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 Actu : La bourse est un facteur d'inertie.

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ZEN
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MessageSujet: Actu : La bourse est un facteur d'inertie.   Actu : La bourse est un facteur d'inertie. EmptySam 8 Sep 2007 - 20:29

Citation :
«La bourse est un facteur d'inertie. Il faut toujours et sans cesse tout expliquer et justifier»






Thomas Straumann, milliardaire et multi-entrepreneur.


Bastien Buss
Samedi 8 septembre 2007

Le Temps: Vous êtes une célébrité en Suisse alémanique, mais nettement moins connu outre-Sarine. Pourquoi?

Thomas Straumann: J'ai un affreux handicap: ma maîtrise du français est catastrophique (rires). Plus sérieusement, je déploie davantage mes activités dans la partie alémanique du pays. Ceci permettant d'expliquer cela. Je souhaiterais toutefois renforcer ma présence en Suisse romande. En ce qui concerne Straumann (STMN.S), numéro deux mondial des implants dentaires et dont je suis membre du conseil d'administration (ndlr: et actionnaire le plus important avec 32,4% du capital), notre présence s'avère très importante dans la partie francophone du pays. Preuve en est notre site de production de Villeret, dans le Jura bernois, que nous ne cessons de développer. A l'heure actuelle, nous y employons 350 collaborateurs.

- A 44 ans, vous avez tout réussi: milliardaire avec une fortune estimée entre 1,5 et 2 milliards, docteur honoris causa de l'Université de Bâle, entrepreneur multiple, nombreux mandats d'administrateur, etc. Qu'est-ce qui vous meut encore? Quels sont vos objectifs?

- Je souhaite encore développer les sociétés dans lesquelles je suis actif. Il faut sans cesse avancer, pour... ne pas reculer. Il convient de mener ces différents projets au succès. Par exemple avec Medartis, que j'ai créée en 1997 et qui est active dans les technologies médicales, dont les implants pour la chirurgie faciale, des pieds et de la main. Cette société est en pleine croissance et nécessite énormément d'attention afin de lui donner encore davantage d'impulsion.

- Quels sont les liens entre Medartis et Straumann?

- Avec Medartis, il s'agissait pour Straumann, à l'origine, d'une étape de diversification, comme une sorte de deuxième pilier sur lequel nos activités de base pouvaient s'appuyer. Avec le temps, nous nous sommes renduscompte que les deux domaines d'activités divergeaient trop, notamment au niveau de la commercialisation, même si des synergies existent au niveau de la formation.

- A l'échelon mondial, Medartis, dont vous êtes actionnaire à 70%, est encore un acteur de petite taille...

- En effet, mais nous œuvrons à muer la société en un acteur global, mondial. Nous avons bon espoir d'y parvenir. Le développement de Medartis est tel que la question de son entrée en bourse (IPO) se posera dans quelques années. A ce moment-là, nous devrons analyser les différentes voies pour financer sa croissance. Une IPO fait partie des scénarios envisageables.

- Vous possédez deux hôtels de luxe, le Grand Hôtel Bellevue de Gstaad et les Trois Rois à Bâle. Qu'est-ce qui vous a poussé à investir dans ce secteur?

- De par mes nombreux voyages, j'ai été amené à séjourner dans de nombreux établissements. Les pires comme les meilleurs. J'avais donc une connaissance relativement bonne du secteur. Mais y investir n'était pas une inclination existentielle. C'est venu un peu par hasard. Dans les deux hôtels, j'étais avant tout fasciné à faire coexister la forte tradition et l'histoire des deux établissements en y ajoutant une touche de modernité.

- On évoque des investissements de 200 millions de francs rien que pour les Trois Rois en achat et en rénovations...

- Ce sont là de pures spéculations. L'essentiel réside ailleurs. Ce monument historique de la ville de Bâle méritait de retrouver la place qui lui est due. Il a fallu deux ans de rénovations pour que le palace retrouve son lustre d'antan. 90% de l'établissement est aujourd'hui similaire à celui de 1844. Au niveau de l'offre hôtelière haut de gamme, c'est un avantage indéniable pour Bâle.

- Vous êtes aussi actif dans l'horlogerie...

- Effectivement. Là, l'ancrage est plus historique. Ma famille, à l'origine, a développé de nombreuses activités en tant que fournisseur horloger. Mais avec le développement de Straumann comme spécialiste des implants dentaires, il a fallu faire un choix. Nous avons donc revendu le fonds de commerce, avec toutes les patentes et les brevets. Un ancien employé de la marque IWC a repris l'ensemble et a décidé de relancer la marque Moser, établie à Schaffhouse. Il y a deux ans, son patron m'a invité à visiter la société. Et là, j'ai été tellement impressionné par le travail effectué et en même temps la société procédait à une augmentation de son capital-actions que je suis entré à hauteur de 37%
.

