Mais comment expliquer pourquoi ?

Bonjour

Je ne sais pas si vous partagez ce sentiment mais la concertation devient la plaie de la prise de décision. On ne commande plus, on ne décide plus on consulte , on concerte, on concilie la bulle et il paraît que c'est le secret du management. Je crois plutôt qu'on a remplacé le management par du ménagement à tout va...
Tenez, moi tous les 15 jours je fais des réunions de concertation. J'y fais semblant de m'intéresser à l'avis des autres sur des sujet où de toutes façons, je n'écoute même pas leur opinion. Franchement, je n'ai pas grand chose à faire de l'avis de madame trucmuche sur un sujet qui la dépasse de trois têtes. Non, ne me dites pas que je suis méprisant car cette heure de réunion, je la passe à me fredonner des airs dans la tête et c'est devenu mon espace musique intérieure. Un peu comme il existe une musique d'ascenseur, moi je me suis fait un répertoire intracrânien.
Je suis très au point pour les basses. Evidemment, j'ai réussi à séparer mon enveloppe corporelle de mon esprit et avec deux neuronnes mobilisés pour mon corps, celui-ci gére les hochements de tête et une simulation d'écriture des sujets abordés.

Je vous rassure, je ne relis jamais mes notes mais un compte rendu de la réunion est expédié par mon assistante aux participants pour leur montrer que leurs interventions ont bien été prises en compte. C'est très efficace et donner la parole à des gens qui n'ont rien à dire les conforte dans leur inefficience en leur faisant perdre toute vélléité d'agressivité.

Je m'admire énormément sur cet exercice et je m'y trouve excellent. Ne me déranger jamais les lundi en quinze, car j'ai toujours un concert personnel.

Je dois avouer que cette orchestration de mes lundi serait très routinière si un évènement nouveau ne venait de perturber ce jeu subtile. Imaginez que j'ai fait une découverte tout à fait étonnante. Je ne sais pas si je peux vous en parler mais je vous fais une fois de plus confiance pour éviter d'ébruiter l'affaire. Tandis que j'essuyais mes lunettes lors de la dernière réunion, j'ai constaté que ma directrice de communication poussait de petits gémissements. Rien de très bruyant , c'était même assez discret ... Ne comprenant pas le lien de cause à effet entre cet essuyage et ces cris, j'ai décidé d'essuyer le second verre et les gémissements sont devenus de francs râles. J'ai donc accéléré l'essuyage et force est de constater que Chloé, c'est son prénom, a fini par perdre le controle de ses gestes. Elle a attrapé le dossier de Berthier sur les chiffres de ventes et s'est frappée le front avec la sangle jusqu'à s'effondrer en arrière, les yeux révulsés.

J'aurais crû à un phénomène isolé si deux pours plus tard dans mon bureau, je n'avais à nouveau constaté un phénomène étrange. La responsable des ventes, était devant moi et me parlait des perspectives de l'année quand j'ai constaté une trace de doigts sur le verre de ma montre. J'ai donc naturellement essuyé le verre avec ma cravate. Certes j'aurais pu trouver meilleur chiffon, mais j'ai vu mademoiselle Trouchon, se pamer et commencer à son tour à gémir en me regardant essuyer ma montre. Comme la salissure était tenace, j'ai accéléré l'essuyage au point je dois le dire de légérement chauffer le verre. Je n'avais jamais vu mademoiselle Trouchon dans cet état. Ses yeux se sont révulsés et elle s'est mise à me tenir des propos incohérents. Je n'ai retenu que "Vas-y mon cochon" . Elle s'est mise ensuite à trembler et empoignant les bords de mon bureau l'a soulevé de 10 centimètres en hurlant une horreur à mon égard . Je ne puis évidemment vous la répéter.

J'ai évoqué le sujet à ma Directrice des ressources humaines, une femme d'un âge avancé qui a des hommes et du plaisir, une certaine expérience et tandis que je donnais un coup de gomme sur mon cahier à spirales, j'ai constaté que le frottement de la gomme créait une sorte d'extase chez elle. J'en suis certain car elle m'a dit " Allez, vas-y mon gigolo, met la gomme !".

Le psychologue du travail Sylvain Beauvais , un gars d'Amiens m'a expliqué qu'il connaissait ce type de situation. Il m'a révèlé que ma pratique de la concertation m'avait transformé auprès des gens en instrument de plaisir. Ils prennent plaisir à s'exprimer et m'assimilent au meilleur moment de leur existence. Heureusement le phénomène est féminin. Quoi que je crois que je vois régulièrement un homme s'agiter discrétement quand je l'écoute... Bizarre, non.

Ma vie au travail devient un cauchemar car je me suis interdit la gomme, je ne mange plus rien qui fasse des miettes car quand je les essuie, je vois les femmes se pamer et dans la salle de formation, je n'essuie plus le tableau. Je dois même vous dire que j'évite de me laver les mains en les frottant l'une contre l'autre s'il y a une présence féminine à proximité. Il y a quelques jours, j'essuyais le café que j'avais renversé quand j'ai vu que ma Directrice du marketing perdait le contrôle d'elle même. Elle ne jouissait plus de toutes ses facultés après le nettoyage et pendant, je peux vous dire qu'elle a eu trois minutes intenses.

J'en suis arrivé à ne plus rien écrire, le simple frottement de la bille de mon stylo a des effets secondaires sur mon entourage...C'est terrible. Je suis devenu un symbole sexuel, une icône, un instrument de plaisir, un objet en action permanente.

Je suis contraint d'être statique pour éviter toute ambiguité. Vous allez me demander mais quel est donc le rapport avec l'horlogerie. Et bien, j'y viens ... Le fais de ne plus pouvoir avoir de geste régulier, fait que ma montre automatique ne se remonte plus... J'ai du adopter une montre à remontage manuel et vous savez quoi ? Je me cache pour la remonter !

Non, je vous le dis franchement, ma vie d'icône est une catastrophe car à ne plus pouvoir bouger, j'ai pris du poids. Mais comment expliquer pourquoi ?

Mosbilo : l'homme chocolat

ouahou, dure dure la vie...

On se demande toujours à la lecture du sujet mais où Mosbilo va t-il aujourd'hui nous mener?
Bravo encore pour ce billet.
Déconnexion. Allez bonnes vacances ! N'oublie pas de me mettre de côté tes petites histoires. Elles seront un plaisir au retour.

Bonnes vacances Mathilde ! On te garde les histoires au frais ...

Mais où va t'il chercher tout ça...

Très drôle, bien enlevé;

Merci de ces petits récits qui me font bien sourire !

C'est toujours aussi jubilatoire, mais il n'y a toujours point de "D" à cauchemar.


Mètre (cinquante) Fredovicci.