Je vais ici vous présenter ma dernière acquisition : une Damasko DC57. Il s'agit à priori de la première revue francophone de cette montre, un grand honneur pour moi....qui suis une grosse buse en terminologie horlogère... Alors un peu d'indulgence...
Les photographies présentes dans cette revue ont été prises avec un malheureux APN centenaire. Je mettrai à jour cette revue lorsque j'aurai récupéré mon objectif macro...(j'ai un caisson à étrenner....)
Avant toute chose, commençons par une rapide présentation de l'entreprise Damasko. A l'occasion de cette commande, j'ai été en contact direct avec Nadja Damasko. Nos échanges ont été extrêmement cordiaux. Ces échanges m'ont permis de réviser mes quelques notions d'anglais (ne pipant aucun mot convenable en Allemand à part le minimum vital (à savoir, quelques insultes, commander une bière et un cochon de lait ... )). Une dizaine de mails donc en Anglais pour commander cette tocante et essayer d'en savoir un peu plus sur cette petite entreprise.
Damasko est plutôt connu en Allemagne comme usineur de pièces mécaniques. Usinage de l'acier, concepteur de roulement à billes et de pièces chirurgicales, Damasko est aussi un sous-traitant reconnu dans le secteur de l'aviation. Leurs commandes numériques leurs permettent de réaliser des usinages complexes sur des aciers durcis (Ils possèdent une CN à EDM (Electrical Discharge Machining) qui permet l'usinage du titane, carbure et aciers durcis à cœur) mon DUT en Génie Mécanique en frémis d'envie...mais ça ne tient pas dans mon garage....
Bref, une belle petite entreprise dans le plus pur jus allemand sectionnée en plusieurs parties, dont une réalisant de l'emboitement de mouvements horlogers.
La section horlogère de cette entreprise est née en 1994. Damasko a alors débuté son activité de création de boitier en partenariat avec Sinn, la collaboration entre ces deux entreprises s'est arrêtée en 2002, date à laquelle Damasko s'est mise à voler de ses propres ailes et à laquelle Sinn a créé SUG (Fillale commune entre Sinn et Fricker) Sächsische Uhrentechnologie GmbH Glashütte.
Damasko est devenue une entreprise employant 22 personnes. Une entreprise à forte capacité d'innovation, et qui est à l'origine du dépôt de quelques 250 brevets technologiques. Les descriptifs des brevets sont disponibles sur leur site (www.damasko.de). Ces brevets concernent des processus de durcissement de l'acier, des systèmes d'auto-lubrification des couronnes, des modifications des ancres d'échappement, la création d'un mouvement de manufacture dont sont équipés les modèles DK10 (3k€, tout de même...), la création d'une alternative au rotor traditionnel (roulements à billes) ou d'un spiral à domaine de limite élastique quasiment illimité...EPS spiral). Nous avons ici affaire à une entreprise qui réagit aux problématiques posées et cherche tous azimuts en brevetant au maximum. Ce qui me semble être une démarche plutôt saine et que j'ai eu envie d'encourager à la mesure de mes modestes moyens.
Cahier des charges :Il s'agit de mon premier chronographe, et son irrépressible envie est tombée au beau milieu d'une commande de flieger réalisée chez Stowa. Pendant cette interminable attente, je me suis posé la question de ce que je souhaitais alors privilégier.
J'en ai alors tiré un nouveau cahier des charges :
- il me fallait un eta 7750,
- vite (moins d'un mois)
- si possible allemand,
- une montre élaborée avec un cahier des charges militaire (antichoc, antimagnétique, facilité de lecture (y compris de nuit)),
- une montre originale (peu portée, peu connue mais d'excellente facture)
Et là, après avoir écarté Sinn pour des raisons qui sont à l'origine d'une file de 40 pages, je suis tombé sur Damasko et sa production restreinte.
