ZEN Rang: Administrateur
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| Sujet: Repères : Les montres militaires Lun 2 Juil 2007 - 17:53 | |
| Montres militaires - Citation :
- A partir du XIXe siècle, les horlogers adaptent leurs mécanismes aux cas de figure que leur soumet la Marine militaire. Ca commence par des chronomètres de Marine et ça se poursuit par des montres de comparaison, des montres de pont, de torpilleur, de sous-marins, en terminant par les montres de plongée. Momentanément.
Le Directoire lui ayant confié le commandement de la campagne d'Egypte afin de l'éloigner, Napoléon Bonaparte 1er du nom s'en va t-en guerre. Il a une flotte, qui sera démolie par Nelson, un galurin crânement posé au sommet de la tête et une Breguet en poche. Si ça se trouve, c'est elle qu'il palpe continuellement quand il a une main dans son giron. Il paraît que c'est un grand obsédé de l'heure. A tel point qu'il enjoindra a ses officiers d'acheter une Breguet, la meilleure selon lui. A son retour, en 1799, galurin et montre sont ensablés. Ce qui nuit peu au chapeau, mais a définitivement enrayé la Breguet. Plein de mauvaise foi, le futur empereur en réclame une nouvelle, prétendant que la sienne fait des siennes sans raison. Breguet obtempère et Napoléon lui reste fidèle. En cette fin de siècle, l'horloger est requis pour équiper l'armée et la Marine francaise. Une poignée d'années s'écoulent. C'est l'époque des concours, chaque amirauté offre de fortes récompenses pour obtenir des chronomètres qui tiennent la mer. Les commissions d'observatoires se tirent joyeusement dans les pattes, s'intentent des procès a la tire l'arigot pour mettre leurs poulains en pole position et toucher des royalties. En 1815, Bonaparte est empereur, très content de lui. Il a tout l'air de se dire après moi le déluge. Justement, l'année d'après des trombes d'eau s'abattent sur l'Europe. En Suisse, on pêche la truite du haut des balcons. A la main. Vers 1830, Breguet passe un contrat avec la Marine française et éxécute son premier chrono de Marine. Il faut alors au bas mot dix ans pour réaliser un chrono digne de ce nom.
Les meilleures marques sont sur les dents. En 1865, Guido Panerai installe son officine Panerai dans la capitale italienne d'alors, Florence. Il se spécialise dans l'instrumentation de précision et recoit en 1967, sa premiere commande officielle de montres de la part de la Marine italienne. Paul-David Nardin en 1876, se lance dans la course au chronomètre de Marine, talonné par Girard-Perregaux et Henry Grand-Jean du Locle qui répondent aussi a la compétition annoncée par l'amirauté impériale allemande en 1877. En tout, neuf fabricants allemands et deux suisses participent au challenge.
Le premier achat enregistré en matière de montre militaire, est celui d'une montre de poche en or poli ou mat, ou en argent, pourvu d'anses où se glisse une chaînette permettant de la porter au poignet. Outre un bracelet Guillaume II avait souhaité une grille pour protéger le verre de la montre. On pourrait presque le trouver intelligent, le Guillaume, n'était qu'il a soufflé l'Alsace et la Lorraine aux Francais en 1871. Mais trêve de billevesées, revenons a notre montre. Elle est signée Girard-Perregaux et destinée aux officiers de la Marine imperiale allemande. Guillaume de Prusse, empereur d'Allemagne à Versailles, recevra deux mille pieces de ce genre a partir de 1880. Une décennie plus tard, la Marine britannique demande qu'on lui livre des montres de comparaison et s'adresse aux grandes manufactures, dont Vacheron & Constantin qui dejà s'adonne à la montre de Pont. Le but du jeu est le suivant: dés qu'un navire mouille dans un port, un moussaillon s'en va quérir l'heure de l'observatoire qu'il régle sur sa montre de comparaison. De retour sur le pont, reste a comparer l'heure du matelot avec celle du chronomètre de