Revue illustrée de l’
Orient Mako II (FAA02002D)
(tl;dr Plus de poussoir, nouveau mouvement, elle est top vous pouvez y aller)
J’avoue, j’ai mis longtemps avant de découvrir les montres
Orient (et ça n’a pas été grâce à leur site).
Comme avec Seiko, j’était trop absorbé par les marques Suisses prestigieuses et ne m’intéressais pas à l’entrée de gamme.
Dans un premier temps je me suis intéressé aux montres budget dans le but de tester différents styles et tailles de montres pour éviter toute erreur de casting sur une montre plus onéreuse. Mais avec le temps j’apprécie aussi de les porter aux côtés de mes autres montres. J’aime bien en fait ce monde de l’entrée de gamme qui est très diversifié et où l'on peut facilement se permettre un coup de tête tout en ayant accès à des montres bien pensées et de qualité.
Parcourez les forums de montres d’entrée de gamme et l’
Orient Mako fera rapidement surface dans beaucoup de discussions. Et la
Mako n’est pas seule dans ce segment, en fait
Orient propose une incroyable diversité de montres mécaniques à des prix très bas pour une finition et une qualité générale équivalente à des montres bien plus cher.
Je garde un malin plaisir à porter la Bambino sachant qu'elle m'a coûté moins cher que son bracelet alligator… Maintenant j’adore l’ensemble qui est très réussi.
Il me semble que seul Seiko représente une vraie alternative face à
Orient sur le marché de l’entrée de gamme et qualitatif des montres mécaniques.
La société
Orient a été fondée au Japon en 1950 et est maintenant contrôlée par Seiko depuis 2001.
Cependant
Orient a gardé son indépendance et ne fait pas partie de la Seiko Watch Company et il n’y a pas de mouvement Seiko dans une montre
Orient.
Mako n'est pas son nom officiel, pour la petite histoire j’ai lu que ce nom tient son origine du Poor Man’s Watch Forum en 2004. Un certain Dan avait nommé la montre
Mako à sa sortie car le cadran bleu lui rappelait la Corvette
Mako Shark des années 60 et le nom est resté depuis.
La
Mako a une identité bien personnelle qui était encore plus marquée avec cette protubérance — pardon, poussoir — à deux heures nécessaire pour le changement de date (ah non seulement du jour en fait).
Il semble que beaucoup de monde trouve que ce poussoir ajoute un certain charme et une identité à la
Mako, mais pour ma part je le trouve aussi bien inesthétique qu’inutile. Car non seulement il casse la symétrie du boitier mais aussi il révèle une déficience du mouvement et en plus il rajoute un potentiel point faible dans l’étanchéité d’une plongeuse.
Cette nouvelle version de la
Mako sans poussoir à 2h remédie ainsi à ce problème et lui donne à mon avis une allure plus contemporaine. D’après mes recherches, les seules différences entre la nouvelle et l’ancienne sont le boitier et un nouveau mouvement. Les autres éléments semblent être identiques.
Cette dernière
Mako est dotée d’un nouveau mouvement automatique in-house fabriqué au Japon et dénommé F6922. Il possède 22 rubis, il peut enfin être remonté manuellement et il est aussi doté d’un stop seconde et bat à 3 Hz comme son prédécesseur — le 46943 fabriqué à plus de 100 millions d’exemplaires en plus de 40 ans. La date et le jour sont ajustés avec la couronne alors qu’avec l’ancienne
Mako le jour devait se changer avec le poussoir à 2h.
Je n’ai pas trouvé d’avantage d’informations sur ce nouveau mouvement si ce n’est qu’il est très récent et commence à équiper de plus en plus de montres
Orient sur le marché domestique Japonais et va probablement à terme remplacer le 46943. J'ai aussi comme information qu'il équipera la prochaine Bambino (mais sans le jour).
Le remontage manuel est agréable et facile, même doux, mais surtout c'est la mise à l’heure m’a surpris. Il n’y a pas de jeux lorsqu’on avance ou recule l’heure pour positionner l’aiguille des minutes sur un index, contrairement à beaucoup de montres haut de gamme, inclus certaines montres à la couronne… En tout cas ce mouvement me laisse une bonne impression.
Qu'il est beau ce bleu...
Pour ce qui est de la précision, là aussi je suis agréablement surpris même si pour moi ce n’est pas trop important tant qu’une montre reste à moins de 10 s/j. Mais voici quelques détails pour ceux que cela intéresse.
