Breguet N°3190, vendue en 1819 au Baron de Vietinghoff

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Bonjour,

je vous présente une des mes plus belles acquisitions, ça faisait un moment que je cherchais une Breguet de cette époque et c’est arrivé plus tôt que je ne le pensais…

Un bref retour sur la situation de Breguet et de son entreprise vers la fin de sa vie.

La période durant les guerres napoléoniennes et la politique extérieur de l’Empire après 1807 fût très mauvaise pour les affaires de Breguet, une grande partie de sa clientèle étant étrangère et de la noblesse.

Les ventes de la maison tombent au plus bas à 66 pièces en 1813 (alors que 15 ans plus tôt les ventes dépassaient pour la première fois les 100 montres). Mais elles remontent à une centaine de pièces en 1814, pareil pour l’année suivante. La clientèle étrangère représentant 2/3 des ventes. Le niveau de vente jusqu’en 1815 est d’une centaine de pièce par année, la progression est ensuite régulière jusqu’en 1818 où le chiffre de 168 pièces est attent. Ce volume sera retrouvé en 1822, après un léger fléchissement dans l’intervalle. En 1819, soit l’année de vente de la pièce ci-dessous, 152 pièces sont vendues. 147 pièces pour 1823. La maison ne réédite pas ses performances des années 1803 et 1805 où le plafond des 190 ventes annuelles avait été dépassé, en revanche elle retrouve le niveau du chiffre d’affaires annuel des grandes années de l’Empire. 290’000 francs en 1808 contre 329’000 francs en 1818. Le record de la maison est de 336’000 francs en 1822.

Dès la seconde moitié de 1814, Abraham-Louis Breguet est nommé membre du Bureau des longitudes de Paris. Crée en 1795 par la Convention nationale, cet organisme a pour vocation le perfectionnement des diverses branches de l’astronomie et leurs applications à la géographie, à la navigation et à la physique du globe. Second acte de reconnaissance, dans le prolongement du précédent, par ordonnance du 27 octobre 1815, Sa Majesté le roi Louis XVIII décerne à Abraham-Louis le titre officiel d’Horloger de la Marine royale, succédant à Louis Berthoud. En 1816, Breguet entre à l’Académie des sciences. Il avait délégué à son fils, Antoine-Louis, la direction des ateliers, permettant à Abraham-Louis de se consacrer à la quête perpétuelle de l’innovation et du perfectionnement. Après sa mort en 1823, Antoine-Louis prend la direction de la célèbre maison.

Pour en revenir à la montre, vendue au Baron de Vietinghoff Père le 5 février 1819 pour 3000 francs, avec la boîte d'origine N°3190.

Les membres de la famille Vietinghoff servirent dans les gouvernement et à l’armée des Tsars, des empereurs allemands, roi de Suède, Danemark, Pologne, France, Espagne, Pays-Bas, Württemberg, Saxe et Prusse. Des Vietinghoff se sont battus contre Napoléon et d’autres ont même servis dans son armée.

Le Baron de Vietinghof père dont il est question dans l’extrait des archives est probablement Burchard Christoph von Vietinghoff (Riga, 12 décembre 1767–Marienburg, 17 avril 1828)

https://de.wikipedia.org/wiki/Burchard_Christoph_von_Vietinghoff

Baron de Vietinghoff, naturaliste Letton, chambellan à la cours de Russie et conseiller secret du Tsar, qui visite Paris pendant 6 mois en 1819. Il est le fils the Otto Hermann von Viethinghoff et frère de la fameuse femme de lettres “Madame de Krudener”, Beate Barbara Juliane von Kruedener. Burchard Christoph von Vietinghoff était un mélomane, un collectionneur d’art et de rareté des sciences naturelles. Il était directeur de la Société biblique en Russie, président the la Société minéralogique, membre de la Société Philantropique à Saint-Pétersbourg et membre honoraire de la Société d’Art et Littérature de Courlande. En 1802, il devient membre honoraire de l’Académie des science de Saint-Pétersbourg. En 1822 il est l’hôte de l’Empereur de Russie Alexander I à Marienburg est reçoit l’Ordre de Sainte-Anne, première classe. Il se retire de la vie publique en 1825 à cause d’une hémiplégie.

La boîte, en or, a été réalisé par Tavernier, il s’agit d’une répétition à demi-quarts avec heures sautantes. Le cadran est un peu usé mais globalement en bon état.

“Pour ses boîtes, Abraham-Louis Breguet fait appel aux meilleurs artisans de sa génération et s’attache pour de longues années les services d’artiste véritables: Gros, qui est signalé sans interruption de 1787 à 1819, Mermillod, de 1792 à 1806, et surtout Tavernier et Joly. Commençant à travailler pour Breguet respectivement en 1792 et 1796, à eux deux, ils réaliseront la plupart des boîtes des montres fabriquées du vivant d’Abraham-Louis Breguet, avant de poursuivre leur œuvre sous la direction de son fils. Les boîtes sont marquées du poinçon de maître de leur fabricant et possèdent leur propre numéro, différent du numéro individuel de la montre, souvent précédé de l’initiale du nom de son fabricant.”

Très beau travail de Tavernier

Extrait des archives, sans certificat pour l'instant

Sous le cadran, image par Dr. Crott

Un joli trio avec des pièces modernes

Sources pour les ventes de la maison à l'époqe: Livre d’Emmanuel Breguet “Breguet, Horloger depuis 1775” https://www.breguet.com/fr/maison-breguet/actualites/r%C3%A9%C3%A9dition-du-livre-%C2%AB-breguet-horloger-depuis-1775-vie-et-post%C3%A9rit%C3%A9-d%E2%80%99abraham-louis-breguet-%C2%BB

Et pour finir une courte vidéo de la répétition, sonnant 12 heures 52 minutes et 30 secondes (12 heures + 3 quarts + 1 demi quart) Un seul marteau, seul l’intervalle permet de distinguer les heures des quarts. Vidéo disponible en 4k 

Une très belle pièce, qui rejoint ma collection