Restauration d'un tourbillon Christophe Claret

Salut à tous!

Aujourd'hui, je partage avec vous ce travail.

Première fois que je mets mes mains sur un tourbillon.







Pivots de cage cassés, pivot de roue d'échappement côté roue cassé.

En bonus, la roue à canon tordue, une dent de la roue de moyenne tordue, et le rubis du pont de cage abîmé.




















L'idée est donc de tourner un posage en laiton pour y chasser la pièce.

Cette pièce étant impossible à prendre en pince, cette solution garantit un centrage parfait.

Même chose pour l'autre côté.














Pour la roue d'échappement le posage ne peut pas être réalisé de la même manière pour éviter de venir se saisir sur les dents.

J'ai eu l'idée de percer au diamètre le plus serré, de manière à ce que l'axe de la roue rentre sans jeu, puis de coller la pièce pour la sécuriser en place.














Et le tourbillon remonté.















Sur la video la montre n'est pas remontée à fond.

Et désolé pour la qualité médiocre.

En terme de réglage je trouve que je m'en sors bien, entre de 240 et 265° d'amplitude à plat, mais un réglage aux petits oignons malgré le spiral plat mal fichu et le reste.

Le seul défaut de centrage réside donc sur la cage autour de la roue fixe.

La roue fixe était un peu abîmée à cause de la casse du tourbillon, elle ne devait pas aider au réglage, et je n'ai aucune idée de comment recentrer la denture par rapport à la platine donc je n'y touche pas.

Mon pivot en tout cas, a été parfaitement replanté à l'endroit où il était avant au centième près.

Le réglage ne laisse échapper aucun signe de mal rond sur la roue d'échappement, ce qui me laisse penser que le travail effectué est correct.

Et c'est à peu près tout!

"et c'est à peu près tout !" ... 

moi je dirais "Superbe travail !" 

je suis admiratif. Chapeau !

Isosta

Que dire ?
A la fois merci de cette découverte,
bravo pour le travail,
les photos et le film sont parfaits
mais surtout le plaisir immense de découvrir cette belle complication trop rare dans la section technique ! 
Donc encore Bravo et Merci ! 

Question subsidiaire : Sais-tu comment de tels dégâts sont survenus ?

Merci à vous!


J'imagine une simple chute mais le boîtier n'était pas marqué.

Les pivots de la cage tournent dans des rubis montés rigide, chassés dans les ponts, rien n'est prévu pour absorber les chocs.

Merci Gzotor, très bon boulot effectivement

Merci pour le partage, même si je suis loin d'être un expert !

A titre indicatif, combiens de temps cela prend-il pour effectuer un travail comme celui-ci ?

Y.

Les perçages/replantage de pivots m'ont pris une bonne journée de travail.

Ça pourrait être plus rapide mais avec les forêts carbure j'ai pas le droit à l'erreur.

Régler les autres problèmes, remontage/réglage une autre journée, en gros.

Gzotor a écrit:

Les perçages/replantage de pivots m'ont pris une bonne journée de travail.

Ça pourrait être plus rapide mais avec les forêts carbure j'ai pas le droit à l'erreur.

Régler les autres problèmes, remontage/réglage une autre journée, en gros.

Joli et coui**u. Toujours un régal ces posts avec de l'usinage, bravo et merci de les poster.

Forets carbure de combien ? Fais nous peur

Après le tour à pivoter, ca fait des pivots de quels diamètre ?

Je les pivote au tour directement, je trouve ça moins dangereux.

Perçages à 0.2 pour les pivots de cage, je chasse une barre un peu au dessus du diamètre, j'ai pas mesuré les pivots après mais aux alentours de 0.2, un peu en dessous.

Perçage à 0.1 pour la roue d'échappement, peut-être 0.07 après pivotage.

J'ai pas essayé de mesurer, je m'en fiche un peu, je pivote jusqu'à ce que ça rentre proprement dans le rubis.

Gzotor a écrit:

Perçage à 0.1

Joli

J'ai pas plus petit

J'ai subi pas mal d'entraînement, j'en suis pas à mon premier perçage à 0.1!

En vrai ça n'est pas spécialement difficile, ces forêts carbure sont très franchement incroyables et percent n'importe quoi.

C'est un peu comme pour la soudure, la préparation c'est 80% du travail.

Il faut bien régler le centrage entre la pièce et le forêt, et faire un pointage sans défaut, si ces deux conditions ne sont pas remplies tu peux oublier les perçages en dessous de 0.3.

Ensuite faut être progressif, tu perces une seconde, tu retires le forêt, tu enlèves les copeaux, et ainsi de suite.

Sur les forêts de 0.2 j'arrive à percer dans de l'acier trempé sur toute la longueur du forêt, je me suis fabriqué des aiguilles de tourne disque avec ça et de la corde de guitare.

Sur 0.1 j'arrive pas à percer au dessus de 30% de la longueur, donc j'ai l'avantage de connaître ma limite, mais percer sur deux pas est largement suffisant pour le moindre plantage à ce diamètre.

Impressionnant, vraiment.

Félicitations !
Ca fait quoi de travailler sur un tourbillon ?
Un peu d’appréhension ou même pas peur ?

Car de la façon dont tu présentes la chose ça parait facile.
Mais ça doit être comme au cirque, cela parait simple lorsqu'il y a une grande maitrise derrière...

willbur a écrit:

Félicitations !
Ca fait quoi de travailler sur un tourbillon ?

Ça fait penser que je suis pas assez payé...


Sinon, non, c'est pas compliqué.

Le tourbillon n'a jamais été un truc mystique pour moi, et je vois pas pourquoi ça devrait l'être pour quiconque.

C'est une montre mécanique avec une roue de moins et l'échappement qui tourne sur lui même.

Je veux dire, à l'époque de Breguet c'était techniquement très costaud à construire, aujourd'hui avec un commande numérique digne de ce nom c'est un peu différent.

Mais ici je ne fait rien de techniquement très poussé en comparaison.

Malgré tout c'est plus sympa à voir tourner qu'une montre mécanique standard c'est sûr.

ne reste plus qu'a attendre un gyrotourbillon alors

Gzotor a écrit:

 aujourd'hui avec un commande numérique digne de ce nom c'est un peu différent.

et moi qui pensait qu'ils faisaient ça avec leurs petits doigts et leurs petites limes
voilà t'y pas que notre léo national nous brise un rêve
en tous cas tu démystifies le bazar
mais surtout de nouveau tu bluffes tt le monde

chapeau bas l'artiste

Merci!

Impressionnant, merci pour le partage

Je pensais que "il est très difficile de devenir un horloger capable de s'occuper des tourbillons". C'est ce que disent souvent les grandes manufactures, et utilisent comme argument pour les délais de production et de révision des tourbillons. (Enfin, je n'ai pas les moyens de me payer un tourbillon mais un QA quand même)

J'ai un ami qui a travaillé chez Christophe Claret pendant quelques années, au polissage des cages tourbillon.

C'est lui qui a identifié le calibre quand je lui ai montré.

Il m'a aussi demandé combien mon travail devait être facturé, et ma appris que chez Claret une révision de tourbillon coûte entre 8 et 20 mille chf.

Pour ce qui est de la difficulté je n'ai pas fait attention

Gzotor a écrit:

...
Il m'a [...] appris que chez Claret une révision de tourbillon coûte entre 8 et 20 mille chf.
...

Le travail effectué peut-il être qualifié de révision ? N'est-on pas bien au-delà ?

Merci pour le partage. Chapeau bas pour le boulot.