"Le vrai risque de la crise, c'est l'oubli..." Ces mots ne sont pas de moi mais ce sont ceux d'un CEO à son personnel. La crise, le confinement, la période de fermeture des entreprises puis la reprise avec l'angoisse, la crainte économique d'une récession, les emplois perdus, les pertes de revenus etc … Tous ces facteurs peuvent faire oublier les montres et il n'est rien de plus dangereux.
Il faut absolument rester présents expliquait ce CEO…
Rester présent oui, mais comment ? C'est là une question de survie mais par quels moyens rester présent ? Les réseaux sociaux donnent une présence immédiate mais sur un instant de raison, le temps d'un like. Un consultant explique que dans les 15 secondes qui suivent un like sur Instagram, un internaute sur 2 ne sait pas qui est l'auteur du message qu'il like, que dans les 15 secondes il est incapable de citer le nom du produit, qu'au bout de 30, il n'est plus capable de décrire ce qu'il a liké et qu'après 10 minutes, il redécouvre le message dans 85% des cas et a totalement oublié qu'il l'avait déjà vu. Ce taux atteint les 99,9% après 1 heure. 97% des utilisateurs sont incapables de retrouver ce pour quoi ils ont liké au delà de 6 heures. Les choses sont si furtives et le temps de cerveau disponible si faible que l'on frôle les 0% de souvenirs à la fin d'une journée.
Cet oubli est un véritable problème, il fait oublier la marque, se désintéresser des produits et finalement, le consommateur passe à autre chose avec le danger supplémentaire que son autre chose soit dans un autre univers que l'horlogerie. Une maison qui distribue ses montres dans le monde entier et qui plafonne ses like à une centaine en 24 heures peut légitimement s'inquiéter du peu d'effet d'entrainement qu'elle suscite. Les marques si exigeantes sur les clics et impressions de leur publicité ont raison de s'inquiéter de l'effondrement de la fréquentation de leurs sites. Un site internet vit de son taux de renouvellement de ses contenus.
Le bon vieux sujet affiché plus de 3 mois n'a déjà plus de visiteurs après une semaine. Se renouveler coûte cher et demande des compétences, des idées, de la pertinence et de la valeur ajoutée. C'est un travail à temps plein pour un fabricant de contenus. La révolution du net passera par la diversité des contenus. L'oubli vient de l'indifférence suscitée par une incapacité à se renouveler, le faible intérêt des sujets et produits et enfin à la faible exposition de sa marque.
On peut avoir été marqué que ces deux derniers mois aient été aussi vides avec des contenus peu renouvelés alors que s'il est bien une discipline qui se travaille à distance … Les marques ont raté les podcasts, les explications et ce ne sont pas les "insta" en live réalisés avec des moyens misérables qui ont envoyé du rêve et créé des contenus pour éviter l'oubli.
Ces 2 mois ont été pour les marques numériquement nulles, inexistantes et pathétiques quand un CEO en est réduit à parler tout seul devant son ordi ou sa tablette faute d'être correctement épaulé pour lui offrir des moyens et des idées un moment où il en a le plus besoin. Le retard à l'allumage fut une catastrophe et l'allumage, un cafouillage autant technique que conceptuel. Aucune marque n'avait anticipé une communication de crise et aucune ne s'en est bien sortie. Il va falloir affronter le retour aux affaires ... Communiquer mieux et dignement à la hauteur de l'image des marques que l'on défend. Il va falloir verser du contenu, analyser et reconstituer le rêve nécessaire pour réentrer dans les mémoires. Il y a déjà beaucoup de dégâts. Il y a du travail créatif à fabriquer. Le pire serait de revenir avec des idées d'avant recyclées, retardées, obsolètes … L'oubli serait alors au bout du chemin avec la faillite qui l'accompagne.
Il est temps de réfléchir avec intelligence et de se choisir les bons collaborateurs.
_________________
Contraria contrariis curantur. (Les contraires se guérissent par les contraires).