- Parlons un peu de Straumann, société familiale dont vous êtes le représentant de la troisième génération. Quel est son potentiel de croissance?

- Différentes études évoquent un potentiel de hausse 15% par année pour le marché mondial des implants dentaires. Nous voulons croître à un rythme plus soutenu et y sommes parvenus ces dernières années. A ce niveau, nos objectifs n'ont pas changé.

- Et pour cette année?

- Nous confirmons les prévisions faites lors de la publication des résultats semestriels. A savoir un chiffre d'affaires en progression de 22% par rapport aux 599,2 millions de francs dégagés en 2006. La marge d'exploitation devrait quant à elle s'établir à 27%.

- Vous avez récemment connu des déboires aux Etats-Unis. Sont-ils en passe d'être résolus?

- Assurément, nous sommes sur la bonne voie. Les autorités sanitaires, la Food and Drug Administration (FDA), nous ont demandé une mise à jour de certaines procédures de la documentation de qualité. Et nous l'avons fait. Nous attendons désormais une réinspection de notre site de production en Suède. Nous sommes optimistes de pouvoir bientôt reprendre l'exportation de ces produits vers ce pays. D'une manière générale, nous sommes extrêmement vigilants, cela va sans dire, sur la qualité irréprochable de nos produits.

- Vous avez acquis la société Etkon, ainsi que vos distributeurs japonais et sud-coréens. D'autres rachats sont-ils prévus?

- Ces trois acquisitions constituent une étape clé, disons même fondamentale, dans le développement de la société. Il convient maintenant de les intégrer. A ce stade aucun autre rachat n'est à l'ordre du jour.

- Pourquoi Etkon est-elle si importante à vos yeux?

- Le futur de l'industrie de la reconstruction dentaire passera toujours plus par les technologies CAD/CAM, c'est-à-dire du «computer-aided design/manufacturing». Nous avons ainsi tout de suite atteint une taille critique dans ce domaine que l'on pourrait résumer par la spécialisation dans le design et la fabrication de prototypes dentaires à l'aide de l'informatique.

- Straumann deviendra-t-elle un jour numéro un mondial?

- Cela n'est pas un but en soi. Dans l'absolu, devenir leader ne revêt pas une importance capitale. Ce qui compte, c'est que nous continuions à innover, à développer nos produits et que nos avancées technologiques soient de taille. Nous voulons être les premiers au niveau technologique, des services et du partenariat avec les dentistes et pas en ce qui concerne la grandeur.

- Ces dernières années, de nombreuses petites et moyennes entreprises se sont lancées dans les implants dentaires...

- C'est tout à fait exact et ce serait une funeste erreur que de les sous-estimer. Elles ont su trouver des niches fort intéressantes et nous devrons à l'avenir redoubler de vigilance. Mais ces nouvelles sociétés offrent également des opportunités. On peut en effet envisager des collaborations, voire des fusions. Alors que le secteur des implants dentaires est en plein développement, un premier processus de consolidation pourrait apparaître. Attention, ne nous méprenons pas: le marché est loin d'être arrivé à maturité. C'est d'ailleurs tout le contraire puisque ce domaine commence à peine à décoller.

- Est-ce que Straumann envisage de racheter ses propres actions?

- En l'état, aucun programme de cette sorte n'est prévu. Cela ne veut pas dire qu'il n'y en aura pas ces prochaines années, mais à court terme je peux l'exclure.

- A quand la barre du milliard de francs de chiffre d'affaires?

- Si nos taux de croissance se maintiennent au niveau actuel, nous pourrions franchir le seuil du milliard en 2009. C'est une barre purement symbolique. Cela dit, je me remémore avec émotion le moment où nous avions franchi les 100 millions de ventes. Nous ressentions déjà une sorte de fierté et cela nous semblait être une montagne.

- Straumann est entrée en bourse en 1998. Reconduiriez-vous l'expérience?

- J'ai une impression un peu mitigée. Pour assurer et accélérer le développement de Straumann, l'IPO était la seule alternative possible. Et nous avons eu raison de franchir le pas. Mais entrer en bourse n'est de loin pas la panacée. Garder son indépendance permet de prendre des décisions plus importantes, de disposer de davantage de flexibilité. En résumé, les sociétés privées peuvent prendre beaucoup plus de risques. A la bourse, il faut toujours et sans cesse tout expliquer et justifier. C'est un facteur d'inertie. Je ne sais pas si je conduirai personnellement encore une fois une IPO dans ma vie.


http://www.letemps.ch/template/economie.asp?page=9&article=214361#Scene_1

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