ZEN Rang: Administrateur
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| Sujet: Actu : L'heure des bonnes affaires Sam 30 Aoû 2008 - 23:34 | |
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- L'heure des bonnes affaires
L'horlogerie de luxe va continuer à croître fortement. (photo: Keystone) • L'horlogerie suisse vit à l'heure des rachats stratégiques, notamment des grands groupes qui étendent l'éventail de leurs produits. Portrait d'un secteur en mouvement.
Philippe Gumy Mercredi 27 août 2008
Le paysage horloger suisse se recompose. Depuis ce printemps, pas moins de trois transactions retentissantes ont secoué la branche. Dirigée et relancée par Jean-Claude Biver, la marque Hublot avait sonné le signal de départ en avril dernier, tombant dans l'escarcelle du géant français du luxe LVMH, déjà propriétaire des neuchâtelois TAG Heuer et Zenith. Début août, c'est le genevois Roger Dubuis qui passait dans l'univers Richemont, numéro deux mondial du luxe et déjà propriétaire d'un portefeuille de garde-temps qui va de Cartier à Jaeger-LeCoultre. Dans l'intervalle, soit début juin, la multinationale PPR, dont le principal actionnaire est François Pinault, prenait 23% du chaux-de-fonnier Sowind Group, propriétaire de Girard-Perregaud et JeanRichard.
Cette vague d'annonces relève-t-elle d'un pur hasard du calendrier ou est-elle annonciatrice d'autres opérations? Les observateurs contactés par Le Temps penchent tous pour la seconde hypothèse. «Les grands groupes de luxe vont vouloir acquérir d'autres fabricants de montres, car ces produits haut de gamme sont ceux qui afficheront la croissance la plus rapide ces prochaines années», note John Cox, analyste chez Landsbanki Kepler.
Les signaux envoyés par les grands acteurs de la branche vont d'ailleurs tous dans le sens de cette analyse. Lors de la dernière assemblée générale de LVMH le 15 mai à Paris, son président Bernard Arnault a rappelé que son groupe privilégiait une croissance organique pour l'ensemble de ses marques. Seule exception: les montres! «Si on veut devenir numéro un dans l'horlogerie, il faudra peut-être racheter une ou deux petites affaires...», a-t-il déclaré à ses actionnaires. C'est peu dire, puisque son groupe n'a dégagé qu'un chiffre d'affaires de 833 millions d'euros (1,3 milliard de francs) dans l'horlogerie-joaillerie en 2007, contre 4,7 milliards de francs pour le numéro un mondial Swatch Group. Mais LVMH a les moyens de ses ambitions. La preuve: Bernard Arnault a qualifié lui-même de «petit» le rachat à 500 millions de francs de Hublot.
Avec la montée en puissance annoncée du leader mondial du luxe, le genevois Richemont sera certainement lui aussi appelé à se renforcer dans l'horlogerie. Et ce d'autant plus que le groupe perdra dès cet automne une substantielle part de ses revenus, tirée de sa participation dans BAT, son pôle tabac. Décision a en effet été prise de scinder définitivement ce domaine de celui du luxe. Chez PPR, le service de presse indique que «les acquisitions sont bien sûr partie intégrante de notre stratégie lorsqu'elles représentent un moyen d'accélérer le développement de notre groupe, et à condition qu'elles répondent à des critères stratégiques très stricts». Même l'italien Bulgari recherche un horloger, rappelle Alessandro Migliorini, analyste chez Helvea.
En fin de compte, Swatch Group est le seul ne pas être officiellement à l'affût. «Nous avons déjà un portefeuille de marques incomparable, qui couvre tous les segments», a récemment indiqué Nick Hayek, son directeur général.