Voilà donc l'objet de mes désirs :
modèle : DC 57
prix : 1240 € (1299€ habituellement, à régler par virement IBAN 3 ou 4 jours avant l'expédition de la montre)
type : Chronographe
date de commande : 29/11/10
date d'arrivée entre mes petites menottes : 13/12/2010 (14 jours dont deux week end pour assembler, régler et livrer un chronographe...). Du point de vue des délais, je suis comblé.
Généralités, dimensions et poids:Diamètre 40,00 mm (44mm avec la couronne)
Hauteur totale: 13,70 mm
largeur entrecorne : 20,00 mm
Poids sans bracelet : 86 grammes
Garantie 2 ans.
Le Boitier :Le boitier est en acier inoxydable, microbillé, sans nickel et durci à 60 HRC (pratiquement indestructible et pas uniquement en surface contrairement à Sinn), d'une grande qualité d'exécution et d'assemblage, il est tout bonnement superbe. La granulométrie due au microbillage rend son contact très chaleureux et la rigueur de l'assemblage est toute germanique. On se sent immédiatement en présence d'un outil de mesure, plus que d'une montre.
Un logement intégré dans ce boitier permet de protéger le mouvement des champs magnétiques jusqu'à 80.000 A / m ou 100 mT.
(crédit Damsko)
Le boitier est équipé d'un verre saphir plat avec anti-reflet interne, il donne sous certains angles des reflets bleutés aux aiguilles (je tuerais pour avoir des aiguilles bleue marine sur ce modèle).
Le joint entre le verre et le boitier est annoncé résistant aux Ultraviolets...
Le boitier est lui, annoncé étanche à 10 bars (DIN 8310), ce qui autorise à faire au moins du snorking avec palmes.
Le fond porte le numéro de série de la montre... et des informations n'ayant rien n'à voir avec la bière et les cochons de lait.
Toute germanique qu'on vous dit la qualité :
Le Bracelet:Résistant à l'eau, composé de sangles en cuir noir avec surpiqures blanches, la boucle est elle aussi microbillée et estampillée d'un « D ». Là aussi une belle qualité d'exécution bien que l'on puisse regretter qu'il ne soit pas d'une couleur différente du bracelet fourni avec le modèle DC56 à fond noir ; un bracelet marron clair eut été plus joli. J'ai compensé ce manque en lui trouvant un bracelet de Flieger estampillé Stowa qui fera l'objet de futures photographies....
La couronne et les poussoirs :Robustesse et solidité, les doigts passent facilement entre les poussoirs et la couronne dont les tolérances d'ajustement, visiblement très serrées, me donnent une grande confiance dans l'étanchéité générale de l'ensemble. La couronne est ondulée, vissée et dotée d'un joint torique, les poussoirs quant à eux sont lisses et non-vissés mais bien sûr jointés et lubrifiés. La couronne arbore un joli « D » ; elle est trempée, de même que les boutons poussoirs.
Elle inspire véritablement confiance. Je me posais toutefois des questions sur les risques de déclenchement intempestif du chronographe....mais pour déclencher le chronomètre, il faut passer un cran suffisamment dur pour empêcher un tel problème...
Ci-dessous, les systèmes d'auto-lubrification et d'étanchéité de la couronne et des poussoirs. Ces procédés font l'objet d'un brevet international.
Crédit : Damasko
Le cadran et les Aiguilles :Le cadran et les aiguilles sont typiques des montres de type Flieger, le cahier des charges, résolument militaire rend la lecture de l'heure et des chronométrages particulièrement claire. Les aiguilles sont peintes à la main en noir et la visibilité, de jour, par contraste, prend une toute autre dimension de nuit. J'adore la forme de ces aiguilles.
Je me suis posé la question du choix de la couleur du cadran et finalement, le blanc était un choix obligatoire. Cette montre n'est pas une sinn-like ou une IWC-like, elle possède son identité propre et accroche véritablement le regard. Le blanc m'avait causé de grandes inquiétudes mais il est mat, sa couleur virant sur le crème, tout à fait classe et discrète ; j'en suis absolument ravi.
