bonjour à tous et à toutes
(même si j'ai des doutes sur la présence de ces dernières...)puisque chacun y va de sa révision de comtoise voici ma contribution effectuée il y a deux ans pour une amie.
On retrouvera ci-dessous les étapes pour le mouvement, mais pas la remise en état de la jolie caisse empire laissée à ses bons soins.
La bestiole à son arrivée, comtoise de 3éme génération, fronton Louis XV et cornes d'abondance env. 1835 (ça tombe bien la date du cadran est postérieure), grande cage, king size, full premium de base.
De l'huile de coude en perspective pour le fronton mais finalement pas tant que ça vous verrez, oui c'est frustrant, je sais que plein d'entre nous ici aiment l'astiquer sévère voire avec de gros engins qui frottent, désolé.
Bilan mouvement : un joyeux amateur spécialiste de giclure solitaire a ardemment lubrifié les dentures, l'huile s'est littéralement fossilisée.
ce qui va être la principale difficulté lors de la révision, les différents bains ne venant pas à bout de la graisse figée.
l'huile figée brille de mille feux, ouah
...éclairant de son éclat lugubre un no man's land moutonneux uniquement peuplé d'un chewing-gum venu jadis y pousser son dernier râle.
Ou alors il s'agit de cire de graisse de mouton, qui sait.
Le sommet est moins désolé et désert que le siège du PS rue de Solférino mais avouez que votre esprit jubile et la queue frétille à l'idée de tout briquer (avouez !)
Le palpeur du réveil, pend lui, flaccide et penaud mais bon globalement ça se présente bien, pas de casse ou d'usure prononcée.
...exceptées ces satanées gouttes d'huiles figées pour l'éternité des 2 jours à venir et qui vont bien finir par lâcher au burin, non mais
dans le château, tout est figé depuis le moyen âge, une ficelle de chanvre de franciscain défroqué soutenait vaillamment la lentille, je mets de côté la ficelle pour un autre usage plus sympathique.
Autrefois, un oiseau est venu se pose sur l'arbre et lui a laissé un souvenir lubrifiant, sinon je vois pas ce qui a pu se passer pour expliquer ces coulures.
(les amateurs d'histoire navale auront remarqué la trace d'impact d'une torpille type Mk2 sur le flanc du tambour, certainement tirée par un sous marin suisse envieux de notre belle industrie de ce temps là)
bon, arrivés là
on arrête tout, on respire un bon coup et on regarde bien, attention ça va aller très très vite
tadaaam, le mouvement est révisé !
(en fait j'ai surtout abrégé vos souffrances en vous épargnant le remake des 14 pages précédentes...)
voilà, pas de chichis, tout été amoureusement démonté, décapé, gratté, trempatouillé, vérifié, lubrifié et calé mais pas poli (j'aime pas ça)
Au chapître des compromis, je n'ai pas repris les dents du rochet de marteau, j'ai en revanche ajusté le ressort de rappel de la tige du marteau pour éviter une trop forte pression et éviter une usure supplémentaire.
Un réveil équipe le mouvement, ce qui ne sautait pas aux yeux étant donné l'absence du disque de réglage au centre du cadran.
Il est à présent fonctionnel mais ne sera pas activé, mon amie ne désirant pas réveiller les morts du cimetière adjacent...
j'aime bien l'aspect brut de ces mouvements et les marques de leur façon.
plusieurs tests dans des conditions physiques éprouvantes ont décidé de l'adoption de la ficelle à roti, résistante, souple et facilement nouable. Recyclable pour un roti, mais un très petit roti forcément. (j'ai noté que tout le monde aime manger sur ce fil).
Venons-en maintenant aux mains ou plutôt aux coudes, là on va faire briller et maquignonner
Rappel : on vient de ça, il faut un peu redresser les parties tordues, c'est vrai
ensuite c'est bête comme chou : on badigeonne du mélange magique et on attend en buvant un café ou en dégustant le roti cuisiné avec le reste de la ficelle. Surtout on ne touche pas, ça travaille tout seul.
et on nettoie à l'eau tiède car il faut bien bosser un peu. Désolé pour ceux qui astiquent aux produits abrasifs ou caustiques, on fait même les coins inaccessibles avec cela.
Ne pas oublier la couche de (pub !) vernis Liberon qui, outre sa facilité d'application, a le bon goût de laisser une fort jolie patine s'installer après quelques temps.
Les belles aiguilles soleil sont redressées et nettoyées de façon identique pour préserver leur joli martelage.
et surtout les beaux poinçons de tête de femme africaine qui les ornent.
Satan se niche dans les détails, on va aller y faire un peu de ménage.
Les vis sont corrodées, noires et crasseuses, petit tour de tour et d'ébavurage
et coup de bleuissage, c'est joli et ça protège la surface.
Le brûleur pour caquelon sera bientôt distribué chez Bergeon, vous affolez pas.
(photo floue oui je sais)Je procède à un dernier contrôle de liaison ancre balancier pour contrôler l'absence de jeu
Tout cela sent bon la bonne saucisse de Morteau à point, il reste quelques petits trucs à voir, comme suspendre le balancier sur une accroche maison garantie sans retournement.
Re-tadaaamm, tout est remonté, les vis bleues fixent le fronton et d'autres pièces, des oeillets équipent les trous de carré de remontage, un disque de réglage du réveil a été trouvé et ajusté, le cuir de la cloche remplacé, il reste le travail de réfection du poc à 11h et remplacer les cordes.
Lancement des essais dynamiques avec des poids réduits à la disqueuse pour atteindre le poids inférieur à utiliser sur ces mouvements.
L'amplitude est belle, le tic et le tac sont chantants, la sonnerie est digne d'un transatlantique. Ouf
Voilà, c'est fini elle est prête à être livrée pour la plus grande joie de sa propriétaire qui héberge cette antiquité alors que sa freebox lui donne l'heure juste.
et dans le même carton qu'à l'arrivée
Merci d'avoir lu, j'avoue que c'est très sympa à réviser mais à côté d'un microtor ou d'une diapason, j'ai l'impression de démantibuler un tractopelle.
Ceci dit, les réglages demandent un peu de finesse tout de même mais vous le savez bien évidemment.
a+ Messieurs et (éventuelles) Dames