ZEN Rang: Administrateur
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| Sujet: La révision du Swiss Made est-elle un leurre? Mer 4 Juil - 4:57 | |
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- La révision du Swiss Made est-elle un leurre?
04 Juillet 2007
Accepté par les délégués de la Fédération de l’industrie horlogère suisse, le relèvement des exigences sur ce label est un «signal fort» donné par les horlogers. Reste au Conseil fédéral de convaincre l’UE de l’intérêt de cette mesure jugée protectionniste à Bruxelles.
C’est par un score bolchevique (87%, soit 52 voix contre que l’Assemblée générale de la Fédération de l’industrie horlogère suisse (FH) – qui compte quelque 500 membres pour seulement 60 droits de vote – a accepté le 28 juin de renforcer les exigences liées à l’appellation «Swiss Made».
Alors que les plus fervents défenseurs de ce projet s’attendaient au moins à un débat nourri, nulle question et nulle discussion ne sont venues perturber l’acceptation de ces nouvelles exigences. Etouffée dans l’œuf – les groupes Richemont, Swatch Group et Rolex, tous favorables à ce renforcement, disposant de la majorité des voix – les opposants pourtant nombreux mais sans droit de vote n’ont pas même utilisé le droit de parole qui leur était offert pour avancer leurs arguments. Par peur des représailles sans doute.
Or le plus dur reste à faire. La FH va dans un premier temps porter son projet auprès des autorités fédérales, lesquelles diront si elles acceptent ou non de modifier l’Ordonnance sur le Swiss Made (OSM) selon le vœu des horlogers suisses. On imagine mal qu’elles refusent d’empoigner ce dossier qui, à l’heure d’une négociation globale avec l’Union européenne, sera au minimum une excellente monnaie d’échange pour obtenir gain de cause sur un autre volet.
Le dernier obstacle – et non des moindres – sera de convaincre l’UE de l’intérêt de cette mesure déjà jugée protectionniste à Bruxelles. Car l’OSM étant partie intégrante d’un accord de libre-échange datant de 1972 avec l’Union, la Suisse ne peut la modifier unilatéralement. Or à peine les intentions de la FH connues, le Comité permanent de l'horlogerie européenne (CPHE) les a jugées «inacceptables» au regard des emplois et des échanges commerciaux en jeu.
Trois scénarios
De plus, l'horlogerie européenne n’a pas manqué de faire remarquer que la modification de cette ordonnance entraînerait des répercussions sur l’équilibre des accords de libre-échange conclus entre la Suisse et l’UE. C’est donc bien sur le terrain politique que le projet sera négocié.
C’est dire qu’entre la volonté exprimée le 28 juin par l’Assemblée générale de la FH et l’entrée en vigueur d’une nouvelle ordonnance (au mieux dans huit ans), demeure un fossé difficile à combler. Trois scénarios sont aujourd’hui raisonnablement envisageables: les horlogers suisses devront revoir à la baisse leurs nouvelles exigences et lâcher du lest envers leurs partenaires européens pour espérer passer l’épaule à Bruxelles. A moins que le Conseil fédéral n’utilise comme une nouvelle arme de négociation les velléités des horlogers. Dans ce cas, soit il renonce à une autre prétention pour faire passer en force le nouveau Swiss Made, soit il sacrifie ce dernier pour obtenir une autre faveur de Bruxelles. Dans ce dernier cas, le nouveau Swiss Made n’aura bel et bien été qu’un leurre. Bilan Michel Jeannot www.bilan.ch _________________ Contraria contrariis curantur. (Les contraires se guérissent par les contraires).
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