1 semaine avec la Yachtingraf, premier bilanUne montre est un assemblage de plusieurs concepts ou éléments plus ou moins factuels et dont l'importance est souvent subjective. Il est donc difficile de hiérarchiser ce qui nous plaît ou déplaît avec une montre.
la marque : YemaOn lit ça et là des choses plus ou moins vraies sur l'historique de la marque. Pour moi, des arguments exposés il y a 2 choses importantes :
- si
Yema est un emboîteur depuis ses origines, elle n'en reste pas moins une marque qui a sorti des modèles qui se sont inscrit dans l'histoire.
Certes il y a le côté français, mais pas seulement, de l'autre côté de l'atlantique sous le label "LeJour" certains modèles ont rencontré un succès plus que d'estime et intéressent les collectionneurs. La Yachtingraf n'est pas une exception, il n'y a qu'à voir les résultats de transactions sur eBay pour constater que le modèle historique reste encore aujourd'hui un modèle hautement prisé dans le monde.
D'une part, on ne peut pas nier que
Yema a su emboîter, d'autre part le concept de "manufacture" n'a pas toujours fait l'objet d'un culte comme aujourd'hui. J'avoue trouver ridicule le fait d'absolument vouloir nommer un calibre "maison" quand un examen attentif (quand il n'est pas sommaire) suffit à déterminer que ce calibre n'est qu'une déclinaison d'une poignée de références du marché, suisses ou japonaises pour la plupart. Tout le monde ne peut pas se permettre de réinventer l'horlogerie et tout le monde n'a pas les moyens d'acheter l'originalité du mouvement d'une Richard Mille.
- indépendamment de ce que représente la marque ou son passé, il faut reconnaitre que
Yema présente aujourd'hui des modèles qui attirent, qui surfent sur la tendance "héritage" en puisant dans son histoire et qui sortent à des prix qui les mettent en concurrence avec d'autres concepts historiques ou au contraire novateurs. Et il faut reconnaitre également que la marque revient de loin...
Yema a un fort ADN qu'elle n'a pas toujours respecté, mais d'un autre côté pourra-t-elle capitaliser longtemps sur son ADN ? La réponse à cette question peut faire l'objet d'un autre débat. Moi ce qui m'intéresse aujourd'hui c'est que dans un océan de propositions,
Yema en fait quelques unes qui ont suffisamment suscité mon attention pour acheter 2 modèles sur les 4 de la collection héritage (et je ne parle pas de 2 autres
Yema achetées pour un besoin spécifique).
La Yachtingraf : un chronoÇa parait débile d'écrire ça, mais bien avant l'usage régate, la Yachtingraf est un chrono. C'est un chrono donc l'originalité est de présenter un cadran lisible pour un usage de régate. Et il faut l'avouer, cette présentation est originale et mieux encore, fonctionnelle. On a affaire à un chrono qui sort de la banalité. Qui n'est pas qu'un modèle "de plus" de la galaxie des montres et qui présente de la couleur, sans être de mauvais goût, ce qui n'est pas pour me déplaire. 1 semaine après, le charme opère toujours et c'est là l'essentiel. C'est, je pense, une montre dont je ne vais pas me lasser.
Pour tenter d'exprimer ce que peut être une CHI ou un désir latent de s'équiper d'un chrono, je dirais que ce qui me parle avec la Yachtingraf est exactement ce qui me parle avec une Zenith El Primero et ses cadrans de couleur. Un intérêt latent entre 2 montres dans un écart de prix très conséquent.
Est-ce à dire que la
Yema vaut la Zenith ? Pas vraiment. Dans les détails, il y reste des marges de progrès à
Yema pour sortir une finition comparable. Ça se joue sur des usinages, la qualité des aiguilles, de petites choses ça et là qui offrirait plus d'impact, mais feraient monter la facture.
Mais, je le dis tout net : mon plaisir de tous les jours au poignet serait le même entre la Zenith et la
Yema. Et je vais même plus loin : la
Yema m'amuse plus, je ne la vois pas comme une montre figée, elle va évoluer selon les bracelets que je lui mettrai et les moments qui feront que je choisirai de la mettre plutôt qu'une Rolex, une Jeager, une Breitling ou autre montre moins prestigieuse que je n'ai aucun complexe à porter. Ne plus être dans la démonstration d'un pouvoir d'achat ou dans l'apparence, porter le truc qui parle à soi, à condition qu'il nous parle.
