Bonjour
-Mon petit Berthier, j'ai une très bonne nouvelle ! Nous allons être papa ! Oui Berthier ! Votre femme va être maman... Elle est enceinte ! C'est formidable ! Je suis si content !
-Monsieur Mosbilo , je suis heureux aussi mais pourquoi dites-vous nous ?
-Ah ...Euh c'est à dire qu'avec les congés que vous offre la Mosbilo C° , elle est un peu aussi le papa de votre enfant , non ?
-D'accord...Vous parliez pour la C° et non pour vous-même. Excusez-moi, je n'avais pas compris monsieur Mosbilo.
-Comment va-t-on l'appeler ? Je préconise Hector comme mon grand-père ...
-Euh, monsieur Mosbilo il faudra que j'en parle avec ma femme ...
-Vous savez mon petit Berthier, grand-papa était prêtre, il a fait beaucoup de missions humanitaires. On a parlé de lui au dèbut des années 50. Vous ne vous souvenez pas de la traversée du désert par l'abbé Chamel ? La presse avait mis son exploit à toutes les sauces. C'était la première fois qu'un bossu traversait les grandes étendues du Sahara. Il voyageait avec grand-maman et l'abbé Bernard ... Lorsqu'ils ont commis leur exploit, en voyant le Sahara, Bernard s'est mis à jouer une comédie à mon grand-père qui s'est disputé avec son compagnon de fortune et du coup se l'est mis à dos. Et à l'époque on disait que se mettre Chamel à dos allait ruiner l'expédition. Il n'en fut rien. Chamel continua seul avec grand-maman qu'il confessa si fort que maman vit le jour quelques mois plus tard...Neuf pour être précis.
-Mais votre ancètre était donc prétre ?
-Oui, Berthier, j'ai été élevé chez mon grand-père qui avait un jardin superbe à coté du presbytère. Grand-maman lui faisait un peu de ménage et je me souviens que chaque soir elle quittait la maison, faisait le tour du paté de maison et rentrait par la porte de l'arrière cuisine. Je n'ai jamais compris le pourquoi de ce rituel qui se répétait en sens inverse chaque matin.
-Oui , bien sur ... Et vos parents ? Oh ma mère fut la première femme père Noël et homme sandwich, elle cumulait et papa était sage femme.
Maman travaillait surtout en fin d'année. Papa ramenait à la maison les poches placentaires qu'il récupérait la journée et vendait au marché noir à un petit marseillais qui en faisait du savon. Je me souviens qu'il les rangeait au frigo ce qui faisait hurler maman car elle ne pouvait plus placer ses packs de bière.
-C'est émouvant monsieur Mosbilo comme vous en parlez avec Nostalgie...
-J'y pense souvent en me savonnant les mains figurez-vous. Papa préparait les poches comme des peaux de lapin, sauf qu'il n'y avait pas de lapin à l'intérieur. Ca faisait un chantier dans l'évier de la cuisine ! Du coup maman l'envoyait chez la voisine pour nettoyer ses poches. C'était une aveugle . Ca lui évitait de nettoyer à la fin de son travail...Et puis ça faisait de la compagnie à cette pauvresse qui aimait beaucoup papa. Il a fini par utiliser son frigo comme lieu de stockage de ses poches. C'était amusant cette famille qui s'étendait à la voisine. Papa y restait souvent assez tard le soir ... Elle lui faisait des plats et puis un jour, papa n'a pas retrouvé ses poches dans le frigo et il a eu un soupçon sur l'origine des tripes aux pleurottes qu'elle lui avait préparées ... Papa disait que ce qui l'avait choqué était de voir le paquet de tripes livré par le charcutier intact dans le frigo. Ce sont des souvenirs voyez-vous Berthier !
-Mais c'est horrible monsieur Mosbilo ! Ca a du être traumatisant ?
-Oui, ils ont mangé les tripes le lendemain et papa a été malade pendant trois jours... Vous savez Berthier c'est le vécu des hommes qui les construit, le vécu Berthier , rien que le vécu ...Tenez avec tout ça , je n'aime pas les tripes ! Je trouve qu'elles ont un goût de savon .