40 ans d'Omega

La marque Omega fut déposée le 10 mars 1894. Antérieurement la manufacture portait le nom de son créateur : Louis Brandt. En 1934, Omega proposait cette petite montre de poche en référence au calibre 19 qui avait été baptisé Omega 40 ans plus tôt.

Omega célébrait ainsi ses 40 ans avec cette pièce dont la boite est en acier Staybrite, un acier annoncé par Omega comme "Super inoxydable" et de fait cette montre fut l'un des premiers modèles vraiment inoxydables lancés par Omega. En cela elle fera date d'autant plus que c'est l'une des dernières montres de poche puisque les montres bracelet commencent à envahir le marché. Elle était vendue 195 francs ce qui correspond à 138 euros d'aujourd'hui (source insee).

Par comparaison, une montre en nickel en 1900 valait pour une qualité comparable l'équivalent de 250 euros !

Omega avait donc abaissé ses prix par rapport au début du siècle, un effort motivé par l'émergence des montres bracelets et une volonté de renforcer ses positions sur les marchés.  

La montre rencontra un succès immense ! Le dernier pour une "Pocket" mais un tirage énorme.

Même s'il y a une petite mode pour certains nouveaux modèles de montres de poche assez cheap (mouvement quartz basique, une partie du boitier en bois) adoptés par quelques hipsters qui cherchent à attirer l'attention à peu de frais, la montre de poche à l'ancienne comme cette Omega dont j'aime beaucoup le design global (et les aiguilles) peut encore faire rêver !
 

Le prix paraît contenu pour l'époque et pour une manufacture qui faisait et de la qualité et du design tout en restant relativement accessible et surtout en comparaison avec ce qu'est devenu Omega aujourd'hui.

Beau gousset, comme souvent. Peut-on voir le mouvement?

ZEN a écrit:

Elle était vendue 195 francs ce qui correspond à 138 euros d'aujourd'hui (source insee).

Par comparaison, une montre en nickel en 1900 valait pour une qualité comparable l'équivalent de 250 euros !

DraperDon a écrit:

Le prix paraît contenu pour l'époque.

Tout dépend du salaire moyen à cette période.

Peu importe le solaire moyen à l'époque, ce qui compte c'est ça:

ZEN a écrit:

Omega avait donc abaissé ses prix par rapport au début du siècle, un effort motivé par l'émergence des montres bracelets et une volonté de renforcer ses positions sur les marchés.

Mais aujourd'hui, non, il ne faudrait surtout pas faire ça, ça nuirait à l'image de luxe de l'horlogerie Suisse

Une énième leçon du passé qui ne serait pas inutile aujourd'hui, merci Zen

webster a écrit:

Tout dépend du salaire moyen à cette période.

Il suffit de se documenter :

http://www.insee.fr/fr/service/reviser/calcul-pouvoir-achat.asp?sommeDepart=138&deviseDepart=AncFranc&anneeDepart=1934&deviseArrivee=Euro&anneeArrivee=2015

Salaire moyen (une idée globale) : http://clioweb.free.fr/dossiers/salaires/salprix.htm

Etc, etc...

Tout dépend de la "classe sociale" de la personne (et les travaux d'un Piketty sur la question peuvent donner une petite indication : www.jourdan.ens.fr/piketty/fichiers/public/Grasset2001/Annexes/TabAnnexeE.xls : un gros bémol : études centrées sur le salaire ouvrier et particulièrement partiales car ses analyses sont singulièrement politisées) mais une Omega de 1934, sans être aussi accessible qu'une Swatch d'aujourd'hui, était toute proportion gardée plus accessible qu'une Omega actuelle.

Et il ressort de ton document qu'un instituteur débutant serait payé l'équivalent de 619.72 euros et un manoeuvre 432.03 euros.
Quoi qu'il en soit, leurs faibles salaires représenteraient tout de même 3 montres Omega de l'époque.
Aujourd'hui il faut au moins 3 Smics ou 3 salaires de profs débutants pour acheter une Omega de base.
Sans évoquer cette montre de poche de qualité préentée par Zen...si Omega fabriquait la même aux mêmes standards de qualité, je me demande ce que serait son prix.

Le cadran a l'air superbement conservé... les chiffres sont vraiment sympas.

