Il est difficile de comprendre comment la finition d'une montre peut à la fois apporter une plus value esthétique et une plus value technique dans la fiabilité de la mesure du temps. Zenith dès la fin du 19ème siécle s'est consacré à optimiser ses mouvement pour aller toujours plus avant dans la recherche de la précision ultime. A une époque où il n'existe ni vibrographe , ni outil électronique de mesure, c'est à l'oeil par comparaison avec un régulateur que le réglage des montres s'opére. Dès les premières années du 20ème siécle, la manufacture Zénith est capable sans retouche des réglages, de fabriquer des séries entières de montres qui avec leur réglage standard sont toutes dans la précision de chronomètres...
Les recettes de Zenith sont à la fois simples et complexes.
Simples car elles font appel à un bon sens évident qui est celui de la standardisation des pièces et de leur interchangeabilité d'un mouvement à l'autre. Plus les machines outils sont précises dans la mise au point, plus elles permettent de fabriquer les éléments de la montres en préservant leur interchangeabilité. Cela permet des productions en volume qui au delà de réduire les coûts unitaires facilitent l'augmentation du nombre de montres fabriquées tout en garantissant une fiabilité technique de marche et une précision soignée des pièces.
Complexes parce que la manufacture fait appel à des recettes d'architecture des mouvements qui optimisent la bonne marche telles que la largeur du balancier ( la technologie du calibre bracelet 135 est directement héritée des montres de poche ) avec une recherche de réduction des frictions grâce à des échappements de qualité et enfin parce que la manufacture attache une réelle importance à un aspect que d'autres négligent à savoir la raquetterie des montres. Zenith a énormément investi dans la recherche de raquettes simples et efficaces. la manufacture a su trouver dès 1904 une raquette à disque excentrique et demi col de cygne qui va équiper ses montres jusque dans les années 60.
Pour autant, la manufacture ne s'endort pas sur ses lauriers malgré des succès en nombre aux concours de Chronomètrie en particulier aux observatoires de Kew Teddington et Neuchêtel. Zenith sera leader dans les premiers prix remportés à ces concours et ceci dans la plupart des catégories hors les chronomètres de marine où Ulysse Nardin qui bénéficie de commandes militaires a un quasi monopole.
Le calibre de 20,5 lignes de Zenith illustre parfaitement tant la recherche menée par la manufacture que son travail d'interchangeabilité des pièces qui permet à celle-ci de livrer dès la premère décennie du 20ème siècle des montres d'une précision chronomètrique et dans une finition standard à la compagnie fédérale Suisse de chemins de fers. Zenith livrera des montres de chemins de fers dans le monde entier ce qui démontre la haute fiabilité et la précision parfaite des montres. Les compagnies de chemins de fers étaient en effet d'une exigence absolue à l'égard des pièces d'horlogerie qui conditionnaient la sécurité des voyageurs en particulier quand sur les lignes uniques devaient se croiser des trains. Il fallait alors une certitude quant à la confiance donnée à la montre des conducteurs et des chefs de gare.
Par comparaison, les 3 calibres de 20 lignes et demi sont tous dans une précision chronomètrique mais avec évidemment au fur et à mesure du temps une exigence de plus en plus forte ... La finition évolue dans le temps et les résultats chronomètrique aussi ...
Le premier est un calibre de montre des chemins de fers Suisses ...La finition est simple mais soignée . L'efficacité est au rendez vous . La pièce date à peu près de 1909/1910. L'échappement est de finition standard avec malgré tout des palettes d'ancres soignées ... Les Chemins de fers Suisse et d'autres dans le monde utiliseront longtemps des montres dotées de ce mouvement ...

Le second est doté de l'échappement Colomb et la montre date de 1916. Pour mémoire cet échappement optimise les frictions en les réduisant au maximum. Les dents de la roue d'ancre sont affinées et les pièces polies ... On remarque les plaques de contre pivot et les contres pivots à la roue d'ancre et à l'échappement. La pièce est une pièce de concours qui remportera le 1er prix de Chronomètrie à l'Observatoirede Kew Teddington près de Londres.

Le troisième enfin est une pièce unique ...Un chronomètre de concours deux fois lauréat en qualité de 1er du concours de chronomètrie de l'observatoire de Neuchatel en 1924 et 1925, en catégories montres de Bord puis montres de poche. L'échappement reprend 6 ans plus tard, les points d'optimisation de l'échappement Colomb. La plaque de contre-pivot de l'échappement est modifiée pour s'ajuster au montage de manière immédiate et fiable .

En trois montres et une quinzaine d'année voire un peu moins, Zenith sur une même base de mouvement a pu surajouter des paramètres qui ont permis à la manufacture d'enchaîner les prix de chronomètrie... On comprends mieux dès lors ce que vaut la recherche et le développement dans une grande manufacture. Il y a dans la production d'aujourd'hui une recherche qui équivaut à la recherche chronométrique d'hier pour qualifier chaque calibre, chaque mouvement et le vérifier individuellement pour lui donner ses lettres de noblesse qui lui permettent de porter la marque Zenith.
L'histoire de la manufacture n'a pas cessé de faire vivre cette idée du travail bien fait pour offrir à chacun la précision ultime.