J'ai lu avec attention cet article qui je l'avoue me laisse sur ma faim. Dire par exemple que les clients sont aujourd'hui "plus jeunes, mieux informés et plus volatiles !" voilà bien un lieu commun qui n'emporte aucune analyse de fond.
Que les clients soient plus jeunes reste à démontrer. Je ne connais pas de statistiques sérieuses sur le sujet. Le fait que le net porte des avis de consommateurs "potentiels" plus jeunes, n'en fait pas des clients. Que les nouvelles générations soient moins imprégnées par une marque ou une autre est un fait récurrent à chaque génération nouvelle de consommateurs et n'a rien de spécifique à la haute horlogerie.
Faire de Timezone ou the Purists, des supports d'éducation des clients dénote une vraie méconnaissance du web. Deux forums convenus, payants pour les marques qui veulent y figurer et pas qu'un peu. The Purists demande à une marque plus de 75 000 dollars pour deux ans ! Voilà qui fait sourire. On ne peut sérieusement en faire les porte-drapeaux de l'expression des consommateurs à la parole libérée ....
Sans doute, l'auteur veut-il ignorer les blogs "libres", il y en a, ou les forums "libres" où la parole est libre au point parfois que la presse s'en émeut ... mais le prisme déformant qui voudrait que la liberté d'expression des consommateurs passe par des sites américains fait sourire car soit cela relève de la méconnaissance de fond, soit cela relève d'un manque d'objectivité.
Je rejoins l'auteur de l'article sur le traitement nouveau des blogueurs, cela fait des mois et années que sur FAM nous sommes attentifs à cette caractéristique de la communication des marques. La mention de sites qui mélangent information et commerce est judicieuse.
Sur le "Co-Branding", l'auteur voit une nouvelle forme de diffusion des produits. Pour en avoir discuté avec certaines maisons, il faut davantage y voir des ventes "opportunistes" dans une phase tendue. Que les ventes repartent et le co-branding avec des sites internet sera oublié. Les consommateurs apprécieront le jour où ils voudront revendre leur montre que la marque de celle-ci soit associée à un blog qui n'existera peut-être plus ou se sera reconverti dans je ne sais quel commerce. Ces partenariats opportunistes ne peuvent se positionner sur du long terme.
Je lis que les marques vont tenter de contrôler de plus en plus leur réseau de distribution. C'est à démontrer. Plusieurs marques ont revendu discrètement des boutiques propres faute de clients. Et puis, une verticalisation des ventes ne rapporte pas de trésorerie alors qu'un détaillant qui se charge en stock est un apport financier rapide. Les coûts des charges liées à des boutiques impérativement bien placées pour mettre la marque en valeur font que la probabilité de voir ces commerces prospérer est limitée.
Le e-commerce n'a d'avenir que par du discount car celui qui achète via le net cherche avant tout un prix à la différence de celui qui passe par les voies traditionnelles et qui achète un rêve. Soyons sérieux, une montre neuve sur EBay à moins 50% tuera le e-commerce de la montre à plein tarif. J'ai fait moi-même l'expérience d'un nouveau modèle à 8000 euros prix public vendu sur le net via une boutique EBay à 4200. Il est dans le commerce depuis 3 mois...
Pour ce qui est des boutiques "verticales". Les expériences récentes sont très mitigées quand elles ne sont pas des échecs.
L'avenir est ailleurs, sans aucun doute ...
_________________ Contraria contrariis curantur. (Les contraires se guérissent par les contraires).
herge81 Passionné de référence
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Sujet: Re: Le business model de l’horlogerie en pleine mutation digitale ? 27/10/2017, 12:08
oui pas grand chose de neuf à apprendre dans l'article. Comme tu l'indique, le gros problème est le prix sur le e commerce, on en a discuté et l'exemple le plus flagrant est la nouvelle El Primero 21 qui est à 9.4k€ de mémoire et proposée sur le net à 7.4k€ alors qu'elle était même pas encore disponible, un comble ! Un achat par le net doit procurer un avantage prix sinon aucun intérêt donc la seule mise en ligne des produits au même prix ne servira à rien sinon à faire branché.
tom67 Membre référent
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Sujet: Re: Le business model de l’horlogerie en pleine mutation digitale ? 27/10/2017, 23:18
herge81 a écrit:
Un achat par le net doit procurer un avantage prix sinon aucun intérêt donc la seule mise en ligne des produits au même prix ne servira à rien sinon à faire branché.
Merci, je viens de te lire et tu me redonnes foi parce que celle là j'en connais qui ont besoin qu'on leur répète parce qu'ils ont beaucoup de mal à comprendre...
Skyranger Animateur
Nombre de messages : 814 Age : 61 Localisation : Rhône Date d'inscription : 06/11/2016
Sujet: Re: Le business model de l’horlogerie en pleine mutation digitale ? 27/10/2017, 23:53
C'est vrai que tu détiens la vérité Tom67, du haut de ton quart de siècle.... Franchement, tu devrais arrêter de faire passer ceux qui ne partagent pas tes avis pour des cons, ça va finir par te revenir en pleine gueule.
