Actu : Roger Dubuis se met à l'heure de Richemont

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OLIVIER VOGELSANG

Le géant du luxe acquiert 60% de l'horloger genevois

Le sort du patron de la manufacture horlogère Roger Dubuis ne semble pas encore réglé.
Les spécialistes s'y attendaient. C'est, depuis hier, chose faite. Le géant mondial du luxe basé à Genève, Richemont, détient désormais 60% des actions de la manufacture horlogère Roger Dubuis au chiffre d'affaires estimé entre 120 et 160 millions de francs.

Cette acquisition illustre premièrement la volonté de Richemont de donner la priorité à son métier de base, le luxe. C'est la raison pour laquelle le groupe a récemment décidé de se séparer de sa branche tabac, British American Tobacco.

D'autre part, le rachat de Roger Dubuis marque une tension certaine dans le marché horloger, comme le précise Alessandro Migliorini, analyste chez Helvea: «L'extraordinaire croissance qu'a connue le secteur horloger du luxe ces dernières années a créé de nombreuses pénuries: en ressources humaines, en machines et en pièces. Ceux qui en ont les moyens saisissent toutes les opportunités pour accroître leurs moyens de production.»

C'est d'ailleurs pour satisfaire ces besoins que Richemont avait dans un premier temps acquis le 17 septembre 2007 l'outil industriel de Manufacture Roger Dubuis SA. «En plus, ajoute encore l'analyste, cette dernière possède le Poinçon Genève, un argument de poids pour un groupe comme Richemont.»

Départ de Carlos Dias?
Après l'acquisition d'hier, les analystes s'attendent maintenant à ce que Richemont prenne le contrôle total de l'entreprise genevoise. Quand? La question reste en suspens. Une chose est sûre: un tel rachat mettrait probablement un point final aux remous qui ont secoué la manufacture ces derniers mois et qui ont forcé le fondateur de l'entreprise, Carlos Dias, à en abandonner la présidence.

Ces tumultes s'expliquent tout d'abord par une situation financière que certains décrivaient comme délicate. En 2007, il se disait même que l'entreprise connaissait des problèmes de trésorerie, notamment vis-à-vis du Credit Suisse. En outre, la manufacture a souffert d'un conflit entre Carlos Dias et l'actionnaire Akram Aljord qui, s'il reste minoritaire, détient tout de même encore 40% des titres de la société, ce que confirme
le porte-parole de Richemont, Alan Grieve: «Il y avait deux actionnaires chez Roger Dubuis. M. Carlos Dias a décidé de vendre ses parts, les fameux 60%.

Quant à M. Akram Aljord, il préfère les conserver pour l'instant. Mais nous étudierons toute proposition de sa part si d'aventure il décidait de s'en
séparer.» L'une des principales contributions de l'actionnaire minoritaire au développement de Roger Dubuis fut de mettre en place un réseau de distribution aux Etats-Unis et au Moyen-Orient, ce qui lui conférait un certain poids dans l'entreprise. Il se pourrait que ce ne soit plus le cas. «Quand nous avons acquis l'outil de production de Roger Dubuis, nous avons également repris la distribution de la marque aux Etats-Unis, reprend Alan Grieve. Nous allons désormais faire de même pour les autres régions.»

Quant au sort de Carlos Dias, il ne semble pas encore réglé Un départ ne serait pas surprenant.

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