ZEN Rang: Administrateur

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 | Sujet: Actu: Délocaliser en Suisse, tentation des français Jeu 22 Nov 2007 - 7:36 | |
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- Délocaliser en Suisse, la nouvelle tentation des entreprises françaises
ARC JURASSIEN. A l'image des travailleurs, de plus en plus d'employeurs quittent le sol français pour s'installer dans les cantons de Neuchâtel, Vaud et Jura. Grogne en Franche-Comté. Pierre-Emmanuel Buss Mercredi 21 novembre 2007 La belle amitié franco-suisse est-elle en train de virer à l'aigre? Depuis quelques mois, les tensions s'exacerbent dans la zone transfrontalière. Côté suisse, des citoyens neuchâtelois et genevois installent des barrages routiers pour protester contre le flot croissant des véhicules frontaliers. Côté français, élus et chefs d'entreprise s'inquiètent de «la désertification progressive» du tissu économique local au profit de «l'eldorado helvétique».
La situation est particulièrement tendue dans le département du Doubs, cœur du Pays horloger français. Le niveau élevé des salaires des travailleurs frontaliers et le faible taux de chômage ne parviennent plus à masquer un phénomène en pleine expansion: des entreprises, souvent des sous-traitants, quittent la région pour s'installer dans les cantons de Neuchâtel, Vaud et Jura.
L'arrêté Bonny en question
Toutes souhaitent profiter de charges sociales plus basses, d'un code du travail plus souple et d'une fiscalité plus attractive avec, pour certaines, la possibilité de profiter des avantages fiscaux prévus par l'arrêté Bonny. Déjà attaqué par plusieurs cantons alémaniques, ce dernier est la cible de critiques virulentes. On lui reproche d'induire «une concurrence déloyale» qui prétérite le développement des zones frontalières. De quoi nourrir encore la polémique alors que la décision du Conseil fédéral sur la redéfinition des zones bénéficiaires est imminente.
Les statistiques manquent pour définir avec précision l'ampleur du phénomène. Une certitude: le flux est croissant. «En 2006, la moitié des entreprises du département qui avaient des projets d'implantation en Europe concernaient la Suisse, précise Laurent Sage, directeur des études économiques à la Chambre de commerce et de l'industrie du Doubs (CCID). Une évaluation est en cours pour connaître le nombre de départs effectifs.» Un autre indicateur illustre le problème du Haut-Doubs. «En dix ans, la région n'a connu aucune implantation industrielle exogène significative», reprend Laurent Sage.
Face à l'inquiétude de ses membres, la CCID a décidé de réagir. Soutenue par la Région Franche-Comté et le Conseil général du Doubs, elle a commandé une étude aux cabinets franco-suisses Prognos et Viaregio. Le résultat, présenté au mois de juin, est décapant. Les experts mettent en exergue «des territoires frontaliers français en perte de vitesse, voire en rupture». La faute à la «stratégie suisse», qui vise «le maintien organisé d'un rapport de force déséquilibré».
Un ton polémique
Le ton adopté, délibérément polémique, a permis d'ouvrir le débat en Franche-Comté. Malgré cela, rares sont les chefs d'entreprise qui osent s'exprimer à visage découvert. Le sujet est sensible, en particulier pour ceux qui ont délocalisé ou qui envisagent de le faire. «Je préfère éviter que mon nom apparaisse, confie un patron installé à Pontarlier. Politiques et syndicats me tomberaient immédiatement dessus.»
L'exemple de l'entreprise Dik Meka, à Morteau, illustre cette volonté de discrétion. Spécialisée dans la mécanique de précision et les pièces pour l'horlogerie, elle a ouvert en juin 2007 une antenne, Diproduk SA, au Locle, puis au Crêt-du-Locle. Jointe par téléphone, la direction a refusé de répondre à nos questions. Un des responsables du site de Morteau s'est montré un peu plus bavard. Selon lui, la création de Diproduk est avant tout liée «au ras-le-bol» de voir les salariés de Dik Meka rejoindre la Suisse à la première occasion.
Leur anonymat assuré, tous les chefs d'entreprise contactés par Le Temps ont souligné avec gourmandise les avantages d'un transfert. «En France, le coût du travail est exorbitant. La charge patronale dépasse les 40%, soit plus du double de chez vous», souligne un patron, qui envisage «très sérieusement» de délocaliser dans le canton de Vaud. Autre paramètre évoqué: «les appels du coude» de ses clients suisses, soucieux d'anticiper le durcissement annoncé du «Swiss made».
«Nous allons tout perdre»
Le discours n'étonne pas Annie Genevard. Maire de Morteau et présidente du Syndicat mixte du Pays horloger, l'élue UMP est confrontée au quotidien au manque d'attractivité de sa région. «Attention, pondère-t-elle. Il y a des difficultés, mais il existe encore une forte activité industrielle dans le Val de Morteau. L'horlogerie et la microtechnique représentent un emploi sur quatre. Mais si rien n'est fait, nous allons tous perdre. Cela aura aussi des conséquences pour l'économie suisse. Sans industrie, nous ne formerons plus personne.»
Annie Genevard est très remontée contre «l'attitude de certains décideurs suisses» qui cherchent à attirer les entreprises de l'autre côté de la frontière. «Quelques sociétés horlogères mettent une pression terrible. Ce ne sont pas les seules. J'ai assisté personnellement à une conférence de l'ancien ambassadeur de Suisse en France, François Nordmann. Il a fait du lobbying dans ce sens. C'est inacceptable.»
Le voisin helvète serait-il devenu l'ennemi à abattre? «La Suisse est le miroir de nos incompétences, considère un patron actif dans l'industrie automobile. Elle est dynamique et favorise l'esprit d'entreprise. Plutôt que de la fustiger, améliorons les conditions-cadres en France. La réforme des heures supplémentaires du président Sarkozy constitue un premier pas dans ce sens.»
Un problème franco-français
Tous les acteurs francs-comtois reconnaissent «la dimension franco-française» du problème. Mais pas seulement. «Un rééquilibrage des risques encourus et du développement économique est nécessaire, juge Laurent Sage. Ceci d'autant plus que le risque d'un retournement cyclique en Suisse voisine est possible. Il aurait des conséquences très lourdes pour le Département du Doubs.»
La CCID insiste sur le «déséquilibre structurel» imposé par des accords bilatéraux méconnus en France et qui font l'objet «d'un lobbying professionnel» côté suisse. La preuve? A partir de 2009, la charge de l'assurance chômage des frontaliers incombera exclusivement à l'Unedic. «En clair, cela signifie que la France payera pour des gens qui, pour certains, n'ont jamais travaillé sur le territoire national, s'insurge Annie Genevard. C'est une façon d'amplifier encore les déséquilibres.» http://www.letemps.ch/template/regions.asp?page=7&article=219830 _________________ Contraria contrariis curantur. (Les contraires se guérissent par les contraires).
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syrreau Membre très actif