bord. Le commandement note l'écart de minutes et de secondes entre les deux, sur un carnet recouvert de moleskine, remet sagement sa plume dans l'encrier et ne touche plus à rien. En effet, les garde-temps qui restent a bord ne sont modifiés qu'a heure précise. Avant l'heure, c'est pas l'heure, aprés l'heure, c'est plus l'heure. Rompez! Au debut du XXe siecle, Eberhard devient le fournisseur de montres de la Marine italienne. De 1903 a 1906, Paul-David Nardin produit quarante-cinq pièces en moyenne par an. En 1910, Longines achemine ses montres de gousset jusqu'à l'empire ottoman, qui lui a passé ur commande pour équiper la Marine. Dès les premiers jours de la grande guerre, la Navy réclame des montres de navigation à Hamilton qui seront installées dans les torpilleurs, les destroyers et les sous-marins. Elgin, Waltham, Longines rejoignent les rangs avec leur Deck Watch, une montre de pont. Tout cela ne concerne encore que Marine de surface. Quand la Première Guerre mondiale bat son plein, les Italiens envisagent une stratégie révolutionnaire, sous la mer. La flotte impériale de l'empire austro-hongrois ne mouille pas hors de ses ports fortifiés. Alors puisque les marins ennemis ne viennent pas à eux, les Italiens vont aux marins ennemis. Ils inventent le combat sous-marin et mettent en oeuvre des engins d'attaque en 1915. Dans le secret de son officine, Panerai bricole avec art des systèmes optiques ainsi qu'un calculateur mécanique pour le lancement des torpilles. Il sait ce que trame la marine. Une unité spéciale prend le nom de Motoscafi Anti Sommergibile et le large. La première attaque des nageurs de combat de la MAS réussit le 31 mai 1918. L'ingénieur principal du génie maritime. Raffaele Rosetti, et le médecin de la Marine Raffaelle Paolucci coulent le cuirassé de 20.000 tonnes Viribus Unitis, ancré dans le port dalmate de Pola. Une bombe ou deux et on râcle le cuirassé sur les murs de la ville. Constanzo Ciano, officier de Marine, va développer le sujet. Dès 1921, Les émissions de signaux horaires par radio changent les données pour les chronomètres de Marine. Exit la montre de comparaison et les observatoires. Voilà venu le top horaire. Dans les annees 30, les chronographes Eberhard garnissent les poignets des officiers de la Marine italienne et Omega réalise une montre de plongée a double boite rectangulaire. Côté militaire, divers moyens sont a l'étude. La flotte britannique, la Home Fleet, se deploie en Méditerranée pour intimider les Italiens qui empiètent un pocco tropo sur le continent africain. La grande botte ne fait pas le poids, c'est clair. En 1938, les engins d'attaque répondent au 'multo simpatico' nom de première flotille de moyens d'assaut. Jugé un peu longuet, il est remplacé par Decima Mas en 1941. Torpilles pilotées, qui prennent le sobriquet de cochons et sont chevauchées par les nageurs italiens, canots explosifs et plongeurs de combat du groupe gamma, tel est le programme des réjouissances imaginé par les amateurs de dolce vita. Les plongeurs disposent de combinaisons de tissus gummé sombre, de sous-vêtements chauds, de palmes courtes, d'appareils respiratoires assurant trois heures d'autonomie et d'un poignard. Complétés d'instruments de navigation montre, profondimétre et compas, fabriqués dans l'atelier florentin d'officine Panerai. La Panerai Radiomir l'ancètre de la Luminor que Panerai réédite, la Radiomir étant à base de radium nocif au contraire de la Luminor est plus grande que la normale. Elle est dotée de deux types de mouvement mécaniques: l'un fabriqué par Angelus, l'autre par Rolex. Il y a deux modèles de couronnes de remontoir vissés classiques type Rolex ou système de verrouillage spécial breveté. Le cadran est noir a chiffres fluorescents. A bord de leur canots d'assaut, les officiers arborent une Panerai Mare Nostrum, un chronographe au cadran lumineux.