Elle avance de 7 s/j en la portant la journée et posée à plat la nuit. J’ai fais quelques tests pour évaluer les variations et voici ce que ça donne. Elle avance d'environ 10 s/j posée à plat et recule d’environ 6 à 8 s/j lorsqu’elle est posée sur la tranche. C’est-à-dire que sur une nuit elle va prendre ou perdre au plus dans les 2 à 4 secondes selon la position. Au poignet elle fait environ +3 s/j (donc environ 2 secondes en une journée de porté) si bien qu’il suffit de la placer sur le côté la nuit pour la garder à l’heure.
On est certes pas dans le COSC mais j’ai réussi à la porter plus d'une semaine avec une avance totale de 3 secondes en la posant sur le côté la nuit. Mais même posée à plat toutes les nuits on est dans les 7 s/j ce qui me va très bien.
Le boitier fait 41 mm de diamètre pour 47 mm de corne à corne et 13 mm d’épaisseur (l’entre-corne est de 22 mm). Je trouve ces dimensions parfaites pour une plongeuse adaptée à un poignet moyen, ce qui deviens de plus en plus difficile à trouver. Heureusement qu’
Orient n’a pas touché aux dimensions.
Pour ceux qui aiment quand les cornes dépassent ou qui ont un poignet de bucheron, il existe une version XL.
À titre de comparaison, la Seiko SKX007 fait 42.5 x 46 x 13 mm (la lunette fait 40 mm et L’entre-corne est de 22 mm) et la Sea Dweller fait 40 x 46 x 15 mm.
Bien que de tailles différentes, ces trois montres ont un ressenti au porté qui est très similaire et leur faible hauteur corne à corne est très bienvenue. Elles ont toutes une lunette de 40 mm.
Le boitier a un brossé circulaire sur le dessus et est poli sur les côtés et me semble être très bien fini.
Même la surface entre-corne est polie (pas mal pour ce prix et mieux que d’autres plongeuses qui coûtent 50 fois plus, mais non je ne pense à aucune en particulier…).
La lunette (d'un bleu magnifique) unidirectionnelle a 120 clicks et les entailles placées toutes les 10 minutes lui donnent un certain caractère qui la différencient de la pléthore de plongeuses Japonaises provenant de Seiko ou Citizen.
La lunette est cependant difficile à tourner et il s’agit d’une critique constante que l’on peut lire sur les forums. Je confirme donc; le ressort de la lunette est puissant. Apparemment elle devient plus souple avec le temps ou alors il faut appuyer fort en lui donnant plusieurs tours. J’essayerai un peu plus.
Le bleu profond et satiné est très beau et est en parfait accord avec le bleu du cadran et l’alignement de la lunette avec le cadran est parfait. Ce bleu est intéressant, il est discret, élégant en fait et sombre mais ne paraît jamais noir. Il n'interfère pas avec le côté utilitaire de la montre tout en offrant une alternative bienvenue dans une mer de plongeuses noires.
Lorsque l’on évoque la concurrence il est impossible de ne pas penser à la Seiko diver SKX qui est devenue une icône incontournable parmi les plongeuses abordables. La Seiko est héritière d’une longue descendance remontant à 1965 alors que la
Mako ne peut se prévaloir de cette histoire car elle commence son existence en 2004 seulement. La
Mako est un choix moins mainstream avec une apparence plus classique et discrète alors que la Seiko a un caractère plus typé. Elle peut faire penser à une Seamaster avec ses chiffres arabes et le bleu. Mais les similitudes s’arrêtent là. Sa soeur, la Ray, ressemble plus à une Sub et du coup je trouve qu’elle perd un peu de son identité.
La couronne vissée est gravée avec le logo
Orient ce qui est appréciable pour ce prix. Les protèges-couronne sont fins et discrets et presque élégants. La vitre est en verre minéral et dépasse très légèrement de la lunette ce qui donne de beaux effets de lumière. Le verre ne me pose pas de problème et d’ailleurs aucune de mes montres budget n’a de glace en saphir.
Le cadran bleu foncé est magnifique, le soleillage est discret et il est recouvert d'un vernis ce qui lui donne un aspect satiné. Ce bleu est aussi parfait, ni top clair ni trop foncé et offre une belle alternative aux cadrans noirs (je me répète?); la lecture est excellente. De larges chiffres arabes sont appliqués à 12, 6 et 9 heures et les aiguilles en forme de glaive sont polies et sont très bien finies, tout comme les indexes. La trotteuse avec un bout rouge en forme de flèche crée un magnifique contraste avec le bleu du cadran. Le rehaut diagonal avec des marquages pour les secondes rajoute de la profondeur au cadran.
