Bonjour
Un vieil homme me racontait sa vie ce matin. Il a ....attendez que je compte ... 70 plus 22 plus 3 , il a 95 ans !!! Vous imaginez ce qu'il a pu vivre en 95 ans ! Il est né en 1914, autant dire que de la guerre il n'a que les dernières images, celles des hommes infirmes qui rentrent avec leurs cicatrices mentales et physiques, celles des veuves qui portent le noir et celles des femmes qui travaillent pour faire entrer des salaires au foyer.
de la grippe espagnole, il a le souvenir effrayé de la peur de la mort et des conversations qui ont occupé les esprit jusqu'à son entrée en classe primaire.
Il se souvient de son instituteur, une jeune homme du sud qui roulait les r et portait une blouse grise, il se souvientt de son camarade de classe emporté par la tuberculose à 8 ans. Il se souvient aussi des trains à vapeur qu'il prenait avec sa mère pour aller voir ses grands parents au fin fond de la Seine et Marne.
Il se souvient en assombrissant son visage de la seconde guerre, il avait 35 ans et revoit sa femme qui le suppliait de partir loin pour échapper à la tenaille de la mort. Il se souvient aussi que lorsqu'il est revenu, elle n'était plus là partie avec un autre qu'il croyait être son ami.
Il se rappelle qu'il a pleuré des semaines durant, déçu, écoeuré par tant d'inintérêt et par la trahison de celle qui lui avait dit qu'il était l'homme de sa vie et qu'elle ne le quitterait jamais.
Il se souvient aussi de la libération, de Violaine rencontrée par hasard quand elle étudiait l'histoire. Violaine était étudiante quand lui reprenait ses activités d'instituteur. Un matin elle lui dit qu'elle aimerait qu'il accepte qu'elle reste avec lui tout le temps... Il n'y croyait pas, il lui fit répéter et lui demanda ce qu'elle entendait par tout le temps. elle lui répondit "Pour la vie" rien que ça... Ils se marièrent en pleine canicule, en 1947.
Il vivaient heureux dans le val D'Oise quand sa première femme lui expédia une lettre. Elle voulait le voir, lui parler ... il la rencontra en cachette. elle lui dit qu'elle regrettait tout de sa vie mal construite et de leur temps d'avant. Il l'écouta mais il ne se consumait plus pour elle...
Violaine lui donna deux enfants, Jules et Ferdinand ... Le premier, passionné par les trains dès sa plus tendre enfance devint conducteur de locomotive et le second devint médecin. Violaine est restée toute sa vie avec lui. Ils ont connu le pire et le meilleur, ils sont toujours restés solidaires. Les voyages, les moments de repos, ceux de travail intense pour apprendre aux enfants l'histoire qu'elle enseignait et puis leur secret terrible... Un fait divers traumatisant qui les a tous les deux laissé dans un profond mutisme des jours entiers. C'était sur une route, une petite voiture deux portes percutée à l'arrière et dont le réservoir d'essence a explosé brulant les occupant de la voiture sous leurs yeux... Ils étaient impuissant mais furent envahis des années durant par un sentiment de culpabilité.
Il se souvient des instruments du temps qui ont équipé sa vie et ont mesuré ses instants... ce chrono de poche quand il était jeune instituteur, un chrono sans marque et puis sa montre de jeune homme, un cadeau de sa femme, une Lip.
Il se souvient aussi qu'elle lui avait écrit lui avoir acheté une montre bracelet, un cadeau inspiré par l'amour mais qu'elle nui lui offrit jamais... Elle avait même prétexté que le cadeau n'allait pas et qu'il allait revenir après réexpédition chez l'horloger. Il n'en avait rien crû et avait eu bien raison. elle n'avait jamais eu d'intention positive à son égard.
Il y eut ensuite avec Violaine une montre prestigieuse en argent, il ll l'a précieusement gardée et il posséde encore aussi cette belle Omega. il n'en connait plus le modèle mais il se souvient qu'elle est noire avec un "truc" qui a une échelle tachymètrique et deux poussoirs ...
Maintenant; il porte la montre des 50 ans de mariage, une montre Breitling avec une règle à calcul car ça lui rappelle de bon souvenir.
De toute sa vie, ce qui l'a le plus marqué, ce sont tous ceux qui sont partis avant lui dans sa jeunesse comme dans sa vieillesse... Il a fait un calcul, ils sont plus de 150 a l'avoir lâché comme il dit.
Le temps qui passe, l'ennui, il le connait aussi, il se souvient qu'en 1989, il a eu très peur quand violaine a été si malade avec cette "saloperie" qui l'a rongée... Il se souvient avoir cultivé cette angoisse qu'elle parte avant lui et puis, elle s'en est sortie.
a ce moment précis de notre conversation, il m'a expliqué combien elle était douce et gentille avec lui... Elle est arrivée Violaine, bon pied et bon oeil... elle m'a regardé et m'a dit juste ces mots "Vous savez, on n'est pas fabriqués pour êtte malheureux"
Je les ai quittés et comme j'avançais ver sma voiture, une main s'est posée sur mon épaule... c'était lui. Il m'a juste dit que le présent était le passé du futur et que penser au futur l'avait toujours sauvé de la nostalgie du passé. Je commençais à m'emmeler dans ces considérations temporelles et puis mon téléphone a sonné... Deux mots et une appostrophe on suffit à me ramener dans le présent.
Le présent cultive le futur...