Nombre de messages : 279 Age : 55 Localisation : Toulouse Date d'inscription : 01/07/2007
 | Sujet: Re: Actu: Délocaliser en Suisse, tentation des français Jeu 22 Nov 2007 - 8:34 | |
| Merci pour cet excellent article ZEN. _il sera difficile a la France de rivaliser avec le niveau fiscal de la Suisse. Vouloir le même modèle economique , serait vouloir calquer le modèle culturel sur celui de la Suisse,et nous n'avons pas le même parcours que celle ci. C'est une situation que je serai curieux d'observer dans le temps,et qui ne pourra se regler qu'avec une jurisprudence,je gôute le compromis d'avance. |
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le justicier Membre Hyper actif

Nombre de messages : 731 Date d'inscription : 05/09/2007
 | Sujet: Re: Actu: Délocaliser en Suisse, tentation des français Jeu 22 Nov 2007 - 10:14 | |
| Il existe une solution toute simple et qui pourrait être mise en place très rapidement, c'est la zone franche.
Cette solution permettrait de rééquilibrer la donne avec les Suisses.
Mais on s'en préoccupe peu puisque le taux de chômage Franc-Comtois est relativement faible, avec des niveaux de 5/6% dans les régions frontalières et un niveau global pour la région inférieur au niveau national (sources INSEE 2006).
Je ne comprends pas que les industriels français ne se soient pas encore penché sur ce problème.
Je connais une société de bracelet qui s'est localisé à 100 km de la frontière pour être sûr de conserver les employés qu'elle formait. Ses usines proches de la Suisse forment des ouvriers qui, une fois les connaissances acquises, s'en vont de l'autre côté.
Le Justicier |
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