La matière luminescente des indexes et aiguilles est — pour rester gentil — anémique et ne reste lumineuse que très peu de temps contrairement à la Seiko SKX qui est excellente sur ce point.
Je trouve dommage qu’
Orient n’utilise pas la même matière que Seiko. Bon il n'est pas si catastrophique mais il ne faudra pas compter dessus pour lire l'heure au milieux de la nuit.
Le logo
Orient — qui est une constante source de critiques — est appliqué et très bien fini. Personnellement je le trouve pas si mal et il a le mérite d’être immédiatement reconnaissable. Ainsi le logo et les indexes appliqués, le cadre de la date et le rehaut procurent un beau relief au cadran. Il en ressort un sentiment de qualité qui survit aussi à une inspection plus poussée car tous ces éléments sont très bien finis. Ces details du cadran ainsi que les aiguilles élégantes est en fort contraste avec la Seiko SKX qui semble plus utilitaire.
Je me répète sûrement, mais ce bleu est vraiment magnifique.
Jusqu’ici cette nouvelle
Mako est parfaite, mais qu’en est-il du bracelet? De mon point de vue les maillons sont très bien exécutés, ils sont polis sur les côtés et ont un beau brossé sur leur longueur. La boucle déployante est très légère et ne procure pas un sentiment de solidité ou de qualité mais elle est sécurisée et je pense qu’elle ne posera pas de problème; elle a de plus trois positions de micro réglage.
Là où je suis moins convaincu c’est au niveau des end-links. Bien que relativement bien adaptés au boitier ils sont creux et, d’après ce que j’ai pu lire, ils sont une source de problèmes. Le risque vient en fait des pompes (fines) qui ne sont pas maintenues par les end-links et peuvent ainsi facilement se plier en cas de contraintes, ce qui a pour conséquence de désolidariser le bracelet de la montre… Un comble pour une plongeuse d’avoir à craindre de la perdre si elle s’accroche quelque part. Je trouve qu’
Orient aurait dû profiter de la sortie de cette nouvelle version pour l’équiper d’end-links pleins, surtout que la filiale d’
Orient USA peut les proposer sans augmentation significative du prix.
Je trouve que des end-links solides sont plus important qu’une glace en saphir. En tout cas dès que j’arrive à mettre ma main dessus je vais les changer, mais pour l’instant tout va bien.
Cette
Orient Mako joue dans le même registre que la Seiko SKX; le prix, les données techniques ainsi que la qualité générale et les finitions sont comparables en tout point. Elle ont chacune leur identité et j’apprécie qu’aucune des deux n’essaie de ressembler à un modèle connu, elles ont du caractère.
Pour conclure, la nouvelle
Orient Mako donne immédiatement une bonne impression de solidité et de qualité dès qu’on la prend en main et cette impression initiale se confirme avec le temps. Mes seules critiques vont à l’encontre des end-links creux et de la faible luminescence. Le nouveau boitier sans le poussoir à deux heures ainsi que le nouveau mouvement justifient amplement le surcoût de 60 euros vis-à-vis de l’ancien modèle.
Cette nouvelle
Mako est bien pensée dans son ensemble et elle offre une alternative convaincante à la Seiko SKX tout en se démarquant aussi bien de la Seiko que d’autres classiques comme la Seamaster ou la Sub. Sa taille est parfaite ainsi que la hauteur corne à corne ce qui devient quand même rare pour des plongeuses — toutes gammes de prix confondues. J'ai l'impression qu'avec cette incarnation on touche au sommet de ce qui se fait en terme de plongeuse budget. C'est solide, fiable, avec un bon design, des dimensions parfaites et un bon mouvement. Tiens j'ai l'impression de parler de Rolex.
Voilà,
Orient a tapé fort et prouve une fois de plus qu’ils sont capable de produire des montres à une échelle industrielle avec un design qui n’est pas pompé ailleurs et avec une qualité irréprochable pour le prix demandé.
Si elle vous plait, faites-vous plaisir je ne peux pas imaginer que l’on puisse être déçu et le risque financier est vraiment minime.
Ah oui j'oubliais, le bleu est magnifique.