Et Omega en chrono ? Autant j'aime bien la lisibilité d'une Speedmaster au niveau du cadran et des aiguilles, autant je trouve le boitier très moche et son rendu au porté sur moi ne me plaît pas. Le boitier de la Yachtingraf réussi le tour de force d'être simple et beau. Si je regarde par le passé les montres que je n'aime plus porter, quasiment toutes ont un boitier que je trouve démodé, des cornes qui me rebutent ou un effet qui me lasse. le côté simple et utilitaire des boitiers Rolex (avant qu'ils s'embourgeoisent) me parlent. Ce qu'a fait
Yema avec la SH me parle et est une base qui permettrait de subtiles évolutions pour rendre l'objet plus chic tout en restant utilitaire. Ce qu'a fait
Yema avec la YH, c'est d'arriver à reprendre son ADN pour y mettre un mouvement différent. Au début je me disais qu'il y aurait eu quelques petites astuces supplémentaires qui auraient dues être faites, mais avec la réflexion et après 1 semaine au poignet, je dois dire que le boitier est très sympa malgré son épaisseur (et peut-être un peu aussi grâce à cette épaisseur). Mais ce boitier à un petit truc en plus par rapport à la SH ou à d'autres montres : les cornes. Franchement les plans coupés, le "biseau" comme je l'ai lu ici quelque part, c'est très réussi. Ça donne à la montre sa vraie personnalité, par rapport à une Rolex par exemple, mais beaucoup plus réussie, à mon goût que chez Omega...
Est-ce à dire que la YH vaut largement l'Omega ? La encore, certains petits détails (mais moins que sur la Zenith) pourraient être travaillés pour valoriser un peu plus la montre. Mais je le dis tout net : je préfère cette
Yema au poignet à toutes les Speedmaster... et ça c'est une très grande réussite pour un modèle qui surfe tout autant sur "l'héritage".
Le prix :Reste l'aspect de la réflexion "au prix" qui est un moteur d'achat pour tous.
La mienne a le verre saphir que je juge nécessaire pour moi si je regarde l'état de tous les verres minéraux de mes montres passées. Ça monte la facture à une fourchette entre 2200 et 2500 euros en fonction de la remise. Il y a donc plein de concurrentes sur le marché à ce prix là...
Donc dans l'absolu ai-je bien une montre de ce budget au poignet (si c'est un truc qui importe aux gens) ? Et bien là c'est subjectif, certains vont valoriser à outrance tel ou tel aspect, voire qu'une ZRC Grands Fonds c'est un tank qui vaut ses 2500 euros et que la
Yema fait plus "délicate". Mais moi je pense que ce que j'ai au poignet vaut bien d'y mettre plus que bien d'autres choses qu'on me dira plus raisonnable.
Certes, je l'ai dit, il y a des marges de progrès, des économies d'échelles ou des micro investissements à faire ci et là pour donner une copie parfaite, mais franchement pas de regrets, cette YH est sincèrement intéressante sur des aspects factuels et subjectifs.
J'ai omis de parler de mouvement : le 7753 c'est pour moi comme même un peu une garantie. Pas le plus beau des mouvements, pas un El Primero, mais un sacré tracteur qui a fait ses preuves et qui fait que je préfère aujourd'hui qu'il y ait du Suisse dans une montre française et que ça peut coûter plus cher qu'autre chose mais ça les vaut. D'autre part le suis sensible a l'écartement entre les compteurs. Et ce 7753 bien que gros m'apporte le look que j'aime bien par rapport à d'autres trucs plus étriqués qui sont sur le marché aujourd'hui (les nouveaux Omega par exemple que je trouve étriqués). C'est peut-être un truc de début de vieux con, mais pour moi les Landeron ou les Valjoux sont les chronos de mon enfance.
Bref, 1 semaine après, j'avais envie d'écrire ça