"Au poste de commandement du sous-marin Regency, le Colonel John Wills sait qu'il détient les clès de ce qui pourrait déclencher un conflit mondial. Sur le front de son second, la sueur perle sans que l'homme ne se déconcentre. Le colonel est prêt à donner l'ordre qui pourrait faire basculer la planète dans le chaos. Il regarde sa montre... Ses chiffres luminescents brillent dans la pénombre et puis il décide de ne pas livrer le combat... Le temps, oui le temps qui s'écoule lui rappelle que la vie est précieuse et qu'elle a besoin de temps pour épanouir les hommes..."
Bon avouez, vous avez de l'admiration pour ce Colonel ? C'est ça le marketing, nous placer dans la peau du héros et nous faire rêver en nous expliquant qu'on a en commun avec lui cet accessoire horloger.
Le marketing nous fait vibrer sur la nostalgie et davantage sur les héros d'hier que sur ceux d'aujourd'hui. Bien sur, il y a les hommes volants qui traversent la manche, les expéditeurs qui balise GPS en poche vont découvrir les pôles filmés par satellite, il y a les gars musclés de la police qui portent des cagoules et des habits noirs pour passer inaperçus et des montres qui les font repérer à 10 kilomètres, il y a des pilotes qui n'ont pas d'instruments sur le tableau de bord, n'ont que leur montre pour se diriger et qui préférent une montre mécanique plutôt qu'une montre à quartz, il y a ces militaires qui portent des montres à 5 000 euros pour se vautrer dans la boue quand ils gagnent moins de la moitié chaque mois...
Pourtant, ce sont vers des héros du passé que le marketing nous dirige. Le cosmonaute, le plongeur explorateur, le pilote de course, l'aviateur de la seconde guerre mondiale sont autant de héros qui nous séduisent dans nos rêves commercialement controlés par les professionnels du marketing.
Peu de héros contemporains si on fait exception du milieu sportif, ont cette faculté de porter l'opinion de la planète et pourtant il y aurait matière ... La montre de Trader capable de sauver l'économie de la planète, la montre de chirurgien qui fait marcher les infirmes, la montre de cardiologue qui sauve la vie des gens, la montre de cancérologue qui conserve la vie, la montre de chef d'entreprise qui réussit et crée des emplois, la montre de jardinier qui met du romantisme dans les villes et tellement d'autres. Oui mais voilà, notre société ne fabrique plus de surhommes, ni de héros.
Nous sommes blasés de tout, anéantis du rêve, handicapés du romantisme, frigide des sentiments bref ce qui nous fait rêver relève davantage de la mode et moins de ce que nous pourrions faire. On peut être certains que le scientifique qui inventera le moyen de reconstituer la couche d'Ozone ne fera pas les grands titres des journaux plus de 2 jours et que jamais, une montre ne sera faite à son éffigie. C'est comme ça ...
Les héros qui nous font rêver sont anonymes, ce sont des mannequins, des gars musclés, bronzés, poilus mais pas trop, ils ont des lunettes de soleil, un sac à dos sur l'épaule et une belle fille dans la ligne de mire. Lorsqu'ils sont habillés, c'est en kaki et quand ils ne le sont pas, ils sont tellement parfaits qu'on n'ose plus se déshabiller devant une glace de peur de se comparer.
Le marketing nous parle autrement. Il nous dit que nous sommes môches et bedonnants, que nous sommes moins riches que les mecs qui font rêver les belles filles, que nous sommes "province" par rapport aux citoyens du monde et le pire, c'est que les filles y croient...
Il est vrai que le marketing nous dit aussi qu'une belle fille est anorexique, qu'elle n'a pas de seins, qu'elle mesure plus d'un mètre soixante quinze et qu'elle a un job génial qui la rend autonome. Elle n'est pas poilue , elle aiment les restaurants trois étoiles, les vacances au club méditerrannée et se met au dessus pour faire l'amour.
Finalement, le marketing nous explique en permanence qu'on doit aimer des objets parce qu'ils sont appréciés par des gens qui ne nous ressemblent pas et nous, on tente de se convaincre que ces objets nous feront ressembler à ces gens parfaits dont on nous renvoie l'image à chaque page de magazine et de catalogue.
Et si les montres mal vendues était aussi intéressantes que les autres ?
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Contraria contrariis curantur. (Les contraires se guérissent par les contraires).
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