Boc21 Animateur
Nombre de messages : 874 Date d'inscription : 30/09/2010
Sujet: Re: Le business model de l’horlogerie en pleine mutation digitale ? 28/10/2017, 01:33
+1 Zen, les marques n'ont absoluement rien compris. Mais elles ne sont pas les seules, moi-même je n'y comprends rien. Comment peuvent coéxister le monde d'hier avec un service client, une proximité, payés par un prix élevé, et l'univers "paye et casse toi" du commerce numérique où on paye juste un prix Pour un même objet Le résultat sera forcément la fin du monde d'hier. Ensuite, que les marques ne s'acharnent à voir comme légitimes que les forums, blogs, paroles numériques qu'elles peuvent payer et/ou maitriser c'est logique : tout est com, mensonges, superlatifs...la parole libre est au mieux hautement suspecte et "volatile" J'ai vu passer moi aussi des mentions d'"études" qui pointeraient du doigt le fait que "les jeunes se ruent sur le luxe"... Sans doute une com copiée/collée partout (je l'ai vue circuler sur le journal Le monde) vouée à attirer effectivement comme des moutons la jeunesse "dorée" vers ces produits à haute valeur ajoutée...reste à prouver que l'horlogerie en fera partie. Lorsque l'on lit l'article, on a le sentiment que les jeunes achètent globalement plus des gadgets peu onéreux qu'autre chose. http://www.lemonde.fr/economie/article/2017/10/26/en-ligne-et-en-boutique-les-jeunes-raffolent-du-luxe_5206318_3234.html
Milou Membre référent
Nombre de messages : 5164 Age : 71 Localisation : 68 Date d'inscription : 30/01/2011
Sujet: Re: Le business model de l’horlogerie en pleine mutation digitale ? 28/10/2017, 07:16
Boc21 a écrit:
+1 Zen, les marques n'ont absoluement rien compris. Mais elles ne sont pas les seules, moi-même je n'y comprends rien. Comment peuvent coéxister le monde d'hier avec un service client, une proximité, payés par un prix élevé, et l'univers "paye et casse toi" du commerce numérique où on paye juste un prix Pour un même objet Le résultat sera forcément la fin du monde d'hier. Ensuite, que les marques ne s'acharnent à voir comme légitimes que les forums, blogs, paroles numériques qu'elles peuvent payer et/ou maitriser c'est logique : tout est com, mensonges, superlatifs...la parole libre est au mieux hautement suspecte et "volatile" J'ai vu passer moi aussi des mentions d'"études" qui pointeraient du doigt le fait que "les jeunes se ruent sur le luxe"... Sans doute une com copiée/collée partout (je l'ai vue circuler sur le journal Le monde) vouée à attirer effectivement comme des moutons la jeunesse "dorée" vers ces produits à haute valeur ajoutée...reste à prouver que l'horlogerie en fera partie. Lorsque l'on lit l'article, on a le sentiment que les jeunes achètent globalement plus des gadgets peu onéreux qu'autre chose. http://www.lemonde.fr/economie/article/2017/10/26/en-ligne-et-en-boutique-les-jeunes-raffolent-du-luxe_5206318_3234.html
Extrait de l'article du Monde:
... ces consommateurs âgés entre 18 et 34 ans, raffolent des produits de luxe. A commencer par les articles aux plus petits prix, type lunettes de soleil griffées, pochettes logotées et autres tee-shirts à l’effigie de marques iconiques.
Ma constatation depuis un certain temps est, que l'horlogerie CHÈRE ne fait plus rêver autant d'acheteurs qu'il y a quelques temps encore. Beaucoup d'acheteurs à fort pouvoir d'achat se tournent vers d'autres joujoux.
2mn Animateur
Nombre de messages : 808 Date d'inscription : 26/04/2017
Sujet: Re: Le business model de l’horlogerie en pleine mutation digitale ? 28/10/2017, 07:27
Ha ben oui Tom, ne t'en déplaise, je fais partie de ceux qui sont persuadés que la vente 'Internet viendra très largement consolider la vente traditionnelle dans ce que vous dites le luxe (au fait à partir de quelles bases estime t'on être dans le luxe ? Certaines marques autos se qualifient "Premium" et non " Luxe", le luxe est encore plus haut). Fermer les yeux face aux possibilités accrues de la vente web de l'horlogerie c'est sous estimer les progrès technologiques de son concept qui n'en est qu'aux balbutiements, ne serait-ce que le developpement de la realité virtuelle. C'est d'ailleurs très marrant que cela s'adresse aux futures générations dont certains semblent ne pas croire, on en est qu'au début, je n'en verrai pas l'expression maximum en raison de mon âge mais les jeunes oui. Surement que la proposition commerciale sera différente du tradi mais n'entrera pas en frontal avec. "J'ai un avantage à passer par le web" et/ou "j'ai un avantage à passer par le tradi", à mes yeux rien d'incompatble ni d'impossible. Tout va se réinventer plus vite qu'on ne le pense dans des états d'esprit avec moins d'à priori et moins conservateurs.
