L'annulation des salons à Genève et Bale donne des ailes aux indépendantistes et l'on voit poindre une multiplication de micro-salons mono marques et/ou mono groupes qui ne ressemblent à rien et renferment leurs organisateurs sur leur(s) seule(s) marque(s) alors que les salons généralistes ouvraient la voie à la découverte d'autres fournisseurs pour les détaillants.
Les salons, professionnels avant tout, sont depuis plusieurs années devenus des salons ouverts au public, sortes de salons de l'agriculture, dédiés à l'horlogerie, ceci pour le plaisir du public mais faisant perdre leur âme à ces manifestations qui ne deviennent plus que des évènements parmi d'autres.
Internet a multiplié les blogueurs, spécialistes experts autoproclamés, qui viennent parasiter le travail des professionnels en sélectionnant ce qui leur plait et finalement oriente le marché vers des produits qui ne sont pas nécessairement ceux que le public aurait choisis en les découvrant chez les détaillants. Les salons se sont laissés envahir par les non-professionnels et ont en grande partie abandonné leur vocation. Avant, c'est la presse qui a postériori faisait découvrir les dernières Rolex, aujourd'hui c'est un ou deux sites qui les sortent en live depuis les allées du salon.
La presse doit faire meilleur ce qui n'est pas très difficile mais elle doit aussi faire plus vite et donc avoir avant l'heure les scoops pour avoir le temps de les imprimer...
Pendant que les marques amusent les blogueurs, elles oublient les vrais professionnels et surtout leurs clients professionnels de la revente au détail. Du coup, cela ne vaut plus vraiment la peine d'être au salon puisque ce n'est plus un lieu de découverte mais simplement un lieu d'exposition. Cela ne devient même plus un lieu de signature des contrats. Pas étonnant que chacun prenne la poudre d'escampette et fasse son micro-salon dans un hall d'hôtel ce qui apportera la même plus-value que la participation au salon généraliste.
Que les salons redeviennent professionnels, fassent leur cœur de métier, assurent une communication virtuelle mais un salon physique professionnel et la magie reviendra, l'envie y sera et la curiosité sera le fruit de la frustration créée et contrôlée. Un seul grand salon à Genève suffirait sans doute à restaurer l'intérêt du salon et rassembleur de ceux qui ne sont pas encore partis, il rassemblerait aussi ceux qui sont partis.
Pour le moment, le bon chemin n'est pas pris. La somme des intérêts individuels ne fait pas un intérêt collectif et général. Ce n'est pas une marque qui est en danger mais toute l'industrie. Evidemment, chacun pourra dire que la compassion de l'horlogerie à l'égard des victimes de la maladie se limite à son chiffre d'affaires et je n'ai pas vu une seule maison annoncer un don pour la recherche médicale alors que c'est par l'arrêt de l'épidémie que le chiffre d'affaires reviendra, mais Rolex n'ira pas mieux si toute l'industrie horlogère s'effondre autour de la marque. Il est grand temps de reprendre le sujet en main .
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Contraria contrariis curantur. (Les contraires se guérissent par les contraires).