On peut distinguer la trame du cadran en regardant le reflet d'une lumière sur les index noirs, elle est très finement croisée (c'est difficile à formuler et impossible à photographier). Cela donne un très léger relief au fond et accentue le contraste avec les aiguilles.
De nuit, la lecture est incroyable, y compris à 5 plombes du matin...
L'absence d'index à 12h00 (remplacé par le traditionnel triangle des flieger) et à 6h00 permet d'alléger l'impression d'ensemble. L'absence d'indication sur la petite seconde est aussi un heureux choix.
Je pensais initialement que les inscriptions « D » et Damasko gagneraient à être allégées (le D supprimé) pour accentuer la symétrie avec les dateurs...Ces derniers ne sont pas exactement à 3h00 mais un peu en dessous.... Et finalement j'aime beaucoup leurs presences...le "D" me charme totalement.
Les compteurs sont situés à 12, 9 et 6 heure. La petite seconde est graduée d'un trait de 15 en 15 , ce qui me semble de très bon goût. J'adore cette petite seconde qui n'a d'autre ambition que de permettre une vérification rapide du fonctionnement du moteur.
Le mouvement :La belle est animée par un ETA 7750 avec un niveau de finition de base (25 Rubis 28.800 / hr.). Le mouvement n'est pas visible (cage anti-magnétique oblige).
- Résistant aux chocs selon la norme DIN 8308
- Anti-Magnétique selon la norme DIN 8309
Ce modèle ne bénéficie malheureusement pas des innovations de Damasko (à part en ce qui concerne les poussoirs et la couronne) ; c'est là mon seul regret.
Le modèle DC 56 a toutefois été testé par EADS en situation de contraintes habituelles de leurs pilotes (norme MIL-STD-810F (norme militaire du département de la défense US, fonctionnement à basse pression, avec accélérations et vibrations)). Les montres se sont particulièrement bien comporté sans dérive notable de leur précision et disposent donc d'une certification dans ce type de fonctionnement. Ces montres peuvent officiellement être utilisées dans les eurofighters....
Boite et notice technique :Peu d'intérêt à mon sens, cette montre ne restera pas dans sa boite... fort jolie au demeurant (j'aurais préféré un peu moins de soin apporté à la boite et en compensation, un outil pour ôter les pompes des bracelet de leurs logements.....)
Lors de son arrivée :
Conclusion :Je voulais une flieger allemande, mais pas une flieger de luxe trop distinguée et trop fragile. Je l'ai trouvée (j'ai même été plus royaliste que le roi en lui prenant un disque dateur en allemand). Les contacts avec Nadja ont été parfaits, (disponibilité, et cordialité), il m'a même permis le luxe de lui poser quelques questions pour réaliser cette petite revue, et entre autres, celles ci :
A la question suivante :
how did you decide to face problems with the new swatchgroup policy ? La réponse formulée à été :
We have our first own inhouse movement and we will built more other inhouse movements. J'adore cette réponse....
-
Any new projet for the futur ("regulator", "moon phase") ?A laquelle j'ai obtenu ce scoop ci :
We have plans for the future but I am not able to tell you this – sorry. Je tâcherai bien sûr d'en savoir plus ou, tout du moins de lui assurer de relayer ici toute nouvelle information provenant de chez eux (un forum officiel Damasko sur FAM, ça vous tente ?
)
Les délais de fourniture de l'ordre de 15 jours et sont tout à fait raisonnables et en total rapport avec le standing de la marque. La rigueur germanique et le sens de la clientèle, je n'en demande pas plus.
Cette montre a démontré d'excellentes aptitudes à fonctionner dans des conditions extrêmes avec une excellente précision (champ magnétique, basse pression, accélérations, chocs...). C'est un outil. Je la trouve tout simplement superbe.
En terme de gamme, on se situe globalement dans la même lignée que Sinn et Fortis.