

Boite et cadran :

C'est un sentiment de pureté qui domine l'expérience. Une grande sobriété habille l'ensemble d'une élégance fonctionnelle, sans aucune ostentation.

La boite, d'un diamètre contenu de 35,5mm, participe grandement de cette légèreté. Des cornes fines et tendues répondent à la rondeur du cadran, un contraste saisissant des formes qui a quelque chose d'architectural.

Les index noirs contrastent agréablement avec les aiguilles dont la couleur hésite entre le bleu électrique et le marine profond selon l'angle du poignet puis la lumière ambiante.

La police Art déco utilisée est parfaitement sobre et magnifie la pureté du cadran.

L'intégration du logo "STOWA" est impeccable. Pas de littérature surabondante pour encombrer l'oeil qui peut ainsi se consacrer exclusivement à la lecture de l'heure, sans aucune pollution.

La petite seconde est elle aussi parfaitement intégrée.
Le diamètre de la boite étant de 35,5mm, le Peseux ne nage pas trop à l'intérieur et le positionnement de cette complication se fait harmonieusement en regard du reste, ni trop haut ni trop bas.
Un détail qui compte : le compteur, au fond agréablement soleillé, ne coupe aucun index. En effet, le 6 a été purement et simplement supprimé pour éviter ce désagrément visuel qui agace bien souvent les propriétaires.

Revendiquant fièrement ses origines, le cadran de l'Antéa arbore un discret "Made in Germany". Il ne me dérange aucunement mais, dans l'absolu, je pourrais m'en passer.

Pas de date... Un choix assumé et revendiqué de ma part : la montre, c'est avant toute autre chose la lecture de l'heure.

Mouvement :

Le Peseux 7001 est agrémenté d'un rhodiage, de belles côtes de Genève et d'une très germanique visserie bleuie.

Ce calibre, un brin roturier selon beaucoup d'amateurs en horlogerie, est en réalité un tracteur fiable et éprouvé. Son unique faiblesse concerne le réglage et il est bien souvent difficile d'en faire un chronomètre (je vous ferai un retour dans quelques jours à ce sujet après plusieurs mesures).

Le remontage manuel du mouvement permet de contenir l'épaisseur de la belle et d'éviter un déséquilibre du fait de son diamètre raisonnable.

Au final, le calibre sied parfaitement à la montre et dans ce domaine encore, la forme suit parfaitement la fonction : c'est simple et efficace.

Le porté :

La première chose qui m'a frappé en la passant au poignet, c'est son incroyable légèreté. La montre s'oublie totalement et glisse parfaitement sous la chemise.

Les finitions sont excellentes et les aiguilles s'électrisent à la moindre inclinaison de la main.

Bref, du très bon.

Des regrets?

Quelques détails sans grande importance mais que je souhaite mentionner :

- Le fond transparent que je trouve sans rapport avec l'esprit de la montre et dont je pourrais parfaitement me passer. Nomos propose d'ailleurs sur sa Tangente un fond plein et c'est, à mon avis, une excellente idée.

- La boucle déployante un brin épaisse et qui ne sied guère à l'esthétique de la montre (j'ai demandé par mail à Stowa de m'envoyer un ardillon, nous verrons si on me demande un petit supplément).

- L'absence d'outil pour dévisser la fixation de la déployante (Sinn en met toujours un dans son set et c'est bien pratique).

Quelques photos :

[REVUE] Stowa Antea Small Second : l'horlogerie à l'heure du Bauhaus Stowa_22

[REVUE] Stowa Antea Small Second : l'horlogerie à l'heure du Bauhaus Stowa_23

[REVUE] Stowa Antea Small Second : l'horlogerie à l'heure du Bauhaus Stowa_26

[REVUE] Stowa Antea Small Second : l'horlogerie à l'heure du Bauhaus Stowa_24

[REVUE] Stowa Antea Small Second : l'horlogerie à l'heure du Bauhaus Stowa_25

Les remerciements

J'espère que vous aurez pris autant de plaisir à lire cette revue que j'en ai eu à l'écrire.

Je remercie chaleureusement tous ceux qui ont pris le temps de passer sur mes posts pour suivre l'acquisition de cette montre. Une acquisition qui a une saveur très particulière puisqu'elle est l'aboutissement horloger d'un intérêt qui perdure depuis longtemps.

Le Bauhaus vous sera désormais un peu plus familier et pour les plus passionnés, je recommande chaleureusement l'ouvrage de Jeannine FIEDLER et Peter FEIERABEND, la référence en la matière Wink.

Vous pouvez commenter cette revue dans le fil dédié ICI  Chinois

Amicalement,

A.
Revenir en haut Aller en bas
 
[REVUE] Stowa Antea Small Second : l'horlogerie à l'heure du Bauhaus
Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» Stowa Antea Small Second ou Stowa Partitio ?
» Stowa Antea back to bauhaus (b2b)
» Revue Stowa Antea Ks
» Revue / review Stowa Antea Ks ( kleine Sekunde )
» Stowa Bauhaus 60's NOS

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
FORUMAMONTRES :: LES RUBRIQUES DE FORUMAMONTRES :: Revues, Vidéos, Photographies, Fiches pratiques...-
Sauter vers: