Comment inciter les amateurs de montres de luxe à acheter , maintenant plutôt que demain, en pleine crise plutôt qu'après, des montres neuves plutôt que des modèles d'occasion ?
Toutes les marques planchent sur le sujet pour nourrir une trésorerie que la crise économique met à mal un peu plus chaque jour.
Les marques ont plusieurs stratégies car il faut vendre, il faut impérativement vendre...
La première des voies poursuivies est celle des séries limitées avec le message "vous en ferez partie ou resterez en dehors à jamais ..." L'amateur ressent théoriquement une frustration de ne pas en être et devrait pense-t-on, céder par addiction à la marque ou au produit. Encore faut-il qu'il voit souvent et beaucouo la marque, qu'il en entende parler ...Peu importe en fait que ce soit en bien ou en mal , il fait son choix seul, imperturbablement et ce qui le repousserait serait l'absence de notoriété de la marque plus que les critiques qu'elle emporte.
La seconde voie est celle du marché gris, les ventes privées organisées par la marque elle même pour le personnel avec une interdiction théorique de revendre... En fait , ce même personnel devient avec l'assentiment de la marque le pourvoyeur du marché. C'est mieux que les marchands Asiatiques qui cassent l'image... Pourtant , cela devient mission impossible en raison des volumes à vendre et même s'il est indiqué au personnel que "le département marketing niera avoir eu connaissance des vos agissements", les employés ne sont pas en mesure de distribuer 15 à 20 montres par agent.
La question reste bien "comment donner envie à des clients qui n'en veulent pas, de montres qu'ils n'ont pas encore choisies dans une période où leurs centres d'intérêts sont ailleurs ?"
C'est un peu comme lorsqu'à Houston, on cherchait pour Appollo 13 à faire entrer un cube dans un tuyau trop étroit.
L'horlogerie est bel et bien en panne. Il n'est pas question de faire du catastrophisme mais de trouver des marchés d'urgence pour éviter des multiplications de plans sociaux aussi cruels que ceux des années 70.
2009 sera une année où il faudra faire du nouveau avec des montres déjà vues. Il faudra être habile et pour écouler les stocks ce sont les marchands de montres d'occasion qui devraient absorber une partie des excédents.
Problème, cela pourrait plomber le marché de l'occasion pour trois ans au moins. Qui achétera une montre d'occasion remisée à moins 20% si on peut y accéder en neuf à moins 30 % ?
Le neuf d'occasion ou l'occasion récente est en voie de stagnation au profit du neuf destocké garanti par la marque ! Peu de marques devraient y échapper dans le milieu de gamme. Le vintage résistera car il n'est pas en concurrence avec le neuf surproduit depuis 2 ans . Les sites de ventes aux enchères commencent à regorger de montres neuves et les marchands se frottent les mains. Le client qui n'avait rien acheté n'a rien perdu. Celui qui attend pourra faire de bonnes affaires à moins que la crise ne s'aggrave ...
Dans toutes les hypothèses, la valeur d'une montre est plus que jamais soumise à cotation et à fluctuation, loin, très loin des cotes officielles qui ne reflètent plus rien de réel...
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Contraria contrariis curantur. (Les contraires se guérissent par les contraires).