La chasse est donc largement ouverte... mais le gibier peu abondant. Couvrant le secteur luxe chez Vontobel, René Weber est ainsi d'avis que «les transactions vont rester rares d'autant que certaines des meilleures marques, comme Chopard ou Patek Philippe, sont en mains familiales». Et vont a priori le rester. La frénésie qui avait saisi le secteur horloger au début des années 2000, et dont le point d'orgue avait été l'acquisition des Manufactures Horlogères (IWC, Jaeger-Lecoultre et Lange & Söhne) par Richemont à l'allemand Mannesmann pour 3,08 milliards de francs, ne devrait donc pas se reproduire. La multinationale genevoise avait alors mis sur la table pas moins de neuf fois le chiffre d'affaires cumulé des trois marques. A titre de comparaison, LVMH n'a payé Hublot que deux fois ses ventes annuelles estimées pour 2008.
Certaines sociétés n'en bruissent pas moins de rumeurs. De nombreux observateurs ont ainsi pensé que Corum, dont le patron et propriétaire Severin Wundermann est décédé récemment, était un candidat potentiel à une reprise. La nomination de Serge Weinberg, ancien président du directoire de PPR, comme nouveau directeur laisse la question ouverte. Il existe toujours des centaines de marques indépendantes. Certaines sont un peu oubliées, comme Favre-Leuba, mais d'autres, parmi lesquelles Breitling ou Audemars Piguet, font régulièrement l'objet de toutes les spéculations. Franck Muller pourrait également devoir un jour songer à intégrer un groupe plus grand pour assurer son développement. Quant à la constellation des petits indépendants qui se sont créés ces dernières années, il y a bien sûr des pépites, mais dans la branche, sans jamais vouloir citer publiquement de noms, les professionnels critiquent souvent ceux qui surfent sur l'envolée que connaît l'horlogerie, sans véritablement créer autre chose que du design.
La question doit titiller nombre d'indépendants: faut-il se vendre ou non? «Pour eux, ce n'est probablement pas un mauvais moment pour empocher la mise», note John Cox. L'expert part du principe que si la conjoncture mondiale continue à se dégrader au cours des deux prochaines années, la vitalité des affaires dans le domaine des produits de luxe pourrait en pâtir. «Et ceux qui ont hésité pourraient peut-être avoir à attendre plus longtemps qu'ils ne le voulaient», conclut-il. - Citation :
- Des affaires et des effectifs qui flambent
Philippe Gumy L'industrie horlogère suisse pèse près de 50000 emplois. Elle occupait très exactement 48835 personnes à la fin 2007, soit 10% de plus qu'un an auparavant. Et 22% de plus qu'en 2004. L'énorme majorité des postes sont concentrés dans l'Arc jurassien, de Genève à Bâle-Campagne, en passant par Soleure. Au pire de la crise, en 1987, ces effectifs étaient tombés à 29800 collaborateurs, selon les données fournies par la Convention patronale de l'industrie horlogère suisse.
Une branche optimiste
Cette envolée s'explique bien sûr par la hausse ininterrompue - et presque haletante - des exportations de montres depuis le début des années 2000. Entre cette date et la fin 2007, la branche a fait bondir ses livraisons de plus de 55%, à presque 16 milliards de francs. Si un léger tassement de la croissance semble se dessiner actuellement, les professionnels du secteur restent très optimistes. Le patron de Swatch Group, Nick Hayek, prédit ainsi encore cinq à six ans de croissance au minimum. Les analystes financiers en sont aussi généralement convaincus, car le luxe résiste mieux que d'autres secteurs aux soubresauts de la conjoncture. Les nouveaux marchés que sont le Moyen-Orient, inondé de pétrodollars, et l'Asie, avec ses millions de nouveaux riches, ne semblent en outre pas près de se tarir. Avec de telles perspectives, le manque de main-d'œuvre va à coup sûr demeurer un problème crucial dans la branche pour encore un bon moment. Dénicher des spécialistes devient toujours plus difficile, malgré des salaires nettement supérieurs à ceux versés dans le reste de l'industrie. http://www.letemps.ch/template/tempsFort.asp?page=3&article=238382 _________________ Contraria contrariis curantur. (Les contraires se guérissent par les contraires).
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