Tandis que d'aucun annonce déjà la mort des Présidents de maisons horlogères, certains d'entre eux s'activent depuis des mois sans faire nécessairement de bruit pour sauver leur peau bien sur, mais aussi pour sauver leurs personnels et leurs maisons ou celles dont les groupes du luxe leur ont confié les clés.
La crise ? Oui bien sur , elle frappe fort , plus fort qu'on ne nous le dit et la consigne stratégique des milieux du luxe est de la nier jusqu'à la dernière seconde, jusqu'au moment ultime du clash ... Du démenti au mensonge, il n'y a parfois qu'un pas ... Il ne faut pas affoler, affoler le personnel dont on va réduire le nombre discrétement, tranquillement en ne renouvelant pas les CDD mais on improvisera au fur et à mesure, il ne faut pas affoler les actionnaires car les actions tomberaient au plus bas et là ce serait trop dangereux. Annoncer des licenciements, c'est forcément engrainer un effet d'entrainement qui va en cascade impacter durablement l'entreprise par l'effondrement des cours des actions, la fuite des clients, l'angoisse des fournisseurs etc...
Non, à la différence des crises précédentes, on tient l'opinion car l'opinion fait le marché. Pendant ce temps, pendant qu'on donne pour mort tel ou tel Président parce qu'il se tait, ce n'est pas la tête dans les mains qu'on le retrouve dans son bureau mais en Asie, au milieu des boutiques qu'il remplit, des soirées qui lui font vendre des montres, des journaux qui en faisant état de sa présence garantissent la promotion.
C'est assez simple à comprendre... Beaucoup de jeunes hommes d'affaires ont des entreprises là bas non cotées en bourse et qui ignorent finalement la crise. Un marchand de Pizza, un boutiquier de hi-fi, un distributeur de bibelots , bref un entrepreneur de la micro économie fait aujourd'hui fortune là-bas en quelques mois quand ici, il peinerait à se nourrir. C'est lui, le client qu'il faut séduire, lui qui a le pouvoir d'achat, lui qui va sauver l'horlogerie.
Lui, il consomme des montres comme nous on achète le journal. Lui, il achète des montres qui sont à la mode. Ne lui parlez pas de Patek Philippe, de Lange & Sohne...Non, lui il veut des grosses montres qu'on reconnait de loin qui placent son statut social de nouveau riche au dessus des autres qui lui ressemblent, mais qui n'ont pas ses moyens. Lui, il veut se démarquer ...
Lui il veut une Zenith Defy, une Hublot, une Audemars Piguet, une Rolex si elle est énorme, lui il veut montrer qu'il est riche, qu'il a réussi ... sa montre, sa voiture, sa copine, son chien, son appartement ...tout doit clinquer, tout doit être voyant. Il n'est attaché vraiment à rien mais comme les occidentaux qui furent ses modèles et ceux de ses parents, il veut jouer au parvenu parce que les gros américains, les gros européens qui sont allés conquérir le marché Chinois avaient de gros cigares, des grosses voitures, des grosses montres et des filles autour du cou.
Alors c'est en Chine et par la présence des marques là-bas qu'on sait si un CEO est dans une situation risquée ou non. Ce n'est pas à Paris , ni à Genève en échangeant autour d'une coupe de Champagne offerte par une marque, sur le sort de tel ou tel responsable qu'on opére une mesure fiable de l'état de l'économie.
Annoncer la mort des autres finit toujours par faire oublier qu'on est soi-même mortel...
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Contraria contrariis curantur. (Les contraires se guérissent par les contraires).