@ Draper

Voici la mienne avec ses "dessous"... Précision diabolique et belle esthétique....

Prendre pour référence le salaire d'un instituteur débutant (considéré comme un salaire très modeste à l'époque) en 1930 (le cours du franc a juste varié d'environ 20% entre 1930 et 1934) n'est pas tout à fait juste. Il faut prendre le salaire annuel d'un instituteur en fin de carrière (salaire un peu plus représentatif de la classe moyenne) :

Citation :

Le salaire maximum d’un instituteur passe de 20240 francs en 1930 à 21240 francs en 1931-1933, 20670 francs en 1934

195 francs par rapport à 20670 francs de salaire perçu en 1934, c'est "seulement" un peu moins de 1% de son salaire annuel et 11% de son salaire mensuel... Pour rire, j'aimerais bien qu'une Omega SM 300 MC à 5500 euros prix catalogue en 2016 ne puisse représenter que 11% de mon salaire mensuel !!!

bugs52 a écrit:

Voici la mienne avec ses "dessous"... Précision diabolique et belle esthétique....

Très joli mouvement ! Vous me donnez envie de faire restaurer la montre de poche de mon arrière-grand-père (pas une Omega) !

Un lien pile dans le sujet, et il n'a pas dû rester 1 heure affiché hier ???

http://vieuxpapiers-philoum.blogspot.fr/p/omega-1934.html

Passionnant! merci pour le partage...

DraperDon a écrit:

Prendre pour référence le salaire d'un instituteur débutant (considéré comme un salaire très modeste à l'époque) en 1930 (le cours du franc a juste varié d'environ 20% entre 1930 et 1934) n'est pas tout à fait juste. Il faut prendre le salaire annuel d'un instituteur en fin de carrière (salaire un peu plus représentatif de la classe moyenne) :



195 francs par rapport à 20670 francs de salaire perçu en 1934, c'est "seulement" un peu moins de 1% de son salaire annuel et 11% de son salaire mensuel... Pour rire, j'aimerais bien qu'une Omega SM 300 MC à 5500 euros prix catalogue en 2016 ne puisse représenter que 11% de mon salaire mensuel !!!

Tu as raison, bien entendu, mais je n'ai fait qu'exploiter sans les déformer les chiffres issus des documents que tu nous as fournis.
C'est stupéfiant de voir dans quelle mesure un bien utilitaire de qualité produit localement a pu devenir, une fois obsolète et techniquement dépassé, un "objet de luxe" proprement inachetable pour une grande partie de la population.
Autre chose étonnante, ces montres de poche de qualité datant de bientôt un siècle tournent toujours et se trouvent à des prix souvent identiques à ceux d'il y a un siècle (soit 100 € pour une trois aiguilles de marque dans une boite acier, argentan ou autres substituts de l'argent).
Quel contraste avec le prix du neuf pour ces marques aujourd'hui, c'est fascinant.
On est pas loin de passer de 1% du salaire annuel à...30-100 % (je me base sur le salaire médian soit 1772 € par mois ou à peu près 21 K par an)
http://www.insee.fr/fr/themes/document.asp?ref_id=ip1565

L'industrie horlogère a fait des montres un objet de luxe haut de gamme et aujourd'hui est déconnectée d'une certaine clientèle qui va consacrer son espace "poignet" à autre chose que l'horlogerie, à rien ou limitera ses achats à une pièce ou deux en raison du prix.
Cette industrie est si éloignée des réalités économiques qu'elle découvre "la crise" que tout le monde pouvait voir venir.

Omega et d'autres ne pourront plus récupérer cette clientèle et perdent progressivement celle qui recherche du haut de gamme qu'elle trouve dans d'autres marques.

Il ne faut pas oublier que certaines marques Lip, Omega, Zenith, Longines, Tissot étaient avant tout des marques populaires qui ont permis la conquête individuelle de l'heure juste. Et après, on nous parlera d'ADN....

Ca montre bien l'arrogance dans laquelle baignent maintenant les grandes marques horlogères, déconnectées de toute réalité...

ZEN a écrit:

L'industrie horlogère a fait des montres un objet de luxe haut de gamme et aujourd'hui est déconnectée d'une certaine clientèle qui va consacrer son espace "poignet" à autre chose que l'horlogerie, à rien ou limitera ses achats à une pièce ou deux en raison du prix.
Cette industrie est si éloignée des réalités économiques qu'elle découvre "la crise" que tout le monde pouvait voir venir.

