J'irai plus loin que Grégory Pons, je n'hésiterai pas à pointer du doigt un risque : celle d'une
reprise en W (pour les économistes, le terme technique est : "double-dip recession").
Il y a des signes qui peuvent être observés :
1 -
La reprise n'est pas uniforme : il existe une forte disparité chez les marques entre celles qui reprennent des couleurs et d'autres qui s'enfoncent.
2 -
Risque sur la croissance mondiale : beaucoup de signes apparaissent de plus en plus avec non seulement la multiplication des risques géopolitiques mais aussi et surtout à travers l'évidente bulle financière qui est réapparue avec des cours de bourse qui ont à nouveau dépassé ceux de la précédente crise financière (pas très bon signe surtout que c'est totalement disproportionné par rapport à l'évolution de l'économie réelle). Problème : la plupart des États sont endettés, les banques centrales ont déjà utilisé tous les moyens disponibles pour relancer l'économie (gigantesque création de masse monétaire qui a arrosé les banques avec de l'argent facile pendant une décennie), certaines entreprises sont très endettées (je ne parle pas de la grenouille Patrick Drahi qui voulait devenir aussi grosse que le bœuf et qui finira comme Messier mais des banques chinoises remplies de créances pourries liées principalement à la bulle immobilière que le gouvernement totalitaire de Xi Jinping tente de juguler le mieux possible sans déclencher une récession)... La liste est longue mais le contexte mondial est tout sauf rassurant. Et pour le coup, c'est un vrai facteur exogène qui est plus grave que le franc suisse fort.
3 -
Les marques horlogères n'ont pas pleinement tiré les enseignements de la crise du secteur en 2016 : à l'exception de quelques marques qui s'étaient déjà réformées avant la crise de 2016 et qui ont bien résisté, les marques ont dans la majorité fait le dos rond et fait porter la charge sur leurs fournisseurs (SG), viré à tours de bras son management reconnu enfin comme incompétent ou une partie de son malheureux personnel (Richemont) et rogné sur la qualité pour comprimer les coûts et le tout sans grande remise en cause de la politique des prix qui est un peu l'une des grandes causes de la crise avec une offre décalée par rapport à l'évolution de la demande.
Le problème c'est que la crise n'a pas duré assez longtemps pour remettre en cause les fondamentaux et pour repartir sur des bases parfaitement saines. Beaucoup de groupes remettent en marche la machine à blabla pour dire que la crise est passée et rassurer leurs actionnaires. Je ne suis vraiment pas sûr que cela soit suffisant [euphémisme].
PS : Il ne faut évidemment pas espérer que les crises durent trop longtemps mais il ne faut pas non plus attendre que le secteur horloger se réforme de lui-même en profondeur sans être mis devant l'abime. La réforme, malheureusement, sauf chez les véritables managers qui ont une vision plus large que celle qui s'arrête à la hauteur de leur bureau, est confinée au superficiel.
- Spoiler:
Sinon, toujours aussi acide Grégory Pons : "nougat composite", "professionnel de l'enfumage", il est en forme.
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"Le moyen d'avoir raison dans l'avenir est, à certaines heures, de savoir se résigner à être démodé" - Renan