GMT Puits de connaissances
Nombre de messages : 4809 Age : 51 Localisation : Mont-Blanc Date d'inscription : 28/08/2007
Sujet: Re: Le business model de l’horlogerie en pleine mutation digitale ? 28/10/2017, 10:50
La voie est la complémentarité des canaux de distribution, mais tout reste à inventer. Les réussites actuelles sont plutôt "les énormes qui ont tout", "les prix cassées" et "les supers spécialistes".
A l'inverse et en poussant la réflexion, je ne serais pas surpris que certaines maisons de luxe se retirent du web marchand afin de pérenniser une certaine notion de luxe qui exige conseils et connaissances produits. Cela assurerait également une certaine rareté que les géants mondiaux de tous secteurs orchestrent à merveille en organisant "une certaine pénurie" !
Gacpt Membre super actif
Nombre de messages : 332 Localisation : Paris Date d'inscription : 21/05/2011
Sujet: Re: Le business model de l’horlogerie en pleine mutation digitale ? 28/10/2017, 13:54
2mn a écrit:
Ha ben oui Tom, ne t'en déplaise, je fais partie de ceux qui sont persuadés que la vente 'Internet viendra très largement consolider la vente traditionnelle dans ce que vous dites le luxe
Exactement ! Les ventes de produits de luxe en ligne vont doubler voire tripler d'ici 2020
tom67 Membre référent
Nombre de messages : 8917 Age : 32 Localisation : Strasbourg Date d'inscription : 19/12/2014
Sujet: Re: Le business model de l’horlogerie en pleine mutation digitale ? 28/10/2017, 14:15
Je n'ai jamais dit que les ventes via internet ne fonctionnait pas pour le luxe ou n'allait pas exploser, loin de là car je partage cet analyse...
Je dis simplement qu'acheter un sac à main et une montre n'est absolument pas la même chose...
On trouve aujourd'hui sur internet quasiment tous les modèles (hors quelques exceptions que l'on connaît tous ici) à des prix inférieurs au prix public alors j'aimerai juste qu'on me dise qui va aller acheter sa montre sur le site officiel de la marque au prix public alors que, pour mettons 20% de moins, il aura la même chose sur un site quelconque ?
Et c'est bien ce qui est dit plus haut, sans une garantie ou des services offerts sur le long terme ou encore une "remise" significative les marques ne vont pas vendre beaucoup via leur propre réseau internet.
Une montre ramène plus de questions, d'interrogations et d'information du client qu'un sac. C'est comme ça, qu'on le veuille ou non !
Gacpt Membre super actif
Nombre de messages : 332 Localisation : Paris Date d'inscription : 21/05/2011
Sujet: Re: Le business model de l’horlogerie en pleine mutation digitale ? 28/10/2017, 14:19
tom67 a écrit:
Et c'est bien ce qui est dit plus haut, sans une garantie ou des services offerts sur le long terme ou encore une "remise" significative les marques ne vont pas vendre beaucoup via leur propre réseau internet.
C'est pour cela qu'on dit souvent que les marques ont scié la branche sur laquelle elles étaient posées C'est dorénavant le travail des marques établies de restructurer toutes leur distribution. La transformation digitale est un travail long et les marques "de luxe" ont tardé à s'y mettre. Tant pis pour elles ! Internet a permis de redonner le pouvoir aux clients
Le temps retrouvé Animateur
Nombre de messages : 961 Age : 67 Localisation : Normandie Date d'inscription : 01/09/2017
Sujet: Re: Le business model de l’horlogerie en pleine mutation digitale ? 28/10/2017, 15:22
Comme d'autres intervenants , je ne vois pas d'avenir à la vente en direct , sur internet , par les manufactures , si elles se contentent de proposer leurs modèles au prix boutique , sans offrir ni accueil ni relationnel ni conseil personnalisé ni possibilité d'essayage ( capital ! ).
En effet , pour ce qui est des prix , une multitude de négociants , français , européens , américains , asiatiques , est déjà installée , proposant des remises allant de 20 à 40 % sur les tarifs catalogue 2017 , y compris pour le très grand luxe ...
Si je raisonne par analogie avec le matériel hifi audiophile hdg , la marge brute des revendeurs , pour les montres de luxe , doit certainement tourner autour de 50 % . C'est dire le manque à gagner théorique pour les firmes . D'un autre côté , les revendeurs achètent les montres ...
Bien entendu , les manufactures ne peuvent pas court-circuiter leur réseau de revendeurs .
Il resterait cependant beaucoup de marge , c'est le cas de le dire , pour une remise modérée mais " qui fait plaisir " , genre 10 % , en cas d'achat sur le site internet des manufactures.
Et , pourquoi pas , une fidélisation de l'acheteur , avec une carte nominative générant des points et des remises supplémentaires sur les achats suivants ?
Le business model de l’horlogerie en pleine mutation digitale ?