Omega et d'autres ne pourront plus récupérer cette clientèle et perdent progressivement celle qui recherche du haut de gamme qu'elle trouve dans d'autres marques.

Il ne faut pas oublier que certaines marques Lip, Omega, Zenith, Longines, Tissot étaient avant tout des marques populaires qui ont permis la conquête individuelle de l'heure juste. Et après, on nous parlera d'ADN....

Depuis que ma Swatch est en panne, mon poignet est libre de toute montre, ce qui n'était pas arrivé depuis des décennies.
Les montres actuelles sont chères, certes, mais pire encore le sérieux de leur SAV semble parfois sujet à caution, ce qui m'a laissé penser que dorénavant, non seulement la montre de poignet neuve est hors de prix mais elle est de surcroit fragile et souvent faite pour être non seulement "de luxe" mais une jetable de luxe pour le nombre croissant de multi-millionnaires ayant des liquidités à jeter.
Je me balade donc avec une crettiez de poche et trouve finalement assez amusant et charmant d'avoir une montre qui fonctionne depuis plus d'un siècle, a une précision diabolique, coute moins qu'une Swatch.
Mais il est vrai que je suis un des derniers dinosaures, Apple n'ayant conquis ni mon poignet ni même mon gousset (je n'ai pas de smartphone ) et je trouve vraiment sympa d'aller chercher une montre que j'apprécie dans ma poche pour avoir l'heure.
Même si il est vrai qu'elle provient d'une manufacture de parfaits connards (je parle des directeurs de la fabrique, pas des ouvriers qui se sont fait assassiner), détestables au point que la marque n'a pu évoluer pour devenir une potentielle rivale de Rolex et Omega dans le créneau de la montre de qualité fiable, précise, auparavant pour la classe moyenne européenne et temporairement à destination d'une élite mondialisée.
https://fr.wiktionary.org/wiki/connard
Temporairement car soit notre civilisation se maintient et cette élite aura comme tu l'écris bien autre chose à faire de son poignet que porter une montre mécanique (commander tous ses gadgets reliés au net et la domotique familiale entre autre), soit elle s'effondre (peu probable et je ne le souhaite évidement pas) et là (dans le meilleur des cas) retour direct au XIXième siècle avec la destination "pauvreté" pour les classes moyennes, y compris les dites classes moyennes supérieures).
Je pensais ne me balader avec une crettiez dans ma poche qu'en attendant une sistem 51 mais si ça se trouve même pas...après tout si on est partis en plein pour le XIXième siècle alors autant prendre de l'avance

C'est intéressant de revoir les anciennes Omega (et Zenith, Longines...) car on s'aperçoit du fossé qui sépare les deux époques. Passionné par l'Histoire, je me méfie de trop idéaliser un passé (pas si) lointain en se disant qu'avant c'était mieux mais - le cas échéant - il est indéniable que le secteur horloger a radicalement changé et pas nécessairement en bien à cause de l'adoption des codes d'un luxe pas si luxueux que cela au final.

Pour revenir à l'Omega présentée, je pense qu'il est intéressant de rappeler aux plus jeunes l'esthétique des anciennes montres et par ce biais aussi de leur faire goûter (par les photos d'abord) un peu de ce qu'est une belle montre - toujours accessible en seconde main qui plus est (comme vous, je vois des Zenith Grand Prix de Paris pour 150 euros...).

Les marques se sont emballées complètement sur les prix en nous vendant des montres industrialisées (dont une partie est délocalisée qui plus est) comme si c'étaient de l'or en barre. Il y a d'un côté le luxe façon Louis Vuitton/Prada et Cie (qui est davantage l'apparence du luxe AMHA) et le vrai luxe qui consiste à concevoir/créer et fabriquer de beaux objets de qualité (et innovants aussi) sans blabla marketeux repérable à 100 kilomètres. Certains diront que c'est un fantasme mais d'autres secteurs sont impactés par des changements structurels qui bouleversent les codes établis pendant 15-20 ans et qui progressivement sont contraints de se focaliser à nouveau sur la qualité, l'authenticité et ce qui fai(sai)t l'ADN d'une marque.