Pendant la seconde guerre, on reprend les habitudes du bon vieux temps dans la Marine. Les navires de guerre sont tenus au silence radio, sous peine d'être repérés par l'ennemi. Donc, fini les tops horaires. Donc, retour a la case départ avec les chronomètres de Marine. Qui doivent être a la seconde près comme on le sait, pour calculer la longitude et éviter de s'embrocher dans les rochers, ou un bâtiment ennemi. Ca ferait désordre. Depuis 1939, l'US Navy supplie les huit meilleurs manufacturiers américains de lui faire des chronomètres de Marine. En 1941, Hamilton signe un contrat l'engageant a en produire 337 et prend le relais d'Ulysse Nardin qui en était le principal fournisseur. A la réception des deux premiers chronomètres, les cummanditaires sautent au plafond de joie, ils sont excellents. Du coup, au lieu de 337, c'est 1.000 pièces qu'Hamilton est prié de fabriquer. Les bâtiments de guerre, les croiseurs lourds et sous-marins sont rapidement pourvus de plusieurs chronomètres Hamilton à cardan, logés dans des coffrets. Les Américains en sont tellement contents, que la demande croit de plus en plus. Le président Roosevelt, qui a recu un chronomètre de Marine Hamilton, promet par écrit qu'il en prendra soin et le conservera à la Maison Blanche jusqu'à la fin de la guerre, puis qu'il lui trouvera une place dans sa bibliothèque de Hyde Park. Hamilton remporte tous les suffrages, d'autant que l'US Navy avait fait appel a Elgin et Roth Brothers et que leurs chronos n'avaient pas été a la hauteur. En revanche, Elgin développe une montre de plongée en même temps qu'Hamilton. C'est une version étanche de la Général Purpose Wrist Watch, caractérisée par un cabochon de couronne de remontoir étanche, maintenu par une chaînette. Hamilton produira pas moins de 8902 montres pour les marins de l'Oncle Sam, plus 898 allant à la commission maritime et autres. Les Hamilton, des fusillers marins, sont gravées des lettres US MC et font, bien sur, partie du paquetage comme les autres. Les Allemands de la Kriegsmarine possedent des Berg, Alpina, Siegerin et quelques Panerai, elles ont un cadran blanc marqué KM. La Royal Navy utilise des Jaeger-LeCoultre, Hamilton, Omega, Longines et la Marine imperiale japonaise est nantie en Seiko.
La lame de fond qui a emporté 50 millions de vies humaines prend fin dans la liesse. En 1945, Lauren Bacall suggère à Humphrey Bogart de siffler, s'il a besoin de quelque chose. Et il siffle.
En 1946 c'est la guerre d'Indochine. Les Francais partent avec leurs Waltham, Elgin, Hamilton et des montres de la Kriegsmarine, qu'ils ont recu à titre de dummages de guerrre, dénazifées. C'est-à-dire que l'emblème nazi sur le cadran, un aigle tenant le monde entre ses serres, est effacé d'un coup de fraiseuse. Les sectants subissent le même sort. En 1947, les Anglais quittent leurs colonies aux Indes et les maharadjahs abdiquent. Al Capone, Alphonse pour la famille, meurt dans l'indifférence générale sous le soleil de Miami. En 1953, Rolex présente la Submariner sur les fonts baptismaux. La Submariner est capable de résister a la pression de l'eau a 100 mètres de profondeur. Blancpain sort la Fifty Fathoms, une montre de plongée qui supporte une profondeur de 200 mètres. Elles sont toutes deux adoptées par les plongeurs de la Marine francaise. La Fifty Fathoms fait d'une pierre trois coups, elle équipe aussi l'US Navy et les Kampfschwimmer de la Marine germaine. Il faut avouer que la Blancpain a fait des vagues, a peine introduite dans la Marine. Lors d'un exercice, un plongeur l'avait perdue par 53 mètres de fond et retrouvée par hasard le lendemain. La Fifty Fathoms était égale à elle-même étanche. Aujourd'hui, la Bundeswehr a remplacé la Blancpain par une version militaire de l'Océan 2.000, en titane, Porsche Design, qu'IWC a conçue pour la Marine fédérale allemande. En Italie, Panerai réédite la Panerai Mare Nostrum et la Luminor apparue aprés la deuxième guerre. Neuf cents exemplaires de chaque sont destinés au commerce, et cent de chaque à la Marine militaire italienne. Ces dernières ont le cadran estampillé Marine militaire et bénéficient d'un traitement externe antireflet au titanium. En France, hormis la Submariner, la Tudor de Rolex a ses entrées, ainsi que la Yema Navigraph Quartz, Tag Heuer, Auricoste, Dodane, Triton, Le Forban, Paul Bianchi, Beuchat. Pour les plongeurs américains, en fonction pendant la guerre du Vietnam, c'est sur une Benrus, une Elgin, une Waltham qu'ils vérifiaient l'heure, la minute et la seconde. Ils auraient eu amplement le temps d'apprendre le mécanisme de chaque montre par coeur, à la vis prés. Ils venaient d'en prendre pour dix ans et des poussieres. La Revue des Montres, Special Eté 1994 http://www.worldtempus.com/wt/1/2490 _________________ Contraria contrariis curantur. (Les contraires se guérissent par les contraires).
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