Actu : Alain Bocquet répare les tic-tac de nos horloges de grand-mère

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Alain Bocquet, 51 ans, est horloger à Lille. Dans son atelier de la rue des Postes, il répare les mécaniques anciennes, horloges, carillons et montres, que les propriétaires veulent conserver. À l'occasion du changement d'heure, il vous assure que les aiguilles tournent dans le bon sens !
PAR STÉPHANIE FASQUELLE



« Ça va dans quel sens ce week-end, on gagne ou on perd une heure ? » Il a beau être horloger (dans le bassin minier, et à Lille depuis deux ans), Alain Bocquet ne sait pas. Pour info, c'est l'heure d'été, on avance d'une heure. « Ça va, c'est pas compliqué. Pour l'hiver, quand on recule, les gens ne font pas le tour du cadran, ils poussent les aiguilles à l'envers et la mécanique n'aime pas ça. Ou alors, ils n'osent pas toucher. Je fais le tour des maisons le samedi soir ou le dimanche matin. Je rends service. Mes clients sont des personnes âgées, je les soigne. »Dans son atelier d'horlogerie (le seul à Lille, un des rares de la région), on ne vend pas, on soigne. Un nombre impressionnant d'horloges, pendules, réveils, montres, carillons peuplent cette petite pièce, mais les tic-tac sont discrets. Des objets hors service dont Alain Bocquet démonte le mécanisme. Un balancier grippé, une aiguille cassée, un cadran abîmé, un cylindre ou un pivot brisé, une roue dont l'une des dents a sauté. Il faut faire de la soudure fine, piquer un cylindre d'un millimètre... « Faut être patient, ne pas trembler et surtout avoir une bonne vue. » Lui a été formé à l'école d'horlogerie de Morteau, dans le Doubs, « il y a trente-huit ans. Il y en avait une à Paris, Rennes, Bordeaux. C'est à peu près tout. J'ai une stagiaire de Rennes, car c'est dur de trouver un horloger traditionnel. Ils vont chez Cartier, Breitling, Rolex. Les grandes maisons vont les chercher avant qu'ils aient fini l'école ».

Alain Bocquet n'a pas fait le choix du luxe. Fils et petit-fils d'horloger du Nord, « je démontais déjà des réveils à 9 ans. Je le fais encore, les yeux fermés ! ». Plus compliqué : les carillons. « Un mécanisme complexe qu'on n'apprend pas à l'école. Quand j'ai commencé, le premier boulot que me donne mon patron : un carillon ! J'en ai eu pour six mois ! » Aujourd'hui, il en a encore beaucoup à réparer, avec leurs fragiles marteaux. « Pour un beau son, je remplace la feutrine abîmée par des morceaux de lacets en velours trouvés au marché de Wazemmes. » Si, pour une pendule d'officier, une comtoise, ou une 400-jeux, l'affaire semble compliquée, il prend son temps et dessine le mécanisme avant de démonter. Les coucous, très compliqués aussi, ne lui font pas peur. « Des horlogers n'y comprennent rien et refusent de les prendre. Moi j'adore ça !

» Lors des heures passées sur son établi, il pense à l'histoire des pendules, souvent très anciennes. « Je me dis, elle a dû en voir. Si elle pouvait parler... Quand c'est une belle pièce, je l'imagine posée sur une belle cheminée. » Écouter Alain Bocquet parler de sa passion a quelque chose de communicatif. « Il faut dire aux jeunes qu'il y a de l'avenir. Allez voir sur internet, il y a plein d'offres d'emplois. Mais horloger, c'est comme cordonnier, ça ne fait plus rêver. » •

L'Atelier d'horlogerie, 36, rue des Postes. Tél : 03 20 77 60 11.

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